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NATUURKUNDIGE
VERHANDELINGEN
VAN DE HOLLADSCHE
MAATSCHAPPIJ
WETENSCHAPPEN
Te HAARLEM.
TWEE EN TWINTIGSTE DEEL.
TE HAARLEM,
BIJ DE Weep. A. LOOSJES, Pz,
MDCCCXXXV,
Î
TABLE DE MATIÈRES.
ESSAL SUK LES CAVERNES à OSSEMENS ET SUR LES
CAUSES QUI LES Y ONT ACCUMULES.
| Pag.
Avant-propos. . . end k b 3,
_ LIVRE 1.
Des cavernes considérées en elles mêmes et à leur for-
mation.…
Craritre L.
De la nature des roches dans lesquelles sont ouvertes *
les cavernes. je : \ à E 5.
Crapirre II.
Des cauges qui paraissent avoir produit les cavernes. 13.
“'Sgecrion Ll. Première époque, ou de la formation des
5 cavernes. . : N 18.
— II. De Finfluence de l'état a roches , sur la
formation des cavernes. . é 22
—— III. De Pinfluence de Teau sur les modifica-
tions que l'intérieur des cavernes à
éprouvé depuis leur formation. . 26.
—_— IV. Des effets produits par Pabaissement pro-
| gressif du niveau des eaux. . "0e
Crarpirre WII,
| Des causes qui ont produit les fentes et les Gnsren
verticales, ainsi que les petites cavités. pe ' 32.
Ll=
LIVRE IL,
Les changemens opérés. dans les cavernes postérieure -
ment à leur formation, à leur remplissage et de leurs
ossemens,
Cuarirre 1.
Des divers changemens survenus dans l'intérieur des
cavernes et des fentes, postérieurement à leur for-
mation et leur remplissage. : , .
Cuapirre IL,
n
\
De l'époque de la dispersion des limons à ossemens et
des dépôts diluviens. ° . p
CrarirrE HIL,
Des ossemens des cavernes et des fentes, et des causes
qui les y ont entrainés. : .
Section LE. De l'état des ossemens des cavernes et
des brèches osseuses. bi .
__—— If, De la nature chimique des ossemens et
des limons qui les accompagnent. .
— IL. Du transport des ossemens et de leurs
rapporis avec la position des cavernes,
où on les rencontre. k fi pe
—- IV, Les conditions nècessaires à la présence
_ des ossemens dans les cavernes et Ìss
fentes verticales. 2
LIVRE HIL.
De la distribution géographique des cavernes et des fis-_
sures à ossemens,
Crarpirre 1.
Des cavernes à ossemens’, b 5 k L
Secrion I. Cavernes de ’Oeéanie ou de lAustralie,
—. IK, Cavernes du Nouveau Monde, ou de l’A-
merique. .
—_ III, Cavernes de lancien continent. i
|
Pag.
40,
53.
_ PREMIÈRE SOUS-SECTION.
SECONDE oa
TROIBIËEME
QUATRIÈME _—__—
Enden en
SIxIEME _—__
t
Cavernes à ossemens de PAL
… lemagne. . .
Cavernes - à ossmens de la
Belgique, . ee,
Cavernes à ossemens de l’An-
gleterre. . ; kn
Cavernes à ossemens de la
Sicile. Hi é é
Cavernes à ossemens de
PItalie, id Ld .
Cavernes à ossemens de la
France. k 4
- Cuapirre IT.
Des fissures à ossemens , ou des breches osseuses.
Section I, Des brèches osseuses de l’ Allemagne.
—_ II, Des brèches osseuses de Dalmatie.
—= III. Des brèches osseuses d’Italie,
—_ [V. Brèches osseuses du Piémont.
— V. Des brèches osseuses des îles de la Mé-
diterranée.
Kd Ld Ed .
— VI. Des brèches osseuses de la France,
—— VIT. Des brèches osseuses de l'Espagne.
Crareirre III.
Des brèches ferrugineuses.
Section 1. Des brèches ferrugineuses de la Carniole,
— II. Des brèches ferrugineuses du Wurtem-
berg.
—— HL Des brèches ferrugineuses de la Suisse.
— ÏV. Des brèches ferrugineuses de la France,
Paxmikae SOUS-SECTION,
SECONDE mmm
Des brèches ferrugineuses de
Cherval , près behe
(Doubs). ken
Des brèches Ar de
Brunniquel (Tarn).
Vv
Pag.
108,
14,
19.
129.
131.
132.
158.
160.
160.
161.
163.
165.
165.
1 69,
171.
172,
172.
173.
174.
174,
174.
Li-
var ES
LIVRE IV.
Des caractères généraux de la population des cavernes
et des preuves, qui font supposer, quelle a péri pos-
térieurement à l'apparition de homme. . Ö
CHAPITRE 1.
Tableau général des divers animaux dont les débris
ont été observé dans les cavernes des divers conti-
nens. é . . . \
CuarirreE ÏÌ.
Tableau général des divers animaux dont les débris
ont été observés dans les brèches osseuúses et ferru-
gineuses. _. ° ° ene Ke :
Résumeé, » E . . . \ “ e
Pag.
176.
21.
218.
Ll-
ESS AI
SUR
LES CAVERNES À OSSEMENS
ie ET
SUR LES CAUSES
QUI LES Y ONT ACCUMULÉS:
PAR /
MARCEL DE SERRES,
Professeur de Minéralogie et de Géologie
ála Faculté des Sciences de Montpellier.
Au quel la Société Hollandaise a adjugé, la medaille d'or et
__une gratification de 150 florins, dans sa seance-
annuelle, le 23 Mai 1835. 9
did
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wal,
e
E
en ze
AP AN PL PROD Ò EP
P our se faire une idée juste des cavernes en général
et en particulier des cavités remplies par des limons à
ossemens, il faut étudier premièrement la nature des
roches, dans lesquelles les wnes et les autres sont ouver-
tes ; en second liew les causes, qui les ont produites, et
enfin celles qui ont opéré leur remplissage. |
Avant d'entrer dans ces details il est essentiel de
sie pas perdre de vue cette vérité aujourd'hui généra-
lement reconnue, que le phénomène des cavernes à
ossemens , regardé pendant si longtemps comme par=
ticulier et local, s'est reproduit frégwemment et tou-
fours avec des faits analogues et des circonstances du
‚même genre. |
Les cavernes à ossemens de U Amérique comme celles
de la nouvelle Hollande offrent en effet les mémes par-
ticularités, que celles que Von a appercues dans lesca=
vités souterfaines de ancien continent, où il existe
tant d'ossemens d'animaux.
Or , mesteil pas de principe, que lorsque les mêmes
faits se sont souvent renouvelés, eb qu'ils ont étl con-
A 2 stam-
| Ks
stamment accompagnés des mêmes circonstances, on doit
les regarder comme des phénomènes geologiques, soumis
ainsi que tous les autres, à des lois générales, plutót
que comme des phénomènes independans de toute con-
dition! C'est du reste une considération fondamentale
qui paratt résulter aussù bien de Vensemble des faits
connus jusqu’à présent, que des premières observations,
et sur laguelle aussi nous appellerons particulièrement
Pattention. Il y a plus d'autres faits' analogues,
tels par exemple, que ceux qw’offrent Vexamen des
flons fragmentáîres , ou le remplissage des fentes ver-
ticales, amènent à la même conséquence » ce qui dé-
montre la justesse et Vexactitude de la première,
LI-
LIVRE PREMIER.
CHAPITRE L
De la nature des roches dans lesquelles sont
ouvertes les cavernes.
Ss on considère la naturê des roches, dans le sein
desquelles les cavernes ou les grandes cavités longitudi=
nales sont ouvertes, on est porté à penser quelle n’est
pas indifférente à l’étendue et à la grandeur de ces cavi-
tés. Ce qu’il y a du moins de, certain , c'est qu'elle nest
pas sans-influence sur la présence ou labsence des osse=
mens.
En effet, jusqu'à présent les débris des mammifères
terrestres n'ont été rencontrés que dans les cavernes
des terrains calcaires: j'amais on en a observé dans
des cavités souterraines ouvertes dans d'autres roches.
Sous ce point de vue il existe donc quelque rapport
entre la nature des roches , qui composent les cavernes ,
et les limons à ossemens qui s'y montrent disséminés. Ce
rapport est d’'autant plus remarquable, que les cavernes
qui ne renferment point d’ossemens „ se rencontrent,non
seulement dans les roches calcaires , quelque soit leur
âge, mais encore dans des roches de nature très variée,
A 3 tel-
Kek
telles que les micaschistes, les phyllades, les grès ou
psammites , et les gypses , etc.
Ces caractères distinctifs tracés, voyons s’il n'existe
pas entre ces deux sortes de cavernes quelques points de
ressemblance. Or, si nous conséderons les unes et les
autres par rapport à leur âge, nous verrons que les plus
anciennes “ ‘se “moóntrent’ dans *les-terrains de transition et
très rarement, nous pourrions dire , presque jamais, dans
les formations primitives. Les plus récentes dépendent
des derniers bancs pierreux marins , déposés à la sur-
face du globe ou du calcaire moëllon.
NO n'y en a probablement pas dans des zoelen plus
modernes 5 les lits de celles-ci sont trop peu considéra
bles ou trop peu puissans pour renferimet dans leur sein
des cavités d’une certaine étendue. |
Malgré ces points de contact, il existe entr’elles cette
grande différence, que Îes cavernes Àà ossemens ne sont
‘ouvertes que dans des roches calcaires ‚depuis les for-
“mations intermédiaires jusqu’aux dépots quaternaires. Ces
mêmes cavernes ne sont donc point bornées, ainsi qu’on
Pa cru si longtemps, aux calcaires jurassiques3 en effet
observation des 'cavités souterraïnes du midi de la Fran-
ce et de plusieurs autres contrées prouve assez , qu’il en
existe ailleurs que dans des calcaires de cet âge.
La natüre du sol et l'état d’agrégation des roches ont
donc de linfluence sur la présence des cavités, wrd
les on a donné le nom de cavernes.
Ainsi on en voit très peu dans les roches fragmen-
taires ou friables, telles qüe les grès et certains schis-
tes. Il en est de même des terrains très durs et com-
pactes dans les parties qui les composent 3 ceux-ci qui
com-
(WD
be
comprennent les Trapps, les Cornéennes’ et les quar-
zites , n'en renferment presque jamais,’ |
Les cavités que” l'on observe dans la masse de ces
roches, ‚sont des fissures-sans étendue, qui ne méritent
proprement pas le nom- de cavernes. Ces fissures ne
sont en quelque sorte que des filons vuides , au milieu
des’ montagnes “de “Granit ; “de Gneiss „et de Schiste ,
ou elles se rencontrent parfois. |
Aussi par suite de Pextrême solidité des roches pri-”_
mordiales et d'un autre côté par le peu: de cohérence de
celles de transport , on ne. voit jamais dans leur masse
de véritables cavernes. é
La stratification des roches paraît encore n’être. pas
sans quelque influence sur l'existence des grandes cavi-
tés , puisque contrairement à celle qu’exercent à cet égard
les roches calcaires-, “on -n’en observe point dans les ter=
rains „composés* de” calcaire saccharoïde, ‘roche rarement:
_disposée en couche régulière. bide
Les cavernes proprement dites ne se montrent donc
avec une certaine fréquence qu’au milieu. des terrains
calcaires stratifiés, soit de transition , soit secondaires 5
soit tertiaires, |
Il en existe bien dans d'autres roches ou ae d’autres
terrains; mais ces cavités y sont des ae rares „ et ge
néralement peu spacieuses. |
On se demandera peut-être , pourquoi ‘les -cavernes
ouvertes dans les calcaires. sont les- seules où Pon. voit
des ossemens dans les limons qui les accompagnent , et
pourquoi les autres en sont dépourvues. |
Un pareil effet aussi général que constant ne peut pas
avoir eu lieu sans cause; c'est donc: cette cause qu’il
A 4 | im-
(8 5
importe de démêler, et de reconnaître.
Pour bien faire saisir ce que nous aurons a dire à cet
égard, il aurait peut-être été nécessaire d’attendre les. dé-
tails , que nous donnerons plus tard sur le moge de rem=
plissage des cavités souterraines,
Mais comme d’un autre côté, il est utile de faire
sentir le rapport, qui existe entre les limons à osse-
mens , & la nature et la position des roches , dans le sein
desquels ces limons ont été entrainés ‚ nous allons indi-
quer d'une manière succincte le caractère de ces relations,
que la suite de ces observations fera sans doute mieux
comprendre encore,
Les ossemens des mammifèêres terrestres , ensevelis dans
les cavernes ‚, ne s’y montrent jamais, qu’accompagnés d’un
terrain d’agrégation de remplissage.
Ce terrain est généralement formé par un limon argilo=
marneux et sableux , plus ou moins pénetré de matière
organique principalement animale.
Dans ce limon sont constamment disséminés des ge- [
lets, du gravier, du sable, et parfois des fragmens an-
guleux de roches diverses.
Les débris des roches soit arrondis en galets , soit
anguleux, sont mêlés sans ordre et de la manière la
plus confuse, avec les ossemens, ou les autres restes
organiques qui leur sont Associés, et cela dans la mas=
se générale du limon. |
Une particularité remarquable, c'est que les limons
qui ne renferment ni cailloux arrondis, ni roches frag-
mentaires n’offrent non plus aucune trace d'ossemens.
Cette condition paraft dumoins d'après l'ensemble des
observations faites jape présent tellement absolue,
qu’el-
CR
qu'elle . permet de prévoir suivant qu'elle existe ou
qu'elle n’existe point, s’il ya ou non possibilité de dé-
couvrir des ossemens dans une cavité souterraine, qui n’a
pas encore été explorée.
Un autre fait non moins étonnant est relatif à lana-
logie, que lon reconnaft entre les limons à ossemens
des cavités souterraines et ceux qui composent les dé
pôts diluviens des localités rapprochées de ‚ces mêmes
cavités. Cette analogie a lieu non seulement pour la
nature du limon; mais de plus elle est tout aussi sen=
sible pour celle des galets et des roches fragmentaires
que ce limon renferme, ainsi que pour leur âge re-
spectif.
La similitude, qui existe entre les terrains diagrdaation
de remplissage des cavernes à ossemens , et les dépots
diluviens des lieux environnans , semble en ‘indiquer une
dans la manière , dont les uns et les autres ont été dis-
persés 5 c'est ce que nous examinerons plus tard.
Enfin ce qui n’est ni moins curieux , ni moins cer-
tain, c'est que des limons pareils à ceux que l'on ob-
serve dans les cavernes à ossemens, ne se montrent guère
que dans les terrains calcaires.
Il en est de même de ceux qui se sont éfondrés dans
les fentes verticales et: y ont composés des brêches os-
seuses. Le plus généralement ces limons ont une cou-
leur rougeâtre plus ou moins prononcée, et lon sait que
par leur décomposition les roches calcaires produisent
à peu près seules des limons ou des terres de cette
nuance. |
D'après ces faits les roches clastiques des fentes lon-
gitudinales et verticales auroient donc eu la même ori-
A5, gi-
C HO )
‚gine. On est d’autant plus fondé àÀ le supposer, que
leur natùre et celle des formations , auxquelles elles se
rapportent semblent être: les mêmes. Les unes et les
autres sont remplies en général par un sable plutôt cal-
caire. quê siliceux et quelquefois limoneux , lequel a én-
veloppé des cailloux arrondis , ou des roches fragmen=
taires presque constamment calcaires comme le ‘ciment
qui les réunit.
Ces roches clastiques offrent aussi: le plus générale-
ment une teinte rougeâtre , sur tout celles des brêches;
lorsque cette teinte n?est pas très décidée , on appergoit
dans ces roches une tendance à prendre cette nuance.
Il est encore essentiel de, rappeler , que les terrains
calcaires offrent seuls des limons pareils à ceux, qui en-
veloppent les ossemens des cavernes et des brêches os=
seuses. Dèslors il n'est pas étonnant, que les cavernes
calcaires soient aussi les seules, où l'on ait jusqu'à pré-
sent rencontré des débris d’animaux, puisque de sembla-
bles limons sont une: condition varen ams) de leur
présence, |
Si lon consulte les observations faites à cet ard: et
cela non seulement dans une contrée , mais sur la totalité
de la surface du globe, on voit que partout, les cavernes
à ossemens „ et les brêches osseuses présentent les mê-
mes phénomènes, et les mêmes terrains clastiques dagré-
gation. ” Lesquels offrent aussi à peu près constamment
les-mêmes caractères, | |
L’influence’de la nature des terrains n’est-pas unique-
ment sensible sur la présence ou absence des osse=
mens3 elle “est- également: très prononcée sur Sita
des cavités souterraines. | |
En
KR D
„En effet les cavernes des terrains calcaires sont non
seulement les plus nombreuses ; mais aussi les plus spa-
cieùses. — Ces ‘cavernes y prennent toute sorte de die
rections „ même la verticale; elles ont alors l'apparence
des puits’dont la-profondeur-est quelquefois inconnue.
Telles sont :par exemple certaines cavités des monta-
gnes calcaires du Languedoc, de la Provence, des Py.
renées j particulièrement celles-des environs de Bagnères.
On:-cite- bien àvla- vérité” des cavernes assez vastes
dans” les collines “gypseuses > de «la Siberie ; mais comme
les formations de cegenre sont: constamment:accompa-
gnées de roches calcaires, ‚ celles ci sont loin” de pouvoir
être mentionnées comme faisant exception à la loi géné-
rale, que nous ‘avons. établie. ,
Les -collines composées de diverses assises de grès ,
se “móntrent souvent dérangées et culbutées les unes sur
les” autres, de manière” à \présenter. des cavités , mais
généralement elles’ sont si- peù étendues 5 qu’on ne peut
guère les considérer comme de véritables cavernes3 telles
sont celles qué l'on voit dans la forêt-de Fontainebleau,
Ces cavernes des roches de grès, produites ou par les
bouleversemens que ces roches ont éprouvés , ou par
une- sorte d’érosion” de leur masse ; sont ordinairement
des grottes peu profondes, qui” diffèrent de celles des
autres terrains par la-grande largeur de leurs ouvertures.
Quant aux cavernes ouvertes dans les micaschistes. et
les schistes argileux de transition ;- elles-y sont «en fort
petit nombre; l'on ne cite: même que celle de Sillaka
dans \'île de Thernica , comme ayant une certaine “éten-
due. Cette caverne paraît, comme la plupart de ces ca-
vités, avoir été produite par des dislocations -du-sol ou
des
C 12 )
des actions volcaniques, qui ont préparé les voies par
où les gaz acides en s’échappant ont-exercé leurs effets
chimiques, Plus tard les eaux de la surface du-sol en
pénétrant dans ces fentes ou conduits les ont singuliere-
ment élargis, en enlevant les parties corrodées des ro-
ches 5 comme leur action s'est longtemps continuée ces
cavités ont fini par acquérir une étendue considérable.
__ Ce mode d'action paraft pourtant s'être peu renou-
vellé, du moins les grandes cavités sont assez rares dans
les formations gypseuses, comme dans les terrains schis«
teux de transition. Ainsi ,-par exemple, les Phyllades
quarzeux intermédiaires des Pyrénées Orientales , particu-
lièrement ceux des environs de Colioure, et de Port-Ven-
dres , sont tous ou à peu près tous caverneux , comme
les falaises des contrées calcaires ; mais ces cavités n'ont
nulle part une grande étendue, Ce que nous disons de
cette disposition des Phyllades des Pyrénées Orientales
nous pourrions le dire également d'une foule de roches
‚du même genre de diverses localités 3 mais ces faits
sont trop connus des géologues , pour qu’il soit néces-
saire d’y insister davantage.
Enfin les cavernes des pays Volcaniques ordinairement
évasées, peu profondes , peu sinueuses , ne sont que des
vastes boursoufflures ou des cavités formées par les
courans des laves par des circonstances locales. Aussi
offrent-elles” un aspect tous différent de celui des cavi-
tés souterraines des autres terrains.
On n’y voit jamais des stalactites, ni des cours d'eau, ”
ni Pempreinte du passage d'un torrent. Ces grottes vole
caniques renferment souvent du gaz acide carbonique;
telle est par exemple la fameuse grotte du Chien près de:
| Na-
\
C 18 )
Naples. On les voit du reste ouvertes tantôt dans la
lave, et tantôt dans les roches trachytiques , ainsi qe
Pa fait remarquer Mr. DE HUMBOLDT.
Ainsi, nous croyons avoir prouvé , que la nature des
roches est loin d’êrre indifférente À la présence des osse-
mens dans les cavernes ou dans les fentes ‚ du moins
jusqu'à présent aucune cavité n’en a offert la moindre
trace, à moins qu elle ne fût ouverte dans des roches
calcaires. - |
CHAPEENE
Des causes quê paraîssent avoir produit les
cayernes.
Avant d’examiner les causes, auxquelles on peut: at=
tribuer la formation des cavernes, il ‘est essentiel de dé-
finir ce que l'on doit entendre par cette expression.
Les cavernes- sont des cavités souterraines plus ou
moins spacieuses , mais généralement d'une assez grande
étendue; ce qui les distingue des trous, des fentes et
fissures , dont les dimensions , du moins dans le sens de
leur largeur, ou dans toute autre direction que la
verticale , sont au contraire peu considérables, Ces cavi-
tés offrent dans leur prolongement des évasemens et des
rétrécissemens nombreux , presque jamais parallèles. Les
inégalités, que l'on remarque a la surface de leurs parois ,
semblent dues-À Yaction d’un liquide érosif,
“Les cavernes présentent de grandes variétés relative=
ment à leur position et à Pépoque de formation des ro-
e | ches
Me,
ches-dans le sein -desquelles on les observe. . Cette po=
sition- paraît influer sur-la- présence. des- ossemens dans
ces cavités , ainsi que-sur les espèces auxquelles ces os-
semens se rapportent, »
«La plupart des cavernes et. surtout celles dont l'éten-
due est considérable , se. montrent dans. le. sein des mon-
tagnes élevées: ou au milieu des grandes chaînes.” [l-en
est pourtant , qui existent dans des collines fort basses
et presque même dans les plaines , ou du moins fort
peu au dessus du niveau des mers actuelles. Les unes
et les autres offrent également des ossemens d’animaux
divers , mais avec cette différence , que dans les premiè-
res lon découvre des espèces qui vivraient encore dans
les montagnes , si elles etaient rappelées à la vie, tan-
dis que dans les secondes Pon voit uniquement des es-
pèces, qui se plairaient plutôt dans les plaines , qu’au
sein des montagness. C’est- aussi d'après. ces faits , sur
lesquels nous-reviendrons plus tard , qu'il semble exister
un rapport entre la position des. cavernes et les êtres
organisés 4 dont elles récèlent les. dépouilles.
Les cavernes ‘des régions ‘monagneuses sont parfois
creusées vers le sommet des montagnes, ou sur des pla-
teaux plus’ ou moins élevés, „Leur direction principale
est alors assez. ordinairement verticale s et-parsuite. de
cette “disposition 3 on es appelle: souvent puits. _Telles
sont par exemple. certaines cavernes des montagnes se-
condaires’ du. Languedoc et de l'Auvergne, „Mais le “plus
souvent les cavernes partent dela base ou-du milieude
la montagne où-elles sont creuséess.-elles. pénètrent aussi
dans son intérieur, et presque va ni elles--s’y en-
foncent en s’approfondissant. stoken i
Ce
(4)
Ce sont surtout les cavernes des collines , qui offrent
„cette dernière position ; car Pon n’en connaît point dont
les ouvertures soient au sommet de ces collines, ou sur
les plateaux qui les couronnent.
Quant aux entrées de ces cavernes , on ne voit pas
que relativement à leur position, à leur escarpement et à
leur grandeur, il y ait aucune sorte de rapport avec
Yétendue de ces mêmes cavités. Tues seules relations, que
nous - ayons cru reconnoître entre les cavernes-et leurs
ouvertures , c'est que ces dernières paraissent assez gé-
néralement circulaires , lorsque les cavités , qu'elles pré-
cèdent, ont été produites par un véritable affaissement,
Ces ouvertures sont également d'un difficite accès, lors-
qu’elles se trouvent sur les flancs des montagnes, sur-
tout lorsque ces montagnes. se. rapportent aux. forma-
tions calcaires, soit de transition soit secondaires, par-
suite de la verticalité des pentes des terrains de cette na=
ture.
„Enfin il existe un rapport plus sensible entre la gran=
deur des ouvertures et le nombre et les dimensions des
ossemens „ que l'on voit dans les fentes , auxquelles elles
conduisent ;_ c'est „probablement à raison de la petitesse
de celles des fentes verticales , que Pony voit si peu
de débris de grands animaux.
En effet les brêches osseuses „ qui abondent en Ossc=
mens. d'animaux dela «taille. de nos lièvres et de nos
„lapins , ne recèlent que rarement des espèces de la gran-
deur des cerfs et. des chevaux s @t plus rarement encore,
des races d'une dimension plus considérable,
Les cavernes. désignées - plus particulièrement sous le
nom-de grottes , lorsqu’elles ne renferment pas des osse-
mens ,
KJ
mens , laissent rarement voir à nu la roche presque tou-
jours calcaire, dans laquelle elles sont creusées. Cette
circonstance n’a même lieu que dans celles dites sèches,
parceque elles ne sont traversées par aucun cours d'eau
et qu’il ne s°y produit pas non plus d’infiltration. Com-
me labsence de Peau est fort rare dans de pareils sou-
terrains, il arrive également peu souvent, que les ro-
ches, qui les forment , soient tout à fait à nu.
Des concrétions calcaires , cristallines , nómmées stalac-
tites et stalagmites qui pendent de la voute de ces cavie
tés, ou en tapissent assez souvent les parois , les re-
couvrent d'une crÔute plus ou moins épaisse. Ordinai-
rement ce même glacis stalagmitique revêt également le
terrain meuble qui repose sur le sol inférieur.
Ce terrain se compose assez généralement de matières
terreuses peu solides, quelquefois entierement meubles
mêlées de débris de roches et d’ossemens. L’épaisseur
de ce terrain est souvent fort considérable; et comme il
est aussi parfois distinctement stratifié , sa formation ne
semble pas avoir été instantanée.
D'après cés faits , il y a eu au moins quatre époques
différentes dans la production des cavernes à ossemens
et des phénomènes qui les accompagnent. | |
La première de ces époques et de beaucoup la plus
ancienne , se rapporterait au moment de leur formation.
La seconde est celle pendant laquelle s’est déposé le
glacis stalagmitique ancien , ou le calcaire concrétionné
qui revet les parois des cavernes et des fentes verticales ,
et qui adhère aux roches dont elles sont formées. 7
La troisième époque , beaucoup plus récente , se rattache
à celle de leur remplissage ou À l'introduction des ter-
rains
OREL,
rains meubles avec ou sans ossemens, qui les ont come
blés en tout ou en partie.
La quatrième assez rapprochée de la troisième est, ce
semble, caractérisée par le dépôt du calcaire concrétionné
récent, qui a recouvert le terrain clastique de remplissage
répandu sur le sol calcaire, s’est ensuite infiltré dans
les limons Àà ossemens antérieurement \dispersés sur ce
même sol, et par suite de sa position il est évidemment
d'une date différente et plus récente, que le calcaire con-
crétionné qui revêt les parois des cavernes et des fentes
verticales. |
Ces quatre époques „ bien distinctes dans les fentes
longitudinales , ne le sont pas moins dans les fentes ver-
ticales, ou se sont déposées les brêches osseuses. Dans
les unes comme dans les autres du calcaire concrétion-
né, des stalactites, et des stalagmites recouvrent ou
enveloppent les roches clastiques d’agrégation. Quelquee
fois le glacis stalagmitique pénètre dans leurs cavités , et
lie les fragmens des roches , ainsi que les ossemens qui
les composent. Aussi verrons nous que, soit d'après
ces faits , soit d'après d'autres que nous étudierons plus-
tard, il est difficile de ne point supposer-aux terrains
clastiques d’agrégation, rassemblés dans les fentes longi-
tudinales et verticales de nos rochers , une origine com-
mune, et de ne point voir des phénomènes analogues
dans les cavernes à ossemens et les brêches osseuses.
B SEC«
ENA)
SECTION PREMIÈRE.
Première Epoque, ou de la formation des
cayernes.
On. paraît avoir assez généralement attribué la forma-
uon des cavernes et leur origine à plusieurs causes prin=
cipales. Ces causes sont au moins au nombre. de
quatre.
La grande tende et la fréquence des cavités souter-
raines des terrains calcaires ont fait supposer, que leur
origine avait. essentiellement dépendu de la nature des
roches qui les composaient, Ces roches étant suscep-
tibles d'être désagrégées par le frottement et Paction
continue d’eaux et des corps qu'elles entrainent avec elles ,
on a attribué à cette action leur creusement en cavités
d’autant plus considérables , qu'elle était plus puissante. _
Le-calcaire étant soluble ‚dans des eaux chargées d’acide
carbonique,. on. a également admiís l'existence d’eaux
chargées de ce gaz, pour expliquer la formation des ca-
vernes „des. terrains. calcaires. Bins
On.a encore supposé, pour datiannee ce genre de phé-
nomènes, qu’íl avait eu lieu par des soufflemens de gaz
ou par la. dissolution de sels ou autres matières ‘salines
solubles, renfermées par masses irrégulières au milieu des
roches. calcaires. ou dans des roches d’une toute autre
nature.
Enfin selon d’autres, les cavernes doivent être attri=
buées , aux soulèvemens ou aux affaissemens des couches,
ainsi qu’au retrait que ces mêmes couches ont éprouvé ,
lorsqu’elles se sont durcies et solidifiges, |
La
C 49 )
La première de ces causes, l’action, érosive des EAUX
ne semble pas. avoir, pu-produire. les effets qw’on leur
attribue; ‚car il est de- fait, que, loin. d’aggrandir les
grottes et les cavités „ ces eaux y. forment presque, par-
tout des dépôts ‚ plus, ‚ou moins, considérables et, qui
s?accroissent de jour en jour. Du reste la désagrégation
des. roches calcaires, occasionnée par Paction érosive des
eauxs lors „même, que cette action, serait aidée, par celle
des, caiïlloux et. des sables,, qu’elles „pourraient entrafner „
n'est. pas assez sensiblement appréciable ‚ „pour lui attrie
_buer de pareils. phénomènes, »,, ri BE eN
„On-ne peut ‚pas non plus „l'attribuer à Paction dissol-
vante de courans particuliers , chargés d?acide carbonique ;
car-pour éviter une. difficulté se serait se jetter. dans une
autre.„… non „moins embarrassante. … En, effet il faudrait
avant, d'admettre l'existence, de pareils, courans , expli
quer- comment. ils auraient.été produits, ainsi que Pacide
carbonique, qu’ils seraient supposés tenir en_dissolution.
‘On voit “bien encore. dans la. nature des dégagemens
de gaz, et‚ lon concoit„: qu?enveloppés dans des inter-
valles. de.-couches , ces ‚gaz. aient produit des ouvertu=
res, en. brisantles. enveloppes, qui, les tenaient renfere
més ; ‚mais ces soufflemens de vapeurs élastiques auraient-
ils pu former des cavernes d’une certaine étendue; c’est
ce qu?il est difficile de supposer.
„Il en est de même de la- dissolution des aariëces: SO=
lubles „disséminées au,milieu.des masses calcaires,. ou dans
des roches d’unetoute autre „nature. Ce cas „ où des
matières: terreuses ont été enlevées par des eaux couran-
tes; du reste fortvrare , est toutau, plus admissible pour
peen qatièses argileuses-et-„sablonneuses, remplissant des
B a Ca.
C 2 )
cavités, Mais nous ne saurions trop le répéter , les ma-
tièêres argileuses ne sont jamais assez abondantes, au
milieu des terrains calcaires secondaires , pour que leur
entrafnement puisse produire des cavités ou des vuides
aussi considérables, que ceux qui existent dans ces ter-
rains.
Les affaissemens des couches ont bien pu occasionner
des interruptions des stratifications; elles ont pu égale-
ment causer de fréquens dérangemens dans leur juxta-
position ; mais ce que de pareils affaissemens n’°ont pu
opérer , ce sont des cavités à parois arrondies. Cepen-
dant nous cherchons à expliquer lorigine et la formation
de pareilles cavités. |
_Le retrait des matières calcaires, pendant leur disséca-
tion , ne pourrait nón plus donner lieu qu’à des fentes ,
et non à des cavités considérables sinueuses et a parois
arrondies, comme le sont nos cavernes; dès lors ce
retrait ne peut permettre d'en expliquer la formation.
En effet pour concevoir lorigine et la formation de
ces cavités, il faut ce semble admettre, que plusieurs
causes, ont concouru à les produire. Une seule aurait
été en effet impuissante pour opérer ce phénomène , mais
plusieurs réunies et agissant simultanément ont fort bien
pu Peffectuer. | |
Parmi les causes auxquelles on a attribué la formation
des montagnes, ainsi que celles des chaines dont elles
dépendent, il en est plusieurs, qui paraissent avoir agi
pour la production des cavités souterraines. Ces causes
sont 1° l'in Égalité de dureté , de mollesse ou, en d’au-
tres termes , de malléabilité des diverses formations cal=
caires à l'époque des bouleversemens, qu?elles ont éprou-=
vés
C 21 )
vés et enfin leur durcissement - progressif. depuis cette
époque 5
2%, Les soulèvemens qui ont dérangé ces formations,
‘avec. d’autant plus de puissance et d'énergie, qu?elles
étaient à l'état pateux, soulèvemens qui ont donné une
nouvelle forme à la superficie du sol.
Enfin deux causes non moins puissantes ont encore
exercé leur action dans le creusement des cavités sou-
terraines, et d’autant plus qu'elles ont agi d'une manière
moins prompte et moins subite que les soulèvemens
operant sur des roches molles et malléables.-
En effet il paraitrait que les eaux des temps géologi-
ques- ont‘ eu une température et même une, densité plus
considérable que celle qu’elles possèdent aujourd’hui.
Cette température est un conséquence presque nécessaire
de celle, dont. le globe jouissait aux premières époques -
de “sa formation: et quant à leur densité , elle paraitrait
résulter «des. materlaux immenses que les eaux de Fan-
cien monde ont du tenir en dissolution ou en. suspen-
sion, d’après labondance des sedimens qu'elles ont. dé-
posés. Or comment ne pas admettre , que des eaux , dont
la chaleur et la- densité. étaient considérables, n’avoient
pas une plus grande puissance d’érosion et de dissolu-
tion, que les eaux actuelles , dont la chaleur et la pe-
santeùr sont si faibles. Il en serait donc de ce fait
comme de la plupart des phénomènes -géologiques ; il
_ aurait été sans cesse en diminuant , par suite de l'abais -
sement progressif de la chaleur et de la diminution de la
densité de Veau. |
D’un. autre côté labaissement progressif du niveau
des eaux , d’abord sur toute WPétendue des continens ,
og | ij puis
( 22)
dans les: vallées seulement, a du exercer um effet très
prononcé sur le creusement des cavités souterraines,
„Cêtte action a du être d’autamt plus sensible; qu’il-y a
eu des alternatives fréquentes et immenses dans ef niveau
de ces mêmes caux.
SECTION ÎÌ.
De Pinflwence de D'état des roches, sur la
formation des cayernes.
Kij - tper C
3% ds | ‚it 1
Voyotis maintenant’ quelle” & pu’ être linfluence-des
causes que nous’*verions Génumerer, sur le pasen:
dont nòus noüs occupons. | Cú
“La “malléabilité “plus où” moins lerorortsi, état pt.
teux ou de’ mollésse des’ diverses formations sédimentai-
ries „, à V&poque À'la quelle” ces’formations vont été! sou-
levées et bouleversées , paraît démontrée par les diverses
circònstanices’, so qüi ont -eu lieu à cette même’ époque. "En
effet ‘comment les’ couches de’ ces formâtions „auraiente
elles pu se fléchir ; ‘Se cofitourher ‘dans tant de” sens!-dif.
férenis ; ‘sans ‘Eprouver de tomibreux brisemens et d'im-
“menses fráctüres® ‘Si elles ‘ne’ Vont par fait, c'est que
ces couches’ étaient‘dans'un état de mollesse , qui leura
permis ‘de fléchir safis se rompre. |
Aussi lorsqu’on observe les surfaces , qüi ont du pige
ser les unés sur les autres, pour que les contóurnémens
puissent avoir lieu , on les, voit cassées ou polies ‘pâr ce
frottement; à peu près commêé deux‘briques mollés et
non cuites, que l'on fait couler lune sur l'autre, après
les
C 23 )
les avoir juxtaposées. Les schistes” offrent souvent des
traces de ces raies produites par le frottement de leurs
roches „ lorsqu’elles ont été en par effet des
souvemens. | >
Du reste il arrive-bien: quelquefois , que les contour-
nemens n’ont eu lieu- qu’en brisant et fracturant lesvro-
ches qui y etaient soumises; mais ces fractures et ces
brisemens annoncent seulement „ que-les roches:, ou elles
existent „ avoient déjà acquis une dureté assez: grande ,
pour. ne «pouvoir pas se fléchir „sans se rompre. … Ces
contournemens sans fracture , d’autant plus fréquens que
les roches , où ils ont eu lieu , ont une date plus ancienne,
se présentent même dans les-roches calcaires , et parti-
culièrement dans “les “calcaires- magnésiens et à gryphées.
Certains-grès ou Psammites n’ont ‘pu également se flê-
chir et se contourner, sans se’ rompre, et cela très
probablement’ par suite de la solidité qu’ils avaient ac-
quise , lorsque leurs roches ont été edad et nn
gées-de leur position primitive, |
Les contournemens et les plissemens deet couches sans
fractures ses font remarquer généralement:dans toutes?les
formations du calcaire du Jura. De pareils effets sont
bien plus fréquentset bien plus réguliers dans les roches
qui didaten aux étages pie bed de vces-forma-
tions. | Abe Do
L'observation nous apprend encore, que de'pareils
contournemens sans fractutes- ont «eu lieu moins souvent,
et toujours sur une moindre échelle dans les-rochescal-
caires--d’une formation «postérieure «aux terrains Jurassi-
ques. Lia moindre étendue de ces couches , ainsi plissées
et contournées sans être rompues , tient peut-être à ce
B 4 que
C A )
que leurs masses sont aussi beaucoup moins considéra=’
bles. Mais comment se fait-il, que ces circonstances
se présentent moins fréquemment dans les terrains ter-
tiaires que dans les secondaires? Il paraît que ette
différence tient à ce que les couches, ou les dépots stra-
tifiés, dont la formation est postérieure à celle des ter-
rains Jurassiques, ont été moins soulevées et moins bou=
leversées que ces derniers.
Ceci nous explique, pourquoi les grandes cavités sont
si nombreuses et si fréquentes dans ies calcaires du Jura ,
qui a raison, de cette circonstance ont éte nommés cal-
caires caverneux „ et pourquoi elles sont si rares ailleurs.
Nous ferons remarquer, que tous ce nom de calcaire du
Jura nous comprenons tous les calcaires qui avec le
lias ont été déposés sur la surface de la terre, jusqu’À
la craie blanche. C'est en effet dans ces terrains, que
Pon observe le plus grand nombre de cavernes et en
même temps les plus spacieuses. __
Des faits nous annoncent que les formations inférieu-
res au lias avaient perdu en grande partie leur malléabie
lité, et avaient déjà acquis une certaine solidité, lors-
qu'elles ont été déplacées et soulevées. Aussi n°y voit
on guère de grandes cavités que dans un petit nombre
de localités , où par suite de circonstances particulières:,
elles avaient conservé, en partie, leur mollesse et leur
malléabilité.
Les calcaires Jurassiques étaient au contraire, encore
mous , lorsque leur stratification a été bouleversée , et
qu’ils ont été déblayés en grande partie. Depuis lors,
leur résistance- et leur dureté se sont considérablement
accrues , comme celles de toutes les roches stratifiées ;
et
C 23 )
et les voutes des cavités qui y ont été creusées, ont
acquis maintenant toute leur solidité,
Sans doute les couches, plus récentes que la craie
blanche, -n’avaient pas. perdu. leur mollesse ou du
moins leur, malléabilité „ lorsqu'elles ont été. dépla-
cées et soulevéess- par là même elles ont pu se
ployer et se contourner sans se rompre. Mais les sou-
lèvemens. ont rarement produit sur elles. de pareils effets
par suite probablement de la faible. résistance que ces
couches. ont opposée à Paction de la force quitendoit à
les déplacer et. à les soulever. Aussi se sont ils géné-
ralement bornés à les exhausser en masse „leurs assises
conservant entr’elles leur position et leur situation re=
spective, Dès lors- les couches tertiaires , ayant été
beaucoup moins dérangées et culbutées que les couches
d'une formation plus ancienne , on congoit pourquoi les
cavernes y sont si rares, et pourquoi enfin le petit nom-
bre. de celles , que l'on y observe, offrent une si petite
étendue, £
Les soulevemens et les affaissemens , en changeant la
forme du sol , ont donc eu une action marquée sur lo-
rigine des cavités souterraines 5; si d'autres causes sont
venues les modifier, les agrandir , ou donner à leurs: parois
une forme arrondie, on. ne peut guère révoquer en
doute, ce semble, les effets de leur action sur la pro-
duction de ces cavités. |
B 5 SEC-
CH)
SECTION 1Ìl.
De Pinflwence de Peau sur les modifications
que Vintérieur des cavernes à éprouvbes
depuis leur formation.
Qu’elles-sont ‘donc les autres causes, qui ont contribué
à donner aux cavernes l’étendue et leur disposition ac=
tuelles c'est ce qu’il convient d'examiner? Parmi les
causes autres que celles dont nous venons de parler, on
peut mentionner celle de leau dont Y'action devoîit être
d'autant plus puissante , que nous avons déjà supposé,
que ce liquide avoit pendant les temps géologiques une
température et une densité plus considérables , que nos
eaux actuelles. | |
„Sans doute cette supposition n'est qu’une hypothèse 5
mais cctte hypothèse , appuyée d’ailleurs sur: quelques faits
qui paraissent comme démontrés , regoit par celà même
un nouveau degré «de probabilité. |
En effet-il ‘est établi, que le globe jouit d'une tempé-
ratute, “qui lui est propre 5 et que cette température, fort
considérable ‘dans les temps géologiques à sa surfaces
s’est abaïssée par degrés, ensortè qu’à une faible distance
au dessous du sol elle est encore énorme, Or si la sur=
face de la terre a eu une température plus élevée que
celle des temps. présens, comment supposer, que les
effets ne s'en avoient pas fait ressentir sur l'eau répan-
due sur cette même surface. Cela ne serait ni admissi-
ble ni rationnel.
U a donc fallu, et Pon pourrait dire prèsque nécessai-
re-
COM)
rement ‚que eau participât à la chaleur de la surface de
laterre’; dès lors cette’plus grande chaleur a du aug-
mentet® à la “fois sa force -d’érosion et sa: faculté dissol.
vante. “ D'un autre ‘côté, “ces deux propriétés ont du
&tre d'autant ‘plùs”actives «ét ‘d’autant plus énergiques 5
que ces’ edux cliaudes setrouvaient‘en contact avec’ des
corps “mous, où du moins dans un étât pâteux ou de
falléábilité “tout” particulier; étât qui les rendait plus
gusceptibles®” d'être corrodés où dissous.
Si le liquide „qui a- tenu@n dissolution ou’ du moins
“en suspension les matériaux sédimentaires, avait une- tem-
pératùre plus élevée que nos eaux actuelles’, il devait
avoir également une densité plus considérable,- ‘Cette
densité devait en effet être plus grande, puisque les tere
rains stratifiés superposés aux masses primitives produites
par refroidissement , ont”été ‘déposés dans le sein d’un
liquide. | |
On peut encore supposer à ce liquide la faculté al-
ternante et en quelque “sorte contradictoire, de dissoudre
et de déposer des sédimens. Cette double faculté sem-
blerait être indiquée par les précipitations successives
que ce liquide à faites -premièrement des terrains intermé-
diaires, et en second lieu ,-des terfains d'un âge posté-
rieur, soit qu’il en contint dans lorigine les élémens en
suspension -ou-en «dissolution „ soit qu’il lui vinssent d’é.
manations souterrainese … Parsuite de ‚ces. précipitations
successives „ la densité de ce Jiquide a du diminuer” de
plus en plus, en même temps-que sa tempéräture , et
parconséquent ‚sa puissance „d’action-, soit: dissolvante „
soit érosive , “était beaucoup moins prônoncée sur les
masses qu’il heurtait-ou qu’il froissait dans son mouve-
ment. Cet-,
C ® )
Cette hypothèse est du reste puissamment confirmée
par observation. des. différentes couches de sédiment,
En. effet si quelques uns de ces ‘matériaux ont été évi-
demment en suspension dans un liquide , il enest d’au-
tres qui ont été au contraire dans un état de dissolution
à peu près complète. Ceux ci appartiennent pour la
plupart aux terrains. des âges les plus anciens; et lors-
que. la proportion de ces divers, matériaux varie dans
différentes couches, on. voit. quelle est assez constam-
ment. relative à Ja position de ces couches dans l'étage
auquel elles appartiennent.
On congoit aussi fort bien à Paîde de cette hypothèse,
pourquoi les grandes cavités sont sì rares dansles tere
rains tertiaires , le liquide. dans- le sein duquel ces ter-
rains ont été déposés, en jouissant plus d'une aussi
grande force érosive, sa température et sa densité
ayant considérablement diminué.
SECTION IV.
Des effets produits par labaissement progressif du
„niveau des eaux.
Voyons maintenant qu?’elles ont été les conséquences
de labaissement progressif du niveau des eaux.
Sans dòute, les eaux n'ont jamais acquis le niveau
auquel l'on observe aujourd'hui les formations sédimen-
taires 3 il est assez prouvé, que les soulèvemens seuls
ont pu leur donner leur élévation actuelle, Mais les
soulèvemens qui du niveau des anciennes eaux ont porté
| quel-
(020)
quelquefois les couches de sédiment à plus de zooo mè-
tres de hauteur, n’en annoncent-pas moins, que las
mers existaient jadis dans des lieux, où l'on n'en voit
nulle trace maintenant. Or ces faits annoncent évi-
demment la retraite des eaux de la portion de cette
partie de nos continens tout à fait aujourd'hui émergée ,
tandisqu’à 1’époque du dépôt des formations, que l'on y
reconnait , cette même portion devait @tre sous les eaux
de lancienne mer.
Mais si les eaux des mers ont abandonné une partie
‘de nos continens, elles ont du opérer leur retraite vers
les lieux les plus bas, le niveau de ceux qu'elles occu=
paient primitivement, s’étant singulièrement exhaussé.
Par, conséquent leur retraite a été accompagnée d’un
changement plus ou moins considérable dans leur niveau ,
et -quoiqu’il soit fort difficile de \évaluer avec quelque
exactitude , il est du moins certain qu'il a eu lieu.
„Cette retraite a du être successive et non instantanée ,
„comme les soulèvemens qui lont peu a peu opérée , au
point de les faire rentrer dans les limites, qu?elles occu-
pent aujourd’hui , limites qui n’ont pas été constamment
les mêmes. à toutes les époques. Cette retraite est assez
annoncée par les divers dépôts de sédiments marins, qui
_s’éloignent d’autant plus du lit des mers actuelles , que
ces dépôts appartiennent aux âges plus anciens.
L’on peut encore voir une preuve de la lenteur avec
laquelle la retraite et Pabaissement des eaux a eu lieu,
dans Vobservation des sillons longitudinaux, que l'on re-
marque à toutes les hauteurs, sur les flancs escarpés des
vallées.
De même on peut reconnâitre les alternatives de nie
veau
\
|
( 30 )
veau , que les “eaux anciennes éprouvaient „ dans les tra-
tes de destruction. des couches :sédimentaires „ destruction.
qui a produit sles roches ‘cimentées et agrégées, „et gaÂin
les’dépôts diluviens, is an
It semble que les faits ; que mous’ venons & exposer,
permettent de concevoir la formation des cavernes-ct‚en
général de toutes les cavités qui: traversent en ‘Apparence
dans tous: les sens, les épaisseurs:considérables des. ro-
ches calcaires et particulièrement de celles, qui font par=
tie des formations Jurassiques, BRE
Les soulèvemens ont donc eu des effets den sur
ces phénomènes. Il est probable que la: direction Ja plus
générale des grandes fentes et des cavités coincide aussì
avec celle des terrains où elles ont été creuseés. —_ C'est
un poiut d’observation tout à fait nouveau „ sur lequel
jappelerai plus tard lattention des géologues. -Qu’il me
suffise de dire pour le moment, qu’il existe eri effét ‚une
relation evidente entre-ladirection des cavités souterraie
nes, et celle des terrains disloqués, owselles se rencon-
trent. | din)
Des observations précédentes’ il résulte, que par suite
de la différence de niveau , que les eaux anciennes ont
successivement éprouvées, elles ont du être soumises à
des mouvemens violens, qui “favorisaient encore „leur
action érosive alors très énergique. C'est en partie à
cette cause qtie Pon doit attribuer lélargissement des ca-
vités souterraines et un grand nombre des anar
qui ont modifié leur. intérieur. | |
Les cavités ainsi produïtes n’offraient encore „ ni leurs
parois Àà contours arrondis, ni leurs flancs et leur sol
chargés d'un glacis stälagmitique. Ces effets ont eu
lieu „
Cek
lieu, à ce qu’il paraît , postérieurement à leur formation „
et ont -dépendu. des eaux „ qui y ont pénétré plus tard,
Ces eaux y-sont-arrivées par-les fentes „les. fissures , les
failles et les intervalles. de tout genre, qui,exisraient entre
les masses ‚ou,les couches soulevées et déplacées, Wlles
se sont «ainsi frayé peu à peu un passage en aggrandis-
sant les conduits „qui leur ont servi, d’issue dans ces
souterrains. et cela. en ‚raison ‚de leur. volume „de leur
pression et de la quantité. des matériaux „ qu'elles entraie
naient dans leur. course rapide, |
Les eaux qui joignaient à une grande Sapa une
force- d'érosion considérable „ sont celles qui ont le plus
môdifié intérieur des cavernes z par. le déblaiement des
roches. encore à l'état pâteux „-elles- ont produit cespa-
rois à contours arrondis, que lon observe généralement
dans les cavités souterraines 3. ces effets. sont trop, con-
stans pour ne pas dépendre d'une cause unique et agis-
sant d'une manière aussi universelle que constante. En-
fin lorsque ces eaux ont trouvé une issue , elles se sont
écoulées au dehors et ont-produit d'autres phénomènes ,
sur lesquels nous reviendrons plus tard.
L’action des eaux chargées au contraire d'une grande
quantité d’acide carbonique à été totalement différente.
La première a tendu à agrandi les cavités, tandis que
celle ci a constamment travaillé à les obstruer et en di=
minuer l'étendue intérieure., Cette action n’érant point
encore parvenue à obstruer. nous ne disons pas une seule
de ces, cavernes en entier , mais même une seule des fen-
tes ou fissures qui s'y trouvent , il faut, ainsi qu’on Pa
remarqué avant nous, qu elle n’ait pas commencé depuis
bien longtemps. gen
j Ce
C 32 )
Ce fait de la rapidité avec laquelle les stalactites et les
stalagmites se forment dans les cavernes,est un des points
les plus importans de l'étude des phénomènes, qui se
passent dans l'intérieur de ces cavités, et qui frappe le
plus les observateurs qui les visitent. Mais ce qui est
tout aussi remarquable, c'est que malgré cette rapidité
d'action, on ne voit prèsque jamais les plus petits cou-
loirs des cavernes , encombrés par ces calcaires concré-=
tionnés, qui s’y forment pourtant d'une manière prompte
et constante. La même cbservation peut également être
faite relativement aux ébouùlemens qui s'opèrent avec une
très grande rapidité dans les cavités- souterraines , et qui
malgré leur nombre et leur fréquence sont loin de les
avoir obstruées. [ls se sont à peuprès bornés à accumu-
ler des roches de stalagmites sur leur sol , qui est ainsi
souvent tout couvert de ruines. |
CHAPITUKE UL
Des causes qu ont produit les fentes et les fissue
res verticales, aînsi que les petites cavités.
Lescauses, qui ont operé les grandes cavités , ont éga-
lement produit les fentes verticales ou les fissures, qui
constituent ce que Fon a désigné sous le nom de filons
fragmentaires. Ces dernières ne différent en effet des
cavernes proprement dites, que par leur peu de largeur,
et leur direction ordinairement constante dans un seul
sens. La plupart d'entr’elles sont remplies par les mê-
mes
C 33 )
mes terrains clastiques d’agrégation que l'on observe dans
les cavernes , terrains qui s'y montrent le plus souvent
accompagnés de débris d’animaux différens. OQuelque-
fois ces formations clastiques se composent,de globules
de fer hydroxidé, réunis et impâtés par un ciment fer=
rugineux „ lequel enveloppe aussi dans certaines circon-
stances des restes organiques.
Ces fentes et ces fissures ainsi diversement remplies
ont regu les premières le nom de brêches osseuses , et les
secondes celui de brêches ferrugineuses , dénominations
qui indiquent assez leur’ principale composition.
De même que les cavernes abondent dans les terrains
calcaires , et pärticulièrement dans ceux qui appartiennent
aux formations jurassiques ; de même dans ces terrains
se montrent la plupart des fentes,, dans lesquelles lon
observe des brèches osseuses et ferrugineuses. Il existe
en effet des transitions tellement insensibles entre les
cavernes à ossemens et les brèches osseuses et ferrugie
neuses, qu’il est difficile de ne- point considérer ces
divers phénomènes comme tout à fait analogues , et pro-
duits par les mêmes causes.
L'identité entre les fentes longirudinales et verticales
a lieu nonsseulement pour les faits postérieurs à leur
‚ formation , comme ceux relatifs à la production des sta-
tactites et stalagmites, et À leur remplissage ; mais en-
core pour cette formation elle-même, Les unes et les
autres sont dues à des dislocations du sol, qui lont
plus ou moins. déchiré ou fendu, selon la violence plus
ou moins grande de ces dislocations ou peut-être aussi,
suivant l'état particulier de malléabilité du sol qui les
éprouvait. \
EE be Dans
C 4 )
Dans les unes comm@ dans les autres, Pon observe
également deux principaux- dépôts stalagmitiques d’àge
différent. Le plus ancien revêt la roche dans laquelle
la fente existe, et le plus récent recouvre le terrain
clastique à ossemens, disséminé sur le sol des cavernes
ou qui remplit Pintérieur des fentes verticales. _ Ces
derniers dépôts stalagmitiques se continuent dans les ca-
vernes et les fentes de la même-manière „ que s’y intro-
duisent constamment des dépôts d’alluvion avec des osse=
mens d’animaux de notre époque.
Il en est donc des phénomènes qui se sont passés
dans l'intérieur des plus “grandes cavités , comme dans
celui des plus petites -fentes , ces phénomènes se con-
tinuent sans cesse, comme la plupart de ceux qui ont
eu lieu sur-la “surface du globe, mais seulement avec
une moindre intensité et une moindre énergie.
De plus; les ‘patois des fentes verticales «et celles des
cavernes , sont en quelque sorte bosselées , crcuséesde
dépressions peu profondes , arrondies dans leut fond sur
leurs angles @t sur' leurs arrêtes: Ces dépressions sem-
blent avoir été opérées , non“ par le frottement d’un
corps solide, mais par la force dissolvante et Pérosion
d’un liquide, Aussi les parois opposées n'offrent jamais
de saillies corréspondantes , comme le seraient celles d’une
fente résultant d'une fracture fraîche ; elles montrent au
contraire‘ des rétrécissemens et des évasemens plus ou
moins prononcés. | |
Enfin dans les fentes verticales comme dans les lon-
gitudinales , Pon voit distinctement , et peut-être même
d'une manière plus nette dans les premières que dans
les secondes, les deux époques de dépôt des calcaires
con-
C 35 )
conerétionnés. … Le plus ancien recouvre la roche’ dans
laquelle les fentes sont ouvertes; ‘généralement d’urie
assez grande dureté; il se-distingue- facilement par la
position de “celui qui est superposé au terrêin de rem-
plissage ou quî s’est infiltfé dans ses interftices. “Quel-
quefois même le: plus ancien de ces dépôts ‘stalagmiti=
ques est assez puissant pour être exploité avec” avan-
tage; et par suite de sa compacité et de la beäuté dé
ses nuances, il est souvént distribué dans le Commerce
comme de Valbâtre oriental; tel est par exemple celùi
qui enveloppe les brêches‘osseuses de Sète. (Hérault!)
Le terrain ‘clastique d’agrégation est encore le même
dans les’ différentes fentes ; qu'elle qu’en soit l’éterdue et
la nature. C?est partout:une roche plus ou moins
solide, ou un limon ärgilo-calcaire plutôt que siliceux
dont la couleur dominante est généralement rougeâtre.
Cette roche ou ce limon plus ou moins pulvérulent en=
veloppe généralement des fragmens roulés, et quelquúe-
fois aussi des fragmens non roulés de calcaire compacte
ou -terfeux,. ou même, ce qui est beaucoup plus rare;
d'autres roches.
Ce terrain clastique réunit des débris organiques , d’és-
pèces, de genres et de classes très-différentes. L’on y
voit en effet des €oquilles terrestres et marines avec des
reptiles--terrestres ; des poissons-de mer, et principale-
ment des débris de mammifêres ‘terrestres ‘et des eaux
douces , dont la plûpart des espèces sont analogues , et
même souvent ‘tout-à-fait semblables aux races. actuelle-
ment vivantes.-
Ces cavités , “soit les fissures des brèches , soit’les
cavernes à ossemeris, sont le plus souvent en commu-=
id nie
(C 36 )
nication avec la surface du sol, il ne paraît pas qu’il
y en ait dont les ouvertures aient été fermées par des
terrains stratifiés, ce qui annonce que le remplissage de
ces fentes a eu lieu postérieurement au dépôt des couches
solides les plus récentes, c’est à dire à celui des calcai-
res quaternaires. Il paraft encore, qu'il n'existe point
d’ouvertures des fentes verticales ou longitudinales qui
aient été fermées du moins intérieurement par des laves
anciennes ou par des roches qui ont coulé par suite d'une
véritable liquéfaction ignée.
Il arrive bien quelquefois, que les ouvertures par les=
_quelles le terrain de remplissage est arrivé , sont tout-à=
fait obstruges, et à tel point que l'on n'en découvre pas
de traces; mais alors , Pon remarque que ces ouvertures
ont été fermées , soit par-suite d'écoulement postérieur au
remplissage des, fentes ou des cavités, soit par l'accumu-
lation des terrains d’allusion soient anciens, soient ré-
cens. |
En un mot les circonstances communes aux carvernes , et
aux fissures à ossemens , d’ávoir les unes et les autres leurs
parois arrondies par une sorte d’érosion , de présenter deux
dépôts stalagmitiques , ainsi qu’un agrégat pierreux ossi=
fère, annonce Îidentité d'origine et de formation. des
brèches osseuses et des cavernes à ossemens,.
D’après ces dispositions qui se reproduisent générale-
ment , on voit que plusieurs opérations distinctes y ont
eu lieu à diverses époques. Le nombre de ces opéra-
tions est de quatre au moins, ainsi que nous avons
déjà fait observer. Lors de la première Époque se sont
formées les cavernes et les fentes et leurs ouvertures,
lesquelles se sont ensuite plus ou moins agrandies,
Dans
CMD
Dans la seconde „ le calcaire concrétionné en a recou=
vert la voute, les parois , et quelquefois même le sol.
Dans la troisième le dépôt ossifère y a été entraîné avec
les terrains, qui laccompagnent, terrains qui „ dans la
quatrième époque, ont été <recouverts ou pénétrés par
le calcaire stalagmitique récent qui depuis lors n'a cessé
de se produire. | |
Enfin ce qui prouve la distinction que nous venons
d’établir entre les deux glacis stalagmitiques , c'est que
souvent, et particulièrement dans les brêches osseuses
des fentes, l'on trouve des portions brisées de ce glacis.
Or, puisque le ciment qui réunit les brèêches ossifères
des cavernes , comme celles des fentes offrent de ces
portions brisées des calcaires concrétionnés , il faut né=
cessairement que ces fragmens existassent avant la soli=
dification du ciment qui les a réunis.
Les faits, à l'aide desquels nous avons cru qu’il était
possible de concevoir la formation , et le creusement des
grandes cavités souterraines, nous semblent également
pouvoir être invoqués pour expliauer origine des peti-
tes cavités, quelle qu’en soit le. nombre et la position.
Il nest pas en effet nécessaire de les attribuer à des
causes particulières , comme le serait par exemple l'éro-
sion du calcaire par laction de Paura maritima , quoi-
que cette action s’exerce encore aujourd’hui à une assez
grande distance de la mer. En effet, s’il existe de nom-
breuses petites. cavernes dans des lieux rapprochés des
mers , comme celles que l'on voit entre Nice et Menton
ou en Sicile , ou enfin en Morée, il en est une infinité
d'autres que lon remarque à d’assez- grandes distances
des eaux marines. Nous ne saurions pas en citer d'exem-
53 ple
C38 )
ple ‚plus „remarquable, que celui qui nous est fourni
par les petites cavernes de la vallée de la Cette. (Hé-
rault). | kiabnik AA j
Ces. cavernes , placées au-dessus les-unes des autres
par -étages …successifs „ „sont tellement nombreuses. qu’on
pourrait, les comparer„‚en „quelque sorte, à ces-voutes
qui forment les arceaux des arènes antiques.. Sans doute
les „érosions du. calcaire- par. laction due au muriate de
soude apporté par Laura maritima ‚peut avoir lieu de
manière à donner naissance „à du- Chloroxi-carbonate de
chaux et de soude, lequel étant soluble , peut être entraî-
néspar les eaux pluviales,; mais cette action est trop fai-
ble pour avoir produit-ces cavités, Elle peut bien opé=
rer des érosions-à:la surface: des roches calcaires , mais
jamais: les -creuser au point d’en faire de petites cavernes.
D'ailleurs cette influence.devant être générale ,‚ ne-pour=
rait, s’exercer que, surstoute la surface de- la -roche avec
laquelle elle serait en-contacte: Or, ici nous ne: remar-
quons que „des. effets. locaux et particuliers, comment
donc ‚se rendre: raison: de, la séparation des arceaux des
cavernes. et: du creusement de. ces cavités , puisque les
piliers qui: semblent les soutenir „ sont intacts.
„Lonne „saurait :donc ‘admettre que laction. chimique
des „eaux -de la mer-ait. pu seule corroder les roches „ au
point de. les creuser en cavernes,-en supposant même,
ce qui arrive quelquefois ‚de petites dimensions à ces ca-
vités. . On le peut: d'autant. moins, qu’elles-.ne se mon-
trent pas uniquement dans. des roches calcaires,
‚Ainsi, par exemple „les :Phyllades quarzifères des Py-
rénéessorientales , particulièrement ceux de Colioure et
de Port-vendres, ceux‚-des Cévennes et du Rouergue N
sont
C 39 )
assez fréquemment caverneux , comme les falaises et les
flanes escarpés des montagnes calcaires les plus distantes
des mers actuelles, [l en est de même de certaines autres
roches tout-à-fait dépourvues de calcaire , telles que les
psammites ou les grés, les mica-schistes, les schistes
argileux que l'on voit creusés et érodés de mille maniè-
res différentes „ dans» des lieux , Ou il est ‘difficile d’ad-
mettre que laction de Paura maritima, en la suppo-
sant réelle , puisse être sensible sur la désagrégation des
roches, | |
Sans doute, cette action peut bien contribuer à l'éro-
fion et à la désagrégation de certains matériaux solides,
mais elle est Évidemment impuissante pour les creuser en
cavités , et leur donner ces formes d-peu-près régulières „
que lon apergoit surtout à celles qui composent les pe-
tites cavernes dont nous nous occupons. Celles-cí ren-
trent donc dans les lois générales que nous avons assie
gnées à la formation et à origine des grandes cavités
souterraines. |
GR LIVRE
LIVRE SECOND.
CHAPITRE 15 DES DIVERS CHANGEMENS SURVENUS.
CHAPITER E LL
Des divers changemens survenus dans l'intérieur des
cavernes et des fentes postérieurement à leur
formation , et leur remplissage. |
é
in changemens survenus dans Fintérieur des cavernes
ou des fentes , depuis leur formation, semblent avoir
uniquement dépendu de laction des eaux. Le premier
effet qu'elles ont produit, a été de les aggrandir „d'en
éroder les parois , de les arrondir, et parconséquent de
diminuer les formes aiguës de leurs arrêtes.
Ces changemens ont été opérés avec autant plus de
facilité que les eaux ancienpes ont exercé leur action sur des
roches qui étaient dans un état de mollesse et de malléa=
bilité particulier. Aussi cette action, qui semble s’@tre
exercée sur les roches des cavités souterraines des âges
d les
C 4 )
les plus différens, c'est-à-dire, depuis les roches de
transition les plus anciennes jusqu’aux dépôts tertiaires
les plus récents, s'est long-temps prolongée ; dès lors
nous devons être moins surpris de la grandeur et de la
. puissance de ses effets.
Plus tard il s'en est produit de tout différens ; les eaux
qui arrivaient dans l'intérieur des cavernes n’avaient plus
une température aussi élevée, ni une densité aussi gran=
de que les premières, et par conséquent , elles n’avaient
pas non plus une aussi grande force d’érosion. Chargées
d'une certaine quantité d’acide carbonique, ces eaux en-
trafnaient avec elles du carbonate de chaux qui a tendu
à se précipiter, dès qu’elles ont eu le contact de lair.
Il faut également attribuer à cette cause la formation du
premier glacis stalagmitique qui à recouvert d'une couche
plus ou moins épaisse et plus ou moins brillante les
murs , les parois le plafond et le sol des cavernes „ et
y a produit tous ces changemens qui donnent souvent
aux grottes un aspéct aussi étonnant que majestueux.
Par suite de cette action des eaux, toute contraire à
celle que les premières avaient exercée , les cavités sou-
terraines ont tendu à diminuer de plus en plus d’étendue.
Les effets de cette action ont donc été liés à la force de
dissolution des eauxs par conséquent ils ont été propor-
tionnels à cette faculté, ainsi que la durée du temps
pendant laquelle ils ont eu lieu. Si Pon juge de cette
durée par les effets produits , elle ne doit pas être fort
considérable, car la précipitation des calcaires concré-
tionnés n’a jamais cessé de s’opérer , et paraît marcher
très-vite. Cependant leurs dépôts n’ont pas encore ob-
strué , nous ne disons pas la plus petite de ces cavités,
mais
C 42 )
mais les couloirs étroits et les fissures qui s’y trouvent
en grand nombre,
Après ou pendant que ce travail des eaux s’opérait
dans l'intérieur des cavités souterraines , un-phénomène
plus remarquable s’y passait. Ce phénomène est celui
de leur remplissage, les unes par des limons. argile-cal-
caires presque dépourvues de roches fragmentaires , de
caïlloux roulés et d’ossemens. « Les autres au contraire
offrent une grande quantité de cailloux roulés , de frag=
mens anguleux de roches, et des limons constamment
accompagnés de débris organiques différens „-parmi les-
quels abondent principalement,des restes de mammifères
terrestres. _ Ces limons ont été souvent tellement abon-
dans. qu’ils ont parfois rempli-en totalité les fentes ou
les cavernes , dans. lesquels ils se sont introduits. Ils
ont ainsi fixé à la voute de ces cavités des ossemens
des coquilles ou des cailloux roulés, ou enfin les gra=
viers qu’ils entraînaient avec eux. |
Plus tard la partie meuble de ces limons , délayée par
les eaux qui arrivaient dans ces souterrains généralement
plus bas que le sol qui les entoure, a été entraînée au
dehors „ et peu-à-peu les cavernes se sont vidées et dé-
blayées.
Mais quelle est la-date des dépöts effectués dans les
cavernes à ossemens , et de ceux que l'on voit dans cel-
les de ces cavités „ou il n'existe pas de traces de débris
organidues ? |
Pour Ja déterminer il aut: d'abord reconnaître., si le
remplissage des cavernes'par des terrains clastiques „ est
un phénomène général, ‘lié à d'autres faits du même
ordre ; ou si c'est un phénomène purement local, borné
uni-
CMB)
Í
uniquement à, certaines cavernes et à certaines fentes.
Pendant long-temps on a pu envisager le remplissage
des fentes longitudinales et verticales, comme un fait
borné et restreint à un petit nombre de localités par la
raison que l'on ne connaissait que fort peu de ces fen-
tes, qui eussent été ainsi en partie comblées. Mais -
depuis que les observations ont demontré, qu’il n’exis-
tait pas dans la nature, de phènomène qui se fut repro=_
duit avec plus de fréquence, plus de constance et plus
de généralité, «on a été-forcé de le considérer sous un
tout autre point de vue,
Les cavernes et les fissures à ossemens envisagées
d'abord, comme bornées à certaines contrées du nord
de l’Allemagne et à quelques rochers isolés des bords
de la Méditerranée, ont été reconnues tout aussi nom.
breuses „ et tout aussi multipliées en Angleterre , en Ita-
lie, en France et en Sicile, On en a également observé
dans le nouveau monde et:dans la nouvelle-Hollande et
partout avec les mêmes circonstances. Généralement les
débris d’animaux y ont été trouvés dans un limon rou-
geâtre , plutôt brisés que roulés, limon dans lequel se
montrent disséminés des cailloux roulés le plus. souvent
arrondis ainsi que des roches fragmentaires anguleuses.
Le terrain clastique qui-a -rempli en tout ou en partie
les fentes longitudinales et verticales , ayant des caractè-
res communs et identiques, doit done y avoir été en-
trafné par: une même cause, dont Paction a partout’ été
la même, ‘<Sans doute la nature des cailloux roulés et
des. roches ‘fragmentaires qui font partie de ces’ terrains
n'est point semblable- partouts pas plus que les maté-
riaux de transport des dépôts diluviens ; mais cette cir-
con-
ie
(CM )
constance n'exclut pas une communauté d'action dans la
cause qui les a produits; elle annonce seulement que les
matériaux. qui ont été déplacés , ont varié comme ceux
dont ils proviennent „ et dont ils sont les débris.
Il en est de même des ossemens; ces ossemens sont
loin d'être les mêmes dans les différentes fentes ou cavie
tés ; mdis la loi de leur distribution à cela de particulier
d'être d’accord avec celles des espèces propres à chaque
continent, où ces débris organiques ont été disséminés,
Ainsi par exemple, l'on ne déeouvre pas plus de débris
de chevaux et de boeufs domestiques dans les caver-
nes du nouveau monde, que lon ne voit dans les
nôtres des Meégalonyx. De même dans celles du nou-
veau continent, l'on n'apergoit pas non plus de traces
de ces dasyures , de ces phascolomes et de ces kanguroos
qui abondent au contraire dans les cavernes de la nou-
velle-Hollande, ‘
Ainsi la cause qui a entraîné „ dans les cavités souter-
raines , tant d'ossemens d'animaux si différens par leurs
moeurs , leurs habitudes comme par leurs espèces, n'a
pas transporté les races d'un continent dans un autre,
en les mélangeant de la manière la plus confuse. Ces
faits nous annoncent que les nombreux débris d'animaux
disséminés dans les cavités souterraines ne sont pas
venus de fort loin, et le peu d’altération, qu’ils ont subis,
confirme encore cette assertion.
En un mot le remplissage des fentes longitudinales et
verticales, par des terrains clastiques ossifères, est un
phénomène géologique tout aussi constant et tout aussi
général que celui des dépôts diluviens , et qui appar-
tient comme ce dernier à des faits du même ordre et de
la même date, | Pour
€ 40)
Pour en être convaincu, il suffit de comparer les
terrains de remplissage des cavernes , avec les dépôts di.
luviens disséminés sur le sol qui les entoure. Ces der-
niers varient d'une localité à l'autre, non dans Vensem-
ble des matériaux qui les composent, mais dans la na-
ture et l'espèce de ces matériaux. Aînsi tel dépôt dilu-
vien “est caractérisé par une prédominance des roches
primitives; tandisque tel autre lest par Pexcès des ro-
ches -secondaires, soit jurassiques, soit des grès verts
soit des craies , comme enfin d'autres le sont par des
calcaires tertiaires marins et des eaux douces. Les va-
riations qu’éprouvent ces dépôts d'une localité à lau-
tre, se remarquent également dans les terrains clasti-
ques de remplissage , mais toujours elles coïncident les
unes avec les autres. Cette coïncidence est trop frap-
_pante et trop générale pour ne pas dépendre d'une
même origine ou d'une même cause, qui, agissant à la
même époque, a dispersé à la fois , sur le sol comme
dans les cavités et les fentés vides , les mÔmes terrains
clastiques „, c'est-à-dire , les dépôts diluviens.
Ces dépôts ont pris parfois , à la surface du sol, une
__solidité tout aussi grande, que celle qu’ils ont particu-
lièrement acquise dans les fentes étroites des rochers ;
mais en supposant que cette circonstance ne se fut re-
produite que pour les premiers, elle ne pourrait pas
faire inférer une diversité d'origine entr’eux. La soli=
dité ou l'état meuble d'un terrain n'est en effet qu’un
accident, qui ne peut rien faire préjuger sur son ori-
gine, ni sur l’époque de sa formation.
Ainsi les terrains clastiques entraînés dans les cavernes
et les fentes auraient. donc la même origine, et seraient
de
KJ
de la même date que les dépôts diluviens répandus à
la surface du sol. Si les ossemens sont assez générale=
ment plus nombreux dans les premiers, cette circon-
stance pourrait bien tenir à ce que les ossemens d’ani-
maux une fois entraînés dans les cavernes et les fentes
y ont été mis à labri du contact des agens extérieurs 3
ainsi ils ont pu’ se cônserver beaucoup mieux que ceux
disséminés à la surface de sol, Une autre circonstance
favorisait encore leur conservation, c'est le dépôt sta-
lagmitique qui les recouvre le plus souvent , et qui s’op-
pose à linfiltration des eaux intérieures.
L’on serait cependant dans Perreur si lon croyait
qu’il n'existe pas dans un grand nombre de lieux diffé-
rens et à la surface du sol une énorme quantité d’os-
semens tout aussi diversifiés dans leurs espèces que ceux
que lon voit dans les cavernes et dans les fentes. En
effet pourrait-on oublier les fameux dépôts d’ossemens
de Canstadt, du Val Arno; et de PAuvergne, où
les restes organiques sont bien plus nombreux et bien
plus divers que ceux des cavernes les plus riches.
Le dernier de ces dépôts est remarquable par le grand
nombre de débris' d’Hyène et de féroces humatiles , que
Pon y rencontre. Ce fait de la présence des hyènes
ailleurs que dans les cavernes, — fait qui s'est reproduit
non pas seulement pour les dépôts quaternaires, mais
même par lés terrains tertiaires , — prouve que les hyènes
ne sont nullement la cause de Pétrange rassemblement
des animaux que lon trouve entassés dans les cavités
souterraines. Aussi le nombre des hyènes de ce dépôt
à tellement frappé les observateurs , que plusieurs d’en-
tr’eux ont comparé ces terrains à ceux qui remplissent
cer-
6%)
certaines cavernes, et les ont nommés limons à ossemens
des cavernes extérieurs , pour indiquer par-là lanalogie
qui existe entre ces deux ordres de phénomènes.
En assimilant du reste, avec la plupart des géologucs,
les terrains clastiques qui ont rempli en tout ou en par-
tie les cavernes et les fissures à ossemens, aux dépôts
diluviens , nous avons indiqué la cause de leur forma-
tion. Mais l'on se. demandera peut-être , si ces terrains
ont été transportés par des eaux douces et courantes ,
ou par des eaux marines. Ceux qui ont admis la der-
nière de ces causes , ont invoqué en faveur de leur opi-
nion les débris marins, soit poissons, soit coquilles
que lou découvre aussi bien. dans les limons à ossemens
des cavernes „que dans ceux des fentes,
D'après lexamen attentif des restes organiques marins ,
que nous avons observés les premiers dans les cavernes ,
nous avons reconnu, qu’ils se bornaient exclusivement à
des palais de raie, à des dents de sqüales et à des
coquilles de mer. Dèslors d'après la nature de ces dé-
bris , nous nous sommes demandés, s’ils n’appartien-
draient pas à des formations d'un âge plus ancien que les
terrains clastiques, dans lesquels on-les découvre, et
nous nous sommes convaincus qu’ils dépendaient des
terrains tertiaires. Ces débris organiques , détachés par une
cause quelconque des bancs pierreux ou sableux marins
et tertiaires, ont été ensuite entraînés avec les, divers
matériaux de transport, et sont arrivés avec eux dans
les cavernes et les fentes. Ce qui le prouve encore,
„eest que ces débris sont pétrifiés, ce qui arrive bien
rarement à ceux des cavités souterraines, et qu’ils se
rapportent- aux espèces qui caractérisent les formations
ou
C 48 )
ou les couches tertiaires dans lesquelles ces cavités sont
creusées. D'ailleurs si, malgré ces faits, on pou-
vait se former des ‘doutes à cet égard, il ne faut pas
perdre de vue, que plusieurs de ces corps marins of-
frent encore des traces de la gangue tertiaire qui les en-
Ee 1 primitivement. (
__ Enfin quelquefois , et alors ce sont uniquement -des
coquilles , ou des zoöphytes, ces corps marins n'ont point
appartenu à des formations antérieurement déposées, ils
ne se sont point alors pétrifiés, ni altérés „ et conser=
vent même en partie leurs couleurs. Leur transport , au
milieu des limons à ossemens, ne peut donc dépendre
des mêmes circonstances que celles, qui sont relatives
aux produits marins des formations tertiaires. — En effet
ces coquilles , ces zoöphytes, du reste beaucoup moins
nombreux que les premiers, paraissent être des relaissées
des mers lors de leur dernière retraite , qui , abondonnées
par elles sur le sol, ont été ensuite entraînées dans les
souterrains où on les découvre.
Ainsi les terrains clastiques qui ont rempli en tout ou
en partie les cavernes et les fissures à ossemens , offrent
généralement la même composition, la même nature que
les dépôts diluviens des lieux environnans. Ils ont donc la
même origine et sont du même âge; aussi la population
qui se trouve dans les deux ordres de dépôts, est-elle
à-peu-près la même, et offre-t-elle , aux localités près ,
les mêmes espèces d’animaux ou du moins des espèces ana-
logues. Ces deux ordres de dépôts, tous deux formés par
alluvion , ont été charriés et transportés dans les lieux
où on les observe , non par une inondation marine, mais
au contraire par des eaux douces et. courantes.
Aussi
C 49 )
Aussi pour bien apprécier les causes, qui ont opéré
le remplissage des cavités souterraines, il faut , avant tout,
reconnâîftre les inégalités des terrains, qui les entourent „
s’assurer, si des inondations , quí y auraïent eu lieu, au-
raient. pu entrafner dans les fentes , qui en sont rappro-
chées, les limons, les graviers, les cailloux roulés et
les ossemens, que l'on y découvre, Il faut également
s’assurer , s’il existe quelque rapport entre les dépôts
diluviens disséminés sur la surface du sol et ceux que
Pon observe dans lintérieur des fentes environnantes; ce
n'est que par la connaissance de ces faïts, et de tous
ceux qui se rapportent À la topographie des lieux rap-
prochés des cavernes, que: l'on peut se faire une idée
juste du mode et ‘des causes, qui ont opéré leur rem-
plissage. C'est aussi sur observation de ces faits , que
nous avons porté notre attention, dans examen des
nombreuses cavernes à ossemens, que nous avons eu
occasion de visiter dans nos contrées „méridionalès.
Enfin d’autres phénomènes ont encore eu lieu dans
les cavernes, postérieurement à leur remplissage. - Plu-
sieurs d’entr’elles se sont en grande partie vidées , après
avoir regu les dépôts diluviens , soit par des ouvertures
nouvelles , produites par \érosion des eaux , soit par Pef-
fet. naturel de la pente du sol des lieux, où les maté-
riaux d’alluvion avaient été entraînés. Cet effet se con-
tinue encore dans un assez grand nombre d’entre elles,
surtout dans les cavernes, qui , par suite de l'inclinaison
de leur sol, regoivent des affluens considérables.
D'un autre côté ces affluens y apportent d'autres ma-
tériaux , et ce sont ces divers dépôts successifs d’âge
et de nature très-différente , qui jettent souvent de l'em-
D bar-
C 50 )
barras dans le classement de ces différens terrains d’allu-
vion „ relativement à leurs époques de formation.
Il est cepéndant pour reconnaître lancienneté des. pre-
miers un fait indépendant de celui, qui résulte de la di=
versité des animaux que l'on voit dans lun ou dans
Pautre, c'est la puissance, l'homogénéité et la généra-
lité des premiers, relativement aux dépôts des temps his-
toriques. Il est en effet remarquable, que les dépôts
d'attérissement, produits depuis cette péoque ; n'ont acquis
nulle part l’épaisseur ni la généralité des dépôts des
anciennes alluvions des temps géologiques. Aussi leurs
effets ont été À-peu-près insensibles pour le remplissage
des fentes et des cavernes, et il en est de même des
‚ossemens que les eaux actuelles ont entraînés dans nos
souterrains.
Que Pon compare l'énorme quantité, que lon en dé-
couvre dans les cavernes, avec les débris des animaux
que les inondations actuelles y amènent, et l'on sera
frappé de la différence. Où trouver en effet une masse
ossifère aussi considérable que celle des cavernes de Bize
(Ande), ou dans les fissures à ossemens de Sète , de
Nice, d’Antibes et de Gibraltar ! De pareils amas d’os-
semens n’auraient donc plus été formés depuis les temps
historiques 3 ce qui est d'autant plus digne de remarque,
que relativement aux ossemens des dépôts diluviens „ leur
conservation n'a pas dépendu de la pétrification, puisque
la plûpart d’entr’eux recèlent encore une assez grande
partie de leur substance animale,
_ De pareils effets ne se produisent plus dend les
temps historiques; ceux dont nous venons de parler
ont du nécessairement être opéren par des causes plus
éner-
C SL )
énergiques que celles qui agissent aujourd’huï.
Pour expliquer ces phénomènes l'on ne saurait ad-
mettre, que dans les temps géologiques , la terre était -
peuplée par un plus grand nombre d’animaux. Relative-
ment done à l'époque, ou se. sont opérés les dépôts à
ossemens des cavernes, cette ‘hypothèse serait d'autant -
moins admissible, que les espèces, qui ont été entraînées
dans ces cavités, sont surtout celles dont homme a fait
particulièrement la conquête et propagé les races. L’on
sait assez que les espèces dominantes des cavernes sont
les chevaux, les boeufs et les cerfs „ comme les lapins
dans les fissures à ossemens; ce sont aussi les espèces
que homme à soumises à sa domestication, et dont il a
singulièrement étendu le nombre, par tous les moyens
qui sont en son pouvoir.
L’on se demandera peut-être, à quelle cause il faut
attribuer la différence numérique des animaux domesti.
ques „ que l'on observe dans les cavernes , au milieu des
dépôts diluviens, comparativement au petit nombre de.
ceux, qui y sont entrafnés aujourd'hui par les alluvions.
Sans prétendre résoudre cette question, qu’il nous suf-
fise d'observer , que cette différence peut bien tenir à la
plus grande énergie des causes qui agissaient encore lors
de lapparition de Phomme,— énergie qui a occasionné les
terribles inondations , dont la dispersion des dépôts dilu-
viens nous annonce assez la violence, Le défaut d'inhu.
mation des espèces domestiques, ainsi que des races sau-
vages alors plus nombreuses , peut bien y avoir eu quel-
que influence, dautant plus que les eaux, plus considé=
rables à cette Éépoque, devaient balayer une plus grande
étendue de terrain, et entrainaient ainsi avéc elles, la
DE plu=
C 52 )
plupart des débris des animaux jonchés sur le sol, ,
Du moins l'excès des animaux domestiques, que Pon
voit aussi bien au milieu des dépôts diluviens disséminés
sur la surface du sol, comme dans le diluvium , qui a
été entrainé dans les cavernes et les fissures à ossemens „
annonce assez la nouveauté de ces dépôts , ainsi que le
rapport qui existait déjà entre la population de cette
Epoque et la population actuelle, Ce rapport est d’au-
tant plus remarquable , qu’antérieurement à cette époque
rien d’analogue ne s’était présenté; les débris de nos
espèces domestiques existent en effet à peine dans les
terrains tertiaires. Ces débris sont même sì rares, que
longtemps on a supposé, que les chevaux et les boeufs
dont nous avons apercu le premier les restes, ne s'y
trouvaient point. Ainsi tous les faits bien examinés
nous apprennent , que le remplissage des cavernes et des
fissures à ossemens a eu lieu à une époque peu éloignée
de la periode actuelle, et lorsque déjà homme avait
‘soumis à son empire un assez grand nombre d’animaux.
Quant aux derniers changemens ou aux dernières mo-
difications ‚ qui ont eu lieu dans les cavités souterraines „
ils se rattachent aux dépôts successifs de calcaire concré-
tionné, qui s’y sont produits depuis leur remplissage,
Ces dépôts ont souvent formé une couche assez épaisse
ausdessus du terrain clastique d’agrégation , et ils le re-
couvrent ainsij ils ont rendu la découverte des ossemens
qui s’y trouvent plus difficile.
Les effets de ces eaux ne se sont point bornés, à opé-
rer ce glacis stalagmitique5 elles ont également revêtu;,
comme les plas anciens de leurs- dépôts , les plafonds ,
les parois des cavernes, ct y ont produit d’abondantes
sta-
( 53 )
stalactites et stalagmites, A la même époque ont été
entrainés dans ces cavités , des terrains d’attérissement ,
parmi lesquels. Pon. découvre parfois des ossemens d’ani=
maux des temps historiques , ossemens qui, ainsi que
nous. avons déjà ‘fait remarquer , n'y sont jamais dans
des. proportions aussi considérables que le sont ceux des
temps géologiques.
CHAPEL KE Mp
De Pépoquê de la dispersion des limons à
ossemens et des dépöts diluviens.
Les, faits les plus Positifs nous ont porté à assimiler
les. terrains clastiques d’agrégation éfondrés dans les dí-
verses cavités ou fentes souterraines , aux dépôts dilu-
viens, c'est-à-dire , à ceux _qui ont été dispersés , lors
des dernières grandes inondations „ qui Ont ravagé la sur-
face de la terre. Mais nous n’avons pas fixé cette épo=
que, et cependant c'est là un des points les plus essen-
tiels de la question qui nous. occupe.
« En examinant les divers dépôts. déplacés et transpor-
tés ou produits aux dépens des autres roches , on re-
connaît aisément , que les terrains composés de cailloux
roulés, de roches fragmentaires et de blocs isolés ap-
partiennent à trois époques différentes. |
Les plus anciens ceux que nous nommerons de trazs-
port , pour les distinguer des autres terrains produits par
# D 3 des
C 4 )
des causes semblables , sont constamment recouverts par
des dépöts stratifiés, À moins qu’ils n’appartiennent à
des contrées dans lesquelles on ne voit aucune trace
des formations plus jeunes qu’eux. Ces terrains ont
généralement une plus grande solidité que ceux de même
nature qui leur sont postérieurs , du moins ils ne se
présentent jamais à l'état meuble comme ces derniers.
A la seconde époque contemporaine de lapparition de
Phomme, et dont la date est parconséquent beaucoup plus
récente, se rappôrtent les terrains d’alluvion nommés
aussi dépôts diluviens. Ces terrains ont cela de partie
culier de n’être jamais recouverts par aucun dépôt régu-
lier et stratifié. Ce caractère sert à les distinguer des
premiers, produits depuis la fin des dépôts des terrains
de transition ou intermédiaires, jusqu’à celle qui a ter=
miné la periode tertiaire,
Ceux-ci se montrent le, plus généralement à Tétat
meubles quelquefois cependant le ciment qui a réuni
les caïlloux roulés et le® roches fragmentaires , dont ils
sont composés, a pris une assez grande duretés alors
ces terrains ont acquis une solidité plus ou moins con=
sidérable, Dans d’autres circonstances, ils sont unique=
ment formés par des blocs de roches , souvent d'un grand
volume, lesquels blocs isolés et erratiques , n’ont aucun
rapport par leur nature ou leurs formations , ävec celle
des terrains, au milieu desquels on les observe dissémie
nés. La grosseur de ces blocs, Y'éloignement des lieux
dont ils paraissent provenus , fait supposer aux anciennes
inondations une violence toute autre que celle que Ton
reconnaft aux inondations actuelles,
Mais à quels caractères peut-on distinguer Jes terrains
d’ale
KJ
d’altuvion' des terrains d’attérissement produits postèrieus
rement aux premiers, et qui n'ont jamais cessé de se
précipiter depuis les temps historiques ?
Cette distinction est d’autant plus difficile, que les uns
et les autres sont souvent composés des mêmes limons
etdes mêmes roches , soit roulées , soit brisées. A dée
faut de caractères minéralogiques , il faut donc s’aider
des caractères géologiques; en effet ces derniers permet-
tent, dans la plûpart des cas, de distinguer ces deux
terrains entr°eux. | |
L’on remarque d’abord, que les dépots diluviens ont
une direction assez généralement bien déterminée et par-
conséquent constante. Ils se montrent également dissé-
minés'sur des espaces beaucoup plus considérables , et leur
épaisseur est aussi bien plus grande, Quant à leur éléva-
tion elle paraft beaucoup moindre que celle où l'on dé-
couvre des terrains d’attérissement , probablement à cause
de la violenceet de la rapidité d'action de la cause „ qui
les a produits, | ë
Lorsque ces dépôts se montrent à l'état meuble , les
cailloux roulés et les roches fragmentaires de leurs limons
offrent assez fréquemment un volume intermédiaire entre
les gros blocs et les sables fins des terrains d’attérisse-
ment. ‚Les cailloux roulés des dépôts diluviens sont en
effet le plus constamment pugillaires , rarement cépha-
laires et presque jamais métriques. D’un autre côté , on
les voit peu souvent à l'état de sables , et les blocs des
roches , qu’ils renferment „ Ont cependant une moindre
grosseur ; que Ceux que les attérissements actuels entraî-
nent à la base des montagnes. Ces faits nous annon-
cent, que les anciennes inondations ont du agir d'une
| Dáâ Ore alde
C 36 )
manière plus violente et plus prompte que les inonda-
tions actuelles. En effet les effets de celles-ci semblent se
préparer d’une manière constante pendant des espaces de
tems plus considéräbles ; du moins si Pon y comprend
tous les résultats, qui depuis les tems historiques ont dé=
pendu de laction continue des eaux courantes sur la sur-
face de la terre.
Aussi en examinant avec attention les caïlloux roulés 4
entrainés par les eaux actuelles , on les voit plus arron=
dis, À surface moins raboteuse et plus unie que celle
des galets charriés et entraînés par les anciennes alluvions.
Ceux-ci_ quoiqu’offrant généralement leurs angles émous-
sés , et leurs contours même assez souvent arrondis , rap-=
pellent cependant la forme qu’ils avaient à l'état fragmen-
taire. Leur surface ' plus inégale est également plus hé=
rissée d'aspérités. Aussi peut-on, dans certaines circon-
stances „ douter en quelque sorte, que les galets des an-
ciennes inondations aient été réellement roulés , “tandis-
que lon n’est jamais dansg Pincertitude, pour cêux qui
se rattachent à lépoque actuelle.
Ces caractères permettent de distinguer , dans la plparr
des cas, les dépôts diluviens des terrains d’attérisses
ment , produits à l'époque actuelle,. Mais à quels signes
peut-on discerner les différentes. époques „ auxquelles
appartiennent les premiers de ces dépôts; c’est ce qu’il
est difficile de dire. Cependant quoique le diluvium ait
été dispersé sur la surface de’ la terre pendant une seu-
le et même période, il n?est pas probable, soit d'après
les faits géologiques, soit d'après les faits historiques ,
que tous les diluviums soient de la même époque;
En effet les limons à ossemens, disséminés “dans les
ca-
C 5% )
cavernes de. Pancien continent ‚ n’ont offert jusqu’à pré-
sent aucun type de forme, ou aucun genre totalement
différent de ceux „ qui vivent actuellement ; mais seulement
des espèces “inconnues dans la nature vivante. Ceux au
contraire. qui ont rempli en tout ou en partie les fentes
verticales de nos rochers ,„ récèlent un certain. nombre de
genres détruits ; différence trop remarquable pour ne pas
dépendre de la diversité d'époque dans la dispersion de
ces limons. Peut-être les brèches osseuses , quoique de
Ja-même période , que les cavernes à ossemens, sont-elles
d’une autre époque, et sont-elles plus anciennes ‚ Ce que
semblerait assez bien indiquer leur nature minéralogique.
Du moins les brêches osseuses présentent généralement
une moindre. quantité de cailloux roulés „ de. graviers et
de sables que les limons à ossemens des cavités souter-
raines ; et leur. solidité est également plus considérable,
Ces limons ne se montrent à l’état meuble, que dans
quelques circonstances. assez rares, tandis que létat pule
vérilent ou de ‘désagrégation. complet est au=contraire le
plus général de ceux des cavernes.
Du reste ces deux ordres de ahénomdaedt dépendant
de l'action des eaux courantes, ont du avoir lieu , non
d’une manière instantanée , mais successive , comme ceux
qu'elles produisent encore aujourd'hui, Ainsi les effets
opérés depuis les tems historiques:sur la surface du. glo=
be par les eaux courantes , -quoique- se rattachant à une
même période, sont loin. d'être tous de la „même épo-
ques pourquoi. dès lors ne pas supposer qu'il en-a été
également dans les temps géologiques. On le doit d’au-
tant plus, ce semble , que les anciennes alluvions n'ont
pas. entrafné constamment les mêmes matériaux du moins
D 5 re-
( 58 )
relativement’ à leur disposition et A leur ensemble; nî les
mêmes genres de débris organiques.
Cette supposition est d’autant plus admissible, que les -
faïts historiques ‘semblent devoir nous faire admettre
plusieurs sortes de cataclysmes , parmi lesquels il y en
aurait eu un , dont la puissance plus considérable aurait
aussi opéré les effets les plus étendus. L’on concilierait
du moins de cette manière les faits historiques, avec les
faits géologiques , ce qui n'est pas sans importance,
Les moraïnes de pierres, qui se forment d’une manière
constante au pied des grandes hauteurs , comme les nom-
breux attérissemens de nos grands courants d'eau , sont
encore une preuve de Vexactitude des faits , que nous
venons de rapporter. ' Les moraines se montrent en effet
composées de blocs de rochers constamment d'un assez
grand volume et de dimensions bien supérieures à celles
des plus gros caïlloux roulés, ou des plus forts blocs
de roches fragmentaires des dépôts diluviens, De même
outre que les sables ne sont guères répandus dans ces
sortes de dépôts, ils-n’ont jamais Vextrême ténuité, ni
la finesse de ceux, que produisent nos attérissement ac-
tuels. Ainsí dans les tems géologiques, les moraines
ne paraissent- pas s’être produites au pied des hautes
montagnes , pas plus qu'il ne s'est opéré des sables aussi
fins que ceux, qu'entrafnent nos attérissemens actuels. Il
nous serait facile d'en faire saisir la raison; mais les
détails dans lesquels nous serions obligés. d’entrer ‚ nous
écarteraient trop de notre sujet, pour nous le per-
mettre, | |
Deux grandes exceptions se présentent cependant et
ces exceptions sont trop recommandables pour les passer
Sous
C 5D )
sous silence. La première est relative aux blocs errati-
ques “dispersés en si grand nombre sur le sol du Nord
de l'Europe. D'abord ces blocs -ne sont point dissémi-
nés dans des limons, et parconséquent leur transport
n’a pas été accompagné des mêmes circonstances, que les
autres dépôts diluviens.
‚Dès lors Jes phénomènes qui se rapportent naer trans=
port et à leur dispersion, quoique s’étant opérés à la
même époque, n’ont rien de commun quant À leurs
effets 3 ainsi ils ne sauraient être comparés hel ceux que
nous étudions dans ce moment.
il en estsde même de ces immenses amas de sable, quï
couvrent principalement les déserts de l’Afrique. Leur
étendue et leur puissance annonce assez, qué des eaux
courantes seraient impuissantes pour les produires car il
faudraït leur supposer une continuité d'action , que rien
ne démontre et qui contrarierait même les faîts les
mieux établis. Ces sables paraissent être en effet des
relaissées de l'ancienne mer , dans le sein de laquelle ils
ont: pu se précipiter, jusqu'au “moment où abandonnés
par elle, ils ont été mis completement à nu.
Ainsi ces exceptions ne sont qu’apparentes, et ne
sont nullement en opposition avec les faits que nous
avons établis, pour SEREN: les dépôts d’attérisse=
ment. Ef At
IN existe encore d'autres cntmctdres ‚ qui facilitent cette
distinction. „Ces caractêres „sont relatifs à la différence
de population des deux sortes de dépôts. Sans doute
les terrains d’alluvion comme ceux d’attérissement récè-
lent des espèces analogues,et même tout-à-fait identiques
avec nos races actuelles; mais les premiers en offrent à
peu
108)
Ke
peu=prês seuls d’entièrement différentes, et qui semblent
n’avoir. plus de représentans sur la terre. Dès lors ; ce
caractère „ ajouté à ceux que nous avons donnés, permet
de distinguer les dépôts diluviens , des terrains d’attéris-
sement. proprement dits, qui n'ont. jamais cessé de se
produire depuis les tems historiques,
La. dispersion des limons à ossemens ayant eu lieu
à la même époque, que celle des dépôts diluviens,
cette dernière donne celle de la première dispersion. - Or
tous les géologues sont d'accord sur ce point, que les
dépôts diluviens sont les derniers ou les plus récens
de. ceux qui ont eu lieu pendant la période quaternaire ,
celle qui a terminé les temps géologiques.
„est pendant cette période, que l'homme a apparu
sur la terre pour la première fois ‚ Et le petit nombre de
débris de notre espèce , qui se rapportent à cette époque
reculée , annonce assez, que l’homme “était pour lors
généralement-peu répandu.
Mais nous reviendrons plus tard sur cette orbetnte
des débris humains dans les dépôts diluviens, cette pré-
sence faisant naftre les. questions. les plus belles et les
plus intéressantes. |
_
CHA PT TRE UL
Des ossemens des cavernes et des fentes, et des
causes qui les y ont entrafnés.
Nous avons jusqu’à présent envisagé les cavernes et
les fentes presqu’indépendamment des ossemens, que
Pon
KG OD
lon y rencontre 3 mais la présence de ces ossemens dans
certaines. d'entr’elles est un phénomène trop important ,
pour ne pas en étudier, avec soin, toutes les circons=
tances.
Pour mettre de ordre dans la discussion , à laquelle
nous allons nous livrer, nous examinerons en premier
lieu, létat dans lequel se présentent les ossemens, ce
qui nous amènera à reconnaftre , s’ils ont été transpor-
tés dans les lieux, où on les observe, ou s’ils y ont été
entrainés par des carnassiers. Dans le cas où nous sup-
poserons , qu’ils ont été charriés avec les terrains d’allu-
vion , qui les accompagnent constamment, nous nous de-
manderons , ci ces terrains ont subi un transport long et
prolongé , et si les animaux que lon y rencontre sont
venus de loin,
Ces faits nous âmèneront à reconnaftre, s’il existe
__quelque relation entre les limons et les ossemens qu”ild
renferment , comme entre la position et le genre de for-
mation des cavernes et des fissures et la population qui
y a péri. |
Nous étudierons ensuite les caractères généraux de
cette population , et nous verrons, que labondance des
races domestiques en est un des traits les plus distinctifs
et les plus spéciaux.
Comme ces races aujourd’hui. domestiques se mone
trent modifiées dans les débris , qu'elles ont laissés dans
les cavernes, elles nous serviront à fixer la date de la
domestication de ces espèces, celle de lapparition de
Phomme, enfin Pépoque où les dépôts diluviens ont été
dispersés. |
Ainsi Pétude des cavernes et des phénomènes qui s’y
8 rap=_
C 62 )
apportent, deviendra pour nous un supplément à l’hise
toire , puisque cette Étude nous permettra de fixer plu
sieurs points, sur lesquels on est encore dans lincerti-
tude.
Enfin comme complément de notre travail, nous don-
nerons une idée sommaire des principales cavernes, qui
existent dans les différentes parties du monde, ainsi
que énumeration des divers animaux, auxquels se rap-
portent les débris organiques que l'on y rencontre.
SECTION PREMIÈRE
De Vétat des ossemens des cavernes et des
bréches OSseuses.
Les ossemens des cavernes et des fentes verticales s°y
montrent généralement brisés , fracturés et dispersés sans
aucun rapport de position avec les squelettes , auxquels
ils ont appartenu. Du moins jusqu'à présent, on ne
connait qu’un seul exemple d'un squelette à-peu-prês
entiers c’est celui du Rhinocéros, qui a été découvert
dans la caverne de Dreamcave en Angleterre , lequel pa-
raft y avoir été entraîné avec les terrains d’alluvion,
dans lesquels il a été ensevelie
Ces ossemens se. montrent assez généralement brisés
et rompus de mille manières différentes; on les voit
également couverts de fissures plus ou moins profondes.
Rarement usés et arrondis, ils ne pâraissent pas avoir
été roulés avec violence, ni charriés par Yeffet d'un
transport longstems prolongée Quelques os ont du pour-
tant
y
C 63 )
tant avoir été roulés , puisque leurs contours sont arron-
dis et leurs angles complètement émoussés ; mais cette
circonstance est loin d'être générale , comme celles que
nous avons énumérées, |
Enfin. plusieurs d’entr’'eux semblent également avoir été
brisés ou entamés par la dent d’un animal carnassier ;
cette particularité est. du reste beaucoup plus rare en-
core , que leur forme arrondie.
_ Elle ne se reproduit en effet, que dans certaines ca-
vernes , ou lon découvre des hyènes , des loups et des
renards 3 et encore peu fréquemment.
___Les mêmes lieux „ où Pon observe des os comme em-
preints de morsures, offrent également un assez grand
nombre de Coprolithes ou de feces fossiles produites par
les animaux, qui ont l’habitude de dévorer et de ronger
les os. Ces fwees , nommées album gracum, ont pu faci-
lement se conserver par suite de leur solidité et de leur
dureté , étant à-peu-près entièrement composées de phos-=
phate et de carbonate=calcaire, Leur forme a aussi ren-
du leur transport facile; du reste il en est de même de
celles , que produisent encore les espèces actuelles, dont
les habitudes sont analogues.
Les ossemens se montrent généralement mêlés et dis=
persés sans ordre avec les débris des roches, soit an-
guleux , soit arrondis, disséminés dans la masse générale
des limons. Ils y sont confondus , sans aucun rapport
de position avec la place, qu’ils occupaient dans le sque-
lette; quelquefois on retrouve les fragmens du même os
plus ou moins éloignés les uns des autres , en sorte que
jamais on be peut parvenir à reconstruire un membre
quelconque, et encore moins parconséquent le squelette
en-
CD
entier. d'un animal. Aussi retrouve-t-on bien peu d’os
en connexion, et l'on ne peut guères citer d'autre excep-
tion à cette loi générale , que celle qui nous est fournie
par le Rhinocéros de Dreamcave, Ce défaut de connexion
a aussi bien lieu pour les os des carnassiers que pour
ceux des herbivores.
D’après cette disposition générale les os y seraient
donc nonseulement sans aucun rapport de position
avec le squelette dont ils faisaient partie, mais même
avec les moeurs et les habitudes des espèces , auxquelles
ils avaient appartenu. Ainsi par exemple, à côté d’un
fragment de castor , de loutre, ou de lapin, on dé-
couvre souvent des os de loup, de cerf‚ de cheval
ou même de rhinocéros. De même à côté d’un os
d'hyène, ou de lion, Pon trouve des os de tortue, ou
de crapaud, ou enfin de boeuf et d’éléphant.
Les débris des espèces les plus différentes et
les plus disparates , sous le rapport de leurs moeurs
et de leurs habitudes, y sont donc dispersés, de
la manière la plus complète et la plus confuse. Le
mélange des os est tellement grand, qu’il ne peut guère
s'expliquer , qu’en supposant qu’ils y ont été entraînés
par des eaux courantes , ou que si les espèces auxquel-
les ils se rapportent y ont vécu, leurs débris ont été
dispersés sans ordre par des eaux également courantes
qui y seraient arrivées plus tard. Nous verroris par la
suite, quelle est celle de ces deux suppositions, qui
semble la plus probable. |
Souvent cependant les limons à ossemens, malgré la
confusion des roches roulées ou anguleuses , qui en font
partie et des débris ‘organiques qui les accompagnent „
se
C 65 )
se montrent disposés en couches régulières , et bien dis-
tinctement stratifiées, D’après le peu d’épaisseur de ces
couches , il semble que ces dépôts ont du s’'opérer suc-
cessivement et« même avec une certaine. régularité,
_Quelquefois dans les mêmes cavités souterraines , on
voit les limons à ossemens , au lieu d’être disposés par
couches successives , composer une sorte de masse Ossie
fère, ou former une brèche osseuse, Ces masses et ces
brèches occupent en général les parties les plus basses
des cavernes, ou en remplissent les fissures ou les fen-
tes les plus étroites. |
Souvent encore leur surface est rendlitemik: horizon-
tale , ce qui leur donne lapparence d'une masse sédimen=
teuse „ épaisse , tenue en suspension dans un liquide, le=
quel en s’introduisant dans les cavernes en aurait rempli
toutes les cavités.
Dans d'autres circonstances l'on observe sur le sol
horizontal des cavernes „ des amas assez élevés , compo-
sés de masses anguleuses de calcaire, liées par un ciment
rougeâtre „ semblable à celui du sol. Ces amas recou=
verts et liés de nouveau par des stalactites , offrent en
général un grand nombre d'ossemens.
Du reste les ossemens ne s’y montrent point disedrike
nés, sans quelques rapports avec les terrains clastiques ,
qui les renferment. Ces rapports sont d’autant plus
‘ Curieux à observer , qu’ils facilitent singulièrement la re-
cherche de ces mêmes ossemens. E
En général, les débris des êtres vivans se montrent
d’autant plus nombreux et d’autant plus abondans , non
pas comme on pourrait le présumer, auprès des ouver-
tures des cavernes, mais dans les parties les plus rap-
E en proe
C 66 )
prochées de larrivée des courans. On les voit par cela
même accumulés dans les lieux, où existe la plus grande
quantité de cailloux roulés , ou de roches fragmentairess
aussi legr nombre diminue-t-il d'une manière extrême-
ment ‘sensible dans toutes ies parties , où l'on ne voit
ni galets, ni voches en éclats; souvent même l'en n’y
en rencontre plus ou presque plus. … /
Enfin, des débris organiques se montrent par cela
même , principalement dans Jes points les plus bas, vers
les parois, c'est-à-dire, dans toutes les parties qui ont
pu les arrêter et les retenir. On les y voit même accu-
mulés souvent À tel point, qu’on pourrait supposer qu’ils
y ont été rassemblés à plaisir.
Cette circonstance se reproduit pour tous des restes
organiques; elle est surtout frappante pour ceux, qui
„comme les pelottes d'album grecum offrent une forme
arrondie „ ou sont d'un transport facile. |
Aussi le plus grand nombre d'ossemens existe-tsil en
général dans les «couloirs les plus étroits et les plus pro=
fonds , ainsi-que dans les fissures les plus resserées. Ia
recherche des débris organiques y est donc la plus fruc-
tueuse, et c'est presque toujours là, que l'on découvre Jes
testes des animaux les plus difFirens, et même assez sou-
vent les fragmens les moins brisés,
La présence d'un glacis stalagmitique, répandu d’une
manière plus ou moins uniforme sur les limons „ est aussi
généralement une bonne indication de la présence des
ossemens. —_ Ce glacis «en annonce bien l'existence , mais
il ne nous apprênd point cependant „ dans quelle ou quelle
partie des -cavités l'on „peut espérer d'en découvrir „des
quantités plus «ou moins «considérables. Il faut à cet
égard
CO)
égard se diriger d'après les indications que nous venons
de donner. °
Quant aux os considérés sous le rapport de Tae nature
et de leur conservation, ils renferment encore toute leur
substance inorganiques la plus grande partie de leur
substance animale a seule disparu. Il en est de même
‚de ceux, qui offrent encore leur substance spongieuse ou
médullaire. |
Les os ensevelis dans les cavités souterraines ne. sont
donc jamais pétrifiës 3 même ceux que Fon voit pénétrés
et recouverts par des calcaires concrétionnés, Aussi
sont=ils généralement plus cassans et plus friables que
les os réeens , dont ils se distinguent encore assez géné-
ralement par la-propriété de happer à la langue. Les
ossemens des fentes verticales offrent les mêmes caractères
que ceux des cavernes , quoiqu’ils se soient trouvés dans
des circonstances plus favorables , pour se transformer en
substance plus pierreuse , que celle qui les compose dans
leur «état frais, Les uns et les autres sont parfois re-
vêtus d'une croûte plus ou moins épaisse de calcaire
concrétionné , lequel s'est également introduit dans- les
fissures et jusques dans les cavités des os longs.
Généralement les os des cavernes comme ceux des
fentes offrent de nombreuses et profondes fissures. Ces
fissures se montrent assez constamment remplies par les
limons , lesquels „ont pénétré jusques dans les moindres
“trous. et les moindres cavités des os. Leur remplissage
par les limons est tellement complet , qu’il n'a pu s’'opé-
rer qu’après la décomposition des parties molles qui
les recouvraient „ et surtout après celle de leur substance
eve Or, cette décomposition n'a pu s’opérer qu’'au
E 2 dehors
C 68 )
dehors des souterrains, où l'on rencontre ces ossemens 5
car la température constante des cavernes, surtout de
celles qui, comme les cavernes de Lanel-viel, ont été
mises à labri de lair extérieur, y rend cette putréfac-
tion à-peu-près ‘impossible, D'ailleurs il aurait fallu
quelle fut extrêmement rapide; du moins les limons
semblent n’avoir pu s’y introduire, que pendant qu’ils
étaient en suspension dans l'eau , état de suspension qui
n'a pu durer long-tems.
Mais les fissures , dont les os sont empreints, ont«elles
pu s’opérer dans l'intérieur des cavernes , ou n’ont-elles
pas plutôt été produites par leffet des agens extérieurs ?
C'est ce qu’il convient d’examiner, Il est de fait que la
température de la plupart des cavités souterraines est À«
peu-près constante, comme celle des autres souterrains ,
et surtout celle des limons qui s’y trouvent ensevelis.
Dans un grand nombre d’entrelles , il en est de même
de lhumidité ; en effet lorsqu’on y place des thermomê-
tres et des hygromètres, on voit ces instrumens rester,
à peu de choses près, stationnaires, comme ceux que
Pon?porte dans les caves ou dans les lieux profonds.
Or, Pexpérience ne démontre pas moins, que de pa-
reilles fissures ne peuvent se produire dans des os frais
que par les alternatives du chaud et du froid , comme
par celle de la sécheresse et de F'humidité, Ces circon-
stances ne s’étant pas reproduites pour les ossemens , qui
se rapporteraient à des espèces, qui auraient vécu dans
les cavernes, ou pour ceux qui y seraient arrivés sans
avoir éprouvé la meoindre fente , il faut que celles, qui
se trouvent sur les os ensevelis dans ces cavités, aient
été opérées au-dehors et sur la surface du sol sur lequel
gis=
(68)
gissaient les squelettes auxquels ils se rapportent.
S'il en est ainsi, il s’ensuit nécessairement que les os,
qui ont été entraînés dans les cavernes et les fentes ver=
ticales, y ont été charriés -non-seulement dépourvus de
toutes leurs parties molles, mais après avoir séjourné
assez de tems sur le sol, pour ressentir. toutes les influ-
ences des agens extérieurs, En un mot les ossemens
seraient arrivés dans les grottes, non pas revêtus de leurs
chairs et de leurs tégumens , mais à l'état de squelette et
même le plus souvent comme des os isolés et séparés de
leurs parties corréspondantes. | |
Du reste , pour que le remplissage des os eut lieu „ il
aurait fallu, ainsi que nous avons déjà fait observer „
que la putréfaction eut détruit tout le tissu médullaire „
de manière -à laisser l'intérieur complétement vide; car
dans toute autre circonstance, ils n’auraient pu évidem-
ment se remplir. Pour s'en convaincre , il suffit de mete
tre en macération des os frais dans l'eau de chaux , com-
plêtement saturée; tant que la matière médullaire nest
pas entièrement détruite, il ne s?opère pas la moindre
précipitation de chaux dans leur intérieur. Ce n'est en
effet que lorsqu’elle est entièrement décomposée, que cet=
te précipitation a lieu , mais seulement lorqu’on agite
Peau dans laquelle on a fait macérer les os.
En effet, si les animaux , dont les ossemens sont cou
verts de nombreuses fissures, par lesquelles le liman s’y
est introduit, ainsi que par les trous nourriciers , de
manière à en boucher jusqu’aux plus petites cavités, y
avaient réellement. vécu, ces ossemens, revêtus de leurs
chairs et de leurs tégumens, n’auraient pas pu se fen-
diller , les circonstances extérieures sous influence des-
| E 3 quel=
CW)
quelles ils se seraient trouvés 4 ayant resté cofstamment
les mêmes. En supposant encore , que ces circonstâtices
eussent varié , comment l'introduction du limon auraite
elle pu s'effectuer par ces ouvertures si étroites? Seraite
ce au moment où le courant arrivait avec d’autant plus
de violence, que les eaux n'y étaient entraînées , qu'en
raison de la pente: cela pourrait être tout au plus pré- -
sumable pour certains de ces ossemens, mais non pour
la totalité, d’autant que les cavernès ne sont point des
espaces généralement d’une fort grande étendue,
Ainsi, par exemple, dans celle de Luunel-Viel, dont Ja
longueur n'est guère au-delà de 150 mètres , et la largeur
la plus considérable entre ro et 12 mètres, la plupart des
08 que l'on y rencontre, sont chargés de fissures plus ou
moins profondes, et les plus petites cavités de ces os y
sont remplies par un limon généralement d’une finesse
extrême, La température et Phumidité ont du y être
d’autant plus constantes et d’autant plus uniformes, que
toutes les ouvertures de cette cavité ont été obstruées et
complètement fermées, Aussi sommes-nous encore à en
rechercher les Oouvertures; car lon n'est arrivé dans
jeur intérieur, qu’après avoir enlevé une épaisseur de
calcaire marin tertiaire d'environ huit mètres, qui en for-
mait un des parois ou massifs latéraux. Or , comment
supposer que dans de pareilles circonstances , les os aient
pú se fendiller, si la plupart des animaux , auxquels ils
se rapportent, y avaient réellement vécu , ou s’ils y avaient
été charriés à l'état frais par des carnassierse
D’aïlleurs , comment les’ limons auraientsils pu sin _
troduite dans Fintérieur de ces os, par laction lente de _
leurs dépôts successifs, action qui a du être graduée ,
puis=
mm
Ca)
puisque ces limons se, montrent- distinctement stratufies.
Pour concevoirt cette action, il faut admettre, 1°, que
leur intérieur a été vidé par les effets de la putréfaction,
et 2° une force assez grande et assez violente dans les
eaux ,„ pour tenir le limon assez long-tems en suspension
pour ly faire pénétrer.
Quoique les anciennes alluvions soient arrivées, dans
ces terrains, avec une parcille violence, leur action aurait
été trop instantanée, pour produire sur les os frais plus
ou moins revêtus de leurs chairs des effets semblables à
ceux que nous cherchons à expliquer.
Les fissures et le limon, qui a rempli Pintérieur des
os des cavernes, existent également dans ceux des brèches
osseuses. Comme ces derniers ossemens se rapportent
_évidemment à des animaux „ qui, d'après leur nombre et
souvent aussi d'après leur taille, ne peuvent avoir vécu
dans les fentes étroites où on les rencontre, et que leur
altération est absolument la même, il est probable qu’il
en a été des premiers comme des seconds.
Mais pourquoi tant insister sur ces faits, puisqu’il
est si peu de souterrains , où les hyènes soient en assez
grande quantité pour faire supposer que ces cavités ont
été leurs charniers. . Ainsi, par exemple, dans le midi
de la France, les cavernes de Lunel-Viel sont les seules
où les débris de ces animaux et leurs excrémens soient
en assez grand nombre pour faire admettre une pareille
supposition. La présence des excrémens des hyènes est
loin de prouver, que les lieug où on les découvre ont
été leurs repaires ; car il n’en est pas des carnassiers
comme des. herbivores. Les premiers font rarement
E 4 \ leurs
C 72 )
leurs. exerêmens dans les lieux , qu’ils ont choisis pour
leurs demeures ; tandis qu’il en est différemment des se-
conds, | |
Du reste, en cherchant à établir approximativement ,
dans quelles proportions se trouvent les hyènes dans les
cavernes dont nous venons de parler, on voit que,
quoiqu’il y ait jusqu'à trois espèces , appartenant à ce
genre , l'on n’y en a pas pourtant découvert-plus de dix
ou douze -individus. Cette quantité parait bien peu
considérable, relativement À la proportion des débris des
chevaux „, des boeufs et des cerfs que Pon trouve dans
des limons, où l'on voit d'autres carnassiers plus forts et
plus terribles que les hyènes ; probablement aussi est-elle
sans importance, et tient-elle uniquement à la position
des cavernes de Lunel-Viel, ainsi que nous le ferons
remarquer plus tard.
Les hyènes paraissent si peu la cause de cet étrange
rassemblement ‚ que non-seulement l'on en voit de pareils
dans l'ancien continent et dans une infinité de cavités
souterraines, où l'on ne découvre pas la moindre trace de
ces animaux , wais encore de semblables réunions sont
tout aussi nombreuses à la surface du sol, dans une in=
finité de lieux différens, « Les cavernes à ossemens exis-
tent enfin dans le nouveau monde et la nouvelle Hollande,
et cependant les hyènes ne s’y montrent pas plus dans
ces contrées, à l'état vivant qu’à l'état fossile et huma=
tile.. D'ailleurs, si les hyènes avaient été la cause d’une
aussi étrange réunion que celle que présentent certaines
cavernes , où l'on voit réunis dans la même enceinte, des
mammifères terrestres et fluviatiles, de moeurs et d’ha-
bitu-
C 73 )
bitudes les plus différentes , avec des reptiles, des oiseaux
de rivage et d'autres espèces vivant habituellement sur
les terres sèches et découvertes , comment n'en opére-
raient-elles pas encore de parcils? En effet, les hyènes
actuelles, loin d’emporter les animaux dont elles font leur
pâture dans des repaires, les dévorent sur place, par
suite de leur férocité et de leur gloutonneris 3 cès lors
comment en auraitsil été autrement dans les tems géolo-
giques? On ne peut guère ce semble le supposer , qu’en
admettant des habitudes différentes aux anciennes hyènes 3
ce qui paraît peu probable, _
D'après les observations de M. Knox, les deux espè-
ces d'hyène d’Afrique , n’emportent jamais leur proie, ni
dans des souterrains, ni ailleurs. Elles les dévorent , au
contraire, constamment sur place, en s’attachant, de pré=
férence, aux animaux morts de maladie ou à leurs débris,
Leurs petits les suivent même souvent dans leurs cour=
ses, et ni les uns, ni les autres n’attaquent jamais les
animaux vivans. ll en est de même des hyènes , que
nos expéditions en Afrique et particulièrement à Alger
nous ont donné l'occasion d’observer,
Ce naturaliste rapporte plusieurs faits à l'appui de ce
qw’il avance, comme en ayant été le témoin. Pendant
son séjour en Afrique, il-tua, À plusieurs reprises ‚ des
rhinocéros et des hippopotames ; ayant eu l'occasion de
repasser dans les mêmes lieux, il a constamment retrou-
vé les squelettes de ces animaux , sur la place où ils
avaient périe De même en 1819 , une hyène qui faisait
de grands ravages dans les environs du Cap, dévorait
le bétail sur place, et à peu de distance des fermes. Les
seuls carnassiers qui, d’après M. Knox, emportent leur
E 5 proie
C 74 )
proie- dans leurs repaïres, sont d’une part le lion et de
autre la panthère. (*)
Du reste en supposant aux hyènes des habitudes tout
autres , il faudrait encore prouver que ces animaux sont
assez forts et assez courageux pour oser attaquer des
rhinocéros , des éléphans ainsi que des troupeaux d’au-
rochs „ de grands boeufs et de chevaux. Or lon sait
assez que ces dernières espèces , lorsqu’elles sont libres
et réunies, résistent aux plus forts et aux plus intrépides
des carnassiers , c'est-à-dire, aux tigres et aux lions , ce
qui rend peu probable l’opinion qu'elles aient pu être
attaquées par les hyènes , dont la poltronnerie égale du
reste la voracité,
L’on a invoqué enfin plusieurs autres genres de preu=
ves pour prouver influence qu’avaient eu les hyènes
dans cet. ordre de phénomènes. Ces preuves sont:
1°, La présence des excrémens de ces animaux dans les
mêmes souterrains , où l'on voit leurs débris; 2°, les
traces des coups de dents, que l'on observe “sur un
grand nombre ‘d’ossemens des autres espèces, qui se
montrent ensevelis avec elles,
_ „La forme de ces excrémens généralement arrondie ,„ et
leur solidité fait aisément concevoir leur transport avec
les limons qui les enveloppent, et d’autant que ceux qui
se rapportent aux hyènes sont loin d'être les seuls que
Pon y découvre, Les foeces des différentes espèces du
genre chien y sont àspeueprès aussi abondantes que
celles des hyènes. Comment: dès lors supposer que des
grandes espèces du genre chien ainsi que des loups et
des renards, aient pu vivre de bonne intelligence avec
| | les
(*) Bulletin de M. de Férussac. Tome VI. Page 95.
CM)
les hyènes, et cela dans. des espaces aussi resserrés que
le sont les cavités souterraines, et particulièrement celles
de Lunel-Viel,
Ce fait est d’autant moins admissible pour ces cavités,
que Von y découvre en outre une foule d'autres carnas-
siers beaucoup. plus formidables que nos races actuelles 5
tels sont par exemple les lions ou les tigress les panthèe
res et les ours. Les proportions ou-la stature de ces
anciennes races étaient du reste bien supérieures à celles
qu’offrent les espèces analogues, actuellement vivantes.
Si donc les excrémens des animaux qui ont l'habitude
de dévorer les os, ont été entraînés dans les souterrains,
cela a dépendu de leur solidité et de leur duretés car
ces animaux-ont des habitudes trop décidemment cafnas-
sières , pour admettre „ qu’ils ont pu vivre en. bonne
intelligence «avec les animaux auxquels leurs débris se
montrent réunis s et surtout dans des espaces aussi res=
serrés. - |
On le peut d’autant moins , que parmi les têtes d’hyèe
nes découvertes dans les cavernes- de Lunel-Viel et de
Gaylenreuth , il en est deux qui démontrent, en quelque
sorte , le contraire. Ces têtes offrent sur la partie latéra-
le du crâne une ouverture profonde, intéressant toute Pé.
paisseur de langle supérieur et postérieur du pariètal ,
ouverture produite par la dent de quelqu’autre grand
carnassier. Cette grave blessure n'a pas été. mortelle, ni
pour lune ni pour lautre de ces hyènes; dès lors il se
rait étonnant, que ces animaux vseussent été morts dans
les mêmes souterrains où ils auraient été blessés , s’ils
y ont réellement vécu. Quoiqu’il en soit, ce fait n’en
annonce pas moins que ces animaux étaient loin de vivre
| en
G 761)
en parfaite harmonie , d’autant que les hyènes s'attaquaient
mutuellement, et à plus forte raison, les espèces diffé-
rentes.
Quant aux os, qui. paraissent montrer des coups de
dents „ces traces ne prouvent absolument rien du mo-
ment , qu’il est prouvé que ces animaux dévorent leur
proie sur place, et ne les emportent point dans leurs re-
paires. Ce que nous savons des moeurs des hyènes, est
d-peu-prês analogue aux habitudes des loups et des ree
_nards, qui en font de même ‚ à moins qu’ils ne soient
poursuivis, ou: qu?ils ne craignent de voir leur proie
leur échapper , ou enfin. qu’ils aient à pourvoir à la sube
sistance de leurs petits.
Dès lors les os en partie rongés ont pu tout aussi bien
être abandonnés par ces divers animaux sur le sol , d'où
ils ont été transportés „ que laissés dans les souterrains
où on les découvre, Du reste lors même que quelques
hyènes auraient emporté dans les cavernes les ossemens
qui semblent’ rongés, cette circonstance serait toujours
impuissante pour expliquer accumulation dans ces sou=
terrains de tant d'animaux, de moeurs et d’habitudes si
diverses. |
L'on trouvera peuteêtre, que nous nous sommes trop
étendu sur ce sujet; mais nous avons cru le devoir 5
cette objection étant la seule un peu sérieuse que l'on
ait pu faire à opinion , qui considère Pentrainement des
limons à ossemens dans les cavernes, comme un fait
géologique soumis aux lois les plus simples et les plus
générales.
Enfin les débris des hyènes sont loin de se trouver
uniquement dans les cavernes ainsi que leurs excrémens.
On
C 77 )
On en observe en effet dans les terrains tertiaires marins
supérieurs ; dans les formations d'eau douce tertiaires et
quaternaires , ainsi que dans divers dépôts diluviens
disséminés à la surface du sol, Ces débris sont même
tout aussi abondans dans ces deux dernières formations ,
s’ils ne le sont pas d’avantage que dans les cavités sou-
terraines. Or ces animaux s’y rencontrent également,
avec grand nombre d'espèces , comment dès lors ne point
admettre que la même cause, qui en a dispersé les dé-
bris dans les dépôts diluviens extérieurs, a fort bien pu
en avoir disséminé les restes, au milieu des dépôts
diluviens , entraînés dans les cavités souterraines.
Cet effet peut avoir eu lieu , quoiqu”il soit possible
que certains des débris des hyènes , ensevelis dans les
cavernes , soient les restes de celles qui y auraient vécu.
Cependant les faits que nous venons de rapporter n'en
annoncent pas moins , que ce n'est point à ces animaux
qu’il. faut attribuer Pétrange rassemblement des ts b
que Pon y voit réunies.
La population dont les débris existent dans les ca=
vernes et les fissures àÀ ossemens , est donc. essentielle.
ment, et nous pouvons dire presque uniquement com-
posée d’animaux de presque toutes les classes de ceux
qui’ vivent. sur les terres sèches et découvertes. _ L’on
n'y a pas encore reconnu des restes de végétaux ; Pon
pourrait s'en étonner, si observation des dépôts dilu-
viens , répandus à la surface du sol, ne prouvait pas’,
qu'il en est de même de ceux-ci. L’absence totale des
débris des’ végétaux dans ces formations,-débris qui
abondent pourtant dans des dépôts beaucoup plus an-
ciens , peut-être attribuée Àà leur décomposition. : Cette
dé=
CW )
décomposition a dû être d’autant plus prompte, que ces
wégétaux se trouvaient dans des terrains meubles facile-
ment perméables à l'eau, D’ailleurs la petitesse des
ouvertures de certaines cavernes, et généralement des
fissures à ossemens, n”aurait pas permis à des bois d’un
certain volume de s’y introduire , et en supposant qu’ils
le pussent, ils n’y auraient pas rencontré les circonstan-
ces favorables à leur pétrification, et par maere à
celle de leur conservation. |
SECTION IL
De la nature chimique des ossemens et des limons
qui les accompagnent,
M. Buckland , en visitant avec nous les cavernes de
Lamnel-Vicl, ayant paru croire que les animaux , que lon
y découvre, avaient pu y être entraînés par les hyènes,,
nous avons du examiner, si la nature des limons con-
firmait ou non cette supposition.
Ces _limons prennent une couleur noire assez foncée ,
quand on des expose à laction de la chaleur, à Y'abri du
contact „de lair, en Jaissant dégager une te quan-
tité de vapeurs ammoniacales..
… Soumis à action longetems prolongée de l'eau distillée
bouillante , ils n’abandonnent qu’une petite quantité de
la matière organique azotée qu’ils contiennent. Du moins,
la „partie insoluble dans l'eau noircit, presqu’aussi forte=
ment qu’avant d'être traitée par ce liquide, Ces limons
laissent également dégager tout autant de vapeurs ammoe
nia-
KR R,
níacales par action, du calorique, tandis que lextraït
qu’on obtient par l’évaporation du liquide é ne contient
qu'une très-faible partie de son poids de matière destruc-
tible par le feu,
‚Cette substance organique azotée est insoluble dans
Palcool , qui ne peut lenlever ni au limon lui=smême, ni
à Vextrait aqueux qui en renferme une partie,
Le peu de solubilité de cette substance organique dans
Peau bouillante , et son insolubilité dans Yalcool s’oppoe-
sent à ce qu'on puisse- lisoler , et déterminer ainsi sa
nature et ses proportions. ‘Cependant si les essais, que
nous avons tentés sur cette substance, ne peuvent point
faire connaître, ce qu’est cette matière organique, ils
peuvent du moins servir à déterminer ce qu'elle n’est
pas. | | |
M. ‘Chevreuil, en analysant la terre qui forme le sol
de la caverne de Kuhloch, en. a séparé par action de
l'éau bouillante un principe de couleur rouge orangée,
un acide gras analogue aux acides stéarique et margarie
que, une matière grasse non acide, un acide organique
soluble dans l'eau, un principe colorant jaune et une
matière azotée brune, | |
De ces cinq substances azotées , les quatre premières
n’existent pas dans le limon rouge à ossemens ‚de Ja
caverne de Lunel-Viel, La matière organique qu’il con-
tient , peut , tout au plus , par la natüre de ses principes
et sa couleur ‚se rapprocher de Ja substance que .M.
Chevreuil a désignée sous la dénomination de matidre
azotde brune.
Dix grammes de cette matière ont été straités à plu-
sieurs reprises par l'eau -distillée bouillante, „Ce liquide
n'a
C 80 )
n’a laissé, après son évaporation , que o,o5 d'un résidu
brun qui contenait une très petite quantité de matière
organiaue , du sulfate de chaux, du sulfate de soude,
de l'hydrochlorate de soude; mais dans la dissolution
duquel, lbydrochlorate de platine ne formait point de
précipité jaune. Le même liquide ne contenait point dès
lors des sels à base de potasse et d’ammoniaque, que
M. Chevreuil a trouvés en très-grande abondance dans
la caverne de Kuhloch.
Une autre quantité de la même matière destinée aux
expériences de lanalyse d'indication, a été traitée à
plusieurs reprises par lacide hydrochlorique pur. Cet
acide a laissé déposer un résidu très-abondant, formé de
silice; l'ammoniaque pur, versé dans la solution , en a
précipité un grand nombre de flocons colorés, d'où la
potasse a séparé une assez grande quantité d’alumine.
La petite partie du précipité par Y’ammoniaque, que
la potasse n’avait pu dissoudre, a été reprise par l'acide
hydrochlorique , qui s'est coloré en jaune en dissolvant
de oxide de fer. Ce liquide neutralisé par l'ammonia-
que „alaissé précipiter de loxalate de chaux, tandis que
la liqueur du milieu de laquelle ce précipité s’était dé-
posé , ayant été évaporé à siccité et le résidu calciné , il
est resté des traces d’acide phosphorique. Les épreuves
connues , qui tendent à constater existence de la magné-
sie, n’ont point indiqué la présence de cette base.
Ainsi d'après cette analyse d’indication , les limons de
la caverne de Lunel-Viel sont formés par une argile très-
siliceuse et ferrugineuse , mêlée de carbonate et de puos.
phate calcaire.
Quant à la détermination des proportions des diverses
sub-
KGN)
substances. indiquées par cette analyse , voici comment
elles ont été fixées.
Un gramme: du limon à ossemens fortement désséché
a été traité” par’ lacide hydro-chlorique faible ; cet acide
a été renouvelé , jusqu’à ce qu’il ait: cessé-d’agir. Il est
resté pour résidu o,8r de silice, qui retenait encore de
la matière organique.
La liqueur acide précipitée par Pammoniaque a laissé
déposer une matière floconneuse , d'où la potasse a sé-
paré o,03 d’alumine, |
Le résidu insoluble dans la potasse à été-traité par
Pacide sulfurique concentré; l'oxide de fer a été trans-
formé en sulfate, et le phosphate de chaux en acide
phosphorique et en sulfate de chaux insoluble.- Ce sul-
fate de chaux a été lavé avec de Veau alcoolisée et les
eaux de lavage précipitées par lammoniaque,. Il s’est
déposé 0,06 d'oxide de fer. |
Le sulfate de chaux insoluble dans l'eau alcoolisée re-
présentait 0,037 de phosphate de chaux.
Le liquide, d'où lPammoniaque avait précipité l'oxide
«de fer, traité par le carbonate d'ammoniaque , a donné
oso2 de carbonate de chaux.
Ainsi d'après cette analyse , mille parties de ce limon
seraient composées :
1%. D’une matière soluble à Peau, formée- d’hydro=
chlorate de soude, de sulfate de chaux et de ma-
tière äzotée. Ld he IK) 5 eesesesesesasesese © ee ee 0,005
ae, De silice. ee 3 „.seseseesesesesesesesesessesessese.ese . ‚0,8 Io.
3% D’alumine.. .eseseseesesesesesseeseese teeseesee. . «03030.
‚Transport, .…. 0,845.
( MB \)
Par transport... «0,845.
ae Doxide de KBtss sss n vie suis <o aletierdieiddike oe GND
15%, De. phosphate. de chauxe.…e . oen senaaner «QsP37e
6°,,De carbonate. de. chaus. rien oven + deiees « O4 Q2Oo
BERBEs oor ebiere mbit erp die peieis’e ya pugreis 038
Total. ee 1,000.
/
La composition du limon rouge tenace, qui remplit les
petites cavités latérales si nombreuses dans la caverne de
Lunel-Viel, et dans lequel on ne découvre presque pas
d'ossemens vest Àspeu-près la même, Il n'y a de diffé-
rence vappréciable , que relativement à la matière organí=
„que azotée, qui s’y trouve en moindre proportion:
Ce limon noircit également par la calcination „ cou-
leur qui devient moins sensible à mesure que le limon
se refroidit. Il donne également beaucoup d'eau par la
calcination ; aussi diminuest-il singulièrement de volume,
à mesure qu’il se dessèche, soit par leffet d'une tem-
pérature élevée, soit par l’évaporation ordinaire.
Ce limon laisse dégager des vapeurs ammoniíacales
assez abondantes, à mesure qu ‘on le chauffe, vapeurs
qui répandent une odeur sensiblement «empyreumatique.
Le liquide, qui se condense dans le tube, bleuit le papier
de tournesol rougi par les acides. |
Du reste, comme le limon À ossemens, „celui-ci est
essentiellement siliceux, et contient seulement des propor-
tions un peu plus fortes d'alumine, de carbonate de
chaux et d'oxide de fer, auquel il doit sa couleur rouge
plus vive, surtout lorsqu’il est humide,
Les limons rouges inférieurs n’ayant donc offert qu’une
faible proportion de matière organique azotée, nous avons
cher=
(C 83 )
cherehé à nous assurer, s'il n'en existerait pas une plus
grande quantité dans les limons graveleux supérieurs , où
Pon déecouvre un grand nombre d’ossemens , et enfin dans
les sables qui ont pénétré jusqu'à Pextrémité des cavere
nes de Lunel.Viel.
En soumettant «ce limon graveleux aux mêmes épreu-
ves que le précédent, et après avoir séparé, autant que
possible , les. nombreux fragmens d’ossemens qu’il ren-
ferme, il a paru formé des mêmes élémens ; mais dans
des proportions différentes. Ce limon graveleux contient
en effet moins de siliee, moins d'oxide de fer, et renfer-
me une. plus grande quantité de carbonate de chauxs Il
ne paraît pas être plus chargé de matière organique
azotée que le limon rouge. Cette substance se rappro-
che toujours , comme la première, de la matière azotée
brune de Mr. Chevreuil, |
Comme les limons,, soit argileux, soit calaires, soit
silieeux de nos cavernes , ne présentent aucune trace des
différentes substances organiques observées dans le limon
de -Kuhloch , nous avons cherché à nous assurer , si
elles n’existeraient pas dans les limons qui ont enn les
cavités des os.
Nous avons donc aired âvec “le plus grand soin
les limons rouges trouvés dans l'intérieur. du crâne d'un
eerf, limons- qui y_ semblaient agglutinés par une sorte
de mucus, Nous en avons agi de même à l'égard d’aur
tres“ limons, contenus dans l'intérieur des os longs 6
diverses espèces de mammifères terrestres.
Ces limons, qui auraient dû renfermer une assez grande
quantité de ‘matière. animale, s’ils s’étaient introduits
dans les différentes cavités des os, peu de tems après la
F 2 mort
Co OM).
mort des animaux, n’ont fait apercevoir, par la calcie
nation, ni dégagement plus abondant de vapeurs ammo-
niacales, ni teinte noire plus foncée que les autres li
mons , dans lesquels ces ossemens étaient. disséminés.
L'eau bouillante n'en a pas extrait de plus grandes pro-
portions de matière organique; cette matière s'est tou-
jours rapportée à la substance organique brune de M.
Chevreuil, ati
La petite quantité de matière animale, que renferment
nos limons à ossemens, a été également confirmée par
une analyse, faite à Paris, sous les yeux de M. Barruel,
dans le laboratoire de l'Ecole de Médecine. D’après
cette analyse, cent parties de ces limons calcinés seraient
composées ,
Ed TED REENDER AN EI ie
894 DE Chi L OT. le REE 040
KD MGE ee eee ele EED
4. DOME GE Ter s.odroodineve ore eee ven 9940408
80 DE pHoSphate de CHAUXS 4 os... oves 2405000
98,9997«
Nos limons à ossemens , soit siliceux , soit calcaires,
ne renferment donc qu’une petite quantité de matière «
animale. «Lia quantité de cette substance est peu en rap-
port avec le nombre des ossemens que renferment ces
limons , nombre qui dans certaines parties des cavernes
de Lunel-Viel y était aussi considérable que dans-un
cimetière, |
Nous ‘avons enfin cherché à nous assurer, si les sa
bles amoncelés -dans les parties de ces cavités , que l'on
suppose les plus éloignées de arrivée du courant, pré-
sene
C 85 )
sentaient des traces de matière animale, En conséquence
ses sables ont été examinés avec soin , et leur analyse a
donné À-peueprès les mêmes résultats.
Les sables les plus fins occupent Vextrémité méridio-
nale de la caverne de Lunel-Viel, et leur ténuité est
d'autant plus grande, qu’ils sont plus rapprochés du
point sud, où ce souterrain paraît se terminer. Ils se
distinguent des sables grossiers, non-seulement par leur
position , mais encore par leurs caractères, Leurs cou-
leurs sont généralement plus claires que celles des sa«
bles grossiers, dont les- nuances se rapprochent beau-
coup de celles des limons , qui leur sont: superposés.
Cette nuance est plus ou moins brune, et plus ou
moins rougeätre.
Cent parties de sable fin sont composées ,
19. De silice colorée “par le:fer. „>. sce e eve ee 560
2°, De carbonate de CHUUN 0 Ser add eed e Feb
ge D'áldüminetetd'oxide deïfer;, „Ates vree ols
4°. PAREN SE sehen wen ede dende Ute we adt oe 2e
EO ed 100.
Les sables grossiers, inférieurs au limon griek sie
périeur , contiennent encore une plus grande proportion
de silice que les sables fins.
Ee parties de ces derniers ont orbstnté;
Silice colorée par l'oxide de fer.............66.
he CaârBonate de ERUAMSL . ar. se. rede ED. 303
3°, Alúmine? et ‘óside: de. fBE 5-7)... Join eeen fee
49, POREE REE NDA AAE ALU DID edes verde EDS I.
Total. oves Koelen
F 3 de LA
(C 56 )
La diversité de composition de ces sables tient peut-
être à leur positions les plus siliceux. sont les moins —
éloignés du point d’arrivée du courant, tandis que les
plus chargés de carbonate de chaux en sont les plus
distânts „, et des plus rapprochés de lextrémité sud de la
câverne 5 ainsi la différence „ que nous avons signalée, peut
tenit à la diversité de la solubilité de la silice et du
carbonate calcaire,
Nous avons etfin soumis à lanalyse ces pelottes blan=
châtres arfondies, que M. Buckland a nommé albums
gracum ou fwces fossiles , et qui sont les excrémens des
carnassiers, qui ont l’habitude de ronger les os. Nous
avons fait nos expériences, soit en prenant des plus
grosses de ces pelottes , qui ont jusqu'à o,®o65 de dia-
mètre, soit celles qui composées de doubles ou de triples
cylindres, arrondis sur leurs têtes et plus ou; moins apla-
tis à leur base, ont une forme toute particulière „ soit
enfin celles, dont la pointe aigue paraît avoir été pro-
duite par le sphincter de lanus. Ces diverses sortes de
pelottes ont toutes présenté les mêmes caractères,
L'album graecum pilé et mis dans un tube de verre,
chauffé à la lampe d'émailleur , prend une teinte noirâtre ,
et laisse dégager des vapeurs ammoniacales. Le liquide
volatilisé bleuit fortement le papier de Tournesol rougi.
En procédant à lanalyse, on reconnaît que ces a/bum
gracum sont essentiellement composés de phosphate et
de carbonate de chaux. Le premier de ces sels y est
singulièrement en excès sur le second; ce qui s’accorde
parfaitement avec lorigine présumée de cette substance.
Ces deux sels y sont combinés avec une matière organi-
que azotée, cause des phénomènes que nous avons in-
di-
(ste )
diqués. Du reste. cette, matière organique. est en moins
grande quantité dans ces album. grecum. que dansles
ossemens.
Mille parties de cette substance Soagennents
19, De phosphate de chaux.. vene ns ve dee sine ee 625
2°. ‚De carbonate de chaùx vans. ousewess vade 15Oe
RRA SE EED ev ols oa vader 5 tdk oifp LO
9, De limon siliceux coloré par loxide de fer... 55.
5°. Matière organique, des traces, mais en
moins „grande quantité que dans les OS,
69, Fluate: de, chaus ;, des trages. 5. see e'&e erenislsie 19
ER BOERE sin vws enn wie en oee deit iiD oblo ocht en Dei de
TOUR ee oase ke e
Quant aux ossemens „ ils ont paru composés sur mille
parties , de
ERE Car DORaEE UB CHAUK. „seer s eener ese ne 105
3e, An ORNE niewe enen aarts Voass 24e
4°. Silice colorée par Voxide de fer... 41.
5% Matière organique, ete dn SEDO EP
6°, Fluate de chaux, des traces...
7% BAER eadhorbe aikendene anna tende nnnse naaa e 26,
Total... … 1,000,
La composition des os ensevelis dans les cavernes de
Lunel-Viel ainsi connue, nous avons comparée avec
celle des ossemens de la caverne d'Argou (Pyrénées-
Orientales) et les os des sables marins tertiaires des en-
__virons de Montpellier. Voici ce que lexpérience nous
a appris.
F 4 | ‚ Os-
C 88 )
Ossemens humatiles de la caverne d’Argou,
210 !Phosphate «de -chaux. ss... Sue. wen dee 0 56e
8°;Carbonate: de haus, , … . . oe sed we ov be CUL UD
9% Eau sG REOEROR VULE Os De tet det. Ls
4°. Gélatine et matière organique................ 2
5°, Carbonate de magnésie’, silice „ alumine, oxide
de- fer. et manganêse,, ‚ss cssssvords vele ID
HOR si aas KEDOS
Ossemens fossiles des sables marins tertiaires.
1°, Phosphate-de chaux mêlé d'oxide de fer......78,5
8°, Carbonate: de. chaux seeds sede scans et ee 1Â
30, BRS Sk RR DE AOK WEG TAG E
4°. Carbonate de magnésie et fluate de chaux..… . 0,5
5%, Matière organique, des traces. .........eee«
Total... . 100,0
Ces analyses prouvent donc, contrairement à ce que
lon “serait tenté de supposer, que les ossemens fossiles
de nos sables mar'ns, qui conservent souvent peu de tra-
ces de leur tissu , offrent presqu’autant de matière or-
ganique „ que les os humatiles des cavernes,
La perte plus ou moins grande de leur matière ani«
male, que les débris des corps organisés peuvent avoir
éprouvée, ne nous apprend donc rien sur l'âge relatif des
dépôts où on les observe. Cette perte à plutôt dépendu
des circonstances, dans lesquelles ces débris se sont trou=
vés depuis leur ensevelissement , que de l'époque où leurs
dépôts ont eu lieu. Ces circonstances seules paraissent
en effet avoir déterminé absence de la matière animale ;
aussi voyons-nous dans les tems présens, certains débris
des
& SM)
des corps organisés animaux et végéraux, tels que les
graines et les coquilles, perdre assez promptement la
matière organique qui les compose. Les coquilles se
transforment même souvent en carbonate calcaire cristal-
lin , lequel se substitue parfois rapidement au calcaire
feuilleté et amorphe, qui dans le principe forme-la par-
tie solide de ces corps.
Dans les tems présens la matière inorganique se sube
stitue done à la” matière organisée, car la pétrification
est une de ces opérations de la nature, qui'a lieu aussi
bien ‘aujourd'hui que dans les tems géologiques. Sous
ce rapport comme sous tant d'autres , le fil des opéra=
tions de la nature n’est nullement changé, ni interrompu ,
_puisqu’ elle n'a jamais cessé de produire’ ses anciennes
oeuvres.
SECTION TEL
Du transport des ossemens et de leurs rapports”
avec la position des cavernes, où on les
renconire,
Nous avons fait sentir , que Pon pouvait tout au plus
supposer, que dans un petit nombre de cas les hyènes
avaient transporté certains ossemens d’animaux dans les
cavernes; mais que , comme la réunion d’espêces très
différentes dans les souterrains était un phénomène aussi
constant que général, cette réunion devait tenir à une
cause géologique. Cette cause paraît être les anciennes
inondations qui, par la violence de leur action, ont seules
F 5 pu
GC % )
pu réunir, dans l'intérieur des cavités souterraines „aussi
bien. -qu’à la surface-du sol, la quantité de-débris orga=
niques que l'on y observe, nig |
Ces faits- établis; voyons maintenant; si lès animaux,
auxquels se rapportent ces débris, ont-ou non vécu dans
les lieux où on les rencontre, et‚s’ils ont subi ur trans-
port long et prolongé.
Pour- se décider. à cet. égard, il faut d’abord recon-=
naître dans. quel. état se trouvent les ossemens-dans les
fentes et les cavernes.. Nous avons déjà fait observer,
que. peu d’entr’eux- avaient leurs contours assez arrondis „
et leurs arigles assez coniplètement émoussés , pour sup=
poser, qu’ils aient. été roulés pendant long-tems. Cela
est d'aatant moins admissible, que les eaux, qui transpor-
taient ces ossemens, entrafnaient aussi avec elles - une
grande quantité de cailloux roulés et de graviers. Or
cette dernière ciregnspansn est de la dernière importance 5
car elle prouve à elle seule, que ces ossemens n’ont pu
venir de fort loin, En effet si les eaux , dont le cours
est imipétueux ,: peuvent transporter au loin les corps les
plus délicats sans les endommager , lorsqu’elles n’'amènent
pas avec elles des matières dures et solides, il n'en est
pas de même lorsque, comme ici, elles entrafnent une
grande quantité de galets, de graviers et de roches frag-
mentaires. |
D'ailleurs „ quoique la dispersion des dépôts diluviens
ait dépendu d'une cause générale , les effets de cette cauù-
se ont été évidemment locaux et partiels. Ainsi d’une
localité à une autre, on voit ces dépôts changer totale
ment de nature „et se montrer en rapport avec celle des
terrains „ dont ils sont rapprochés. Or, cette identité an-
non-
€ 3
nonce--que les:-dépôts-diluviens ‚. quoioue produits „par
une cause, agissant d'une manière générale ‚ne sont pas
venus;de loin, puisque leurs effets ‘ont été partiels et suca
cessifs.
‚Dès lors si rneeriindein des ossemetis dans les fentes
et les cavernes est étrcitement liée-àcelle de la disperse
sion de ces terrains ‚si elle a eu lieu à la-même: époque ,
et par suite de. la même cause, il faut nécessairement
admettre „ aque les oSsemens et les limons „ dont ils sont
constamment gengstneri ne. proviennent pas de lieux
fort éloignés. |
‚…Ils?ensuivrait donc que les animaux, auxquels se rap-
poftent ces débris, -auraient vécu près -des lieux „ où on
les découvre „ €t que quelques uns même-y auraient établi
leurs demeuress Il est du moins certain „ que les ancien=
nes inondations ‚„ quelque violente qu’ait pu être leur aca
tion, n'ont point mélangé les productions des divers con=
tinens.. Les cavernes de la nouvelle-Hollande ne présen=
tent. nullement des „espèces semblables à-celles ‘du nou«
veau ; comme de l'ancien continent, et les races que l'on
y a découvertes sont semblables ou tout au moins ande
logues à celles qui-y vivent encore, De même les cavie
tés souterraines du nouveau monde, loin de nous offrir
ces ‘chevaux „ ces ‘boeufs si-abondans dans celles de l'an«
cien continent „et dont les- races n'ont jamais vécu en
_Amérique, nous ont montré des espèces totalement dif-
férentes de celles-actuellement -existantes „ mais, dont les
analogies sont bien. plus prononcées avec les espèces qui
y vivent encore qu’avec les races des autres continens.-
„Lees anciennes inondations ont donc été impuissantes,
pour EROP les races d'un continent dans un, autre ;
mais
C 92 )
mais. l’ont-elles été ‘également pour entrafner les espèces
d'une contrée dans une’ contrée différente; en d’autres
termes, les éléphans , les rhinocéros , les hippopotames ,
les hyènes ensevelis dans tant de cavernes de l'Europe,
proviennent-ils d’Afrique ou d’Asie, contrées où des
espèces analogues vivent encore.
Cette question , une des plus graves, que la géologie
puisse se proposer, se rattache à tant d'autres, que nous
chercherons à la restreindre dans les faits particuliers
relatifs aux cavernes et aux fissures à ossemens, afin de
ne pas donner trop d’étendue à sa solution.
Tous les faits, soit physiques, soit géologiques, nous
annoncent , que la température a été jadis plus considée
rable à la “surface de la terre , qu'elle ne l'est aujourd’hui,
Nl ne faut donc pas chercher dans d'autres causes , que
son abaissement, Pexplication de la destruction de tant
de races éteintes, et le changement d’habitation d’un
grand nombre d'entr’elles. Ainsi les rhinocéros, les
éléphans , comme les lions, les panthères , les tigres et
une foule- d'autres espèces ont probablement habité nos
climats, comme les contrées voisines des pôles. Il y äa
plus, les tigres et les panthères y vivent encore, con-
trairement à ce que l'on avait présumé , observation ime
portante due à M., de Humboldt. L’on peut même
suivre l'éloignement de plusieurs de ces espèces, dont
les débris se rencontrent dans les cavernes , et qui n’has
bitent plus aujourd’hui les mêmes lieux, d’après ce que
nous apprennent-les monumens historiques. Parmi ces
espèces il n'en est pas de plus communes et de plus
répandues que l’Aurochs ; cependant Cet animal a totale-
ment disparu de nos climats,
| Ce
C 93 )
Ce boeuf vivait. encore en Macédoine, du tems
d’Aristote „et, sous Jules-César „ il habitait en foule , avec
le renne et Pelan, les forêts de la Germanie. . Depuis
lors, confiné en Laponie et dans les contrées les plus
froides de la Russie, il en disparaîtra peut-être bientôt,
et augmentera le nombre de ces espèces , que nous sup-
posons perdues-et éteintes à jamais.
Ce que nous disons de PAurochs , nous pourrions le
dire également d'une foule d'autres races, qui, par des
causes toutes simples et toutes naturelles , se sont éloi-
gnées des lieux où elles avaient primitivement fixé leur
séjour , et qui, comme les races détruites „ tendent à se
perdre entièrement, Du moins cherchons-nous en vain
dans nos contrées méridionales des traces de ces ours ,
de ces sangliers , de ces cerfs qui n’aguères y habitaient
en. foule, - Nous n’y en découvrons pas plus, qu’en
Grèce, nous ne voyons des chacals (*) , des lions et
des panthères „ qui cependant s'y trouvaient en grand
nombre du tems de Xénophon.
Si donc tant d'espèces ont abandonné le sol aujourd’hui
tempéré de l'Europe , tandis que d'autres ont totalement
succombé, c'est que les unes ont trouvé ailleurs la
température nécessaire à leur existence, tandis que les
autres ne la rencontrant nulle part , n'ont pu résister
aux causes, qui ont modifié cette même température.
Ainsi, quoique nos climats ne nourrissent plus au-
jourd’hui des rhinocéros „des eléphans , des aurochs 5
pas plus que des lions , des hyènes , il paraît pourtant
| que
Heem
(*) Il parait pourtant que cette espèce a été apercue ré-
cemment en Morée, lors de nos dernières expéditions.
( MA )
que ces divers animaux ‘y ont vécu „et cela à-peu-près
simultanément. Comment pourrait-il en être autrement ,
puisque leurs débris se montrent ensevelis dans les mê-
mes souterrains , où ils ont été réunis avec une -foule
d'autres espèees, par le concours de mêmes circonstances.
La destruction de certains de ces animaux , en la suppo=
sant complète, n?’est point un obstacle A l'admission de
cette conclusion ; «car, ainsi que nous avons déjà prou-
vé, un assez grand nombre d'animaux paraft s°être
éteint depuis: les tems historiques, par leffet des causes
les plus simples et les plus venen à la marche ore
dinaire des choses.
Cette conséquence est encore fortifiée par le rapport,
qui existe entre les espèces ensevelies dans les cavernes „
et la position géographique de ees cavités. Ainsi, par
exemple, toutes celles que Pon voit auprès des montagnes
et des lieux, où existaient jadis de grandes forêts, sont
essentiellement caractérisées par la présence des ‘ours.
Ces animaux y dominent tellement , qu’ils en composent
presqu’à eux-seuls l’ancienne population. Celles où Pon
découvre une grande quantité de chevaux , de boeufs et
de cerfs , sont au contraire plus rapprochées des plaines,
Cest aussi dans ces dernières que l'on rencontre les hyè-
nes, qui vivaient certainement jadis, dans des lieux, où
elles trouvaient à assouvir leur appetit, ainsi qu'à satis-
faire leur voracité. |
Or, d'après les lois de distribution que ces anciens aníe
maux ont suivies, lois en harmonie avec leurs meeurset
leurs habitudes, comment ne pas admettre, qu’ils ont
du vivre près des lieux , où Pon rencontre leurs débris.
On le doit d’gutant plus, qu’il-est. extrêmement. probas
ble,
à
CMD |
ble „que ces animaux choisiraient encore de préférence
les lieux rapprochés de ceux , où leurs restes sont dissé.
míinés , s'ils revenaient à la vie,
Les faîts „que nous venons de rappeler, s' oe lianene aussi
bien aux espèces, dont les débris sont éfondrés dans les fen-
tes verticales de nos rochers , qu’à celles que l'on voit
dans les cavités souterraines. A la vérité , la population
des brèches osseuses est bien plus différente des actuel-
les , que celle des cavernes à ossemens. Elle présente ,
en effet, non-seulement des espèces perdues3 mais des
genres totalement inconnus dans la mature vivante, et
même des genres que l'on a cru long-tems propres à
une époque beaucoup plus ancienne, que celle à laquelle
a eu lieu la dispersion des dépôts diluviens.
Les Palaeotheriums et les Lophiodons ne sont pas du
reste des animaux tellement différents des rhinocéros et des
hippopotames, que l'on ne puisse supposer, qu’ils ont
vécu dans nos climats à P'épogue, où ces derniers y exis-
taient. Il y est pourtant un autre genre , quî présente plus
„de diffieultés , c'est le megatherium découvert dans les
brèches osseuses, de Koebtriz , et qui n’a aucune analogie
avec Jes espèces, qui vivent maintenant dans l?ancien contie
nent, Mais comme tous les faits nous forcent d’admettre, que
les autres espèces, qui lui sont associées , ont vécu près
des lieux, où lon découvre leurs débris , il faut néces-
sairement en conclure qu’il a du en être ainsi des mega-
theriums ; quoique ces animaux n’aient aucune analogie
avec les espèces qui vivent actuellement sur l'ancien con-
tinent.
Quant aux mastodontes dècouverts également das les
vise osseuses , ils ont trop d'analogie avec nos élé-
phans
C % )
phans actuels, pour- ne pas supposer, qu’ils ont pu vivre
dans les lieux habités par ces derniers animaux.
Les espèces , dont les restes ont composé les brèches
osseuses „ n'ont pas sans doute vécu dans les” fentes
étroites qui les recèlent ; mais cette circonstance étant la
même que celles qui se rapportent aux animaux des Ca-
vernes „ne fait pas que leurs débris soient venus de fort
loin... Un transport long et prolongé ne pourrait pas du
reste servir à expliquer , comment l'on découvre dans ces
formations ‚ non-seulement des espèces s mais même des
genres , dont on ne voit nulle trace dans les cavernes ,
quoique ces deux phénomènes paraissent avoir été pro-
duits par les mêmes causes, et pendant la même pé«
riode. | |
Quant aux relations que l'on remarque entre les espè-
ces ensevelies dans les cavernes, et le genre de forma=
tion „ dans lequcl elles sont ouvertes „ ces relations. sont
uniquement dépendantes de la position de ces formations.
Ainsi „par exemple, celles de transition le plus générale-
ment rapprochées des montagnes „ offrent par cela même
principalement une. grande quantité de débris d’ours , à
moins ce qui arrive pour les cavernes de Sallèles, qu’à
Pentrée d'une gorge de montagnes élevées , elles ne soient
en même tems peu éloignées-des grandes plaines.
Par les mêmes raisons, il en est également des cavi=
tés souterraines , ouvertes. dans les terrains « secondaires’,
surtout lorsque, comme à Fausan (Hérault), ceux«ci ree
posent sur les formations intermédiaires , et quelles «se
trouvent dans le centre des montagnes. Par des motifs
tout „contraires „ les espèces des plaines , telles que les
chevaux „ les boeufs, les lions et les hyènes abondent
dans
ROND.
dans les cavernes,. ouvertes dans les terrains tertiaires
et dans les bassins immergés. Ces terrains ne forment
jamais des montagnes élevées. Ils composent tout au
plus des collines, lesquelles s’éloignent peu du lit des
mers actuelles , et parconséquent de la région des plaines ,
ou tout au moins des lieux les plus abaissés de la sur-
face du sol, surtout lorsque ces terrains appartiennent
à des bassins immergés. Du reste jusqu'à présent lon
n’a point encore observé des cavernes à ossemens „ dans
des bassins Émergés , et parconséquent dans des calcaires
d'eau douce , sans aucun mélange de dépôts ou de pro-
duits de mer.
C'est donc uniquement sous le point de vue de la
position des terrains „ dans lesquels. des, cavernes sont
ouvertes, que l'on voit quelque relation entre la nature
et lespèce des ossemens , que l'on y rencontre et celle
de ces terrains. En effet quel rapport pourrait-il y
avoir, entre l'époque de formation des terrains , où
existent des cavités souterraines ; et celle de leur rem-
plissage par des dépôts clastiques!, renfermant des osse-
mens, toujours dispersés à une époque bien plus récen=
te, que celle à laquelle se rapporte la prégipitiop de
ces terrains.
SECTION. IVi
Des conditions nécessaires à la présence des ossemens
dans les cayernes et les fentes verticales.
Un certain nombre de cavités souterraines „ comme-de
fentes verticales , offrent. des ossemens; tandisqu’il en est
G beau.
CE)
beaucoup , dans lesquelles l'on n'en découwre pas de tra-
ces. Dès lors si ce phénomène rentre dans les lois
géologiques, il doit dépendre d'une ou de plusieurs
causes; C?est ce qu'il convient d’examiner. |
La première des conditions, nécessaires à la présence
des ossemens , dans les fentes et les cavités „ tient à la
grandeur et à la disposition de leurs ouvertures, … Cette
disposition’ doit être telle, qu'elle ait pu favoriser lin-
troduction des terrains clastiques de remplissage, dans
intérieur de ces fentes. ou de ces cavités.
Ainsi, par exemple, celles dont les ouvertures , pla-
cées-sur les flancs verticaux et abruptes des montagnes „
n'ont pu recevoir les dépôts diluviens , ne récèlent pas
non plus d’ossemens. Il y a plus encore, les débris
des ‘grands mammifères\ terrestres ne se rencontrent ja-
mais’, que dans les cavernes et les fentes, dont les
ouvertures sont spacieuses et considérables; aussi les
petites espèces se montrent-elles en plus grand nombre
dans’ les brèches osseuses, consolidées pour la plupart
dans des fentes étroites , que dans les cavernes propre-
ment dites. Ce fait s'observe également dans les lieux,
où existent à la fois ces deux phénomènes.
La seconde condition , non moins essentielle que la
première, tient à existence des caiïlloux -roulés , des
roches fragmentaires, ou des graviers dans les limons;
car lorsque les limons en sont complèêtement dépourvus,
on n'y voit jamais d’ossemens. Cette circonstance , inti-
mement liée à celle de la présence des ossemens , tient
peut-être Àà ce que les limons, qui ne renferment ni
_caïlloux roulés, ni roches fragmentaires, ni graviers, ne
se rattachent pas aux dépôts diluviens.
Enfin
KM)
Enfin, il faut encore que les ouvertures des cavernes
ou des fentes verticales ne soient pas à plus de 7oo ou
de 8oo mètres au-dessus du niveau des mers, à moins
toutefois que les terrains , où elles se trouvent , n’aient
été exhaussés postérieurement À la-dispersion des dépôts
diluviens. «Cette loi , que nous avons vérifiée dans un
grand nombre de localités , et que nous avons trouvée
sans exception dans nos contrées méridionales, nous
donne également une idée approximative du niveau, au-
dessus duquel l'on-ne découvre plus de traces des
dépôts diluviens.
D'après ces lois géologiques „ aussi simples que posi-
tives, l'on peut donc, avant de pénétrer dans une câ-
verne , déterminer , s'il y a possibilité d'y découvrir des
ossemens , et assurer même qu’il n°y en aura pas. En cffet,
si son niveau est de beaucoup supérieur à 7oo ou 800
mètres, si ses ouvertures ne paraissent pas convenable-
ment disposées, pour avoir reu et les terrains clastiques
et les ossemens , lon peut afirmer que lon n’y en ob=
servera pas, surtout si l'on ne découvre ni cailloux rou-
lés, ni roches fragmentaires, ni graviers dans les limons „
et encore moins, si lon ne voit aucune trace de lie
mons. be)
La présence des ossemens se trouve done constam-
ment soumise à ces trois conditions; mais pourtant, ainsi
que nous venons de le faire observer, ces conditions
peuvent se présenter, sans que pour cela il soit certain
que les dépôts diluviens récèlent des ossemens. Leur
absence est seulement un point de fait, quê Pon peut
prévoir d’avance, quoique Pon ne puisse également
affirmer , que lon y en découvrira.
G 2 | Prese
C 100 )
Pressés par des faïts aussi positifs, ceux qui n'ont pas
voulu considérer le remplissage des cavernes et des fentes ,
comme un phénomène géologique, ont fini par recon-
naître du moins, que pour certaines cavités , les osse-
mens des animaux qui s'y trouvaient, y avaient été
entrafnés avec les cailloux roulés, les graviers, les
roches fragmentaires ja cela par les -anciennes inonda-
tions.
Mais ils ont également supposé que dans d'autres de
ces cavités, les débris des animaux , qui s°y trouvent, y
étaient tombés , ou y avaient été entraînés naturellement
pendant plusieurs siècles. M. Buckland en a cité pour
exemple les cavernes de Dream Cave, près de Wirthmond ,
en Angleterre, où lon a découvert le squelette presque
entier d'un Rhinocéros. - On ne voit pas trop , comment
un pareil animal aurait pu tomber par la fente étroite ,
qui communique avec l'intérieur de cette cavité souter-
raine, tandis que lon congoit facilement, comment
une violente inondation aurait pu y entrafner son sque-
lette.
Il doit, ce semble, en avoir été d’autant plus ainsi,
que ce squelette et les autres ossemens roulés et brisés
s’y montrent accompagnés de cailloux roulés , de graviers
et de roches fragmentaires.
L’on a enfin admis que les ossemens, que Pon eni
vre dans les mêmes circonstances , particulièrement ceux
qui se. rapportent aux ours, devaient être les restes de
ceux, qui y avaient vécu, et y étaient morts naturelle-
ment.
Cette supposition «pourrait être complètement fondée ,
sì les cavernes, ou les ours dominent, comme celles de la
Fran-
C 101 )
Franconie, de Fausan (Hérault), du Vigan (Gard),
d’Oiselles (Doubs) ne récélaient pas en même tems un
grand nombre d'autres animaux , et particulièrement des
carnassiers. A la vérité ceci nest point un obstacle à
ce que ces cavités n'aient pas été habitées par ces ani-
maux, mais toujours est-il que ce n'est pas à cette
seule cause, qu'il faut attribuêr la présence et la réunion
de tant d'espèces , de moeurs et d’habitudes si différentes.
Du reste les géologues, qui partagent notre opinion,
n'ont jamais prétendu, que des ours, ou quelqües autres
animaux, n’aient pu vivre dans les souterrains , où l'on
découvre leurs débriss mais ce qu’ils ont soutenu, c'est
que ces cas accidentels, comme le seraient ceux du
transport des herbivores par les hyènes, ne pouvaient
explíquer la généralité, ni la constance de ce phénomène,
pas plus que rendre raison de létrange rassemblement
d'animaux, aussi différens par leur organisation que par
leur manière de vivre. En effet, de violentes et de
terribles inondations paraissent seules avoir pu opérer
une. réunion , aussi extraordinaire et aussi contraire à
tout ce que nous observons dans la marche ordinaire des
choses. }
Si la généralité des animaux , ensevelis dans les caver«
nes ou les fentes, y avaient réellement vécu, ou s’ils y
étaient tombés successivement et par accident , comment
ne trouverions-nous pas au moins quelqutfois leurs
squelettes entiers et non point brisés , fracturés et dis-
séminés par portions, et presque jamais en connexion 2
Les os de ces divers animaux. pourraient-ils présenter
la plus grande uniformité dans leur altération , et à tel
point, qu’on ne saurait souvent distinguer ceux des lo-
G 3 Câ=
C 102 )
calités les plus éloignées, que par les nuances qu’ils
présentent. Comment ces animaux, qui auraient vécu
dans les souterrains où l'on observe leurs débris, ou
qui auraient entrafné les espèces, dont ils fésaient leur
proie , ne s’y trouveraient-ils pas dans un état différent ,
que les rhinocéros, les éléphans „ les aurochs , qu’ils
n'ont jamais pu emporter que par portions; car pour
ces espèces il est trop évident, qu?elles n'ont jamais pu
vivre dans des souterrains , et que , puisque leurs restes
s’y trouvent, ils ont du y être transportés d'une ma-
nière quelconque et par portions séparées ? |
Si donc ces animaux y ont été entrainés , pourquoi
ne pas admettre, qu’il en, a été de même de la plupart
de ceux, qui les accompagnent. Nous disons la plupart ,
car il se pourrait qu’un petit nombre de certaines es-
pèces eut vécu, ou eut été charrié dans les cavernes par
les carnassiers ; mais cette circonstance est trop minime,
et d’ailleurs elle s'est trop peu renouvelée pour pouvoir
expliquer le rassemblement de tant d’animaux dans des
espaces aussi resserés. En effet, le nombre des débris
de ces animaux est souvent si'considérable, soit en
espèces , soit en individus, qu’il est impossible de sup=
poser que les animaux auxquels ils se rapportent, y ont
réellement vécu tous ensemble.
Quant aux espèces que lon peut dans certaines cir-
constances supposer avoir vécu dans les cavernes, il
semble que, dans \état actuel de nos connaissances sur
cet ordre de phénomènes, elles se réuniraient peut=être
à celles des ours et des hyènes, et à quelques oiseaux,
principalement des oiseaux nocturnes. Mais il ne faut
pas perdre de vue , qu’il est une infinité de cavités qui
n'of=
(108)
n’offrent aucun débris d’ours ni d’hyène, ni même
d’aucun autre carnàssier. Or, n’est-ce pas ici le cas
d’avancer , que lotsqu’un phénomène se présente partout
avec les mêmes circonstances , les causes qui lont
produit doivent avoir la même généralité,
Gs | CE
LIVRE TROISIËÈME.
DE LA DISTRIBUTION GÉOGRAPHIQUE DES CAVERNES
ET DES FISSURES à OSSEMENS,
CRAPITEKRKE L
Det cavernes à ossemens.
P our mettre de Pordre dans lindication des cavernes
à ossemens, il semble naturel de les décrire d’après
celui des diverses contrées où on les observe, C?est
aussi lordre que nous avons suivi, et nous'ferons
connaître ensuite les formations, dans lesquelles elles
sont ouvertes,
On pourrait, à la vérité, les signaler d’après la nature
et Pespèce des animaux qu'elles renferment 3 mais cette
marche nous semble peu propre à permettre d’embrasser
les faits d'une manière générale, Cependant, à mesure
que nous les indiquerons, nous signalerons’ également
les animaux, qui en caractérisent d'une manière spéciale
la population.
SEC-
(105 >)
SECTION :L
Cavernes de POctéanie ou d’ Australie,
L Cavernes à ossemens de la Nouvelle Hollande. (*)
Ces cavernes sont ouvertes dans un calcaire secon-
daire, lequel semble se rattacher aux formations jurassi-
ques. Se
Les ossemens que lon y découvre , se montrent dans
un limon rougeâtre, que des graviers , des cailloux roulés
“et des roches fragmentaires accompagnent. |
Ces ossemens sont plutôt. brisés ,fracturés que roulés5
ils se rapportent aux espèces suivantes qui, à exception
d'une seule, sont analogues à celles qui vivent cncore
sur le sol-de la Nouvelle-Hollande, a
MAMMIFÈRES TERRESTRES.
I. Marsupiaux.
1. Dasyure (Dasyurus).
a. Kanguroo (Macropus) deux ou trois espèces , et
en
(*) Ce qui prouve encore mieux que tous les raisonnemens ,
et presque autant que les faits eux-mêmes, l'’identité des ca=
vernes et des fissures à ossemens, c'est la confusion qui règne -
dans la description de ces deux ordres de phénomènes. Ainsi,
ce que les uns ont indiqué comme des cavernes à ossemens,
les autres les ont considerées comme des brèches osseuses.
C'est ce qui est arrivé particulièrement pour les cavernes de
lAustralie ou de la Nouvelle-Hollande.
G:5
C 106 )
en outre une autre, dont la grandeur surpasse d’un tiers
celles des plus grandes espèces de ce genre , que lon
connaisse aujourd’hui,
3. Phascolome Vombat (PhAascolomys , vel elke)
ursina). Une seule espèce.
4e Halmaturus, deux espèces.
5. Kanguroo var (Hypsiprymanus , Illiger), Une seule
espèce, |
__6. Phalangiste Ballantia, Illiger.
7. Koasa.
En
IL. Pachydermes.
te Eléphant. (Elephas.) VEléphant qui a été décou-
vert dans les cavernes, ou dans les fissures à ossemens
de Australie, paraft avoir appartenu à une espèce par-
_ticulière , différente de celles que l'on observe dans
Pancien continent, soit vivantes , soit fossiles, soit hue_
matiles, Outre cette espèce inconnue dans la nature
actuelle, les cavernes de 1’Australie en ont également
offert quatre autres, qui ne vivent plus maintenant dans
la Nouvelle-Hollande. Ce sont une espèce de- Kangu-
roo, deux espèces d'Malmaturus, et une espèce
dypsiprymnus. Du reste elles se rapportent toutes à
des genres qui existent encore sur ce continent, à lex-
ception pourtant de Yéléphant.
SECTION IL
Cavernes du nouveau monde , ou dé PAmêrigue.
1. Cavernes à ossemens de la Virginie.
Ces cavernes ouvertes dans le calcaire secondaire, ont
pré-
C 107 )) ej
présenté. les ossemens d'un édenté nommé Megalonyx „
à raison de la grandeur de ses ongles.
Quant aux ossemens de cet Édenté, découverts en Vir-
ginie, dans le comté de Green-Briar , ils se rapportent
au Mégalonyx Jeffersonië, la plus grande espèce de ce
genre, Ces os y: étaient plus profondément ensevelis
dans le limon , que Vautre espèce de Mégalonyx décou-
verte dans les cavernes du Kentucky.
IL. Cavernes à ossemens due Kentucky.
Ces cavernes sont en assez grand nombre; on eh
_ distingue deux principales , qui ont requ des noms particu-
liers. La première a été-nommée Mammoóuth Cave, à
raison des débris de Mastodonte, que Pon ya découvert,
L’on y rencontre également une autre espèce de Méga-
lonyx, que celle découverte dans les cavernes de la Vir-
/ginie! Elle a été nommée Mégalonyx lagucatus.
La seconde nommée White=Cave, située à peine a un
mille de la précedente dans le comté d’Edmonson , offre
également des débris du Mégalonyx lagucatus. Lea même
espèce a été retrouvée ailleurs, et, par exemple à Big-
bone Lick. Ses débris sont partout accompagnés,
comme ceux du Mégalonyx Jeffersonit , dossemens hu-
mains confondus dans les mêmes limons avec des restes
d'ours , de cerfs et de Bisons (Bos Americanus).
Les cavernes. du Kentucky sont ouvertes , comme
celles de la Virginie, dans le calcaire secondaire juras-
sique. ak
SEC-
„
108
SECHION LIL
Cavernes de Pancien continent.
A. Cavernes à ossenens de U’ Allemagne.
Les cavernes à ossemens de l'Allemagne et de la
Hongrie offrent pour la plupart un assez grand nombre
d'ours. Elles ont encore cela de commun, d'être génd-
. ralement ouvertes dans le calcaire secondaire jurassique,
et de se trouver au milieu ou au centre des mon-
tagnes, |
On remarque même une certaine continuité dans les
montagnes où sont ces cavernes. Cependant celles- de
la Westphalie ne tiennent pas aux autres d'une manière _
aussi évidente, ; |
On a fait remarquer , que la plupart des coupes des
cavernes, représentées dans les Religuiae diluviana de M.
Buckland/, surtout celles de la Franconie , annoncent , par
la forme irrégulière des anfractuosités de leur-fond , par
la manière dont les dépôts ossifêres les remplissent quel-
quefois jusqu'au faîte, et enfin par la disposition des
stalactites et stalagmites, qui recouvrent ces dépôts, que
les animaux, dont on y découvre les restes , n'ont pu
vivre dans de semblables souterrains.
L’obscurité profonde qui y règne, la dispersion des
ossemens dans les points de ces cavités les plus éloignés
de leurs ouvertures, aussi bien que dans ceux qui en
sont les plus rapprochés , rend blen plus probable, que
leurs squelettes y ont été entraînés avec les sedimens
qui
C 109 )
qui les enveloppent, et cela par des eaux courantes.
Cette supposition est d’autant plus admissible, que de
pareils effets ont encore lieu dans une infinité de localie
tés , et particulièrement dans les Catavethrons de la
Morée, où vont se perdre les eaux de la plupart des
plaines fermées de cette province,
Il en est de même de la,caverne du trou du Han „
laquelle est traversée par la Lesse.
Du reste, presque partout l'on voit dans les cavités
les traces de Paction érosive d'un grand courant, qui en
aurait usé et sillonné les parois; mais nulle part cette
action n'est aussi évidente que dans celle de Cusy.
Enfin les os, les coquilles et les caîlloux roulés „ fixés
souvent à leur plafond , l'annoncent également , ainsi
que lensemble des faits sur lesquels nous avons plus
ou moins insisté, |
Les cavernes de Allemagne , où les ours dominent ,
offrent cependant un grand nombre d'autres carnassiers ,
parmi lesquels Pon remarque de grandes espèces du
genre Chat (Felis), des Hyènes, des Loups, des Ree
nards, des Gloutons, des Blaireaux, des Chiens , des
Putois ou des espèces voisines. ‘Enfin-avec ces carnas=
siers, lon découvre un grand nombre de débris d’herbi=
vores , lesquels ont appartenu à des éléphans, des
chevaux , des beeufs, des moutons, des cerfs et des
chevreuils,
Quant aux espèces d'ours des cavernes de Allemagne,
ils se rapportent aux Ursus Speleus, Pitorrië , Priscus
et arctoideus; celles du genre Chat, Felis, sont: les
Felis spelaa, prisca et antigua. On y observe enfin
deux espèces ken > au moins les Hyena spelaa et
prisca.
LL
CC MD
1. Cavernes à ossemens dans la chatne du Harts.
IT, Caverne de Bauman, dans le pays de Blanken-
bourg, située dans la dernière des pentes du Hartz.
On a rencontré dans certaines parties de cette caverne,
des cailloux roulés, au milieu desquels l'on découvre
une grande quantité d'’ossemens fracturés et brisés. Il
paraît que le broiement de ces os est dû à laction de
ces galets, car ceux, qui dans la même chambre se trou-
vent enveloppés dans le sable et dans le limon ‚ sont
presque entièrement intacts,
2. Caverne de Scharfeld , dans lélectorat d’Hanovre,
Celle=ci , située comme la première dans une des dernières
pentes du Hartz, a été décrite par Leibnitz dans sa
Protogea.
3. Caverne de Hartzbourg , au-dessus de Goslar.
4. Caverne d'Husstrungen dans le comté de Stolberg;
ces deux dernières sont situées dans la même chaîne
calcaire du Hartz. |
IL, Cavernes à& ossemens de Muggendorf dans la
Franconie.
Ces cavernes , au nombre de dix, ont toutes regu des
noms particuliers, Elles sont situées dans la même
presqu’île, formée par la rivière de Wiesent; ‘parmi
celles-ci, on peut comprendre la caverne de Gaylenreuth ,
la plus fameuse et la plus considérable de toutes.
Mais ce qu’il y a de remarquable , les cavernes situées
au Nord de cette rivière, ne récèlent ni ossemens ni
limon rouge; tandis qu’il en est tout le contraire de celles
qui se trouvent au Sud de la Wiesent:; celles-ci abon-
dent
Euh)
dent en débris organiques, particulièrement celle de
Gaylenreuth.
UI. Cavernes de Mokas, de Rabenftein et de Kircha=
horn, ou grotte aux dents; ne sont plus comme
des précédentes dans la presqu’tle de la Wiesent;
mais bien au-dehors de cette même presqu’tle.
Ces cavernes se trouvent toutes trois en Franconie et
dans le baillage de Bayreuth.
IV. Cavernes de Glucksbrunn dans le baillage d’ Al
tenstein, entre le Hartz et la Franconie.
Ces cavernes situées dans la pente Sud-Ouest de la
chatne du ‘Fhüringer- Wald, lient en quelque sorte celles
du Hartz à celles de la Franconie. Il paraît qu'elles
récèlent principalement des ours. in
Si lon jette un coup d’ceil sur une carte générale, où
la position de ces cavernes est indiquée , on reconnaft
aisément, qu’il existe une certaine continuité entre les
montagnes où elles se trouvent. Les monts Crapacks
se lient. d'une part aux montagnes de la Moravie et de
Pautre à celles de la Bohème (Beehmerwald) , lesquelles
séparent le bassin du Danube, de ceux de la Vistule ,
de POder et de PElbe, Quant au Fichtelberg , il sépare
le bassin de PElbe de celui du Rhin. Enfin le Thü-
ringer-Wald et le Hartz continuent à limiter le bassin,
de PElbe, en le séparant de celui du Véser.
D’après ces faits, ces diverses chafnes n'ont entr’elles
“ que de légers intervalles; aussi toutes les cavernes qui
s'y trouvent sont par cela même liées les unes aux
| au=
( m2 )
autres, à Texception pourtant de celles de la Westphalie
‘qui ne s'y rattachent pas d'une manière aussi évidente.
Ve Cavernes de Kuhloch et de Zahnloch en Fran-
COnite
Nous décrirons ces deux cavernes séparément de celles ,
que nous avons dit se trouver dans la même contrée ,
parcequ’elles se trouvent en dehors de la presou’tle de
Wiesent, et qu'elles sont encore les seules de l’Alle-
magne où lon ait découvert des debris humains et des
produits de notre industrie. is
Ces cavernes „ savoir celles de Kuhloch et de Zahnloch ,
se montrent fort rapprochées lune de l'autre. On ya décou=
vert soit dans la première , soït dans la seconde „ des osse-
mens humains, des objets divers , fabriqués par la main des
hommes , mêlés et confondus avec des débris d’ours , d’hyè-
nes, d’éléphans, de chevaux et de cerfs. Cette masse
ossifère est composée d'une masse brune , mêlée d’une
grande quantité de galets et de fragmens anguleux de
calcaire.
Ce mélange d’ossemens humains avec des débris d’ese
pèces perdues, annonce avec tant d'autres faits , que nous
ferons connaître successivement, que bien des espèces se
sont éteintes, depuis lapparition de l'homme, et nous
pourrions même dire, depuis les temps historiques. En
effet nous avons prouvé, que la mosaïque de Palestine
offre la représentation de plusieurs espèces , dont on ne
retrouve plus de représentans sur la terre.
_ Récemment M. Geoffroy St. Hilaire a démontré qu'il
en était de même du sanglier d'Erimanthe dû au ciscau
d'Ale
Dn
C ME }
_d'Alcâmène „vet représenté par lui sûr le temple de Ju-
piter à-Olympie. (*)
Cet habile naturaliste fait observer , à égard de cette
espèce , qu'elle “doit. être inscrite tout autant sur-nos
catalogues , d'après ce monument, que celles dont nous
admettons l'existence sur le seul témoignage d'un voya-
geur , et la représentation qu’il nous en donne.
VL, Cavernes à ossemens de Nochloss en Morayie,.
Les cavernes de Nochloss sont situées dans les envi-
__rons d’Olmutz. Elles sont encore peu connues. On y
cite des débris d’éléphans, de chevaux , de cerfs et
d'antilope. Ce dernier genre paraît y avoir plusieurs
espèces , une entr’autres de la- taille du bouguetin (Capra
bex).
VI Cavernes à ossemens de la Westphalie.
1°. Caverne de Kluterhoehle dans le comté de la Mark ,
au bord de la Milspe et de PEmpe, ‘ruisseaux qui vont
se jeter dans la Ruhr „et, avec elle , dans le Rhin.
9, Caverne de Sundwich près d’Iserlohn dans le
même comté de la Mark,
VIIL Crvertidt à ossemens de la Carniole.
1. Caverne d'Adelsberg d’une étendue immense et
traversée par de grands cours d'eau.
5 Les
(*) Voyez le grand ouvrage, publié par Vexpédition de Morée,
ainsi que les recherches sur la contemporanéité-de l'homme et
des races perdues. Bibliothèque Universelle et revue Encyclo-
pédique.
_H
C 14 ,
Les o$semens s'y rencontrent aussi bien auprès de
Pentrée, qu’à de grandes distances de Vouverture,
IX. Cavernes à ossemens de la Hongrie.
Tt. Caverne des dragóns. Le peuple a supposé que
les ossemens d’ours , que l'on y découvre, appartiennent
à des dragons. Ces cavernes sont situées dans le comté
de Liptow, sur les pentes méridionales des monts
Crapacks.
SECONDE SOUS=SECTIONe
Cavernes à ossemens de la Belgique.
L. Cavernes à ossemens de la Province de Liège,
Trois vallées principales se rencontrent dans la pro-
vince de Liège, celle de la Meuse la plus considérable ,
et enfin celles de l'Ourthe et de la Vesdre,
Les vallées latérales y sont en bien plus grand nom-
bre; les plus étendues offrent également le plus de ca=
vernes à ossemens.- Parmi celles-ci , on peut citer :
1. La vallée de Hoyoux dans le Condroz , ‘
o. La vallée de Lamblève, située sur la rive droite
de Ourthe,
3. Celle de fond de forêt, située sur la rive droite de
la Vesdre. 6 arro Y
On a évalué à plas de cinquante le nombre des cavi-
tés souterraines , où l'on observe des ossemens.
Quant
C 1156 5)
Quant À ces ossemens, ils se rapportent d'après M,.
Schmerling aux espèces suivantes :
1. A des restes humains qui paraissent „ d'après cet
observäteur, de la même date que les autres débris ore
ganiques qui leur sont associés.
2e A des débris de quatre espèces distinctes de chauvé-
_souris, de deux espèces de musaraigne, de hérisson et
de taupe;
3. A une assez grande quantité d’ossemens d’ours-, se
rapportant pour la plupart aux Ursus speleus et arctofe
deus de Blumenbach, et à PUrsus priscus de Goldfuss,
L'on y observe également deux autres espèces qui ont
paru à M. Schmerling différer de celles-ci; lune d'elles
était sì grande, que ce naturaliste lui a donné le nom
d'Ursus gigantets, « Probablement cette espèce est la
même que celle à laquêlle nous avons donné le nom
d'Ursus Pitorrii, | |
4. Au Blaireau, au grison, et à quatre espèces appare
tenant au genre des martres.
5. Au loup et au chien; ce dernier paraît se rattacher
à lespèce à laquelle Goldfuss à donné à tort le nom
de Canis fossilis; à deux espèces de Renards et à la
Genette.
6. A Hyena per
7. A De nombreuses espèces du genre Felis. Oft y
cite particulièrement le Felis speleus, et quatre autres
espèces , dont une se rapproche beaucoup pour la forme
et pour la grandeur de notre chat sauvage.
M. Schmerling lui a donné le nom de Felis priscus ,
dénomination sous laquelle nous avions antérieurement
désigné le plus grand lion ou tigre des cavernes, tandis
H 2 que
dek de
que nous avions désigné celle-ci sous le nom de Felis
Jerus. £
8. De nombreuses espèces de rongeurs, parmi les-
quels l'on a distingué des écureuils, des souris „des
rats, deux ou trois espèces de campagnols , de rats
d'eau , enfin le castor, agouti, le lièvre et le lapin.
g. A Quelques pachydermes, parmíi lesquels lon re=
marque ZZlephas primigenius, des rhinocéros , le san-
glier et une autre espèce du même genre qui ne paraît
pas différer du cochon domestique, On y a enfin indi=
qué une autre petite eepèce du même genre Sus, à las
quelle on a donné le nom de minutus.
M. Schmerling a signalé dans ces cavernes la présence
de Phippopotame, décrit par Cuvier sous le nom de mint
tus. S'il n'y a pas erreur à cet égard, ce serait pour
la première fois, que l'on aurait apergu dans les cavi«
tés souterraines un mammifère marin, même en suppo-
sant que les débris qui s'y rapportent eussent été gen
tachés des formations préexistantes.
L’on sait en effet, d’après les observations de M. de
Christol , que ce prétendu petit hippopotame de Cuvier est
un mammifère marin très-rapproché du genre dugong , et
qui constitue peut-être un genre nouveau. |
io. Les solipèdes abondent également dans ces ca-
vernes , et M. Schmerling y signale le cheval , lâne et
une autre espèce plus petite que cette dernière, que
Yon pourrait nommer minutus, à raison de cette circon=
stance.
11. Il en est de même aib ruminanss l'on y reconnaft
le Renne et le Daim, ainsi que trois espèces au moins
de cerf et de chevreuil. Il y a également plusieurs
Cs=
é wk)
espèces d’antilope , de chèvre, de mouton , de boeuf et
de buffle.
12, L'on y rencontre également des couleuvres,
13. Les restes d'oiseaux sont assez abondans dans
plusieurs de ces cavités souterraines. On y en a reconnu
qui se rapportaient à des oiseaux de proie d'une grande
taille, d'autres au Martin pécheur, à lalouette, au
Corbeau, au Pigeon, au Coq, à la Perdrix, à l'Oie et
au Canard,
14. L’on y a encore observé des vertèbres, des écail=
les de poissons de mer, et plusieurs dents de squales.
Ces débris ont été probablement détachés des formations
préexistantes, comme cela est arrivé pour les pareils
que lon découvre dans les cavernes de Lunel-Viel. On
doit d’autant plus le supposer pour ceux des cavernes
de la Belgique, que M. Schmerling fait mention d’une
bacculite , et certes pour cette coquille , il est bien évi-
dent qu'il a dû en être ainsi. |
15, Les dépôts diluviens des cavernes de la Belgi
que, offrent , comme ceux de nos souterrains , des coquil-
les terrestres et fluviatiles. M. Schmerling y en a cité
plusieurs espèces , se ride principalement au genre
des hélices.
Nous ignorons complètement , dans quel ordre de for-
mation ces cavernes sont ouvertes; mais si nous jugions,
d'après lanalogie de la population qui y a été entraînée
avec celle de Lunel-Viel, nous serions tentés de sup-
poser qwelles doivent être dans des calcaires marins
tertiaires. Quoiqu’il en soit, il est du moins à présu-=
mer, quelles ne sont éloignées des grands ed qua-
ternaires. :
H 3 HH.
CM)
Il. Cavernes à ossemens de Chokier en Belgique, (*)
Ces cavernes ont seules présenté ce phénomène remar-
quable , d'avoir trois couches de limon ossifère „ lesquel
les couches sont chacune' recouverte par un glacis stas
lagmitique particulier. L’on observe également dans les
fentes de cette cavité souterraine une brèche osseuse,
plus ou moins pénétrée de ce même glacis stalagmi-
tique. |
Les ossemens disséminés dans ces cavités souterraines
y sont en fort grand nombre , surtout ceux qui se rape
portent aux chevaux, aux cerfs, aux boeufs et aux
ours. Ces ossemens ne montrent aucune trace des coups
de dents , qui dans certaines circonstances ont fait sup-
poser que les hyènes les avaient rongés. Cependant les
débris de ces animaux s’y rencontrent en aussi grande
quantité , que dans les lieux où l'on observe de pa-
reilles morsures.
L'on y voit encore des débris de loup, de lièvre ,
de lapin, de rat d'eau, de «campagnol, de rat com-
mun , d'un éléphant analogue à-celui des Indes, du
moins d'après ce qui en est dit dans le bulletin de M,
de Ferussac, où «nous trouvons la. description de ces
cavernes. |
Ainsi, ces souterrains récéleraient plus de quinze es-
pèces différentes de mammifères terrestres, parmi les-
quelles Von a signalé deux espèces de rhinocéros , lune
ana-
(*) Balletin de M. de Fexussac. Tome XXI. Pag. 373. No. 219.
C 19 )
analogue au bicorne d’Afrique, et l'autre À Punicorne
d’Asie. Si cette observation est exacte, ce serait le
premier exemple d'un rhinocéros unicorne, découvert à
Pétat humatile; car jusqu'à présent tous les rhinocéros
fossiles et humatiles avaient paru pourvus de deux
cornes. Kd
Enfin , avec ces divers débris organiques , on a encore
mentionné des restes d'oiseaux et des coquilles terrestres
du genre des Helix.
TROISIËME SQUS-SECTION,
Cavernes à ossemens de V Angleterre.
Les cavernes de l'Angleterre et de la France parais-
sent être les cavités souterraines qui se montrent dans
les calcaires d’âge le plus différent.
Ainsi, on en observe d'une part dans le calcaire de
transition (celles de Calow et de Sallèles), ainsi que
dans les divers étages des terrains jurassiques, dans la
Dolomie, la craie compacte inférieure, et enfin , pour
celles de la France, dans le calcaire grossier , et certaine-
ment dans les bancs pierreux marins qui lui sont supé-
rieurs „, ou le calcaire moëllon.
Cavernes ouvertes dans Île calcaire de transition
supérieur,
1. Caverne de Callow près de Wirksworth dans le
Derbyshyre,
Elle est ouverte dans un calcaire de transition supé-
Ot rieur ,
Ld
C 120 )
rieur „dit calcaire métallifère „ À raison d'une mine de
plomb sulfuré qui-y est exploitée,
Cette cavité n'a encore présenté que des ossemens de
rhinocéros „ de cerfset de beeufs.
IL. Caverne de Goat, à Payiland, dans le Glanorgan
sur les côtes de la mer.
Cette caverne, ouverte dans le calcaire de transition
supérieur, ne paraît pas offrir la moindre trace de sta=
lagmites. On n'y a encore remarqué que des ossemens
d’éléphant et de cerf, Ik
UL Cavérne de Bannwell , dans le comté. de Som-
merset.
Cette. caverne creusée dans un. calcaire_ compacte de
transition „supérieur (mountain Limestone), offre , com-
me la plupart-de-ces-cavités „des limons rougeâtres „avec
des fragmens du même calcaire, qui forme le massif de
la montagne. |
Ces limons présentent le caractère Fa bidet aux autres
limons du même genre ensevelis dans les cavernes. Les
ossemens qu’ils renferment se montrent mêlés avec des
fragmens anguleux de Ja roche „ dans laquelle. les cavernes
de Bannwel sont creusées. « Ainsi à Bannwel les osse-
mens des herbivores et des carnassiers sont entremêlés
de fragmens “de calcaire. carbonifère,. ou” calcâire: de
montagne, le même qui forme le massif des cavernes.
On y a découvert, 1°%. deux espèces d’ours, dont
î | | Yune
CE)
Pune paraft se rapporter à Ursus spelaus; a. des
loups; 3. des renards; 4. un ruminant à bois qui,
paraît se rapprocher du' daim; 5. deux espèces de ru-
minans à cornes , du genre boeufs,
M. Williams , auquel nous en devons une description,
a supposé, que tous ces ossemens ont dû y être entraî-
nés par les eaux.
IV. Caverne de Dream-Cave, près de Wirksworth
dans le Derbyshyre. N
Cette caverne, décrite par M. Buckland , se trouve,
comme les précédentes, dans un calcaire compacte de
transition supérieur (mountain Limestone),
On y a découvert: 1. des ossemens d’éléphant; oe. un
squelette presqu’entier de rhinocéros; 3. des ossemens
d’aurochs; 4. des débris de cerf ou de daim,
V. Cavernes de Burrington à Est de Bannwell,
Toujours ouvertês dans le même calcaire, ces cavernes -
sont les premières de Y'Angleterre , où Fon ait découvert
des ossemens humains, et ce qui est bien remarquable ,
dans les plus profondes et les plus basses- de ces ca=
vités, | |
Les plus élevées renferment des débris d’Ours, de
Putois,-d'Elan et de cerf_dont Tes espèces paraissent
perdus. |
_ Les mêmes débris se rencontrent également dans celles
de ces cavités où Pon observe des ossemens humains.
ng Ca-
C 122 )
Cavernes à& ossemens ouvertes dans le calcaire
jurassique.
\
La plupart des cavernes de lAngleterre ouvertes dans
le calcaire jurassique, sont presque toutes caractérisées
par la présence des hyènes. Ces carnassiers ne paraise
sent pas se rencontrer dans celles que l'on observe dans
le calcaire de transition (mountain Limestone).
La positon géographique des unes et des autres peut
assez bien rendre raison de cette différence. Les pre-
mières , plus rappochées des mers, et par conséquent des
plaines , ont été mieux placées relativement aux habitu-
des de ces animaux, tandisque les secondes, plus dans
le centre des montagnes „.„convenaient d’avantage par leur
position aux Ours, et aux autres espèces qui se plaisent
au milieu des forêts des montagnes élevées.
Ainsi se vérifient les rapports qui paraissent exister
entre certaines espèces et la position des lieux dans les-
quels on les découvre, rapports qui indiquent à la fois
que les animaux, ensevelis dans les-cavernes, n'y ont
pas été transportés de loin, et qu’ils avaient alors des
stations différentes , comme actuellement.
L. Cayernes d'Oreston , près de Plymouth.
L’on voit dans les environs de cette ville, une
vingtaine de cavernes à ossemens, qui pour la plupart
communiquent ensemble et avec la surface du sol, par
des espèces de puits,
L’on
( 123 )
L'on y découvre: 1. des ours a. des hyênes; 3. des
loups; 4« des rhinocéros; 5. des chevaux; 6, des cerfs,
7. et des beeufs.
Il. Cavernes de Hutton, dans le comté de Som-
mersct.
Ces cavernes renferment À-peueprès les mêmes espêe
ces que les précédentes. On y a signalé: 1. des hyè-
nes , au moins deux espèces; 2. des tigres, ou du
moins de grandes espèces du genre Felis; 3. des loups ;
4. des renards; 5. des €léphans ; 6. des chevaux; 7. des
lièvres et des lapins; 8. des rats; 9. des oiseaux.
Jusqu'à présent, Fon n'y a point observé des os de
boeufs; mais l'on y a découvert une dent de lait, et
d'autres débris d'un jeune éléphant, qui devait avoir
tout au plus deux ans. Ce fait et une foule d’autres
_que nous pourrions citer, nous annoncent que les ani-
maux dont les débris ont été entraînés dans les cavités
souterraines , où sont les restes de ceux qui peuvent y
avoir vécu, s’y trouvent dans les âges les plus diffé.
rens; cependant, quoique les individus jeunes y soient
assez nombreux, il paraft néanmoins que la plupart se
rapportent à des espèces adultes ; ce sont en effet cellese
ci qui constituent essentiellement la population des ca-
vernes, Ce fait se remarque généralement dans toutes,
soit que lon y voie un mélange d’herbivores et de
carnassiers, soit que lon n’y découvre que des herbi-
vores.
II.
C 14 )
UL Cavernes de Mendipp dans le comté de Som-
merset,
On a indiqué une foule de cavernes à ossemens situées
dans le comté de Sommerset-.et dans les montagnes de
Mendipp , dont la population est toute particulière , et
différente de celle de Bannwell que nous avons déjà
mentionnée,
Si ces cavernes sont différentes de cette dernière, ce
qui nous paraft extrêmement probable, peut-être se
trouvent-elles dans le calcaire de transition, et non dans
le calcaire jurassique , comme on l’a annoncé,
Quoiqu’il en soit, la population de ces cavernes se
compose: 1, d'ours; 2. d'hyèness 3. de loups; 4. de
renards; 5. de putoiss 6, d’éléphans3 7. de cochons ou
sangliers; 8. de chevaux; 9. de rats; ro. de souris ;
ri. de lièvres et de lapins; ze. de cerfss 13. de
beeufs.
Avec ces mammifères terrestres, Pon a également
découvert de nombreux débris d'oiseaux, Plusieurs de
ces débris ont paru analogues à ceux de la tribu des
Pélicans ; mais dont toute l'organisation annongait pour-
tant une grande puissance pour voler ou pour courir.
Enfin , avec ces débris organiques , l'on a rencontré des
fragmens d'une poterie noirâtre extrêmement grossière,
et cela dans les mêmes limons.
D'autres cavernes, moins considérables que celles-ci ,
se trouvent également dans le même comté de Sommer-
set. On n’y a apergu que des ossemens de diverses
espèces de cerfs, d'antilope ou de mouton avec des
débris d'oiseaux.
) En-
CM
Enfin d’autres cavités souterraines existent dans le
Derbyshyre , outre celles que nous avons décrites ; mais
ces dernières n’offrant pas dans leur intérieur la moindre
trace de dépôts diluviens, ne récèlent pas non plus des
ossemens. Une seule, creusée dans le calcaire jurassi-
que; est fameuse pourtant par le grand nombre de dé-
bris. organiques quelle renfermes c'est la caverne de
Kent , dont nous allons donner une idée.
IV. Caverne de Kent dans le Derbyshyre.
Cette cavité , explorée par M. Marc Énery, paraft
ouverte dans un calcaíre qui repose sur l'argile schis=
teuse, Aussi doutous-nous beaucoup que ce calcaire se
rapporte à l'époque jurassique, d’autant que le sol de
cette contrée se compose de schiste et de Gramvacke, et
que Pon a découvert dans cette caverne des galets pu-
gillaires de granite, de Grunstein, et dans les parties
les plus basses , des fragmens de schiste de Grauwacke,
‚tes uns roulés et les autres anguleux , mêlés avec les
ossemens au-dessous de la croute stalagmitique,.
La présence dans ces souterrains de cailloux roulés de
granite et de Grunstein , que l'on ne rencontre en place
dans les points qui en sont les plus rapprochés que dans
le canton de Dartmoor, indique assez à quelle cause
elled oit être attribuée=
Les ossemens découverts dans la caverne de. Kent
sont nombreux , et se repportent à un assez grand nom-
bre despèces. On y a signalé en effet: 1. de grands
ours; 2. différentes espèces d’hyènes;s 3. des chats
(Fe=
(126 )
(Felis) de la taille au moins du lions 4e des chauve.
Souris; 5. un assez grand nombre de rongeurs , parmi
lesquels les lièvres et les lapins sont les plus nome
breux; les autres sont principalement le rat d'eau (MZus
amphibius) et le mulots 6, des pachydermes, parmi
lesquels l'on a remarqué des éléphans , des rhinocéros
et des chevaux d'une grande taille; 7. des fruminans du.
genre boeuf, pafmi lesquels se trouve laurochs (Bos
ferus), et de plus une assez grande quantité de débris
de diverses espèces de cerfs 5 8, enfin de nombreux-res-
tes d'oiseaux, ij
Parmi ces ossemens on en cite d'empreints de coups
de dents, et plus ou moins rongés. L'album Grecum
ou les fientes des animaux qui, comme les hyènes , ont
Phabitude de rouger les os, y sont abondantes.
Vs Caverne de Torkay dans le Dewonshyre.
Cette cavité souterraine offre tout-à=fait les mêmes
circonstances et les débris des mêmes animaux que celle
de Kent dont elle est du reste fort rapprochée,
VI. Caverne de Kirdale dans le Torckshyre,
Celle-ci ouverte dans les assises moyênnes du calcaire
jurassique, est la caverne à hyène la plus fameuse de
PAngleterre. |
Ces cârnassiers sont du reste loin d’être les seuls que
Pon y découvre, ainsi que le prouvera l’énumération
que nous allons en donner.
1. Plu-
C 127 )
1. Plusieurs espèces de grands ours; a différentes
espèces d’hyènes 3. également plusieurs grands Felis de
la taille du lion ou tigre 3 4. des loupss 5. des renards 3
6. des belettes 3 7. des lièvres et des lapins; 8, des rats
d'eau 5 9. des souris ; io. des éléphans $ 11. des rhino=
céros 5 re. des hippopotames ; 13. des chevauxs 14. des
boeufs de la taille du boeuf domestique 3 15. des cerfs
au moins trois espèces $ 16. des oiseaux, analogues aux
corbeaux „ aux pigeons, à l'alouette, à une petite espèce
de canard, et à un passereau de la taille d'une grive,
Les ours sont peu nowbreux à Kirdale ; il en &st le
contraire des hyènes, dont les débris se montrent tôut
aussi rongés que ceux des autres animaux. Aussi Me
Buckland a-t=il fait observer dans ses religuie dilivuana 4
que d'après ces faits les hyènes devaient s’attaquer
mutuellement et s?entredévorer. D’après le même obser
vâteur , un grand nombre des os que l'on découvre à
Kirdale , sont frottés et polis d’un côté , tandis qu’ils ne
le sont pas de l'autre. D’après cette circonstance , M.
Buckland a supposé que les hyènes marchaient-on se cou
chaient sur les ossemens qui jonchaient le fond de la ca«
verne, Du reste ce qui est arrivé aux os de cette cavité
est À-peu-près général à tous les ossemens comme aux
galets qui les accompagnent 3 et même dans les cavernies
où il n'existe pas de débris de carnassiers.
VII. Cavernes de Scaham-Dem.
Nous ne connaissons ces cavernes que par l'indication
que nous en avons trouvé dans le Gentleman magazine
de Septembre 1823.
Ces
( 128 )
Cescâvernes offrent, d'après la -description-qui en est
donnée , de nombreux débris de mammifères terrestres ,
principalement des cerfs, Ce qu'elles ont de particulier
est dè montrer des ossemens humains „ Confondus dans
les mêmes limons où se rencontrent les restes des *mam-
mifères terrestres, @t cela avec des coquilles marines ,
soit bivalves , soit univalves.
Les cavernes de “Dunnyre Parck , comté de Kilkenny „
présentent bien , comme les précedentes , des ossemens hus
mains, mais ceux=ci sont d’une.tout autre date que les
premiers. |
D'abord „ on ne les voit point ensevelis dans des dés
pôts diluviens , ni mêlés avec aucun débris de mammie
fères terrestres , quoique M., Hart , auquel l'on en doit
_Pindication , ait fait remarquer , que des lapins vivaient en _
assez grand nombre dans ces souterrains,
Enfin ces derniers sont d'une origine tellement récen=
te, que M. Hart a suivi la trace des eaux courantes oi
les y ont entrafnés d’un cimetière voisin, |
Il en est de même des ossemens humains que nous
avons indiqués dans les cavernes de Durfort (Gard) ;
ceux-ci, comme les restes de notre espèce qui se trouvent
dans les limons supérieurs des cavernes de Mialet, y ont
été visiblement apportés par des hommes. Ces débris
n’ont donc rien de commun avec ceux que l'on voit dis-
séminés et mélangés à des espèces perdues et confondues
dans les mêmes limons. Aussi , lorsqu’on visite des ca=
vités souterraines „ est-il essentiel d'avoir égard à toutes
les circonstances du gissement des ossemens humains ;
car autrement lon risquerait de commettre des erreurs
graves „ relativement à l'époque où ces débris y auraient
été
C 129 5
été transportés et entraînés, C?est sans doute parce que
plusieurs observateurs n'ont pas tenu compte de ces cire
constances , qu’il s’est élevé tant de discussions à cet
égard. |
A la vérité ces discussions sont devenues à-peueprès
superflues , depuis qu’il a été prouvé qu’un certain nom-
bre d'espèces, dont les cavernes récélaient les débris „
présentaient des races distinctes et diverses; qu'en se-
cond lieu certaines espèces s’étaient éteintes depuis les
temps historiques , ce que nous annoncent à la fois les
monumens et les écrits des anciens, et enfin, ce qui
est encore plus remarquable, les observations de plu-
sieurs auteurs modernes qui méritent toute notre con-
fiance,
QUATRIÈME SOUS-SECTION.
Cavernes à ossemens de la Sicile,
Cayernes des environs de Syracuse.
Les cavernes à ossemens de la Sicile sont toutes
ouvertes dans le calcaire tertiaire. marin supérieur , ou
calcaire moëllon.
Les unes sont caractérisées par les ours, et les autres
par les hippopotames.
Parmi les premières on peut signaler celles des envie
rons de Syracuse, dans lesquelles on a observé les es-
pèces suivantes : |
1. Ursus cultridens ou Etruscus; 2. des carnassiers
du genre chien, Canis; 3. Hippopotamus major; 4. une
Ï | es-
C 130 )
espèce de. boeuf assez ‚rapprochée, du boeuf. à front boms,
bé ‚de. Pltalie, supérieure,et du, val d’Arno; 5 différen-.
tes. espèces. de chèvre et‚ d’antilope,
Cavernes.des. environs, de Palermee.
L, Caverne à ossemens de San Ciro,
Cette caverne, ouverte dans le calcaire moellon , où
abondent un grand nombre de coquilles, analogues à cel-
les qui vivent aujourd’hui dans la Méditerranée, renferme
beaucoup d’ossemens. Ces ossemens s’y montrent plus
ou moins’ roulés et cimentés par du carbonate calcaire.
La majeure partie appartient à lPhippopotame, et d’au-
tres à Peléphas primigenius.
L'on y découvre également des dents et d'autres dé-
bris de grands carnassiers des genres Felis et Canis, et
en outre des restes: des Ursus Etruscus et cultridens ;
les chèvres , les boeufs , les antilopes et les daims sont
les principaux herbivores.
Une brèche osseuse s’étend au dehors de cette ca-
verne; elle diffère de la masse ossifère de l'intérieur,
par une plus grande quantité de roches fragmentaires et
de galets, et une plus grande altération dans les débris
organiques qu'elle renferme,
Le sol de la caverne de San Ciro est couvert de co-
quilles marines, dont les espèces paraissent analogues à
celles qui vivent aujourd’hui dans la Méditerranée.
Il paraît même que ses parois ont été polies et creu-
sées par laction de l'eau, et perforées par les lithoe
domes. -
Aussi, d'après ces faits, certains observateurs ont
pensé
(131)
pensé , que’ cette partie-des côtes de la Sicile a dû être
élevée à son niveau actuel, lorsque déjà la mer nourris=
sait les animaux qui y existent aujourd’hui,
„Suivant d’autres, au contraire, d'après ses ossemens
et sa position'sur un ancien rivage, cette caverne aurait
été Iplutôt un débouché souterrain des eaux des vallées
intérieures “de la Sicile, analogue à ceux que M. M.
Boblaye “et “Virlet ‘ont. reconnu en si grand nombre sur
les rivages de’ la mer en Morée, lesquels ont succédé
au ‘soulèvement des dépôts subappennins. -
IW. Cavernes à ossemens de Belliemts. | ij
Ces cavernes fort rapprochées de-celles de San Ciro
ont présenté à-peu-près les mêmes espèces que celles-ci.
On y a seulement signalé de plus des débris de boeuf ,
analogue au boeuf à front bombé de P'Italie supérieure
et du val d’Arno.:
CINQUIÈME SOUS-SECTION.
Cavernes à ossemens de U’ Italie.
L. Cavernes. à ossemens de Cassana dans le golfe de
la Spezzia, | |
Ces cavernes ouvertes dans le calcaîre jurassique , ont
été décrites par M. le professeur Savy. Elles présen-
tent toujours les mêmes circonstances que celles que
nous avons déjà enumérées. Ainsi, par exemple, elles
offrent une grande quantité de cailloux roulés disséminés
De Ï 2 | __ dans
( 132 )
dans le limon , et un épais glacis stalagmitique qui ree
couvre non-seulement le limon „ mais les ossemens eux-
mêmes, | |
Ces ossemens se rapportent à Pursus speleus, ainsi
qu'à de grandes espèces du genre chat (felis) et à des
cerfs.
Les fentes étroites que lon apergoit dans certains
points de ces cavernes, sont remplies d’un ciment solide
et d'ossemens lesquels y composent, comme dans une
infinité d'autres cavités souterraines, de véritables brêe
ches osscuses. Aussi les uns ont rapporté les dépôts à
ossemens des environs de Gènes aux cavernes à osse-
mens, tandis que d'autres , n’ayant reconnu que les fentes
étroites , les ont assimilé aux brèches osseuses,
SIXIEME SOUS=SECTION,.
Cavernes à ossemens de la France.
Les cavernes à ossemens de la France sont les plus
variées sous le rapport des roches dans lesquelles elles
sont ouvertes. Le plus grand nombre s’y trouve dans
le calcaire jurassique. Une seule y est connue dans un
calcaire inférieur à celui-ci; c'est la caverne de Sallèles.
Quant à celles que l'on observe dans le calcaire marin
tertiaire, leur nombre s’augmente de plus en plus, à
mesure que l'on observe mieux. Il paraft que les ca«
vernes à ossemens ouvertes dans les terrains tertiaires
sont „. jusqu’à présent, à peu près bornées aux contrées
baignées par la Méditerranée, où les bancs pierreux
marins supérieurs ont pris la plus grande extension.
Du
€ 1335)
Du moins on n’en a observé jusqu'à présent que sur
les côtes du midi de la France , ainsi que sur celles de
la Sicile et de llItalie. A la vérité on en a cité deux
dans le bassin de Bordeaux, mais l'on sait que ce bas-
sin , à une distance à-peu-près égale de locéan et de la
Méditerranée , tient le milieu aussi bien par sa position ,
que par les espèces fossiles qu’il renferme, entre les bas-
sins océaniques et Méditerranéens.
Cette particularité, d'’offrir également comme les a
niers de ces bassins, des cavernes à ossemens, n'est
pas le trait d'analogie le moins frappant qui existe entre
la grande vallée de la Gironde, et celles qui se rattachent
d'une manière plus immédiate à la Méditerranée.
Les cavernes de la France ouvertes dans un calcaire
plus ancien que ceux qui font partie du systè:ne juras=
sique, ‘offrent à peine des traces d’hyène. Du moins
jusqu’À présent nous n’y avons observé que deux seules
dents de ce carnassier, et quelques pelottes d’.A/bum
gracum, dans celles de Nabrigas et de Sallèles. Cette
dernière caverne est à-peu-près la seule avec celle du
Vigan qui soit creusée dans un calcaire de transition,
Caverne à ossemens ouverte dans le calcaire
| de transition supérieur.
L Caverne de Salleles (Aude).
Cette caverne est creusée dans une sorte de marbre
d’un blanc grisâtre, lequel repose sur des phyllades mi-
cacés satinés, et sur des schistes argileux de transition.
Les fentes qui y existent sont remplies par des brèches
[3 OS-
Cx 1841
osseuses , “dans. lesquelles>abondent des: cailloux: roulés ‘et
des roches fragmentaires. -Il-en estde même des limons
que lon voit:disséminés sur le sol de:ces-cavités.
Qunique-:les -ossemens -n’y- soient pas trèssnombreux;
ils se rapportênt polste s ‚à une assez ee ka
d'espèces; éen anihiern: Sl” vtt
‚Nous y avons-reconnuús.… … s
1. Les Ursus spelaus, Pitorriê arevoidens et ahmed
2. L'Hyena spelaa. A: |
Les débris „de: ces carnassiers „ «et surtout. ceux: des
hyènes y- sont: peu abondans 3: en effet nous .n’y avons
observé, qu'une seule-dent de cette espèce ; et une sake
pelotte d’ Album gracum, : |
3e Canis ; Lupus Vulpes,
4 Elephass Probablement le primigenius car : jus-
qu'à présent -lê/-meridionalis de Ms Nesti n'a pas été
découvert dans» les cavernes.» Du reste le pew de ‚débris
que noùs en avons berpcontrés- ne haa pas-de résoudre
cette question,
5e Equus caballus ; au“moins. deux-races.
6. Ceryus: Reboulii et Dumasii Nobis.
7. Capreolus Tournalië , Leufroyi Nobis.
8. Antilope Christolii. … Bos taurus et ferus.
g. Un assez grand nombre de restes d’oiscaux.
10, Quelques coquilles terrestres ,. principalement des
Helix ;
Ile Dee débris de lindustrie humaine ‚ mêlés et con-
fondus avec les restes organiques que nous venons’ d’in-
diquer. -
[LL
C 135 j
II, Cavernes à ossemens des environs du Vigan.
Celles-ci récèlent principalement des débris d’ours $
lesquels se rapportent 1. aux Ursus speleus ou Pitorrii
et très certainement d'autres à Parctoideus; 2. quelques
restes de chevaux , avec d'autres qui Manet plusieurs
espèces de cerfs et de beeufs.
/ Fin A al ret
Cavernes ouvertes dans le caleaîre jurassique.
1. Cavernè de Brunniquel (Zarri).
Celle-ci paraît être dans le lias. Nous n’y avons ‘en«
core rencontré que des ossemens de ruminans , savoir
des cerfs et des beeufs, avec quelques débris d'oiseaux,
Les mêmes animaux se rencontrent également dans les
brêches ferrugineuses de cette localité, ce qui prouve
Pidentité de ces deux ordres de phénomènes, |
„IL Caverne dArgo CPyréntes-Orientales).
‘Cetté caverne ouverte dans les ‘couchés les plus Wd
rieures du lias, ne nous a présenté aucune trace de car=
nassiers. Nous y avous seulement reconnu: 1. le Ri
nocéros Tichorinuss; 2. le sus Scropha; 5. P Equus
Caballus; 4. les Bos ferus et Taurus; 5. Ovis Tra-
gelaphus ; 6. les Capreolus Tournalit et [Reboulii, (, Ld
Cette caverne à ossemens est remarquable à la fois
par sa position-et par cette circonstance de présenter
une grande quantité d’ossemens et de limons, tout-à fait
au dehors, s’étendant considérablement sur le sol exté-
Ï 4 rieur
C 136 )
rieur, C'est même au-dehors de la caverne que nous avons
trouvé le plus grand nombre d’ossemens qui.y ont été
amenés de la partie supérieure de la montagne où elle
est creusée,
UI, Caverne de Villefranche (Aveyron).
Cette caverne ouverte dans le lias ne nous a présenté.
aucune trace de carnassiers. Les seules espèces de
mammifères terrestres que nous y ayons découvert , sont
des ruminans.
Nous y signalerons: 1. le Procerus Cribs Nobis;
a. le Cervulus Caronatus Nobis; 3. le Bos ferus.
Ces débris sont accompagnés d’un assez grand nom-
bre de coquilles terrestres , parmi lesquelles on remar=
que principalement les Aelix nemoralis, nitida , cristal-
lina et striata.
IV. Cavernes à ossemens de Bognes (Aveyron).
Ces cavernes ouvertes dans le lias entre Bognes et Mos-
tejuols n'ont encore offert que des ossemens humains et
différentes espèces de cerfs.
V. Cavernes.des environs de Meyrueis (Lozère),
Ces cavernes assez rapprochées les unes des autres ,
sont au nombre de quatre. On les désigne sous les
noms de Nabrigas, de Baume rousse , de Baume claire et
de Baume obscure,
Les deux premières, surtout celle de Nabrigas, sont
les
C 132 ))
les plus considérables „ et celles où l'on découvre en mé-
me temps le plus grand nombre d'ossemens. Elles sont
situées à des hauteurs inégales sur les flancs de la même
montagne , laquelle est surmontée par un plateau de la
plus vaste étendue,
Voici les noms des espèces que nous y avons découe
vertes: 1. Ursus spelaus, Pitorrii et arctoideus ; prine
cipalement les deux premières espèces5 2. felis pardus;
3. hyena intermedia; 4. rhinoceros ; 5. sanglier ; 6. che-
val; 7. beeuf; 8. grand antilope; 9. antilope moyen ;
ro. petit antilope; rr. deux espèces-de cerfs; 12. des
oiseaux. |
Les mêmes limons de la caverne de Nabrigas ont éga=
lement offert dèb ossemens humains de la même date que
les autres ossemens, avec divers produits de lindustrie
humaine, La caverne de Nabrigas est la seule qui ait
présenté lentière série des espèces que nous venons de
signaler. Toutes sont du reste ouvertes dans le lias, ou
le calcaire dolomitique jurassique. (*)
La caverne de Nabrigas nous a présenté des os de très=
jeunes individus du genre ours, aussi peu altérés que
ceux- de Mialet dont nous parlerons plus tard. M. Joly
a également trouvé dans cette caverne une tête de Pursus
arctoideus, qui offrait sur le pariétal gauche une grave
blessure laquelle avait percé la totalité de l’épaisseur de
cet os; elle paraissait avoir été produite soit par un coup
de dent d’un autre ours, soit par un coup de lance,
soit enfin par leffet d'une toute autre arme piquante,
Cette blessure avait du être suivie d'une cicatrice , et
avoir
(*) Voyez l'Echo du monde savant; N°. 29. 1834.
é | 5
*
C 138 )
avoir été guérie comme celles qu’avaïent reu les hyènes
dont nous avons eu l'occasion de parler,
VL „Cavernes de. Fouvent (haute Saône).
„Sous le nom’ commun dé Fouvent on comiprend trois
cavités «différentes „ qui, fort rapprochées les’ unes des
autres „ « offrent. les” mêmes: espèces et les mêmées limons
diluviens. Ces limons- les remplissaient même en tòtalité,
lorsquelles- ont. été découvertes. Long-temps, et avant
que „nous eussions* reconnu celles de Lunel-Vieil, les
cavernes à ossemens de Fouvent étaient les seules qui
fussent connues en France, Mais une fois que nous
avons’-soutenu «que ce phénomène était général , un
grand nombre de pareilles cavités souterräines a été ob-
servé dans notre patrie. Maintenant la France ne wi hirta
à aucun-autre pays, sous ce point de vue.
Ona remarqué qu’à Fouvent, les herbivores y étaient
singulièrement en excès , relativement aux carnassiers ;
du moins par tapport au nombre-de leurs’ individus. -Du
reste , il en est de même , à-peu-près partout.
On a considéré la caverne de Fouvent comme trop pe-
tite.pour avoir servi-d°habitation aux animaux carnâssiers.
Sa- partie supérieure ‘est seulement à environ deux mètres
au-dessous”de ‘la surface: du” plateatr où ellevest “située.
Cette caverne se-trouve. entièrement ‘remplie d’ossemens,
mêlés « avec--une marne jaunâtre et avec des fragmens an-
guleux ;« soit: de- la roche environnante , soit de cêlles du
voisinage. - Le tout était mêlé confusément „et ressem-
blait. aux dépôts diluviens qui recouvrent les planes et
les vallées des lieux environnans. Il n’a manqué à ce
j ES dépôt
(C 139 )
dépôt d’ossemens ‚comme à celuù-que l'on voit dans la
caverne de Bannwell, et danstant- d'autres cavités sou=
terraines „„qu’um ciment:calcaire solide pour. être semblable
à celui que l’on découvre à Nice „à Sète et dans: d'autres
points des bords de la Méditerranée,
‚Ces câvernes ; souvertes «dans: -le second-étage: du gids
caire jurassique „ récèlent des. restes d’éléphant comme
les. autres cavités- dans lesquelles- l'on -découvre sdes hyèe
nes, Voici les noms-des animaux’ qui-y: ont été obsers
vés „dont M-Thiria , auquel, nous -devons’ la:description
de ces cavernes et de celles .d’Echenoz:;a fait connaître
la plus ‚grande partieu 1e! Ursusi-Pitorrii, Jpeleus et
arctoideus.z 2. yfelis-spelea 3-3. hyena spelaa.jet peute
être „une. autre: espèce 5.4. Clephas-primigenius;5.rhis
noceross 6. eguus caballus; 6.-beuf 5 7. cerfs.y ram
espèces. |
VIL. Caverne d'Echenoz (haute Saónt).
Cette cavité, ouverte dans l’étage inférieur du terrain
jurassique, renferme toutes les espèces que l'on voit dans
celle de Fouvént;s on y découvre cependant de plus des
restes de sanglier, et d’une grande espêce de felis, encore
indéterminée „ indépendamment du felis spelea , que l'on
voit aussi à Fouvent. 6 | | |
Ces ossemens y ont été rencontrés au milieu d’une ar-
gile ou limon rougeâtre , laquelle renfermait une grande
quantité de cailloux arrondis à surface lisse , et dont la
grosseur est souvent céphalaire. Ces fragmens sont tous
composés d’un ard lamellaire Ki: ‚ semblable à
celui
C MO )
celui dont sont formées les parois de la grotte et beau-
coup de roches des environs.
Indépendamment de ces cailloux qui ont été évidem-
ment roulés par les eaux, et qui ne peuvent avoir pénétré
dans la grotte que par quelques ouvertures qui se trou-
vaient À'la voûte, et que l'on ne voit plus maintenant ,
on rencontre dans l'argile ossifère des morceaux de sta-
lactites et de stalagmites, dont les aspérités sont usées ,
ce qui montre qu’ils ont été déplacés.
Le limon à ossemens est recouvert partout par une
croute de stalagmite épaisse, On ne trouve pas de cail-
loux arrondis au-dessus de la croute stalagmitique. D’a-
près cela, il est évident que les cailloux arrondis , que
renferme le limon à ossemens, ont été transportés par les
eaux et déposés dans la grotte , avant la formation de la
croute calcaire.
VIII. Caverne à ossemens de Goudenoms (Doubs).
Celle-ci, ouverte dans l'étage moyen jurassique, renfer=
me une assez grande quantité d'ours, Leurs espèces se
rapportent aux Ursus speleus, Pitorrii et arctoideus.
L’on y observe également une espèce du genre Canis
plus petite que le loup , mais bien différente du renard,
Des débris analogues à ceux de nos sangliers , de nos
chèvres et de nos beeufs , accompagnent les premiers os=
semens. Les espèces de ce dernier genre se font remar-
quer par leur petite taille. |
IX.
( Ml )
IX. Cavernes & ossemens doiselles près de Besangon
(Doubs).
Ces cavernes , ouvertes dans le calcaire jurassique „ étaient
connues depuis long-temps; mais elles n'ont acquis une
certaine célébrité que depuis que M. Buckland a reconnu
qu’elles renfermaient une grande quantité de débris d’ours.
Ces ossemens se rapportent aux Ursus spelaus , arc=
toideus et peut-être au Pitorrië. Avec ces ours, T'on
découvre une foule d'autres espèces, mais comme elles
n'ont pas été encore bien déterminées , nous n’en dirons
pas d'avantage. Nl
X. Cavernes à ossemens d’Arcis (Aube).
Ces cavernes ont été indiquées par M. de Bonnard ;
d'après ce géologue le sol de ces cavernes est recouvert
par des limons graveleux surmontés d'un épais glacis
stalagmitiques il a découvert dans ces limons des débris
d’hippopotame , sur la détermination desquels il y a d’au-
tant moins de doutes, qu'il en a déposé les dents dans les
collections du museum d'histoire naturelle de Paris,
XI. Cavernes à ossemens de Miremont (Dordogne).
Ces cavernes seraient ouvertes suivant les uns dans
Pétage le plus supérieur des terrains jurassiques, et sui-
vant les autres dans la craie compacte inférieure. Ces
deux ordres de formation sont tellement rapprochés dans
la série, que ce point de fait est d'une très-faible im-
portance, Il n'en est pas de même de celui des poteries
que
C M2
que. M‚\ Delanoue dit,y-âvoir. découvert dans-dès maärnes
argileuses supérieures au limon à ossemens.…-Ce dernier,
rouge et tenace, offre non-seulement des cailloux roulés
et- des. graviers: , „mais--de plus de nombreux-débris’ de
silex-pyromaque, - Lies ‘ossemens y-sont accompagnés de
coquilles « terrestres 3 lä plupart d’entr'eux “sont brisés-et
fracturés.:- L’on n'y. voit presque point-de stalactites , et
par-conséquent pas.de trace ‚du -glacis-stalagmitique ; sou-
vent si-abondant,dâns les--cavités souterraines. »
‚On-n’a-encore: cité dans les. cavernes de Miremont qüe
Pours à front bombés Ursus. speleus ;» mais il est pros
bable qu’il a y bien d'autres espèces de mammifères ter-
restres.
XII. Cavernes à ossemens de Plombières.
Ces cavités souterraines paraissent ouvertes dans 1e
calcaire jurassique. On n°y a encore cité que trois gen-
res: I. des ours d'une grande taille; 2, de très-grandes
espèces de felis; 3. des cerfs gigantesques.
Il serait curieux de s’assurer si les grands cerfs de ces
cavernes se rapportent ou non au cerf à bois gigantes-
ques, dont les restes sont si fréquens dans les dépôts
diluviens de lAngleterre et surtout de Y'Irlande,
Un beaucoup plus grand nombre d'ossemens que ceux
„que nous venons d'indiquer se montrent ensevelis dans
ces cavernes „sous de grandes masses de stalagmites qu’il
faut rompre pour les en arracher. Aussi paraìt-il que les
richesses géologiques de ces souterrains ne sont pas moins
considérables que.celles des cavernes d'Oiselles , près de
Besangon, |
Ca-
C 143 )
_Cavernes à ossemens dans la dolomte jurassique.
1. Cavernes à& ossemens de Mialet et de Jobertas
(Gard).
Ces cavernes peu distantes lune de l'autre , sont ouver-
tes toutes deux dans la dolomíie jurassique. Elles ren-
ferment également les mêmes animaux, parmi lesquels
les ours sont les plus abondans. Nous y avons néan-
moins observé un assez grand nombre d’espèces , ainsi
que le prouvera la liste suivante: 1. Ursus speleus, Pi-
torrii, arctoideus; 2. Felis pardus, spelunce , prisca
fera, et une analogue au serval; 3. Hyena spelaa ;
4. Canis vulpes; 5e Lepus timidus , cuniculus ; 6. Sus
scropha;s 7. Equus caballus; 8. Antilope, deux espèces
encore indéterminées , l'une de la taille du bouquetin, et
autre de celle du chamois; 9. chèvre (capra); ro. Cer=
vus Reboulii; 11. Capreolus Tournalii, et une autre es-
pèce indéterminge; za. Bos ferus, taurus et intermes
dius ; 13. divers débris d'oiseaux, se rapportant à quatre
espèces , lune de la taille d'une oie très-grande , autre
de celle de l'aigle noir; quant aux deux dernières , leur
grandeur et leurs autres caractères les rapprocheraient de
Veffraye et de nos perdrix ; 14. enfin avec ces débris or-
ganiques , nous n’avons observé qu’une seule, coquille „
laquelle a paru se rapporter à Zwnio margaritifera,
Des ossemens humains de deux époques bien distinc- |
tes; les uns, ce sont aussi les seuls que l'on découvre
‘dans les limons inférieurs, de la même date que les dé-
bris des ours qui leur sont associés ; les autres récens „
et aussi ensevelis non dans les limons , qui offrent des
cail=
CIM )
cailloux roulés ou des roches fragmentaires , mais dans
les terres meubles qui les recouvrent.
L’on y a également découvert divers produits de l’in-
dustrie humaine; tels que des os et des dents despèces
perdues percés et travaillés de différentes manières „ des
bracelets et des poteries grossières. L’on nous a montré
une petite figurine romaine, que lon a prétendu y avoir
découvert avec les autres objets d'industrie humaine, et
cela dans les mêmes terres où sont les ossemens humains
récens. Quant aux fragmens de poteries disséminés de
la maniêre la plus confuse avec les débris d’ours, tout
annonce que ces fragmens y ont été entraînés à la même
époque que ces animaux. Les uns et les autres se«
raient donc de Ja même date, et il en serait également
des ossemens et des dents travaillés par la main des
hommes. Mn
Certains ossemens des ours, appartenant aux espèces
perdues que nous avons déjà indiquées, sont extrême-
ment peu altérés; ils sont même tellement semblables ,
sous le rapport de leur conservation, aux os frais,
qu’on les dirait, pour ainsi dire, d’hier. Cette particula-
rité se remarque principalement aux os qui ont dépendu
de très-jeunes individus; elle est au contraire assez rare
chez les os des individus adultes.
C 15
IV. Cavernes & ossemens , ouvertes dans la craie
compacte inftrieure,
L. Cavernes de Fausan, ou Aldenne, près Minerve
(Hérault).
Ces cavernes sont ouvertes dans la craie compacte infé.
craie ou calcaire secondaire gris à Nummulithes. Cette
rieure , compacte repose immédiatement sur un câlcaire noi=
_râtre semi-cristallin de transition.
‘Les ours s°y montrent les plus nombreux; mais leurs
débris n’existent pourtant que dans deux seules cavernes,
quoiqu’il y en ait plus de cent dans la même vallée. A
la vérité ces dernières ont leurs ouvertures pratiquées
de manière qwelles n'ont pu recevoir ni les dépôts dilu-
viens , ni les ossemens5 dès lors, l'on ne doit pas être
_surpris de ne pas y en découvrir la moindre trace,
_L’une de ces cavernes paraft avoir plusieurs lieues
d’étendue; aussi les ossemens s’y mentrent-ils à une
fort grande distance de Pouverture qui nous est connue,'
Les débris d’ours des cavernes de Fausan se rappor4
tent aux mêmes trois espèces, que nous avons si souvent *
indiquées, savoir: zr. aux Ursus Speleus , Pitorrië ct
arctoideus; 2. à une espèce du genre Canis, très rap-
prochée du chien ordinaire; 3. à une espèce du genre
Hyena; 4. au Felis Pardus; 5. au Lièvre et au lapin 3
6. à PElephas primigenius; 7. au Cheval 5 8. à plusieurs
espèces de cerfs , dont les débris sont trop brisés pour
‚être reconnaissables,
Des potéries et des verres Émaillés y ont été rencon-
K tés
CMB )
trés dans ìes mêmes limons, où existent les restes des
ours. Tout porte à croire qu’ils sont de la même
date que ces débriss et d’autant plus que nous avons
découvert un fragment d'un verre émaillé dans l'intérieur
du crâne d'un Ursus Pitorrii- Il pâraft en être de
„même des ossemens d'espèces perdues travaillés par la
„main des hommes, et qui ont été trouvés dans les mêe
mes limons, que ceux où gissent les débris des ours.
IH. Cavernes de Bize et de P’Hermite (Aude).
Ces cavernes ouvertes dans les couches supérieures
des calcaires öolithiques , ou dans la craie compacte infée
rieure, n’offrent qu’un petit nombre d'espèces , et sur=
tout d'individus de carnassiers. Nous n’y avons encore
appergu qu'un seul fragment d'ours. Les débris des
herbivores y sont au contraire des plus nombreux „ sur- |
tout ceux qui se rapportent aux chevaux , aux cerfs et
aux beeufs.
Ces débris forment souvent dans Pintérieur de ces
cgvernes comme une masse ossifère ; où les os sont beau=
coup plus abondans, que le ciment qui les réunit. On
peut done dire que ces masses sont de véritables pâtes
osseuses, qui ont cela de particulier, de ne renfermer
que des os brisés, fracturés de mille manières différen-
tes, et disposés de la manière la plus confuse. En ef-
fet, auenn d’eux n’a aucun rapport de position avec
celle qu’ilgoeccupe dans le squelette; mais il y a plus
encore, il est rare que plusieurs os d'une même espèce
soient rapprochés dans le même fragment.
Ces masses ossifères n'ont rien de commun avec les
brè-
C MI )
brêches osseuses, qui ont rempli les fentes étroites des
cavernes de Bize et de 1’Hermite; comme partout ail-
leurs, ces brèches renferment presqu’uniquement de pe=
tites espèces de mammifères terrestres , et par conséquent
des débris de rongeurs.
__L’on n’y voit presque jamais en effet des restes
d’animaux de la taille des chevaux et des boeufs 5 l'étroi-
tesse de leurs ouvertures en est la cause, Enfin dans
cette caverne , comme dans plusieurs autres „ les ancien-
nes alluvions ont fixé à la voute une assez grande quan-
tité de débris de enquilles et de mammifères terrestres.
Parmi ces débris, nous en avons détaché la partie infé-
rieure “d'un fémur d’aurochs „et d’un humerus. humain.
Les coquilles, qui leur étaient mêlées, se rapportaient
aux Helix nemoralis, nitida, et au Cyclostoma elegans.
Avec ces coqullles et les ossemens humains , lon trouve
également un grand nombre d'objets travalliés par la
main des hommes, comme des fragmens de poteries „ et
même, ce qui est plus remarquable, des ossemens d’es=
_pèêces perdues,
Voicìi Penumération des débris organiques que nous y
avons observé: 1. Vespertilio murinus et auritus; 2.
Ursus arctoideus ; 3. Canis Lupus, c. Vulpes; 4. Felis
Serval; 5. Lepus timidus, Cuniculus; 6. Mus campes=
ris major; 7e Sus scröphas 8. Equus caballus de
plüsieurs races; 9. Cervus Destremit et Reboulii ; 10.
Capreolus Leufrossi; 11. Capreolus Tournalii et une
espèce indéterminées ra. Antilope Christolit; 13. Capra
agagrus; 14. Bos ferus, Taurus; 15. des oiseaux de
familles très différentes, par exemple, les uns apparte-
fant à des carnassiers de la taille du moyen duc ou
K 2 hi-
Base
( 48)
hibou, d'autres de celle de Vépervier commun; des gallie
nacés de la grandeur du faisan commun , de la perdrix ,
et d'autres de celle du pigeon ordinaire ; enfin des oiseaux
palmipèdes de la taille du cygne, |
Des coquilles marines et terrestres accompagnent ces
ossemens; parmi les premières, nous y avons reconnu
la Natica mille-punctata; le Buccinum reticulatum ; le
Pectunilus glycimeris; le Pecten jacobaus et le Myti-
lus edulis; nous pouvons signaler. parmi les secondes:
les Helix nemoralis, hortensis lucida nitida; le Bulis
mus decollatus, et.le Cyclostoma elegans.
V. Cavernes à& ossemens ouvertes dans les calcaires
tertiaires marins.
1. Cavernes ouvertes , ou dans le calcaire marin ter-
tiaire inférieur au gypse Ccalcaire grossier) ou dans le
calcaire marin supérieur au gypse (calcaire moëllon).
A. Cavernes des environs de Bordeaux.
1. Caverne de U Avison près St. Macaire (Gironde).
1. Hyaena probablement la spelea; 2. Ursus meles;
3. Canis lupus; 4. T alpa; 5. Mus rapproché du cam-
pagnol (Mus arvalis); 6. sanglier; 7. boeuf; 8. cerf;,
plusieurs espècesz gy. d'assez nombreux débris d'oi-
seaux; 10, des mollusques terrestres, du genre des
helix. | | arr la
IL.
C 149 )
IL. Cavernes de Haux , au pied du côteau de Cour-
couyat ou des Clottes près de Bordeaux (Gi-
ronde).
L'on y a découvert des débris de chevaux , de boeufs ,
de plusieurs espèces de cerfs, ainsi que’ dês restes de
mammifères terrestres , dont les espèces sont étrangères
au pays où ces cavernes sont ouvertes } ces espèces n'ont
pas encore été déterminges. |
Ces cavernes étaient au moment de leur découverte
remplies de dépôts diluviens, très chargés de graviers et
de cailloux roulés. Tout ce que nous pouvons dire,
c'est que Pune et autre de ces cavités sont ouvertes
dans un calcaire “marin tertiaites mais nous ignorons à
quel ordre de formation se rapporte cette roche, Il pâ=
raft cependant que ce calcaire se rattache plutôt aux for-
mations tertiaires inférieures qu’aux supérieures.
a, Cavernes ouvertes dans le calcaire marin tertiaire
supérieur , ou calcaire moëllon.
A. Cavernes à ossemens de Lunel-Vieil près Monte
pellier (Hérault.
Nous ignorons encore les véritables’ ouvertures de ces
cavernes; nous n’y sommes parvenus que par un par
accident, c'est à dire que parce qu’on a enlevé une
énorme masse de pierre, qui en formait une des parois
“latérales.
Cependant à en juger par la grande quantité de li-
mons, de graviers et de sables qu’elles renfermaient ,
les ouvertures de ces cavernes devaient être considé=
_rables.
K 3 | Les
C 150 )
Les limons à ossemens chargés d'une grande quantité
de galets quarzeux et calcaires , s’y montraient distincte-
ment stratifiés. Dans les plus inférieurs seulement , Fon
voyait des débris de poissons et de coquilles de mer;
mais ces corps-appartenaient évidemment au calcaire glo-
baire dans lequel ces cavernes sont ouvertes , et n’annone
aient pas, comme on avait supposé, que les limons
graveleux „ dans lesquels ils étaient disséminés , y eussent
été transportés par des eaux marines.
Les ossemens y étaient, comme partout ailleurs , bri-
sés et fracturés3 peu. d’entr'eux paraissaient avoir été
roulés, et peu également montraient des indices d’avoir
été rongés. …Cependant il en était plusieurs sur lesquels
on appercevait des traces , qui ressemblaient à des coups
‚de dents. Les éclats et‚les fragmens osseux étaient en
nombre extrèmement considérable, dans certaines parties
de ces limons. ‚La manière, dont ils avaient été séparés
des os, dont. ils avaient fait partie , annongait une action
violente et assez prolongée. |
On a cité un seul exemple de parties , qui étaient en-
core articulées et dans leur position naturelle. Ces par-
ties se rapportaient à une tête de cheval, suivie de plu-
sieurs vertèbres cervicales, Tout ce que nous pouvons
dire à cet égard, c’est que nous n’avons jamais rien ob
servé de semblable, malgré la constante attention , que
nous avons apportée dans la direction des travaux „ que
la recherche des ossemens a nécessitée, |
Quant ‘aux pelotes d'album grecum, elles étaient fort
abondantes dans ces cavernesz elles paraissaient comme
amoncelées dans les parties les plus inférieures , et con‚
tre les parois de ces cavités où se trouvait également la
plus
C KE ))
plus „grande quantité „de „cailloux roulés-et de graviers.
‚Nous (avons découvert, „dans plusieurs de ces pelottes,
des. fragmens osseux ‚bien distincts,'et même une petite
phalange de rongeur encore -entière, D’après les «diffé-
rentes formes „et la grosseur de ces pelottes, elles ne
„semblaient ‚pas se rapporter toutes à une seule-espèce 3
da plupart pouvait fort bien provenir-des hyèness mais
il en était. une; foule d'autres. „qui dérivaient probablement
des-loups „des „renards ou «des chiens, animaux qui ont
aussi l'habitude de ronger les os.
Comme les, cavernes de Bize et tant d’autres „ que
hous. pourrions’ citer „ vcelles de Lounel-Vieil avaient de
trop Ppetites dimensions ‚pour permettre aux animaux ,
dont „nous y vavons” découvert ‘les débris , d’y habiter,
d’y vivre, en supposant-quecela fut dans leurs habitu-
des. En second lieu, s’ils y avaient été transportés
par. des shyènes., «on ‘par d’autrescarnassiers „ il n’y au-
rait certainement spas eu tant d'espèces différentes, sur=
tout des plus formidables parmi ces mêmes carnassiers.
„Ce qu'il y a de certain, c'est que les traces de lace
tion ‚des eauxs qui avaient transporté les limons à osse=
mens dans. ces cavités, y étaient des plus évidentes-
D'abord de nombreuses fentés étroites, ou -des trous
«peu considérables, remplíis d'un. limon srougeâtre très
tenace , venu de dehors, lequel , presque sans graviers et
sans cailloux roulés, les encomblait à peu près généra-
lement. Toutes les parois étaient arrondies, et un gla-
cis stalagmitique peu épais existait sur les parties’infé-
rieures et latérales de «ces cavités. Enfin du côté par
où paraissaient s’être introduits les dépôts diluviens ,
abondaient les corps les plus pesans , c'est à dire „ les
K 4 ga-
C 152 )
galets , les graviers , les ossemens , les pelottes d'album
grecum, tandisqu’à lextremité opposée on n’observait
plus que des sables plus ou moins fins, presque sans
aucune trace de débris organiques.
Enfin ces cavernes ont démontré plus qu’aucune autre,
Finfluence qu’avait exercé la grandeur de leurs ouvertu=
res, sur les corps qui s'y étaient introduits. Les fentes
et les trous étroits n'ayant pas permis aux corps d’un
certain volume de passer par leurs ouvertures , étaient
aussi uniquement remplis d’une terre rougeâtre d’une
finesse extrême, la même que celle qui composait les
limons à ossemens de intérieur, Cette terre devait
probablement sa grande finesse à ce qu'elle avait été en
quelque sorte tamisée à travers les fentes étroites , par
lesquelles elle s’était introduite dans l'intérieur de cette
caverne, | |
Les ossemens, disséminés dans les souterrains de Luunel- «
Vieil, se rapportent à des carnassiers et à des herbivo=
res. Les premiers, assez nombreux en espèces , létaient
fort peu en individus; il en était tout le contraire des
herbivores. Les individus de ces derniers s’y montraïent
hors de proportion avec les carnassiers, surtout ceux
des chevaux , des boeufs et des cerfs,
Aucune différence appréciable ne se remarquait entre.
l'état et la conservation des ossemens des carnassiers et
des herbivores; il paraissait pourtant que les os de ces
derniers étaient généralement un peu plus entiers et moins
brisés. —
Les recherches analytiques les plus délicates n'ont pré=
Senté non plus aucune différence entre les os des car-
nassiers et des herbivores.
Le
C153 )
Les différentes espèces que nous avons découvert dans
les cavernes de Lunel-Vieil , sont les suivantes.
Ï. Carnassiers,
1. Ursus speleus, arctideus, meles; 9. Mustela
putorius , lutra ; 3. Canis familiaris, Vulpes; 4. Vie
verra genetta; 5. Hyena spelaa, prisca, intermedia ;
6, Felis spela, Leo-pardus , Serval , ferùse
IL. Rongeurs..
Ie Castor danubii; 2. Mus compestris major; 3e
Lepus timidus , Cuniculus,
UI. Pachydermes et Solipèdes.
1. Elephas primigeniuss 2. Sus scropha, priscur ;
3. Rhinoceros incisivus , minutus; 4. grs caballuús ,
plusieurs.
IV. Ruminans,.
2. Ceryus, au moins quatre espèces; 2, Ovis tragen
laphus ;- 3. Bos ferus, intermedius ét taurus; plu
sieurs races distinctes.
Oiseaux.
r. Strings a. Loxia; 3. Ardea; 4. Anas olor. Les
débris, qui se rapportaient à cette dernière espèce , éraient
les seuls déterminables spécifiquement.
Reptiles.
1. Testudo graeca; 9. Rana marina,
K 5 P Oise
CAA j)
_Peissons.
I. Sgualus Cornubicus, Vulpes glaucus; 9. Raja,
espèce indéterminée.
Coquiìles terrestres,
1e Helix variabilis, Rhodostoma , nemoralis frutie
oum ; 2. Bulimus decollatus ; 3. Cyclostoma «elegans;
4. Paludina vivipara. Gi |
Coquilles marines,
1. Ostrea, Une espèce indéterminée; Pecten oper-
cularis et une autre espèce indéterminable; 3. rca
Nol; 4e Balanus tintinnabulum , miser.
Insectes,
1. Carabus; 2. Trichius; 3. Cetonia; 4. Helops ;
5. Chrysomela,. Nous n’avons pas pu reconnaitre à
quelles espèces de ces différens genres se rapportaient
ces insectes. |
Cavernes à ossemens de Pondres et de
Souyignargucs.
Ces deux cavernes sont ouvertes dans le calcaire ma-
rin tertiaire supérieur, ‘ou calcaire moëllon. Elles
sont lune et l'autre peu considérabless les ossemens de
celle de Pondres “sont non seulement dans Yintérieur de
cette cavité , maisaussiau dehors. Les limons sablonneux
et graveleux , dans lesquels sont disséminés ces débris or-
ganiques, s°y montrent «en couches bien distinctes , en
__ de-
( 155 j)
dehors de ces. mêmes souterrains, et les ossemens y
sont tout aussi abondans que daus leur intérieur.
Des ossemens humains et des poteries s'y montrent
mèêlés aux nombreux débris des nani terrestres „
parmi lesquels l'on à reconnu:
Ie Ursus arctoideus et meles; 2. yana spelea,
avec des pelottes d'album grecum ; 3. Lepus timidus
et-cuicunius; A. Rhinoceros minutus; 5. Equus Cabal-
lus; 6, Cervus de la division des Cataglochis, et,‚de
la taille de PElaphes 7. Bos ferus , Taurus; 8, Oiseaux
de l'ordre des Gallinacés; 9. des Mollusques terrestres ,
principalement du genre des Melix,
Nous avons cherché à nous assurer dans les nombreue
ses cavernes à ossemens, que nous avons visitées dans le
midi de la France, si leurs entrées ou leurs ouvertures
n’étaient. pas comblées par des fragmens anguleux des
roches , provenant des lieux les plus voisins , afin de con-
naître Y’époque à laquelle ces cavités auraient été fermées.
Nous avons constamment observé un seul et même limon
qui en remplissait l'intérieur et en bouchait les ouver»
tures , du moins dans les cavernes , qui se trouvant dans
leur état primitif , n’avaient point encore été fouillées,
C'est surtout une observation que nous avons eu l’oc-
_casion de faire dans les cavernes de Bize, de Nabrigas et
de Lunel-Vieil, Toutes ces cavernes étaient en grande
partie obstruées, ‘et la dernière même était totalement
fermée par des cailloux roulés ou des roches anguleuses,
provenant d'une certaine distance. Ainsi, par exemple,
les dépôts diluviens des cavernes de Lunel-Vieil m’ont
paru de la même nature, et provenir des mêmes lieux
ds _que
C 156 )
que ceux, que lon voit disséminés eu si grand nombre
sur la plaïne de la Crau. |
Toute la différence, qui existe entre ces deux dépôts
diluviens , consiste en effet dans la diversité de grosseur
des cailloux roulés; car leur nature , et par conséquent
les formations auxquelles ils appartiennent Pun et lautre,
est la méme. Ainsi, ces cailloux que l'on voit généra-
lement céphalaires dans la Crau, sont à peine pugillaires
à Lunel.Vieil , par suite de la plus grande distance, que
ces derniers ont parcouru, La même inondation, qui a
transporté les cailloux de quarz „ de grès vert, de cal-
caire jurassique et d’eau douce sur la Crau, ainsi que
sur les plaînes des environs d’Arles et de Nismes , s’est
également étendue sur la plaine des environs de Mont-
pellier , en allant se terminer à la Méditerranée, et s’ar-
rêtant à l'ouest vers la rive gauche du Lez, cette rivière
étant eu quelque sorte sa dernière limite dans cette direction.
Aussi, lorsqu’après avoir traversé la Crau, on se
dirige vers Arles , puis vers Nismes , et enfin vers Lu--
nel , on voit toujours les mêmes espèces de cailloux rou-
lés dlsséminés- dans les“dépôts diluviens; mais à mesures
que lon s’éloigne de la Crau, on les voit constamment
diminuer de grosseur , en même tems que leer nombre
diminue considérablement. Il y a plus, certaines roches
‘roulées „ déja fort. rares dans la Crau, le sont bien plus
à mesure que lon s'en éloigne , soit que déja réduites
à de petites dimensions dans cette plaine , leur volume
ait été encore diminu锓dans leur transport subséquent
pour être appergues, soit que disséminées sur de plus
grands espaces ; elles soient plus difficiles à rencontrer.
' Ces
hand
(157 )
Ces roches à peu près uniquement des variolites ver=
dâtres, ou des variolites de la Durance , sont aussi les
seules’, que nous n’ayons pas su retrouver ailleurs.
A part ces variolites déja si rares dans la Crau, qu’un
assez grand nombre d’observateurs ont prétendu qu’il
n'y en existait point, toutes les roches que Pon voit
composer les cailloux roulés si abondans sur cctte plais
ne , se montrent également dans les cavernes de Lunel.
Vieil , et même dans les dépôts diluviens des environs de
Montpellier, du moins dans ceux, qui se trouvent audelà
du Lez; telle est, par exemple, la variëté de quarz nom-
mée aventuriné. (*)
Si donc «il est un fait constant dans les cavernes du
midi de la France , c'est que, quoique les limons , dans
lesquels on y découvre des débris organiques , soient
analogues aux dépôts diluviens des lieux environnans ,
les cailloux roulés et les roches fragmentaires, que l'on
y découvre, proviennent d'une trop grande distance,
pour être attribués aux effets produits par les inondations
actuelles. Or sí d'un autre côté tout démontre , que les
ossemens humains disséminés dans ces mêmes limons, ont
été transportés avec les caillours roulés, qui les accom-
pagnent, il s’ensuit que ce transport doit avoir eu lieu
postérieurement à existence de l'homme.
Ceci n'empêche point, que les limons à ossemens ,
ainsi que les cailloux roulés et les roches fragmentaires ,
qui les accompagneht constamment , quoique appartenant.
à une seule et même période „-n'aient été entrainés dans
les
(*) Voyez notre mémoire sur la Grau. inséré dans ceux du
museum d’histoire neturelle de Paris , seconde collection.
C 188 )
les cavernés successivement „ et à plusieurs époques diffé-
rentes , comme aussi’ de diverses manières; car il en a
été de ces limons comme des dépôts diluviens qui, ap-
partenant à une même période , n’en ont pas moins été
dispersés à des époques différentes, et plus ou moins
éloignées les unes des autres.
CHAPITRE II.
Des fssures à ossemens, ou des brèches osseuses.
Nous avons prouvé que le. phénomène du remplissage
des cavernes à ossemens était du même ordre et dépen-
dait des m@mes causes , que celui des fentes verticales.
Il suffit du reste de visiter les cavités souterraines , où
il existe en même temps des fentes étroites , pour en être -
convaincu ; car tandis que l'on voit les ossemens des
grands animaux disséminés sur le sol, les fentes étroites
se montrent remplies. par les débris des: petites espè-
ces ‚ empatés dans un ciment plus ou-moÎns endurci.
Peu de ces fissures , qui ne dépendent point de cavités
plus-considérables, ont été découvertes depuis les travaux
de Cuvier ; tandis que depuis lors de nombreuses: caveres
nes. à ossemens ont été observées dans- toutes les parties
du monde, La différence , quit existe à cet égard tien=
drait-elle à ce que la position des brêches osseuses est
beaucoup moins variée, que celle des cavités qui récèlent
des. débris. organiques’,- lorsque. les, deux ordres de phé-
| uomè.
(159 )
nomênes’ ne: sont: pas. réunis-.dans. la: même localité; c'est
du’ moins:ce que les faits amènent à penser.
‘Quoiqu’ik-eu soit, nous allons. tracer l'énumératlon
des différentes fissures- à ossemens „où des brèêches osseu-
ses se sont consolidées, et en’suivant la même marche ,
que nous avons adoptée „ dans Pénumération des cavernes,
Nous ne comprendrons- pas dans cette liste. les fissures
à ossemens de Baillargues , de St. Antoine, et de Ven-
dargues près de Montpellier , quoiqu’elles aient été con=
sidérées par un jeune géologue , comme se rapportant à
la dernière période géologiques En effet ces fentes ne
sont remplies ni par les mêmes dépots diluviens , ni par
les mêmes espèces d’animaux , que l'on voit-à Lunel»
Viel et à Sète, et sont tout-à-fait de l'époque actuels
he (ty
Il y a d’autant moins de doutes à cet égard, que les
animaux, que lon découvre dans ces feutes „se rappor=
tent aux espèces, qui vivent encore sur notre sol; ce
sont uniquement des loups, des renards „ des putois„
des fouines, des moutons , des: lièvres et des lapins 5
ce qui prouve encore leur nouveauté „c'est que l'on n°y
observe pas le moindre débris de cerf , genre qui n’a
cependant ‘disparu. de nos contrées méridionales que de=
puis peu de temps. |
La plupart des brêches osseuses actuellement connues
se trouvent donc , comme à l’époque de Cuvier „ situées
sur les côtes de la méditerranée. On en voit peu ail-
leurs; c'est ce qui explique le petit;nombre de celles
dé-
(*) Observations générales snr les Brèches osseuses, par: Jurzs
DR Grnrsror. Montpellier 1834.
( 160 )
découvertes depuis les observations ‚ que nous devons À
ce grand naturaliste , par suite de cette position , qui
est à peu près générale, les fissures à ossemens sont
aussi ouvertes pour la plupart dans les divers étages des
formations jurassiques. On ne connaft guère en effet
que les brèches de la Sardaigue et de la Sicile, qui soient
dans les terrains tertiaires ou supra-crétacés.
SECTION L
Des brèches osseuses de V Allemagne,
1. Brêches osseuses de Koestriz (Saxe). — Mr.
Schlotheim, qui a décrit ces brèches, y a observé un assez
grand nombre de débris de mammifères terrestres „ les-
quels s'y trouvent mêlés à des ossemens humains , ainsi
qu’a des potéries.
Cet observateur y a signalé: zr. des Rougeurs , soit
Lièvres , soit Lapins ; eo, un EÉdeuté colossal rapproché
des Tatous et appartenant au genre perdu des Mggathé-
rium; 3e des Pachidermes , des genres Mastodonte ,
Rhinocéros et Cheval (equus)5 4. des ruminans se rappor-
tant À différentes espèces de cerf; 5, des dèbris d’oie
SCauxe
SECTION: KM.
Des brèches osseuses de. Dalmatie,
Les brèches de cette contrée „ éparses sur différents
points, occupent toute la côte de la Dalmatie Vénitien-
fe s-
C 16E )
ne, elles y remplissent soit les grandes fentes verticales
qui s'y trouvent, soït les fentes horizontales. Chaque
amas d’ossemens est incrusté de calcaire concrétionné ou
stalagmitique.
L’on n’y a encore indiqué que différentes espèces de
cerf3 mais il est infiniment probable que la population
de ces brèches n'est pas bornée à ces animaux.
el |
SEC EION IIL
Des brèches osseuses d'Italie.
1. Brèches osseuses du Cap Palinure dans le royau-
me de Naples.
L’on n’y a encore. signalé que différentes espèces de
ruminants, encore indéterminées; certains débris des
animaux de cette famille ont pourtant été rapportés à
une espèce de cerf intermédiaire , entre l’Elaphe et ’Elan.
Un grand nombre d'ossemens s’y montrent réunis
dans une grotte creusée À Vextrémité d'une des fentes
verticales, où les brèches osseuses se sont consolidées,
Cette circonstance , que l'on observe dans une foule de -
cavités souterraines „ se montre également en Dalmatie,
ainsi qu’à Ronca et dans le Véronais. Elle indique la
liaison ou le passage des brèches aux cavernes , passage
qui est tel, que souvent il est fort difficile de distinguer
ces. deux - ordres de formations,. En effet, les cavernes
à ossemens ne diffèrent guère des fissures ou des fentes
verticales , que pafceque plus spacieuses, elles coupent
moins fréquemment le plan des couches, et offrent aussi
L une
C 162 )
une plus grande quantité de débris de grands mammifères
terrestres. Ces débris se rapportent également beaucoup
moins, dans les brèches osseuses , à. des portions con-
sidérables du squelette.
HM. Brèches osseuses de St, Jean Wiavione Wicence).
L’on n’a encore cité‚ comme se trouvant dans ces
brêches, que différentes espèces de cerfs.
IL. Brèches orseuses du Vérouais et de Ronca dans
le Vicentin.
Les ossemens de ces brêches s’y trouvent épars dans
des fentes verticales, lesquelles coupent le plan des
couches, aïnsi que dans des cavités caverneuses qui
coincident avec elles, _
__L’on y a rencontré une espèce du genre chien (canis),
laquelle est encore indéterminée ; avec ces débris de car-
nassier, l'on y a observé plusieurs espèces du genre
boeuf, dont une était peut-être analogue à PAurochs (Bos
ferus).
IV. Brèches osseuses d'Ulivette , près de Pise.
M. Pentland y a indiqué la présence d’un carnassier 5
nous ignorons, non seulement à quelle espèce se rap-
porte ce carnassier, mais encore quel est le genre dont
il dépend. Les débris des lièvres et des lapins y pa-
raissent fort nombreux, comme du reste , dans la plû-
part des fissures à ossemens; il en est de même des
débris des Ruminants, particulièrement ceux des cerfs.
On y a signalé une espèce de ce genre , remarquable.
par
CMB)
par sa petite taille, ainsì- que par des molaires entourées
à leur base de collets saillants, analogues à ceux que
lon voit aux dents des cerfs de l'Archipel des Indes.
Des coquilles terrestres, ptincipalement des Aelix et
le Cyclostoma eélégans accompagnent et sont mêlées de
la manière la plus confuse avec les débris des mammie
fères terrestres. | |
SEG LELION. IV.
Brèches osseuses du Piémont.
1. Brèche osseuse de Nice, 8
Ces brèches renferment un grand nombre de débris de
mammifères, principalement des rongeurs, analogues à
nos lapins, à nos campagnols, à nos rats d’eau. On
y a cité également plusieurs carnassiers; les uns se
rapportent à quelque grande espèce du genre chat „ felis
soit lion, soit tigre, d'autres à une petite espèce du
même genre, et enfin les derniers à la panthère ou à
une espèce voisine. Parmi les pachydermes,.ou y a
signalé des rhinocéros, des chevaux de grande taille,
supérieure même à celle de nos plus grands chevaux de
carrosse. Les ruminans y offrent aussi plus d'espèces ;
ou y découvre en effet: zr. plusieurs espèces de cerfs ,
dont certaines ont leurs molaires entourées à leur base
de collets saillants , comme ceiles des cerfs de lArchipel
des Indes; e. des moutons ou des antilopes d’une taille
moyenne ; 3. un bélier ou une espèce analogue; 4. un
genre voisin du lama, du moins autant que lon peut
en juger par sa formes 5. un grand beeuf.
L 2 Ou
C 164 )
On y a encore cité: 1. des débris de reptiles , parti-
culièrement une tortue de terre, voisine de la testudo
radiata de la Nouvelle-Hollande; 2. des coquilles terres-
tres appartenant aux Aelix algira , vermiculata, némora-
lis, lapicida , nitida et cristallina; enfin des coquilles
marines des genres Pecten et Patella.
Les brèches osseuses, que l'on observe dans la colline
du chateau @ Nice , paraissent avoir été en partie une
caverne, qui a été détruite par les travaux des carrières „ .
qu'on y a exploitées de tout temps. Ainsi létude des
faits de détail, comme celle des faits généraux, conduisent
également À considérer ces deux ordres de phénomènés
comme identiques, les cavernes et les fissures à osse-
mens. |
On a observé également dans. les environs de Nice
plusieurs autres localités , dans lesquelles Pon voit des
fissures à ossemenss certaines de ces brèches osseuses
sont au moins à 5oo pieds au-dessus de la Méditerranée.
Elles sont agrégées par un ciment rougeâtre et souvent
cellulaire à petites cavités , enduites d’une couche de car-
bonate de chaux. La plupart contiennent des fossiles
‚ marins et par exemple dans celles de Villefranche „ on a
trouvé des débris d'une, Caryophyllia, Ou s’est peut-
être trop pressé d'en couclure, que ces brèches osseuses
avaient dû être formées sous la mer, ce que leur éléva-
tion est loin d’indiquer, lors même que l'on n’aurait pas
égard aux circonstances, dont nous avons parlé en nous
occupant des cavernes de Bize et de Lunel-Viel.
SEC-
C 165 )
SECTION Ve
Des brèches osseuses des iles de la Méditerranée.
I, Brèches osseuses de Pile de Cérigo.
L'on n’y a encore reconnu que des ruminants des
genres cerf et boeuf,
II. Brèchés osseuses de Maridolce de San-Ciro ie de
Palerme et de Syracuse en Sicile.
Les ossemens s’y montrent tantôt dans des fentes
verticales „ tantôt dans de petites cavités d'une faible
étendue, ainsi qu’à Syracuse et à San-Ciro,
II. Bròches osseuses de Sardaigne.
L’on y a découvert: zr. une musaraigne, ou du
moins un carnassier insectivore , du genre sorex; 2. un
lagomys ‚plus grand que le Zagomys ogotonna S mais
plus petit que le Jagomys alpinus et que celui de Corse ;
3. des lapins d'an tiers plus petits que les nôtres 5; 4.
plusieurs espèces. de campagnols, dont lune est assez
semblable aux rats d'eau et l'autre au Schermaus; 5, un
reptile analogue au Iézard vert du nord de la France,
Enfin Fon assure y avoir trouvé comme à- Bize*un my-
tilus mêlé aux autres débris organiques. Cette décou-
verte a été faite dans les brèches osseuses de Cagliari ,
Jesquelles sont à r5o pieds au dessus de la mer dans des
L 3 fen-
C 166 )
fentes et des petites cavernes d'un terrain suprà-cré-
tacé,
IV. Brèches osseuses de Corse.
Ces brêches n'ont encore offert que des débris de
rongeurs, de ruminants et de reptiles. Les premiers y
sont réprésentés: zr. par. un Jagomys assez voisin du
lagomys alpinus ou lièvre sans queue de Sibérie; 2. par
__des lapins de la taille de nos lapins sauvages ; 3. par un
rat voisin du Mus amphibius, mais d'une plus petite
taille. Les seconds vappartiennent à des cerfs de la
taille du -daim3 quand aux reptiles , ils se rapportent àÀ
ce qu'il paraft à une tortue de la Zestudo centrata de
Scheepfer. | |
SEC TENO NM VL
Des brèches osseuses de la France.
| |
1. Brèches osseuses d°Antibes.
Les ossemens „ ensevelis dans les fissures de cette loca-
lité, sont peut-être encore plus brisés et plus fracturés
qw’ailleurs, Certaines d’entre eux y paraïssent comprie
més et comme broyés par une grande force de pression,
Les ossemens disséminés dans ces fissures paraissent ap-
partenir à des espèces distinctes et diverses , suivant les
localités et les fissures où on les observe,
Consolidées dans les fentes du calcaire jurassique, les
brêches osseuses d'antibes récèlent de nombreux galets
de
nn
(C 167 )
de Dolomie compacte grisâtre, Le ciment qui a réuni
ces galets et les ossemens, qui les accompagnent , est _
d’un rouge moins prononcé, que eelui des brèches osseu-
ses de Nice, Cela ne fait pourtant pas, que toutes ces
brèches des bords et des côtes de la Méditerranée
n’aient un air de ressemblance et une identité de compo-
sition réellement remarquables. |
Nous y avons observé: 1, des chevaux d'une grande
taille; 2. plusieurs espèces de cerf‚ les uns de la taille
de VElaphe, les autres de celle du Daim, et les autres
plus petite; 3. un mouton ou mek mais avec beau-
coup de doute,
IH. Brèches osseuses de Sète ou Cette (Herault). (*)
Les débris des rongeurs sont de beaucoup les plus
abondants dans les brèches de Sète: surtout ceux qüi
se rapportent aux lièvres et aux lapins. Il y existe au
moins deux races de ces derniers, les uns de la taille
de nos lapins et d'autres d’un tiers plus petite. L'on
y voit également des campagnols et d'autres espèces de
rats. Ces brèches récèlent également des débris d'un
palaothérium , peut-être du médium et des restes de
' che-
(*) Nous aurions pu citer également ici d’autres fissures du
mème département, dans lesquelles ou découvre quelques osse-
mens; mais nous avons été d’autant moins portés à le faire
que ces ossemens se rapportent tous à des animaux de notre
époque, ainsi que nous l'avons déjà fait observer. Ges fissures
sont celles de Baillargues et de Vendargues près Montpellier ,
ainsi que celles de Gignac et d’Aliguam le vent près Pézénas,
L 4
N
(168 )
chevaux. Lies autres mammifères terrestres se ver ad
tent à plusieurs espèces de cerf et au mouton. ’
Les oiseaux des brèches de Sète ont appartenu à trois
familles (*), savoir : 1. à un passereau de la taille de
la Bergeronnettes 2e. à un gallinacé de fla stature des
eigeons; 3. à un palmipède de la grandeur des Goen-
lands (Larus), Des débris de reptiles les accompa*
gnent: «t. des tortues de terre de petite taille oe. des
serpens de la grandeur de la couleuvre commune, En-
fin des coquilles terrestres des genres Aélix et pupa,
ainei que le Zulimus décollatus sont mêlés de la manière
la plus confuse aux restes de tous ces animaux,
L’on a encore cité dans ce même département des
brèches à ossemens à St. Pouss mais depuis que nous
avons vu ces prétendues brèches , nous avons reconnu
d’abord , qu'elles n’étaient point disséminées dans des
fissures ou dans des fentes, mais bien disposées dans
une couche stalagmitique et à la surface du sol. Dès-
lors il s?en suit qu'on ne peut les considérer comme de
véritables brèches osseuses, __Du reste sous un-autre
rapport elles ne sauraient être assimilées aux brèches que
nous décrivons: car les débris des animaux, qui y sont
enveloppés; appartiennent à des animaux de notre épo-
que. Cette formation, dont l'étendue n'a pas quatre
mètres, n’a également aucune importance sous ce dernier
“point de vues cependant si ces calcaires concrétionnés
avaient roulé dans des fentes, de manière à y réunir des
Os-
(*) mi nous paraît plus conforme à l’étymologie d’écrire Sefe
que Cette ; eependant cette dernière orthographe a prévalu,
quoique la montagne de Sète soìt le Esyfov dpog de Strabon.
C 169 )
„ossemens anciens , quelque petite qu’eut été Pétendue de
cette formation , nous n’aurions pas omis de lindiquer.
SECTION VIL
Des brèches osseuses de P Espagne.
I. Brèche osseuse de Concud près Cerruel en Arragon.
L’on n’y a encore observé que des pachydermes et
des ruminans; les premiers se rapportent à des chevaux
remarquables par leur petite taille; les seconds dépendent
des trois genres cerf, boeuf et mouton. Ces derniers
se font égalemeut remarquer par leur petitesse.
IL. Brèches osseuses de Gibraltare
„D'après Mrs. Spix et Martius , ou découvrirait dans
les brèches osseuses de Gibraltar différents objets de
Pindustrie humaine, mélangés avec les ossemens des ani-
maux. Ils y ont en effet trouvé des cloux de fer, des
morceaux de verre dans l'intérieur même du ciment qui
a réuni les os et les cailloux roulés, (*) Ainsi d'après
ces faits, comme d'après ceux que nous avons déjà
énumérés, la formation des brèches osseuses et des ca=
vernes à ossemens aurait eu lieu postérieurement à Vap-
parition de homme et même à linvention des arts.
Les brèches de Gibraltar n’ont encore offert que des
débris de rongeurs et de ruminans. Un genre très voi-
| | sin
(*) Voyage à Bresil. Année 1823.
L 5
C MO 3
sin des Zagomys bmrees les premiers , aìnsì que deux
espèces de lapins, Pune três voisins de nos lapins or-
dinaires et l'autre beaucoup plus petite; deux espèces de
cerfs, dont lune très grande et autre de la taille du
daim signalent les seconds. |
En un mot, les brèches osseuses comme les limons à
ossemens des cavernes et les brèches ferruginenses , dont
nous allons nous occuper , sont des formations produi-
tes par les mêmes causes, et qui se rattachent à une
même période, celle de la dispersion des dépôts dilu-
viens. Ces diverses formations semblent avoir été opé-
rées par des eaux courantes, qui, en descendant de pla-
teaux plus élevés sur des plateaux inférieurs , ont en-
trainé avec elles les débris des animaux disséminés sur
le sol, et les ont ensuite entassés dans toutes les cavités
et les fentes qui ont pu les recevoir. Ces.débris orga-
niques mis à Pabri des agens extérieurs par le durcisse-
ment du ciment des brèches, qui les a enveloppés de
toutes parts, soit par le glacis stalagmitique répandu sur
le limon de la plupart des cavernes , se sont beaucoup
mieux conservés que ceux qui se trouvaient disséminés
au milieu des dépôts extérieurs.
Quoique les fissures à ossemens aient été remplies par
les mêmes causes que les grandes cavités souterraines ,
elles sembient cependant plus boruées à de certaines lo-
calités que celles-ci, toutes les fois du moins qw’elles ne
dépendent pas des cavernes. Ou les voit en effet con-=
stamment répandues à Pextrémité de certains versans ,
comme si elles n’étaient dues qu'à des causes locales ,
dépendantes de la configuration et de lélévation de ces
mêmes bassins, Ainsi la plupart de ces brèches os-
seu=
é tj
seuses ss montrent à peu près uniquement sur les bords
occidentaux et septentrionaux de la Méditerranée, comme
dans un vaste bassin ou une sorte de Caspienne, alimen-
té par les eaux qui arrivaient des monts des collines en-
vironnantes et de tous les points élevés.
B
thd CHAPITRE [IL
Des brèches ferrugineuses.
Les brèches ferrugineuses ne diffèrent des brèches os-
seuses que par la nature de leur ciment, qui est beau-
coup plus ferrugineux. Cette circonstance tient à la
grande quantité de minerai de fer hydroxidé pisiforme ,
qu’elles renferment : quelquefois cette quantité est si
considérable „ que ces brèches fournissent un des meil-
leurs et un des plus riches minerais de fer,
Elles remplissent également de leurs dépôts , soit des
fissures „ soit des fentes, soit des cavernes ; mais elles
communiqueut toujours avec la’ surface du sol. On ne
les -voit donc jamais recouvertes par aucune roche stra=
tifiée, tout au plus par des terrains d'attérissement 3 et
Pon sait qu’il en est de même des limons des brèches et
des cavernes à ossemens.
Enfin les brèches ferrugineuses ne se sont guère pro.
duites que dans des roches calcaires , principalement
dans les assises des terrains jurassiques, comme les
brèches osseuses proprement dites. Ces circonstances
jointes Àà lidentité des débris organiques que les unes et
| | les
CT )
les autres renferment, annoncent assez la communauté
de leur origine et de leur formation.
SCEICT TON: L
Des brèches ferrugineuses de la Carniole.
M. Necker de Saussure a reconnu dans les mines de
fer oxidé pisiforme, qui se trouvent dans de grandes
fentes verticales des calcaires jurassiques de la Carniole ,
des débris de ursus spelaus. «Cette circonstance à por=
té les observateurs , à considérer ces mines de fer pisi-
forme, mines qui sont exploitées , comme étant de vérie
tables brèches ferrugineuses à ossemens 5; nous adopterons
leur manière ‘de voir. Il paraît aussi que dans le district
de Wochein , on a découvert des ossemens de mammie
fères terrestres dans des circonstances semblables.
SE GTE ON TL
_ Des brèêches ferrugineuses du Waurtemberg.
M. Schubler a reconnu dans les mines de fer pisie
forme de Salmandingen un grand nombre de débris de
mammifères terrestres , de -genres et despèces perdues.
Aussi depuis lors, les géologues ont-ils- rapporté ces
mines de fer aux brèches ferrugineuses. Nous admettrons
assez cette opinion, quoique nous ignorions cependant
si.ces fers en grenaille si rencontrent dans des fentes où
dans des fissures, comme les autres brèches ferrugineuses
dont nous avons déjà parlé.
_ Quoie
FD
Quoiqu’il en soit, M. Schubler y a reconnu: 1. un
assez grand nombre de pachydermes , parmi lesquels il
a signalé des Mastodontes , des Rhinoctros , des Lophio=
dons et des chevaux. S’il en est ainsi, les brêches du
Wartemberg nous fourniraient un second exemple de la
présence d'un genre de mammifères inconnu dans la
nature actuelle que l'on avait cru comme les paleothe-
rium particulier aux terrains tertiaires. Ainsi, les Jophio-
dons et les paleothérium, quoîque ayant été beaucoup
plus nombreux pendant cette période qu'à l'époque qua-
ternaire, ne seraient in ern pas exclusifs aux forma-
„tions tertiaires.
Des ruminans du genre cerf accompagnent ni les
débris des pachydermes, que nous venons de signaler.
SECTION IIL
Des. brèches ferrugineuses de la Suisse.
L’on a enfin cité de nombreuses bréches ferrugineuses
en Suisse. IÌ ne paraft pas cependant , que Pon y ait
reconnu des ossemens; mais comme il est probable
que Pon y en découvrira comme ailleurs, lorsqu’on y
fera des recherches, nous nous bornerons à en men-
tionner les principales localités. Ainsi on en a indiqué
dans les environs de Bâle, ainsi. qu’auprès de Délé-
mont, de Lucel, et dans plusieurs lieux du canton
d'Aran.
S E C-
crd 5
SECTION IV.
Des brèches ferrugineuses de la France.
Les brèches ferrugineuses paraissent assez abondantes
dans une foule de contrées calcaires de la France, par-
ticulièrement dans le Jura et l'Alsace , mais les fissures qui
renferment des minérais de fer pisiforme , récèlent-elles
en même temps des ossemens de mammifères terrestres ?
C'est ce qui paraît d'autant plus probable que la plu«
part des brèches ferrugineuses observées avec soin en ont
présenté. Ainsi d'après Mrs, Chiniel et Walchnaer, il
existe dans le nord-ouest du Jura (Haute-Saône) et dans
les environs de Bäâle, deux dépôts différents de minerai
de fer pisiforme, dont lun provient probablement en
grande partie de la destruction partielle de l'autre , qui
se trouve entre les terrains öolitiques et les terrains ter-
tiaires. Le dépôt le plus récent. contient quelquefois
des restes de rhinocéros et d'ours, D’après cette der-
nière circonstance, sa formation paraît être de la même
époque géologique que les brèches osseuses,
PREMIÈRE SOUS-SECTION.
Des brèches ferrugineuses de Cherval , près
Besancon (Doubs)
Il paraft que Ton a rencontré dans ces brêches, un
assez grand nombre de débris d'ours, qui se rapportent
à Pursus speleus. |
SECONDE SOUS-SECTION.
Des brèches ferrugineuses de Brunniquel (Tarn).
Dans les mêmes lieux, où lon découvre les cavernes
à
ee
A ossemens de Brunniquel , existent également des brè-
ches ferrugineuses, qui récèlent les mêmes animaux,
Dans les unes et dans les autres ou trouve des débris
de ruminants du genre cerf , et de grands oiseaux. Cette
identité, jointe au rapprochement des fissures de ces ca-=
vités, indique assez la conformité de formation des unes
et des autres. Cette opinion paraît surtout extrèmement
probable , lorsqu’on visite les localités où l'on decouvre
et “ces cavernes et les fissures remplis de brèches ferru= _
gineuses , qui en dépendent. Enfin outre les fentes , dont
nous venons de parler, dans lesquelles se sont consolí-
dées des brèches osseuses et ferrngineuses, avec des
débris d'animaux terrestres, il parait qu’il y en a d’au-
tres, qui ne renferment que des animaux marins. Ces
animaux semblent ne pas différes de ceux , qui vivent
actuellement dans la méditerranées aussi y-a-teil lieu de
croire, que la brèche qui les récèle a été Formée àÀ la
même époque que les brèêches osseuses. Quand à la
circonstance de ne renfermer que des espèces marines „
elle peut tenir aux canses que nous avons déjà énumé-
rées. Nous attendrons, du reste, pour nous expliquer
À cet égard , d’avoir en l'occasion de visiter ces brêches
à animaux marins. Enfin ee qui confirme leur rappro-
chement avec les brèches osseuses, c'est que les caractè-
res des substances minérales , qui entrent dans leur com-
position „ sont analogues à celles , qui composent les cail-
loux roulés ou les roches fragmentaires des dépôts dilu=
viens des lieux environnants.
p |.
LIVRE IV.
‘_ DES CARACTÈRES GÉNÉRAUX DE LA POPULATION DES
CAVERNES ET DES PREUVES , QUI FONT SUPPO-«
SER ‚ QUELLE A PÉRI POSTÉRIEUREMENT
RL, APPARITION DE L’HOMME.
P our donner une idée exacte des caractères de la po-
pulation, ou de ensemble des êtres , qui ont été entrai-
nés ou ont vécu dans les cavités souterraines , nous 7
‚ croyons nécessaire d'en tracer le tableau général , en in-
diquant seulement d'une manière sommaire les localités
où lon en observe les débris. (*) Nous dresserons ce
tableau d'après les principes de classification adoptés
maintenant; cette marche étant la pls simple et la plus
com-
(*) Ainsi nous indiquerons par E les espèces obseryées dans
les cavernes de l'Europe, en les distinguaut par les deux pre-
mières lettres qui commencent les noms des diverses contrées
de ce continent, Quand à celles qui n'ont été observées en-
core qu'en Amérique, nous les signalerons par les deux lettres
majuscules NM et celles de la Nouvelle-Hollande par les lettres
NH. Quand aux ossemens humains et aux-produits de notre
industrie, nous ferons connaître nommément les cavernes où
ils ont été rencontrés.
C 197
commode pour asseoir une opinion sur les caractères gé-
néraux de cette population et pour se faire une idée
juste des espèces qui la composent.
CHAPEER Ek
Tableau général des divers animaux dont les débris
ont été observés dans les cavernes des divers
CONLÔNENS.
1. BIMANES.
1. Ossemens humains découverts en Amérique dans
les cavernes du Kentucki avec des restes de ‘mégalonys,
d’ours , de cerfs et de bisons. |
2. Ossemens humains, découverts en Europe „dans les
cavernes de Kuloch et Zahnloch , en Franconie, mêlés
comme les précédens à des débris d'espèces perdues,
3. Ossemens humains, découverts en Europe „ dans les
cavernes de la province de Liège en Belgique, toujours
avec les mêmes circonstances.
4» Ossemens humains , découverts en Europe, dans les
cavernes de Burrington , en Angleterre , constamment ac-
compagnés des mêmes faits,
5. Ossemens humains découverts en Europe dans les
_cavernes de Scaham deni, en Angleterre, avec les mêmes
circonstances que ceux des cavernes précédentes.
M 6.
CMR)
6. Ossemens humains, découverts. en Europe „ dans les
cavernes de la Lozère (Sz) particulièrement dans celle
de Nabrigas , avec des animaux d’espèces pérdues.…
7. Ossemens humains, découverts en Europe, dans
les cavernes du Gard (France), principalement à Mialet
et Àà Jobertas , toujours dans les. mêmes circonstances.
8. Ossemens humains, découverts en Europe „ dans le
département de PAnde, particulièrement à Bize, avec
les mêmes faits. A:
g. Ossemens humains , découverts dans les cavernes de
PEurope , dans le département du Gard , principalement
dans celles de Pondres et de Souvignargues , toujours
comme dans les précédentes.
Nous allons indiquer également d'une manière som-
maire les diverses cavités souterraines , dans lesquelles
‚on a rencontré divers produits de Pindustrie humaine.
Ces produits ayant la même importance pour la fixation
de la date des dépôts diluviens, qui ont été entraînés
dans les cavernes.
1. Produits de lindustrie de Phomme découverts en
Europe dans les cavernes de Kuhloch et de Zahnloch en
Franconie avec des ossemens humains. j
a. Produits de lindustrie humaine , découverts en Eu-
rope „ dans les cavernes de Mendipp , en Angleterre. Les
principaux de ces produits se rapportent pour la plupart
comme ceux des autres cavités souterraines , à des po-
teries noirâtres, extrêmement grossières. Ces poteries
sont formées de terres qui n'ont pas été lavées, ni cui-
tes au fond , mais seulement séchées au feu, et peut-être
seulement au soleil. Ces poteries semblent, du moins
d'aprés leur couleur , leur forme et la nature de leur
pâ-
C 179
pâte, appartenir aux temps antérieurs à l'introduction des
arts” dansles Gaules.
3. Produits de Pindustrie humaine, découverts en
Europe, dans les cavernes de la France, d'abord à
Sallèles , dans le département de l'Ande,
Produits de lindustrie humaine; découverts égale-
ment en France, dans les cavernes de la Lozère, prin-
cipalement dans celle de Nabrigas.
5. Produits de industrie humaine, découverts égale-
ment en France , dans les cavernes de Miremont, dans -
la Dordogne.
6. Produits de industrie humaine , découverts de même
en France, dans les cavernes de Fausan (Hérault).
7. Divers produits de Pindustrie de Phomme , décou-
verts en France, dans les cavernes de Bize, dans le dé-
partement de Aude,
8, Produits de industrie humaine, observés en Fran-
ce, dans les cavernes de Pondres et de Souvignargues
(Gard) et cela dans lès mêmes circonstances que ceux
dont nous avons déjà parlé. En effet ces produits , com-
me les ossemens humains, sont mêlés aux débris des es-
pèces perdues „ et on voit les uns et les autres ensevelis
et confondus dans les mêmes limons.
g. Bois et ossemens d’espèces perdues , travaillés par
la main des hommes ,.découverts également dans les lie
mons de plusieurs cavernes, particulièrement dans celles
de Bize , de Mialet , de Nabrigas et de Fausan.
Il paraft donc bien établi, soit d’après ces faits , soit
d'après ceux que nous avons énumérés dans nos diffé-
rents travaux „ que homme a été contemporain des es-
pèces perdues , disséminées avec ses débris , dans certaines
M 2 des
(180 )
des cavernes À ossemens de l'Europe, Mais n’anticipons
pas sur ce que nous aurons à dire sur cet objet impor-
tant.
tn
mn
1. MAMMIFÈRES TERRESTRES.
1. CARNASSIERSe
1. Cheiroptèrese
1. Vespertilio murinus. E.
Ve auritus. E.
a, Insectivorese
zr. Erinaceus europeeus. E.
a. Sorex. E. On a cité deux espèces de ce genre dans
la Belgique. |
3. Talpa europaea.
IL. PLANTIGRADES.
1. Ursus spelaus. Cuvier. Ee
Pitorrië nobis, giganteus ? een Ae E.
priscus. Cuvier. Ee.
arctoïdeus, Cuvier. Ee.
cultridens, eu etrascus? E‚ Il y a de Yin-
certitude sur la véritable détermination de
cette espèce d'ours; qui, du reste , n'a été
jamais indiquée que dans les cavernes de la
Sicile,
gulo. Linné, E.
meles. Linné. E.
Plu-
338)
Plusieurs espêces d’ours ont été signalées comme se
trouvant dans les cavernes à ossemens du Nouveau-
Monde. Mais comme on n'en a point encore détermi»
né les espèces, nous nous bornerons à les mentionner.
Les premières espèces d'ours que nous venons d'indi-
quer sont les plus abondantes et les plus généralement
répandues, Elles le sont même tellement, dans certaines
cavernes , qu'elles en caractérisent essentiellement la popu=
lation. Telles sont par exemple , en Allemagne, les ca=
vernes de la Franconie et une infinité de celles de la
France , parmi ‘lesquelles nous citerons celle de Fau-
san, du Vigan, de Miolet, de la Lozère et d’Oselles.
Quand à Pursus eultridens ou etruscus, on ne la
encore rencontré que dans les seules cavernes de Syra-
cuse en Sicile, |
a. Le grison E (Wiverra vittata. Linné.) Cette
espèce de plantigrades n'a été observée , jusqu'à présent „
que dans les cavernes de la Belgique.
DiIGITIGRADES.
t. Mustela putorius. Linné, Le putois. E,
lutra. Linné. La loutre, E.
vulgaris. Linné. La belette. E,
2, On a également cité quatre espèces de martres dans
les cavernes de la Belgique; mais comme on n’a
point encore fait connaître leurs noms précis , nous
nous bornerons à cette indication. Du reste, les
espèces de ce genre sont généralement peu répan-.
dues dans les cavernes à ossemens.
M 3 3e
MENS.
C 182 )
3e Canis familiaris, Linné. ou une espèce fort rap-
prochée. E.
lupus. Linné. E‚
vulpes. Linné. E, |
Les deux dernières espèces sont les ne, que Pon
retrouve assez fréquemment dans les cavernes à osse-
‚ Viverra greet Linné, Cette. espèce, est. assez
rare parmi les débris d’animaux, que l'on découvre
dans les cavités- souterraines., E.
5. Hyena spelea, Nobis. E,
prisca. Nobis. E.
intermedia. Nobis. Ee … … :
ie hyènes avec leurs excrémens sont-assez rive
tes dans certaines cavernes, pour avoir fait. supposer
que Yétrange rassemblement des animaux, qui leur sont
associés , était dû à leur voracité. Nous avons vu.ce
qu'il en était de cette supposition. . Les principales ca«e
vernes à hyènes, sont, en Angleterre , celles de Kir=
dale, et en France, ceîles de Lunel-Viel, Comme le
nombre des espèces d’hyènes humatiles n'a été fixé
que depuis les travaux que nous avons publiés avec Mrs
Dubreuil et Jeanjean, nous ignorons si les différentes
espècês de ce genre sont généralement repandues. Nous
le présumons pourtant, les ayant. retrouvées dans les
autres cavernes de nos contrées méridionales , découvere
tes depuis celles de Lunel-Viel,
6. Felis spelea. Nobis. E.
antiqua. Cuvier. E,
prisca. Cuvier. EÉ.
leo.
C :M43 7)
Felis-leo. Linné. E.
pardus. Linné, E,
serval. Linné. E.
ferus. Linné, E.
HI. MARSUPLAUX,
1. Dasyure. (Dasyurus). Cuvier. NH. …
2. Kanguroos. (Macropus). Cuvier. Trois ou quatre
espèces dont une d'un. tiers plus grande que le
Kanguroo géant. NH, Koks:
3. Phascolome Wombat. (Phascolomys ,.… Géoffroy. vel
didelphis ursina), Une seule espèce. NH.
4. Halmathurus. Cuvier. Deux espèces. NH.
5. Kanguroorat. (Hypfiprimnus Hiliger.) Une seule es-
_pèce. ‚N H.
6. Phalangiste. (Balantia illiger.) NH.
7. Koala. NH. ; WO)
Tous ces genres de la famille des Marsupiaux n’ont
été encore indiqués que dans les cavernes de la Nou-
velle-Hollande, où leurs analògucs existent encore. Les
observateurs qui les ont signalés , ne nous ont point
fait connaître à quelles espèces se rapportaient les
Dasyures, les Kanguroos, et les Phascolomes humatiles
de ce continent. Il est néanmoins certain „ que parmi
ces espèces, il en est une , qui paraît n’avoir plus de
réprésentants--parmi celles qui vivent maintenant en Au
stralie, c'est le Kanguroo , dont la taille est de beaucoup
supérieure à celle du Kanguroo géant.
M 4 IV.
C 184 )
IV. RONGEURS.
Ii, Castor Danubii. (M. Géoffroy St, Hilaire.) Cette
espèce n'a encore été observée que dans les caver-
nes de Lunel-Viel et de la province de Liège. E,
a. Mus amphibius. Linné. Le rat d'eau. E.
campestris major. Brisson. E.
arvalis. Linné. ou le campagnol. Ee
sylvaticus. Le mulot. E.
rattus. Linné, Le rat. E,
musculus. Linné. La souris. E.
3. Sciurus vulgaris. Linné. L’écureuil, E‚
A. Lepus timidus, Le lièvre. E.
cuniculus. Le lapin. E.
Ces dernières espèces sont les seules , répandues à-pcu=
près universellement , dans les cavités souterraines. Les
autres n’y sont guère qu’accidentellement. |
5. Cavia aguti. L’agouti ordinaire observé uniquement
dans les cavernes de la Belgique. E.
f V. EZDENTÉS.
1. Megalonyx Jeffersonnii. NM,
lagueatus. NM.
La première de ces espèces avait pee la taille
de nos beeufs. "
a. Megatherium, NM.
Les espèces de ces deux genres perdûs n'ont été ren-
contrées que dans les cavernes du Nouveau-Monde , con-=
tinent, où la famille des édentés a de nombreux répré-
sentants. Le seul genre des megatherium a été cepen=
| dant
C 185 5
dant observé en Europe, dans les fissures à ossemens de
Keestriz.
VL. PACHTDERMES.
TI. PACHYDERMES PROBOSCIDIENS.
1, L'éléphant, dont Pespèce, découverte dans les caver-
nes de l’Australie , paraît toute particulière, NH.
a, Elephas primigenius. Blumenbach. E. Cette espèce
est assez commune dans les cavernes à ossemens.
On en a cité une autre dans les cavernes de Chokier s
et on lui a trouvé quelques analogies avec T'éléphant
des Indes. |
3. Mastodonte. (Mastodon.) Une espèce encore indé-
terminée , appartenant à ce genfe > a été observée
dans les cavernes du Kentucki, dans le Nouveau-
Monde, NM. | |
IL. PACHYDERMES ORDINAIRES.
1, Hlippopotamus major. Cuvier. E.
2e Sus priscus, Nobis. E,
scropha. Linné, Le sanglier, E.
minutus. E.
3e Rhinoceros tichorhinus. Cuvier. E,
incisivus. Cuvier; Schleiermachert de Mr.
Kaup ; megarhinus de M. de Chris=
tol. E.
L'on a également signalé dans les cavernes de Cho-
kier, en Belgique , des débris de deux espèces de rhino-
céros qui paraîtraient différer de ceux-ci, L’une de ces
M 5 es
CM )
espèces. serait analogue au rhinocéros bicorne d’Afrique,
et Fautre à Vunicorne d’Asie,
Les pachydermes sont du reste assez répandus dans
les cavernes à ossemens 5; moins cependant les hippo-
potames que les autres genres. En effet, Pon n’a en=
core observé les hippopotames que dans les cavernes de
Kirdale „en Angleterre , de Syracuse et San-Ciro, en Si=
cile, ‘et dans celles d'Arcis en France. Mais les espè-
ces. de ce genre se trouvant ainsi dans plusieurs con=
trées, il est probable, qu’à mesure qu’on portera plus
d’attention sur leur détermination „, le nombre des lieux
où Pon en découvrira les débris „ s’augmentera considé=
rablement,
III. PACHYDERMES SOLIPÈDES.
‘1. Eguus caballus. Linné. Le cheval. E.
asinus. Linné. L’âne. E,
minutus. Nobis. E.
Les débris des -chevaux caractérisent , d'une manière
essentielle , la population dispersée dans les cavités sou-
terraines. On les voit du moins A-peu-près dans" toutes ,
et leurs individus sont des plus nombreux. Cette es-
pêce a du être modifiée par l'homme, avant d'avoir été
enträfnée dans les: souterrains , où l'on en observe les
restes:-car elle y' présente des races distinctes et diver-
ses, races que l'homme seul a le pouvoir de produire.
VIL.
C 187 )
VIL. RUMINANS.
I. RUuMINANS à BOIS.
Ee Catoglochis,
te Ceryus Destrenni, Nobis: E.-
Reboulië, Nobis. 'E,
_Dumasii. Nobis. E.
Quatre autres espèces encore indétermínées.
2, Dama vulgaris. (Cerviis dama.' Linné). Tee daim. E.
Une autre espèce , au ‘moins appartenant à ce genre. E.
3. Procerus tarandus, Nobis. (Cervus tarandus, Lin-
né). rLe rennè, EE,
caribeus. Nobis. E.
_2e Anoglochis.
1. Alees vulgaris. Nobis. (Cervus alces. Linné.)
L'élan. E. wenden
a. Capreolus Tournalit. Nobis. E,
Leufroiji. Nobis. E.
Une autre espèce , au moins encore indéterminée,
3. Cervulus coronatus. Nobis. E.
3. Ruminans à cornes creuses.
t. Antilope Christolii. Nobis. BE,
Il existe au moins trois autres espèces d’antilopes de
taille diverse «dans les èavernes 5 mais comme nous ne
sommes pas complètement fixés sur leur détermination „
nous n'en’ dirons pas davantage,
C 188 j
2. Capra egagrus. Linné. La chèvre, E,
On a ecru en reconnaître plusieurs autres espèces dans
les cavernes de la Sicile.
3e Ovis tragelaphus. Linné. Le mouton ou moufflon
de Corse,
Peut-être existest-il d’autres espèces de ce genre dans
les cavernes à ossemens. Quoiqu’il en soit, les débris
des moutons sont généralement en petit nombre dans
les souterrains où on les observe, E.
4. Bos ferus, vel urus de Gmelin; laurochs. E.
intermedius. Nobis. E.
taurus. Linné. Le boeuf domestique. E.
bubalus. Linné. Le bufle. E.
americanus. Gmelin, Le bison. NM.
Cette dernière espèce a été uniquement rencontrée dans
les cavernes du Nouveau-Monde. Les bos ferus et tau
rus sont les plus communs et les plus répandus dans
celles de Y'Europe. La dernière de ces deux espèces,
analogue à nos races domestiques , s°y montre modifiée
et présente des races distinctes et diverses comme les
chevaux. Enfin on a cité, dans les cavernes de Syra-
cuse, en Sicile , des débris d'une espèce de boeuf ana=,
logue à lespèce à front bombé de Italie supérieure et
du val d'Arno,
IL. MAMMIFÉRES MARINS.
1. Dugong: nous croyons pouvoir rapporter à ce
genre lespèce indiquée par M. Schmerling sous le nom
d'hipppootamus minor de Cuvier; car il est bien démon-
tré maintenant. que cette espèce, loin d'appartenir aux
mam-
C 189 )
mammifères terrestres, est un mammifère marin, assez
rapproché du’genre Dugong. Mais les débris que M.
Schmerling dit se trouver dans les cavernes de la Belgi-
que, n’y sont, ainsì que nous l'avons déjà fait observer,
que parce qu’ils ont été détachés des formations préexis-
tantes.
OI. OASE AUX,
Les débris d'oiseaux signalés, jusqu'à présent, dans
les cavernes à ossemens, se rapportent principalement à
cinq familles , savoir : aux oiseaux de proie , aux passe-=
reaux, aux gallinacés , aux échassiers et aux palmipè-
des, Les espèces qui appartiennent aux deux premières
de ces familles sont les plus nombreuses et les plus uni-
versellement répandues avec celle des palmipèdes.
IV. REPTILES.
Les reptiles , découverts dans les cavernes „ se rappor-
tent aux trois familles des ophidiens , des chéloniens , et
des batraciens. La première y est signalée par une cou-
leuvre , la seconde par une tortue, analogue à la testudo
greca, et la troisième par un crapaud voisin du rana
marina de Gmelin.
V. POISSONS.
Les débris des poissons qui ont été observés jus-
qu’à présent dans les cavernes à ossemens, se rappor-
tent à des espèces marines qui caractérisent les forma-
| tions
C 190 )
tions tertiaires, Aussi ne s’y trouventeils que d'ufise: fide
nière. tout-àsfait accidentelle „et parcecqu’ils ont éeéraé.
tachés des terrains auxquels ils.appartenaient, …: >
On cité dans les-cavernes de la hdi des écail-
les de. poissons de mer; et plusieurs dents de squales.
Les dents de ce poisson cartilagineux se rencontrent
également dans celles de Leunel-Viel, Elles y ont signalé
les sgualus cornubitus „ vulpes et glaucus. Différentes
portions d'une raie, d'une espèce indéterminée, princi-
palement des fragmens de-palais , y ont été aussi obser-
vées , avec une de-ces portions.osseuses qui se trouvent
dans le cerveau. de certains poissons,- Cette pièce se
rapprocherait beaucoup par-sa forme allongée du on
lebrus hanteer en: de. M, Risso. «>
VL MOLLUSQUES.
IL. CoQUILLES TERRESTRES:
a. Helix nemoralis.
| fruticum.
variabilis.
rhodostoma.
_ nitida,
Lucida,
a. Bulimus decollatus.
3. Cyclostoma elegans.
4. Paludina-vivipara.
IL, CoQUILLES FLUVIATILES.
I, Unio margaritifera. |
UL.
C 191
II. CoQUILLES MARINES:
ie Natica millepunctata,
a. Bweeinum reticulatum,
3. Ostrea. Une espèce encore indéterminée,
4. Pecten jacobaus. | | RA
opercularis. { Une espèce indéterminge. À
ze Peetuneulus glyeimeris. weed
6. Mytilus edulis.
7. Arca-Noe.
8. Balanus tintinuabulum.
miser.
Parmi les différentes coquilles que nous venons d'indi-
quer „ les seules espèces terrestres et fluviatiles nous pa=
raissent de la même date que les ossemens. Il n'en est
pas de même des marines; en effer, à exception des
Natica, des Buccinum, des Peetunculus, des Mytilus
et du Pecten Jacobeus, les autres sont d’une toute
autre époque , appartenant à la période tertiaire,
Il est donc temarquable que toutes les coquilles huma-
tiles de la même date que les ossemens „ appartiennent
sans exception à des espèces actuellement vivantes, et
vivantes même près des lieux où gissent leurs débris.
Ces faits confirment puissamment ce que nous avons
déjà dit, relativement à la nouveauté de la dispersion des
dépôts diluviens.
VIL. ZNSECTES.
Ï. CARNASSIERS.
ri. Carabus.
IL.
C 192 j
IT. LAMELLICORNES:
Le Trichius.
2. Cetonia,
III. STÉNÉLYTRES.
r. Helops.
IV. Cycriques.
I. Chrysomela.
Quoique nous n’ayons pu déterminer exactement les
espèces d'insectes des cavernes de Lunel-Viel, nous pou-
vons dire cependant que leurs formes rappèlent plutôt
celle des espèces de nos régions, que des contrées loin-
taines. Il est probable, qu’à mesure qu'on observera
mieux les débris organiques des cavernes, Pon y dé-
couvrira des insectes, comme nous lavons fait dans
celle de Lunel-Viel, que nous avons fait fouiller avec la
plus grande attention.
D'après les tableaux précédents, les causes qui ont
entrafné dans les cavernes et les fissures à ossemens
les animaux que l'on y voit accumuiés , n’ont donc nul-
lement transporté et mélangé les espèces d'un continent
avec celles d'un autre, En effet, les cavités souterraines
de chaqu= continent ont leurs espèces particulières , ana=
logues à celles qui y vivent encore, Ainsi les méga-
lonyx n'ont été rencontrés, du moins jusqu’à présent,
que dans les cavernes du Nouveau-Monde , comme les
Dasyures, les Kanguroos, et les Phascolomes , dans
celles de la Nouvelle-Hollande. Cependant , tandis que les
cavernes de l'ancien continent n’offrent aucune trace des
mastodontes que l'on découvre dans celles de 'Améri-
que,
CC 4985)
que, lon en voit néanmoins des débris dans les brèches
osseuses et ferrugineuses de Europe 3 aussi la population
accumulée dans ces fentes est-elle encore plus singulière
et plus anomale que celle des cavernes.
Ainsi d'une part, lon y découvre des restes d’un
édenté d'une taille colossale rapproché des tatous , et
ayant appartenu à un genre perdu , celui des mégathe-
rium; de l'autre, on y voit des débris de trois genres
également éteints, c'est-à-dire, des mastadontes, des
palaotherium et des Jophiodons. La présence de ces
deux derniers genres èst d’autant-plus remarquable , dans
des formations aussi récentes , que long-temps „ et lors-
qu'on attachait une importance trop exclusive aux dé-
bris organiques , on avait considéré ces animaux, comme
signalant une époque beaucoup plus ancienne.
Sans doute ces pachydermes se trouvent ailleurs que
dans les terrains de la période dite paleothérienne ; mais
il faut avouer que leurs débris y sont plus nombreux
que dans les formations qui les ont précédés , ou qui
les ont suivis. Ainsi donc les paleotherium et les /o-
phiodons ‚ comme les autres pachydermes ordinaires qu;
__vivent dans les lieux humides et marécageux , caractéri-
sent généralement la période tertiaire „ sans pouvoir ce-
pendant” être considérés , comme signalant une époque
particulière de cette grande période, |
Quant aux autres pachydermes , soit les proboscidiens ,
soit les genres sanglier, thinocéros, et hippopotames
parmi les pachydermes ordinaires, comme les chevaux
parmi les solipèdes , ils se montrent tout aussi bien dans
la période tertiaire , que dans celle qui lui a immédiate-
ment succédé. Les débris des solipèdes, ainsi que ceux
} N | du
CC HO
du genre sanglier , ne se trouvent cependant que.dans
les dépôts de lPépoque quaternaire ; à peine en voitson
en effet dans les terrains qui appartiennent à la période
tertiaire,
Mais le caractère essentiel de la population des cavernes
et des fissures à ossemens tient à la présence de certains
genres de ruminans, tels que les boeufs et les cerfs , dans
celles de tous les coutinens , celui de la Nouvelle- Hollande
excepté. En Europe „ Cette population est encore carace
térisée par labondance des débris des chevaux et dans
quelques unes par les restes de différentes espèces d'ours,
Les rongeurs , parmi lesquels dominent essentiellement des
espèces analogues à nos lièvres et à nos lapins , la dis=
tinguent. également d'une’ manière Éminente , surtout les
brèches osseuses ‚ où leurs débris la composent „en quel-
que sorte, à eux seuls. |
Enfin avec ces différentes espèces l'on rencontre encore
d'autres cârnassiers , principalement des genres felis et
hyena; aïînsi que divers’ pachydermes des genres élé-
phant , rhinocéros et hippopotame, Ces derniers s’y mon=
trent pourtant beaucoup plus rarement que les premiers,
que lon voit assez généralement répandus dans les ca-
vités souterraines , surtout dans celles qui renferment des
débris d'hyène.
Nous ferons encore observer que les ours parmi les
carnassiers , comme les beeufs @t les cerfs parmi les ru-
minants , se trouvent aussi bien dans les cavernes du Nou-
veau-Monde que dans celles de l'ancien continent; ces
espèces sont donc celles que l'on voit le plus générale=
ment répandues dans cet ordre de formations. A la
vérité, les ours, les cerfs et les beeufs ensevelis dans
ces
C 195 )
ces différentes cavités, n’appartiennent point aux, mêmes
espèces ‘car les lois-de distribution qui existent mainte-
nant entre les productions dela. nature , paraissent avoir
constamment existé à toutes les époques.
Ainsi-les. chevaux que l'on n’a point encore‚rencon-
trés en Amérique-„ ne s°y trouvent pas. non plus , à l'é-
tat fossile, ni à état humatile „et il en est de même
de nos beeufs domestiques. Quoique ce dernier genre ait
des ‘réprésentans dansles cavernes du NouveausMonde,
il ne:faut pas <'attendre à y. découvrir la souche de nos .
beeufs … domestiques , au milieu des,dépôts, diluviens de
cette-contrée-„- pas plus que d’y voir leurs tribus erran-
tes, au milieu des vastes savannes , à moins. que. ceux=Ci
ne soient „les descendans des races que nous y avons
transportées.: ainsi donc à toutes les époques „ chaque
contrée a eu ses animaux particuliers, d’autant plus dif
férents “entre eux que’ les continens auxquels ils se rap-
portent. ont des dates plus diverses et. plus opposées.
Une remarque assez singulière que nous avons déjà
faite, tient à Pespèce de. rapport que l'on voit exister entre
la présence simultanée. des hyènes et des éléphans dans
les -mêmes:souterrains.. Nous ne saurions encore. déduire
de ‘ce fait remarquabie-aucune conséquence , si ce n'est
qu'il est difficile de supposer, que des animaux aussi lâ-
ches: que. le sont les: hyènes , aient jamais eu l’audace
d'attaquer ces colosses de la nature vivante.. L’on sait ,
en «effet, que les lions les plus terribles „ comme les tie
gres. les plus vigoureux „ n'osent jamais s’élancer sur les
éléphans , ni même: combattre contre les rhinocéros et
les hippopotames, dont la force est, d'autant plus gran-
de, que: ces animaux vivent presque toujours en troupes
N 2 ‚ plus
C 19)
plus ou moins nombreuses. |
Les restes des mammifères terrestres sont loin d'être
les ‘seuls débris des êtres vivants qui composent la popu-
lation des cavernes. En effet, des oiseaux „ des repti-
les , des poissons, des coquilles de terre et de mer, ain-
si querdes insectes , en font également partie; et même
à ce qu’il paraît , des mammifères marins. Quant à ces
derniers , s’ils existent réellement dans des cavités sou-
terraines, probablement leurs débris, comme ceux des
poissons de mer, y ont été transportés par les courants
qui les avaient détachés des formations préexistantes. ll
n'en est certainement pas de même des oiseaux, des rep-
tiles, des coquilles ‘terrestres et des insectes que l'on ob=
serve dans les cavernes. Ces débris ne sont nulle-
ment de la période tertiaire, comme ceux des poissons
de mer, dont nous venons de parler. Ils appartien-
nent évidemment au ‚contraire à l'époque quaternaire ;
aussi ne les voit-on nullement pétrifiés , ils conservent
tous leur nature et leur substance propre. Ils sont éga-
lement tous , ou à-peu-prês tous, analogues aux espèê-
ces qui vivent encore près des localités où lon rencon-
tre leurs débris. Une exception assez remarquable nous
a cependant été fournie par les cavernes de Lunel-Viel.
Elles nous ont, en effet, présenté le radius d'un reptile
qui semble tout-à-fait étranger à nos contrées méridiona-
les. Du moins ce radius, comparé avec le plus grand
soin aux pareils os des reptiles , a paru se rapprocher de
celui d'un crapaud, décrit par Gmelin sous le nom de rana
marina, et par Dandin sous celui de rana agua. Ce
qu'il y a de singulier , cette espèce ne vit plus aujour-
d’hui qui dans la Guyane. Sans doute un pareil rapport
ne
C 197 )
ne peut sufire seul pour faire regarder ces deur espè-
ces ‚ comme parfaitement identiques, mais il annoncé du
moins un crapaud Stalement différent de ceux qui fré=
quentent actuellement nos contrées méridionales.
Ainsi à part cette exception „ les oiseaux, les reptiles ,
les poissons, les coquilles terrestres et marines, de l'é-
poque quaternaire , ainsi que les insectes, des cavités
souterraines , se rapportent tous à des espèces de nos
régions. Dès lors, on ne doit pas être surpris de n’ob-
server. aucun genre perdu de mammifères terrestres dans
les cavernés de Europe. Sans doute Pon y décou-
vre un grand nombre d’espèces qui semblent ne plus
avoir de réprésentans sur la terre; mais aucune de ces
cavités n’a montré des formes inconnues dans la nature
vivante. N kr {
Les cavernes de PEurope se distinguent donc sous ce
fapport de celles du Nouveau-Monde, ainsi que des
brèches osseuses de lancien continent; en effet celles de
PAmérique ont présenté un genre totalement inconnu
dans la nature actuelle, celui des megalonyx ; tandis que
celles de PEurope n'ont rien offert de semblable.
| Quant au nombre des genres perdus, découverts dans
les brèches osseuses, il est plus considérable encore;
en effet on y a signalé des mégathérium , des masto-
dontés, des paleotherium, et des Jlophiodons , genres
dont les formes semblent ne pas s’@tre perpétuées; car
Pon n'en découvre aucune trace parmi celles de la nature
actuelle,
En un mot, le caractère le plus général et le plus
distinctif de la population des cavernes de "Europe est
d'offrir beaucoup plus d'espèces analogues aux nôtres
N 3 que
C 498 )
que dans les ‘formations antérieurement déposées. Le'on
y voit bien encore un assez grand nombre d’espèces ou
de races éteintes ; mais leurs individus „ à l’exception de
ceux qui «se. rapportent au.genre des ours, ‚sont loin
d'être: dans une: proportion. aussi considérable que les
espèces semblables. aux races actuellement vivantes.
‚L’analogie. „de, cette ancienne population-avec la popu-
lation: actuelle, annonce la nouveauté des dépôts dilu-
viens dans lesquels. elle est.disséminée, . Ces faits sont
loin: d'être les seuls qui amènent à une pareille consé-=
quence zen effet, n’avons-nous pas déjà fait observer ;
que toutes les coquilles terrestres et marines qui se rap=
portaient à la même époque , étaient- non-seulement „ana=
logues „mais semblables aux espèces ; qui vivent encore
près des localités , où l'on découvre leurs débris-humae
tiles. Or , cette similitude en prouve une très-grande
dans vles circonstances , sous influence desquelles. les
unes-et“les autres ont vécu; et par suite, que les temps ,
auxquels ces espèces se rapportent , ne doivent ‚pas être
séparés par des intervalles fort considérables, _
L’observation des débris des insectes „que l'on-ren-
contre dans les cavités-souterraines , confirme assez cette
conclusion. … Ces débris. se rapportent en effetà des
genres connus, -quoique lon ne puisse être complète-
ment certain. «des. espèces auxquelles áls ont appartenu 5
leurs “formes sont néanmoins tellement- rapprochées de
celles des insectes de nos régions „ qu’il-est difficile de
ne point supposer qu'ils sont plutôt de nos contrées que
des pays lointains. … Or, une pareille analogie annonce
également , que “ces insectes. ont -vécu dans lesstemps
géologiques les. plus rapprochés. de. l'époque actuelle,
if L’on
C 199 )
L’on ne-doit pas enfin perdre de vue , qu’un assez
grand nombre de cavités souterraines , offrent à la fois
„des ossemens humains et des produits de notre indus-
trie, Cette double circonstance , aujourd’hui bien con-
statée , démontre, que la dispersion des limons à osse=
mens a eu lieu „nonseulement après Vapparition de
Phomme, mais même après linvention des arts, du
moins après celle des arts les plus grossiers et les plus
nécessaires à notre existence.
Sans doute la présence des ossemens humains dans
ies mêmes limons , où existent tant d’animaux perdus „à
dû être révoquée en doute à l'époque où Yon croyait „
que des espèces ne pouvaient disparaître que par suite
de révolutions et de catastrophes violentes, Mais de-
puis que lon. a reconnu, qu'un assez grand nombre de
races s’étaient éteintes depuis les temps. historiqtes , on
n’a plus considéré la contemporanéité de l'homme avec
des espèces , dont on ne retrouve plus les analogues dans
la nature vivante , Comme aussi étrange, ni aussi singu-
lière quelle avait d'abord paru. Lon s'est en quelque
sorte-borné à se demander, si réellement les débris de
notre espèce se trouvaient dans des circonstances. telles
qu’ils pussent être considérés comme fossiles,
Pour se déterminer à cet égard, cette question ren-
trant en quelque sorte- dans notre sujet, il s'agit de
savoir quels. sont les corps organìsés, qui peuvent être
envisagés comme fossiles. Si lon considère comme
tels, tous ceux que lon voit ensevelis , dans des dé-
pôts anciens, avec des races perdues-ou éteintes , les
débris de notre espèce, se trouvant dans de pareilles cir-
N 4 con-
C 200 )
constances „ ces débris doivent être regardés comme fos-
siles, |
Mais si lon restreint cette dénomination aux corps
dont les débris existent dans des couches antérieurement
déposées , à la rentrée des mers dans leurs bassins res-
pectifs , c'est-à-dire, aux couches tertiaires, l'homme
ou les restes de notre espèce, ainsi que les produits
de notre industrie, n’ayant jamais été découverts dans
des couches aussi anciennes que les tertiaires , homme
fossile , du moins dans le sens de cette définition, n’au-
rait jamais été rencontré.
Il y a plus, il paraft qu”il n'est nullement probable
qu’on la découvre jamais dans de pareilles circonstances.
En effet les mammifèêres terrestres n'ont commencé à
paraftre que pendant la période tertiaires et parmi ces
mammifères , les débris des pachydermes „ animaux qui
vivent principalement dans les lieux humides et maré-
cageux, sont les plus nombreux en espèces comme en
individus, Les carnassiers, les solipèdes, les ruminans
et les rongeurs y sont au contraire des plus rares ; leurs
espèces , comme leurs individus, ne deviennent en effet
abondants que dans les terrains produits après la rentrée
des mers dans leurs bassins respectifs , ou dans les ter-
rains quaternaires.
Or, cette succession dans apparition des animaux
terrestres , peut, ce nous sembie, faire supposer avec
quelque raison, que l'homme, ou lêtre dont lorganisa-
tion est la plus compliquée, n’a apparu qu'un des dere
niers. Dès lors lon ne doit point par conséquent en
trouver les restes dans des terrains d'une date aussi an-
cienne que le sont les terrains tertiaires.
| Mais
C 21 )
Mais si Phomme, ou les produits de notre industrie,
n'ont pas été découverts dans des circonstances telles
qu'on puisse les considérer comme fossiles, on doit
du moins les regarder comme humatiles,
En effet les ossemens humains , ainsi que les objets de
notre industrie, sont contemporains des dépôts dilu-
viens, c'est-d-dire „ des couches quaternaires. Or , ces
terrains ont été déposés , après la rentrée des mers, dans
leurs bassins respectifs , et laction des causes, qui ont
détruit et anéanti les nombreux débris d’animaux terres-
tres ensevelis dans les formations de la période quater-
naire; ces formations ayant donc été opérées par des
phénomènes d'un ordre totalement différent que les terti-
aires , l'on doit nécessairement désigner sous un nom
particulier les restes organiques que l'on y découvre.
L’on avait d’abord proposé de donner à ces débris le
nom de sub-fossiles, pour indiquer ainsi leur nouveauté,
relativement aux véritables fossiles. Il nous a paru pour=
tant préférable de les désigner sous le nom d’Aumatiles,
dénomination dérivée «du mot latin Awumatus ä dont la
signification est d-peu-prês la même que celle de fossi/is,
avec cette seule différence que le premier exprime plu-
tôt idée d'un corps enseveli d'une manière àccidentelle ,
que naturellement.
Un fait extrêmement remarquable prouve encore la nou-
veauté de P'époque, à laquelle a eu lieu la dispersion des
dépôts diluviens. Ce fait se rapporte aux races distinctes
et diverses , que lon reconnaît dans certaines espèces des
cavernes „ telles que les chevaux et les beeufs. Or 5 $
l'homme a seul le pouvoir de modifier les espèces , au
point d’y constituer de grandes variétés constantes, aux-
; N 5 quel-
C 202 )
quelles on a donné le nom de races, il est évident que
les animaux ainsi modifiés doivent être postérieurs à son
existence. C'est en effet ce qui résulte de l'examen ate
tentif de leurs débris, qui présentent trop de différence
d'un individu, à un autre, pour qu’on n'y voie pas des
effets de notre influence,
Ainsì par. exemple, tandis que certains individus de ces
chevaux et de ces boeufs offrent une taille et des propor-
tions supérieures à celles des plus grandes races actuel-
lement existantes , d’autres présentent une stature moyen-
ne, et d'autres enfin, de plus petites dimensions que les
races les plus chétives de ces animaux. Ces rapports
entre les dimensions de ces diverses races ne sont pas
les seules différences que l'on y remarque; il en est une
foule d'autres relatives à la forme et à la disposition des
parties. Mais ces différences ne sont jamais assez gran=
des , pour faire perdre de vue le type duquel dépendent
ces races, et pour constituer des espèces distinctes et
diverses. Du reste , nous avons trop insisté sur ces faits ,
dans nos recherches sur les cavernes à ossemens de Lu-
nel-Viel et de Bize , pour nous étendre d’avantage sur cet
objet. |
_Nous ferons. seulement remarquer que nous ne pou-
vons dire si les débris des chiens , des moutons , des chè-
vres et des cochons , que lon voit avec les beeufs et
les chevaux „ ont été modifiés , comme ces derniers anie
maux. Ces débris ou du moins ceux que nous avons
pu réunir, ne sont ni assez différents , ni assez nom=
breux pour „permettre „d’élucider cette question par une
comparaison minutieuse. Il nous a paru seulement que
les chevaux , dont on découvre les restes dans les terrains
ter-
C 203 )
tertiaires „ autant, du moins ‚que lon peut en juger. d’a-
près le petit-nombre.de ceux que lon y découvre , n’of-
frent pas des races distinctes et diverses, comme ceux
des formations. quaternaires „ce qui est encore une preu-
ve „de la ,nouveauté de. ces dernières. . Il est donc con-
stant d'après les faits que nous venons d'exposer, que
les espèces. dont Phomme à fait particulièrement la con-
quète , et qu'il a soumises à la, domestication, fort rares
dans les terrains tertiaires „ caractérisent au contraire l’an-
cienne population des cavernes. Leurs débris extrême=
ment nombreux dans la plupart-des-cavités souterraines ,
surtout „ceux » des: chevaux „des cerfs et des beeufs , si-
gnalent donc ‚d'une manière «essentielle les formations quae
ternaires, «La présence de ces animaux ainsi que celie
des cochons „des: chèvres ; des moutons „ des chiens. et
des-chats „ ne peut-elle, pas-nous apprendre , qu’elles. ont
été, parmi ces espèces , celles,-que l’homme. a soumises
les premières à la-domestication.
„Cette question se rattache trop, à l'objet qui nous oc=
cupe; pour la passer. tout-à-fait sous silence,
Parmi les espèces , dont les-débris-se trouvent au „milieu
des limons à ossemens, il en est qui présentent la plus
grande conformité , et‚qui se rapprochent plus.des, races
sauvages que des races domestiques analogues,. Ceci-est
surtout évident pour lesindividus du,chat ordinaire, qui
se rapportent tous uniquement à felis fera et‚non à
notre race. domestiques Dès dors ‚cette espèce n’avait pas
dû être soumise à la-domesticité , lorsquelle a été ense-
velie dans les cavités souterraines. Quoique-ce point de
fait ne soit pas aussi évident pour les individus du genre
cochon (sus), il sparaît cependant qu'il en a été de ces
indi-
C 204 )
individus comme de ceux du chat, et que les uns et les
autres étaient à l’état sauvage , lorsque leurs débris ont
été saisis par les limons diluviens.
Quant aux chèvres, aux moutons et aux chiens, dont -
ou découvre les restes dans les mêmes circonstances que
ceux du sanglier et du chat, leurs ossemens y sont gé-
néralement si peu nombreux , qu’il est difficile de recon-
naître, s’ils ont été ou non modifiés, et plus ou moins
soumis à empire de notre influence; ainsì donc l’on doit
rester “dans l’incertitude à égard de ces espèces , tandis
qu’il paraît que les sangliers , et le felis fera des caver-
nes, n'ont nullement éprouvé les effets de la puissance
de homme antérieurement à Pépoque de leur ensevelis-
sement. Les chevaux et les bceufs sont les seuls sur
lesquels les effets de cette influence ont été assez puis-
sants, pour y produire des races distinctes et diverses.
Ces faits établis, voyons s’ils n'annoncent point que
ces animaux ont dû être les premiers qui aient été sou
mis à la domestication ; nous examinerons ensuite ce que
nous apprennent à cet égard les écrits des was
ainsi que les monumens historiques.
D’après Buffon le chien aurait été le premier animal
dont l'homme aurait fait la conquête , tandis que d'après
Popinion des Grecs , opinion que M‚, Dureau de la Malle
a cherché tout récemment à fortifier sle mouton aurait
été le premier asservi. |
En faveur de hypothèse admise par Buffon on peut
observer , que le chien est fort rare à l'état sauvage et
dans son état primitif , et en même temps, que les varié-
tés de cette espèce sont des plus nombreuses. Cette
deden est loin d'être sans importance pour la solu-
tion
Pd
C 205 )
tion de cette: question; car une espèce est d’autant plus
sujette- à varier qu'elle s’éloigne d’avantage de son type
primitif , et ses variétés sont d’autant plus nombreuses
qu'elle appartient à une race plus ancienne: or les races
primitives du chien, soit que lon veuille n'en considérer
qu'une seule, soit que lon veuille en vòir plusieurs „
n'existent plus en quelque sorte nulle part. Il s’ensuit
donc que les variétés de cette race, ou de ces races pria
mitives , sont si multipliées , que Pon est réduit à se de=
mander où en sont les types. Dèêslors il semble que ces
variations ont du commencer à se produire à une époque
fort reculée , et que la domestication du chien doit être
fort ancienne,
D'un autre côté, il est difficile de supposer que l’hom-
me , presque sauvage, ait prévu et combiné d’abord tous
les avantages futurs , qu’il tirerait de l’association du chien
pour réduire et dompter les autres animaux. «Il le pou=
vait d’autant moins, ce semble , que le chien indépen-
dant est d’un naturel féroce, hardi , et qu’il est aussi
fort et presque également à craindre que le loup.- Enfin les
„chiens sent rarement représentés sur les monumens de
Yantiquité la plus reculée , tandis que ces monumens óf-
frent en foule la réprésentation des chevaux et des beeufs.
Ceci, peut-être ‚ nous servira à expliquer , pourquoi les dé.
bris des chiens sont si rares dans les terrains quaternai-
res, et particulièrement dans les limons. à ossemens des
cavernes qui en dépendent.
Quant à Popinion des Grecs et de Varron , qui est aussi
celle de M. Dureau de la Malle, elle est fondée sur Pu-
tilité et la douceur du mouton, l’animal le plus appro-
prié aux besoins de la vie humaine, puisqu’il nous don-
ne
C 206 )
ne «sa chair, son lait pour nourriture „ en même temps
que: la laine et les peaux- dont nous faisons nos vête=
mens. (*)
Le penchant naturel de-cette espèce à suivre ses sem=
blables «a dû également rendre sa domesticatiow facile
aux premiers hommes , d'autant plus que lutilité du mous
ton a, fixé leur attention 3 enfin cettevespèce a dû être
soumise à l’hommedès. les premiers “pas :qu’il a fait vers
la» civilisation, la vie pastorale ; et par suitela gardevet
Péducation des ‘troupeaux ayant été sa principale occu=
pation.
Mais si le mouton avait été soumis-d’aussi bonne heu=
re à l'état domestique que les chevaux et les-beeufs ,
pourguoi des figures de ces ânimaux seraientselles si rares
sur: les--monumens- de la plus haute antiquité? comment
enfin: leurs débris- seraient=ils si peu-nombreux’dans les
limons, où l'on--découvre pourtant une’ si grande’'quantité
d'individus de certaines de nos espèces domestiques? Cet=
te rareté , comparée à la fréquence des restes des chevaux
et des beeufs „ dans les dépôts diluwiens , nous annonce,
ce semble, que la domestication des animaux n’a pas
dû commencer par les-chiens, ni même par les moutons.
Cette conclusion „ d'accord avec’ les faits géologiques”,
ne. Pest pas: moins avec les faïts* historiques. Du moins
) les
(*) La laine est-à la vérité vun produit de la domestication
du mouton ; mais Von trouve déjà dans les poils serrés et épais
du moufllon une forme et une disposition analogues à celles de
la laine de nos moutons domestiques; la nature du pelage n’a
point subi dans toutes nos espèces domestiques la modification
qui les a corvertis en poils laineux; cetrains ont conservé les
caractères du typê primitif.
C 207 )
les débris des ”chevaux et des beeufs les plus nombreux
en” individus, comme les plus généralement répandus
dans les dépôts diluviens , sont aussi ceux dont les ima=
ges ont été reproduites en plus grand nombre sur les
-monumens antiques. Ces figures ne laissent pas non plus
le- moindre doute sur la domestication de ces animaux à
ces époques anciennes; car les uns sont montés par des
hommes ; les autres, attelésà une charrue grossière „ sont
occupés” À labourer Ja terre. “Les faits historiques con-
firment également ce que nous apprennent les monumens :
en effet on lit dans le chapitre VIII-de la genèse , que
toutes les bêtes sauvages sortirent de Parche ainsi que
les animaux domestiques , et dans le chapitre IX Noë est
représenté- s’appliquant à lagriculture „ ainsi qu'à labou-
rer et-à cultiver la terre, Il s’ensuit donc que la’ domes-
tication des animaux avait commencé avant le déluge his-
toriques dès lors l'on ne doit pas être étonné de décou-
vrir tant de traces des animaux que Phomme avait sou-
mis à son empire, au milieu-des dépôts antérieurs ou
contemporains-. de: cette grande époques:
Les: premières occupations des peuples les plus anciens ,
loin’ de les empêcher dese livrer à la domestication du
cheval , les. y ont au contraire probablement excités, Lie
dée de se servir-de cet animal devenu aujourd’hui le-com-
pagnon le plus inséparable de notre espèce, est une idée
si. naturelle, qu'elle a du nécessairement venir’ dans l’es-
prit de tous les hommes qui s'en trouvaient rapprochés:,
et d’autant plus, que le cheval a ‚ comme le mouton:,
un peuchant” naturel à suivre ses semblables. La gran-
deur et la docilité de cette espèce a du aussi y engager
les premiers. peuples, et les mêmes motifs les ont aussi
pro=
( 28 )
probablement portés à s’emparer du beeuf , animal dont
Putilité pour homme est encore plus grande que celle
du mouton , malgré les nombreux avantages qu’il retire
de ce dernier,
Ainsi- la géologie se lie avec l'histoire, et ce qui peut
être sujet à quelques contestations, lorsqu’on n’appuye
ses couclusions que sur une seule des branches des con-
_maissances humaines, prend un caractère d’évidence,
l\orsqu’on les fait concourir pour arriver à un même but.
Les chevaux et les boeufs , dont les débris existent dans
les terrains quaternaires , mêlés et confondus dans les lie
mons qui récèlent les restes de tant d’espèces éreintes ,
offrent dés races distinctes et diverses; ce fait seul an=
nonce que ces limons, et les débris organiques qu’ils ren-
ferment, ont été dispersés postérieurement à lapparition
de l'homme, On peut d’autant moins se faire de doutes à
cet égard , que dans un assez grand nombre de localités
où l'on observe de pareils limons à ossemens, l'on voit
à la fois des débris humains- et des produits de notre
industrie. La présence des restes de notre espèce a été
constatée non-seulement dans les cavernes et les fissures
à ossemens3 mais de plus dans des couches d'eau douce
de la période quaternaire. Cette observation a été faite
d’abord par Mrs. les Docteurs Thionville et van der
Bach , qui ont découvert un annulaire humain dans l’in-
térieur d’une couche quaternaire d’eau douce, avec des
vertèbres , des côtes d'un grand saurien et diverses co-
quilles d'eau douce. (*) M. Boué a aussi indiqué des
ossemens humains dans les dépôts diluviens , ou d’allu-
vion
(*) Annales des Sciences Naturelles. 1829. Xbre. pag. 154.
( 209 )
Pd
vion anciens, lesquels s’élèvent de deux ou trois cent
pieds au-dessus de Î’Aar, dans les environs de Baden.
Le même savant en a signalé également dans plusieurs
autres points de l'Allemagne; enfin le comte Razoumo-
rosky a de même observé des ossemens humains, et pare
ticulièrement des crânes, dans un grand nombre de dé-
pôts diluviens de l'Allemagne, ossemens mêlés de la. ma-
nière la plus confuse avec des débris de mammifères ter-
restres ,. qui ont appartenu à des espèces détruites ou à
des races des régions équatoriales. Enfin on en a égale-
ment signalé dans les marnes d'eau douce des bords du
Rhin et du Danube. |
Les têtes qne l'on découvre dans diverses localités de
PAllemagne n'ont rien de commun avec celles des habi-
tans actuels descette contrée. Leur conformation est re=
marquable , en ce qu'elle offre un aplatissement considé-
rable du front, semblable à celui qui existe chez tous
les. sauvages, qui ont adopté la coutume de comprimer
cette partie de la tête. Ainsi certains de ces crânes , ct
par exemplê, ceux trouvés dans les environs de Baden ,
en Autriche, ont offert de grandes analogies avec ceux
des races africaines ou nègress tandis que ceux des bords
du Rhin et du Danube ont offert d’assez grandes ressem-
blances avec les crânes des Karaïbes, on avec ceux des
anciens habitans du Chili et du Pérou. D’après leur sin-
gulière disposition, ces Crânes ont donc appartenu à un
peuple ancien qui habitait l'Allemague à une époque, sur
laquelle histoire ne nous apprend absolument rien, Ils
sont donc antérieurs aux temps historiques , et, comme
ceux des cavernes et des fissures à ossemens , ils sont
tout au moins contemporains de la dispersion des dépôts
0 dilu-
C 210 )
diluviens ; les. uns et les aûtres apparaten: à une même
époque géologique. |
Il est enfin un fait, qui dinite à la même conclusion
et sur lequel nous croyons devoir revenir À-raison de son
importance. Ce fait se rapporte.à la présence d’ossemens
despèces perdues- » travaillées par la main des homimes,
Ossemens que l'on-découvre dans les limons dés caver-
nes. En général faconnés de la. manière la plús grossiè-
“re, ou percés de différentes fagons , peut-être pour ser-
vir d’amulettes, ils ont dû. être travaìllés , lorsqu’ils
étaient dans leur état de frafcheur, câr âutrememt ces
os auraient été trop cassans pour. recevoir les formes
qu'on aurait voulu- leur--donner. -Dèslors les hommes
qui les ont ainsi travaillés, ont du êtré contemporains
des animaux, auxquels ils avaient appartenu „ et par con=
séquent ils ont existé à la même époque que ces espè-
ces, dont nous ne retrouvons- plus maintenant aucune
trace sur la terre, ti
On doit donc en conclure que les restes de notre ese
pèce, que lon découvre, soit dans certaines couches
pierreuses quaternaires , «soit. dans les dépôts diluviens ,
mêlés avec des débris d’animaux qui n'ont plus de ré-
présentans sur la terre „ sont de la même époque géolo-
gique que ces formations et la ede de ces anie
maux,. |
CES D
CHAPITRE IL
Tableau général des divers animaux , dont les debris
ont été observés dans les brèches osseuses
et ferrugineuses. |
IL. Débris organiques des brèches osseuses.
L. BIMANES,
1. Ossemens humains et objets de notre industrie , prin-
cipalement des poteries, découverts dans les brêches
osseuses de Koestriz en Saxe. cad
a. Ossemens humains et objets de notre industrie dé-
couverts dans les brèches osseuses de la, Dalmatie,
3e Objets divers de industrie humaine découverts dans
les brèches osseuses de Gibraltar.
Il. MAMMIFÈRES TERRESTRES.
IL. CARNASSIERS.
1. Insectivores.
ï. Sorex. Ce genre se réprésente à la fois dans les
brèches osseuses et dans les cavernes à ossemens. Du
O a res=
(2187)
reste les musaraignes sont peu abondantes dans ces
deux formations. 3
II. PLANTIGRADES.
zr. Urfus. On n’a point encore indiqué les espèces aux-
quelles se rapportent les débris de ce genre.
II. DiGITIGRADES.
1. Felis pardus. La panthère. Outre cette espèce bien
déterminge, il en existe plusieurs autres dans les brè-
ches osseuses. On cn a déjà distingué deux , lune sous
le nom de grand felis et autre sous celui de petit
felis, | | |
2. Canis. Les-espèces de ce genre sont encore indéter-
minées, comme la*plupart des carnassiers. Leurs dé-
bris sont trop brisés pour rendre leur détermination
possible.
IL. RONGEURS.
1. Lepus tinidus. Linné.
Cuniculus. Linné.
_ Minutus. Dun tiers plus petit que le précé-
| dent. n
e, Lagomys. Une espèce plus grande que le lagomys
ogotoma, plus petite cependant que Palpina ect
que celui de Corse, |
Une autre de la.taille du lagomys alpina,
3e
C'at3 5
3. Mus. Une espèce fort approche du Mus amphi
bius ou du rat d'eau.
Une seconde espèce plus petite que le Schermaus
ou le Mus terrestris. Linné.
Une troisième espèce voisine du Mus arvalis ou
campagnol,
II. EDENTÉS.
8. Megatherium, Une espèce de ce genre a été ob-
servée dans les brèches osseuses de Keestriz; nous.
ignorons si elle estla même que celle qui a été dé-
couverte dans les cavernes du Nouveau-Monde:: cette
dernière de la taille des rhinocéros a éé trouvée dans
les dépôts diluviens du nouveau continent, dans
trois lieux différents , savoir: auprès de Buenos-Aires „
de Lima, et dans le Paraguai,
IV. PACHTDERMES.
TI, PROBOSCIDIENS.
1. Mastodontes. Ce genre remarquable se trouve à,
la fois comme le précédent dans les brèches de Koes=
triz „ ainsi que dans les cavernes du nouveau contie
nent. |
IL, ORDINAIRES.
_te Rhinocéros,
2. Paleotherium , peuteêtre le medium,
O 3 | Ut.
( AM 5)
IL Soriekpes.
1. Eguus. Les chevaux découverts dans les brèêches
d'Antibes, sont d'une très-grande taille. Nous igno-
rons sil en est de même des espèces, des aütres lóca-
lités. sk
V. RUMINANS,
TI. SANS CORNES.
“1. Camelus lama. Linné, Le Lama.
IL. àÀ Bors.
1, Cervus. Plusieurs espèces, les unes de la taille du
daim, d’autres intermédiaires entre celie de V'élan et
de Felaphe, |
IL. à CORNES CREUSESe
1. Antilopes ou moutons. Peut-être existet=il plusieurs
"espèces du genre antilope, dans les brèches osseuses ,
comme dans les cavernes à ossemens.
a. Bos ferus.
Taurus. Peut-être y a-t-il d'autres espèces de « ce
genre,
VL REPTILES.
1. CufLoniÊns.
1. Testudo. Une petite espèce hen se rapproche de, nos
tortues de terre. |
Une
°C 16)
Une espèce assez rapprochée de. Ja: testuidor radiata
de la Nouvelle-Hollande. N
Une autre espèce de la taille de la testudo centrata_
de Schepfer, /
| II. OPHIDIENS.
rt. Un serpent de la taille de ta couleuvre commune (co-
luber natriz).
IL. SAURIENS.
1. Lacerta, Espèce indéterminée, analogue au lézard-
vert du nord de la France,
_VIL OISEAUX
Un assez grand nombre de débris de cette classe qui
se rapportent principalement à des passereaux, à des
gallinacés, et à, des palmipèdes,. Tous ces débris rap=
pèlent des espèces de petite taille, surtout ceux de la
première „de. cés. familles, Loes. espèces:de da famille des
passereaux , ne dépassent pas la taille des bergeronnet=
tes, et celles des familles des gallinacés et-des palmie
pèdes, ont des dimensions à peine égales à celle de nos-
pigeons et de nos goëlands. |
VIII. MOLLUSQUES.
1. COQUILLES TERRESTRES.
re Helix Algira. Draparnaud.
„Vermiculata, Id. Kk en
( 216 )
Helix Nemoralis. Draparnaud.
Lapicida, Id.
Nitida. Id.
Cristallina. Id.
2. Bulimus decollatus.
3. Pupa. Une espèce indéterminée,
4e Cyclostoma elegans.
II, COoQUILLES MARINES:
1. Patella,
2. Mytilus.
3e Peeten.
IX. ZOOPHTTES,
Ie Caryophillia. Une espèce indéterminée.
en
IL Debris organigues des brèches ferrugineuses.
1. MAMMIFÈRES TERRESTRES.
L. CARNASSIERS.
1. Plantigrades.
1. Ursus speleus. Cuvier.
IL. PACHTDERMES,
1. PROBOSCIDIENS.
1. Mastodontes. Ce genre , et les suivants , a été indie
qué dans les brèches ferrugireuses du Wurtemberg.
| [.
1 MR)
IL. ORDINAIRES. |
1. RAinocéros.
2. Lophiodon.
III. SoLiPèkpes.
2. Chevaux , equus.
HI. RUMIN ANS,
IL. à BOIS.
1. Cerfs, ceryus, Plusieurs espèces encore. indéter-
minées,
IV. OISEAUX,
L'’on a découvert dans les brèches ferrugineuses d’as-
sez grandes espèces de cette classe; mais l'on n'a point
fait connaître encore, à quelle famille, ni-à quel genre,
elles se rapportaiente
Os RÉ-
RÉSUMÉ.
En résumant’ les faits nombreux que nous venons de
rappeler il semble que Pon peut en déduire les consé=
quences suivantes:
1, La population , ensevelie dans les cavernes , est beau-
coup plus semblable à Pactuelle qu’à celle qui lavait pré«
cédée.
2, L’'on n°y découvre pas en effer ‘des genres pêrdus,
mais seulement des espèces détruites, du moins dans -
Pancien continent. Le Nouveau-Monde a seul présenté
un genre qui paraît éteint , celui des Mggalonyx,
3. Il n'en est pas ainsi de la population des fissures à
ossemens , ‘même dans l'ancien continent; cette popula-
tion diffère beaucoup plus de lactuelle que-celle des ca-
vités souterraines. Ces deux ordres de formations sem-
blent pourtant avoir été produits dans la même période
et par les mêmes causes.
4. A la vérité, peut être n'est-on pas en droit de
tirer
C 219 3
tirer cette conclusion; car nous manquons tout-à-fait de
caractères positifs pour distinguer l’âge relatif du dilu=
vium des différentes contrées. Il est cependant probable
qu'il existe plusieurs sortes de dépôts diluviens , puiss
qu'on s’accorde assez généralement, soit en géologie ,
soit en histoire, à admettre plusieurs grands cataclysmes.
Sous ce point de vue, les caractères zoologiques ne se»
raient plus en opposition avec les caractères géologiques,
5. La population des fissures à ossemens offre non=
seulement , ‘comme. celle des cavernes, des espèces” déa
truites 3 mais de plus l'on y découvre des genres perdus,
comme les megatherium „ les mastodontes , les paleothes
rium et les Jophiodons. |
-
6. A part cette grande différence, ces deux popula-
tions ont cela de commun. d’être principalement caracté=
risées par des espèces semblables.aux espèces actuelle=
ment vivantes, lesquelles appartiennent- pour la plupart
à des rongeurs , dessolipèdes , des ruminans et des car-
nassiers. Les espèces dominantes de ces familles ap-
partiennent au genre des lièvres , des chevaux , des cerfs
des beeufs, des ours, des hyènes-et des chats. Elles
ont encore ccla d'analogues de récéler un: assez grand
nombre de coquilles terrestres, dont les espèces sont,
sans exception , semblables à celles qui vivent mainte-
nant. | En
7. L’une et autre de ces populations semblent avoir
péri postérieurement à Papparition de Phomme, et même
après Pinvention des arts, puisque des ossemens humains
et des objets de notre industrie en accompagnent les dé-
bris
C 220
bris.. Il y a plus encore, un certain nombre d’espèces
paraissent s'être éteintes depuis les temps historiques d’ä-
prês ce que nous apprennent les traditions et les monu-
mens.
8. Quant aux circonstances qui ont dispersé ces ra-
ces aujourd’hui éteintes, ainsi que les restes de notre
espèce dans les dépôts diluviens , elles sont postérieures
à la rentrée des mers dans leurs bassins respectifs. Dès
lors les débris organiques, que l'on découvre au milieu
‚de ces dépôts, qu’ils se rapportent ou non à des espèces
perdues „ ou qu’ils soient semblables aux races actuelles „
ne doivent pas être considérés comme fossiles, mais com-
me Awmatiles. os AE
9. Le remplissage des cavernes comme celui des fissu=
res à ossemens, est un phénomène géologique général et
soumis à des lois copstantes. En supposant donc avec
nous „ que plusieurs des espèces dont on y découvre les
débris , puissent y avoir vécu, ou y avoir été entrafnées
par des carnassiers , il est difficile de ne point admettre |
en même temps, que de. violentes inondations ont pu
seules amonceler dâns les fentes des rochers létrange
rassemblement des animaux que l'on y voit réunis.
io. En un mot, ces deux ordres de phénomènes,
les cavernes et les fissures à ossemens , dépendent des
mêmes causes, et se rattachent Î’un et l'autre aux derniè-
res catastrophes qui ont ravagé la surface de la terre ,
lesquelles ont du exercer aussi bien leur influence sur
Phomme, que sur les autres animaux vivans.
Il semble, enfin, que Fon peut déduire de ces faits
| les
C 221 )
les conséquences suivantes, qui n'en sont en quelque
sorte que-les corollaires.
r. Des inondations plus ou moins viotentes , parais-
sent avoir opéré généralement le remplissage des cavcr=
nes, et y avoir accumulé les limons , ainsi que les cail«
loux roulés „ les graviers, les sables et les ossemens que
ces limons renferment.
a, De pareilles inondations ont pu seules. produire
Pétrange rassemblement des divers et nombreux animaux,
que l'on observe aussi bien dans les fissures les plus
étroites de nos rochers que dans les fentes ou les cavie
tés les plus étendues.
3. Sí, dans quelques clrconstances , Fon peut suppo-=
ser que certains de ces animaux ont vécu dans les ca«
vernes, ou y ont été entraînés par les carnassiers , ces
circonstances „ inapplicables au plus grand nombre de cas ,
ne peuvent expliquer ces phénomènes dans leur généra=
lité ; car ils ne sont nullement liés aux lois géologiques ,
auxquelles ces phénomènes semblent soumis.
4. Ces lois géologiques aussi simples que claires
sont, que lon ne découvre des ossemens que dans les
fentes, dont les ouvertures , rarement supérieures à 7oo
ou 8oo mêtres au-dessus du niveau des mers, ont pere
mis aux Ccailloux roulés , aux sables , et aux graviers de
s’y introduire; ces ossemens se trouvent constamment
associés à des terrains d'alluvion analogues aux dépôts
diluviens.
5. Enfin les inondations auxquelles se rattachent
ces
C 222 )
ces phénomènes, paraissent se rapporter aux mêmes cau=
ses et à la même période que celle , pendant laquelle
s'est operée la dispersion des dépôts diluviens , période
qui a été contemporaine de apparition de Phomme sur
la terre, ainsi que de la destruction d'un grand nombre
d'espèces vivantes. |
VERHANDELING
TER BEANTWOORDING DER
Va Aak:
« Wat weet men met zekerheid van de bewegingen, die
« men aan de bladen van vele planten waarneemt, zoo
« van die, welke langzaam, gedurende den loop van
« eenen dag , plaats hebben , als wan die, welke spoee
« dig meer of minder onregelmatig geschieden, zoo als
« bij het Hedysarum gyrans, of van die, welke het ge-
« volg eener middellijke of onmiddelljke aanraking
« zijn, zoo als bij de zoogenaamde gevoelige planten?
« In hoe verre kan men thans van deze verschijnselen,
« of van sommige derzelve, eene eenigzins gegronde
« verklaring geven? Zijn de waarnemingen van Du-
« TROCHET, waarop hij eene verklaring van deze vere
« schijnselen gegrond heeft, bij nader onderzoek bevess
« tigd , of kunnen zij daardoor zoodanig gestaafd wor-
« den, dat zij als beslissende proeven mogen worden
« aangemerkt?” |
DOOR
M. DASSEN,
Medicince Doctor te Hoogeveen in Drenthe,
Aan welke in de Algemeene Jaarlijksche Vergadering van
de Hollandsche Maatschappij der Wetenschappen te
Haarlem, den 2 Mei 1834, de Gouden Medaille
is toegewezen,
bh
A
4
Ls
VOORBERIGT.
{ k heb gemeend, dat het beter overeen zoude komen
met onze tegenwoordige kennis, omtrent de levensver-
Schijnfelen , èn het plantenrijk, den [laap der bladen ,
derzelver bewegelijkheid te noemen, terwijl ik , gemaks=
halve, de verfchijnfelen der bladen van Hedysarum
gyrans' door draaijen , er2 van Mimosa pudica , enz. door
‘het woord prikkelbaarheid zal aanduiden. |
Het werfchil tusfchen deze drie foorten van ver-
Schijnfelen bezit niet de minfte moewelijkheid » doch
zulks heeft geene plaats bij de definitie der bewegelijke
bladen. Immers er ìs geen blad bijna, dat niet eenige
bewegingen kan verrigten. |
Groot wverfchil echter beftaat er in die bewegingen ;
en heeft men te voren geenszins op dit verfchil acht
geflagen , dan is zulks gefchied , omdat men de were
kingen der aanzwellingen niet gekend heeft: want,
behalve de bewegelijkheid , aan bijna alle bladen eigen,
beftaat er eene bijzondere , door middel der aanzwellin-
gen, welke zich onder aan de inplanting des bladftuts
bevinden.
O 2e Al-
( 210
Alleen de bewegelijkheid uit deze aanzwellingen ont-
Staande, bedoel ik onder den naam van bewegelijkheid
der bladen , dewijl bijna alle de bladen, welke men te
voren flapende noemde, tot deze afdeeling behooren.
De andere bladen, welke LINNEUS en zine navolgers
ook onder de flapende rangfehikten, vertoonen flechts
in eene hoogere mate die bewegingen , welke eene bijna
algemeene cigenfchap der bladen zijn. Gelijk Impa-
tiens noli tangere , Chinopodium-/oorten, Atriplex , enze
Dikwerf herhaalde waarnemingen hebben mij voor het
overige tot de overtuiging gebragt , dat de verander-
de rigtingen, gedurende den nacht, bij deze laatste
„genoemde planten op verre na zoo geregeld niet zijn,
als bij die bladen, welke door aanzwellingen bewogen
worden,
In het algemeen zijn zij veel meer van uitwendige
invloeden lafhankelijk dan de ware bewegelijke bladen,
en volbrengen ook dikwijls niet in eenen dag hunne
bewegingen, waarom zij ook niet onder de vraag,
welker beantwoording ìk beproef, kunnen begrepen zijn;
want er wordt in deze flechts gefproken van bladen,
die langzaam , gedurende den loop van eenen dag, zich
bewegen.
EER-
EERSTE HOOFDSTUK.
ALGEMEENE BESCHOUWING EN ONMIDDELLIJKE OORZAKEN
VAN DE DAGELIJKSCHE BEWEGINGEN DER BLADEN,
Rees in de kindschheid der plantenkunde vindt men
fporen , dat de bewegelijkheid der bladen niet geheel on-
bekend was. Aldus verhaalt reeds PLINIus (1) „ dat de
bladen van TRIFOLIUM tegen onweder zich floten.
De eerfte echter, die de veranderde rigting der bladen
gedurende den nacht ontdekt heeft , fchijnt GARCIAS AB
HORTO te zijn (2). Hij zag dit verfchijnfel bij TAMA=
RINDUS , en deelde hetzelve aan cLusius mede (3). Bij
Europefche planten werd de bewegelijkheid der bladen
het eerst door v. coRDus (4) bij Glycyrrhiza waargenomen
in 1581. De ontdekking van GARCIAS AB HORTO werd
weldra door ALPINUS (5) en AcosTa (6) bevestigd.
Het fchijnt echter , dat deze berigten, aangaande een zoo
merkwaardig levensverfchijnfel der planten, weinig’ of geen’
indruk maakten 3 ten minfte men zoekt , tot aan de tij-
k ie den
Cx) Prinius, Historia Naturalis. Lib, XVIII. Cap. 35e
(2) DECANDOLLE, Physiologie Veégétale, Tom. II. pag. 354.
(3) SENEBIER, Physiologie Végétale. Tom. IV, pag. 3it.
(4) Ve-corpus, Histor. Plantar. Lib, II. Cap. 156,
(5) P. ALPINUS, de Plantis Egypt. 35.
(6) LINNAEI, Amvenitates. Academicae, Vol. iV. pag. 337
03
( 212 )
den. van BONNET, te vergeefs naar eenige’ waarnemingen
over hetzelve, Niet echter kwamen de bewegelijke bla-
den geheel in vergetelheid , maar men fíprak er flechts
ter loops van, geliijjk Rajus (7) op het einde der 17e
EEUW „ MAIRA in 1729 (8) en DU FAY in 1736 (9).
In 1754 kwam het beroemde werk van BONNET over
het gebruik der bladen in het licht , waarin ook eene ,
op daadzaken fteunende, verklaring wan „derzelwer bewe-
giugen voorkomt (10).
Het volgende jaar veifcheen eene naauwkeurige befchrij-
ving van de veranderende nachtelijke rigtingen der bla=
den, bij een aanmerkelijk getal planten , door Pp. BREMER
onder opzigt van LINNEUS (11), doorgaans echter houdt
men alleen. den Jlaatften voor den vervaardiger van dit
werk: offchoon wij zullen trachten aan te toonen, dat,
hoogstwaarfchijnlijk , deszelfs eerfte gedeelte door BRE-
MER is gefchreven,
Behalve de wezenlijke verdienften, welke het werk van
BREMER € LINNEUS bezit, zoo komen er eenige mine
der goed te keuren zaken in voor, welke ik kortelijk
zal opnoemen: ten z1ften geven zij den naam van flaap
aan het verfchijnfel der bewegelijke bladen , offchoon zij
zelve zeggen, dat deze naam ongepast is (12); ten
_gden
(7) Rajus, Histor. Plantar. p. 1748.
(8) Histoire do P Académie des Sciences de Paris172g. p. 35.
(9) Mémoire de V Académie des Sciences de Paris 1736. p. 87.
(ro) C‚ BONNET, Recherches'sur Pusagedesfeuillesetc. MMDCCLIV,
en daarin Second Mémoire de Ja direction et du retournement des
feuilles etc.
(rr) Somnus plantarum, praeside Lönnaco propositus à PETRO
BREMER. Upfal 1755. in CAROLI LINNAEI Amoenitat, Academicae,
(12) Somnus plantarum eic. p. 336. S 4e
( 213 )
eden wordt in dit werk de eer der ontdekking van de
veranderende nachtelijke rigtingen bij de bladen , aan LIN-
NEUs toegefchreven, ten minften zij zeggen : „ plantas
tali frui fomno novum quid est et inauditum” (13) ;
ten g3den wordt de ontdekking van den zoogenaamden
flaap der bladen verhaald gebeurd te zijn, nadat Lin-
NEus reeds Profesfor was te Up/al, gelijk zulks blijkt
uit den zamenhang (14)} terwijl in de Flora Lapponi-
ca (15), verfcheidene jaren vóór dat tijdperk gefchreven ,
reeds planten genoemd worden, waarvan LINNEUS zegt,
dat de bladen des nachts eene andere rigting dan des
daags hebben.
Het is om deze drie gewigtige onnaauwkeurigheden ,
dat ik geloof, dat niet LINNEUS , maar BREMER de fchrij-
ver van dit werk is: want , wilde gene door hêtzelve
zich «de eer der ontdekking toeëigenen , dan toch had hij
zich wel op de door mij aangehaalde plaats in de Flora
Lapponica beroepen. |
De waarnemingen , na LINNEus over het ons bezighou-
dend verfchijnfel gedaan, zal ik híer niet vermelden, daar _
zij ter gefchikter plaatfe zullen aangehaald worden; en
ik ga dus tot de befchouwing der bewegelijke bladert
zelve over,
Offchoon een vrij aanzienlijk aantal verfchillende foôr-
ten van planten, zoo wel kruidachtige , als heesters of
boomen , met bladen voorzien zijn ; die des nachts eene |
andere rigting hebben dan des daags ; zoo is echter
derzelver aantal, ín vergelijking met de overige planten ,
ge=
(13) Somnus plantarum étc. pe 336. S 6. (14) Ibid, p. 340.
{15) CAROLI LINNARL Flora Lapponica, Amflerdam 1735. p. 222.
Pi 0 4
%
(“214 )
gering „gelijk zulks reeds daaruit blijkt „dat bijna alleen
bij. de familiën der Oxalidee. en Leguminosae dit ver-
fchijnfel wordt waargenomen (16). De tijd , waarop de
overgang van den dag- in de nachtrigting en omgekeerd ,
voorvalt, regelt zich doorgaans naar het op= en onder-
gaan der zon, en is in het algemeen veel geregelder dan
het opengaan en fluiten der bloemen (17). Hierbij ech-
ter moet men in het oog houden, dat planten, uit vreem.
de luchtftreken in de onze overgebragt, over het alge-
meen voortgaan op die tijden hunne bladen te openen en
te fluiten, op dewelke zij zulks in hun vaderland ge-
woon waren. Aldus ziet men, des avonds in onze war-
me kasfen, des avonds om zes uren, midden in den zo-
mer , de bladen van eene menigte planten zich fluiten „
offchoon alsdan het licht , noch de warmte verminderd
zijns terwijl zij ook-des winters ’s morgens op hunnen
gewonen tijd zich wederom aki alhoewel het volko-
men duister zij. |
Onze ware inland{che planten, daarentegen’, volgen meer
of min regelmatig de zon, zoo als zij zich hier in hare
dagelijkfche beweging vertoont. Naauw hangen de ver-
anderingen in de rigting der bladen te zamen met de ge-
zondheid der plant, en meer in het bijzonder met die
der biaden zelve; hoe krachtiger dus de plant is, des te
geregelder en des te minder afhankelijk van uitwendige
invloeden „ hebben de dagelijkfche bewegingen der bladen
plaats. Het is dus natuurlijk , dat, tegen den herfst als
de bladen oud worden „(deze toch hebben hun eigen le=
ven en doorloopen de verfchillende tijdperken aan hetzela
ve
(16) DECANDOLLE, Physiologie Végêtale, Tom. II. pe 857-858.
(17) DECANDOLLE , Mémoires présentés àl’ Institut, Vol. L pe 343e
NTB)
ve eigen „) (18) de bewegingen verminderen of wel gee
heel ophouden; doorgaans echter is de rigting der bladen
alsdan zoodanig, dat zij noch volkomen met de dagelijk-
fche, noch met de nachtelijke overeenkomst. Bijzonder
geldt dit ôok opzigteliijk van die planten , welke gedu-
rende- den winter in kasfen bewaard worden , wanneer
derzelver bladen den meesten tijd geen of flechts een
naauwelijks merkbaar verfchil, tusfchen dag en nacht,
aantoonen. (19) Jonge bladen hebben, vóór hunne vol.
komene ontwikkeling, doorgaans de rigting, welke zij
naderhand alleen des nachts weder aannemen. In den
eerften tijd, na hunne ontwikkeling , vertoonen zij de vere
fchijnfelen der bewegelijkheid in de hoogfte mate , zoo=
wel door fchielijkheid der bewegingen, als door meerdere
volkomenheid in derzelver uitvoering.
Gedurende de ontwikkeling van nieuwe bladen, wore
den de bewegingen der naastbijzijnde zeer ongeregeld en
langzaam, hetwelk ook bij fommige planten gefchiedt ten
tijde van de ontwikkeliug der bloemen en vruchten , b. v.
bij Zupinus; bij anderen heeft zulks echter geen plaats ,
zoo ala bij Oxalis. De beweegbare bladen toonen dike
wijls, hehalve de dagelijkfche , nog eene bijzondere be=
weging , die van toevallige oorzaken fchijnt af te hangen.
Zoo zageu wij reeds boven , naar her verhaal van PLINr-
Us, dat de bladen van Zrifolium bij onweder zich fluie
ten „, terwijl hetzelfde door anderen op den middag bij
fterken zonnefchijn , bij Robinia, Mimofa pudica, (20)
| Senz. :
(18) G. vrouik , Oöserrat, de defoliatione etc. page g en volg.
(19) K. SPRENGEL , Anleitung etc. Ed. I. Pars I, p. 306,
(20) SiewarT, in Archiy für die Phystologie von Rem und
AUTENRIETH, Band XII, p. 33-41.
O5
( 26 )
enz. is waargenomen. OEHME daarentegen zag hetzelfde
verfchijnfel , bij eene betrokkene lucht, bij MZimofa fen-
fitiva, en bij onweder bij Robinia pseudoedcacia , en
eenige Lupinus-foorten ontftaan (e1)z terwijl ik zelf het
fluiten der bladen bij Oxalis en Lotus-foorten bij fterken
zonnefchijn, en bij Mimo/a dealbata, Cefalpinta pul
cherrima, etc. bij onweder heb waargenomen. Zeer over-
dragtelijk hebben fommigen deze verandering in de rig-
ting der bladen, middagflaap genoemd.
Wat de veranderingen in de rigting der bewegelijke
bladen op zich zelve betreft, deze zijn zeer verfchillen=
de, want zij rijzen gedurende den nacht in de hoogte „.
buigen zich naar beneden of bewegen zich zijdelings.
Vier hoofdrigtingen dus toonen de bewegelijke bladen des
nachts aan; en meu zoude nog vele anderen „ welke uit
de verbinding van twee dezer rigtingen ontftaan, kunnen
aanwijzen. Moeijelijk echter zoude het zijn, om, indien
men deze ook wilde onderfcheiden, zulks zonder naauw-
keurige hoekmetingen in het werk te {tellen , waarom ik
mij dan ook alleen maar tot die vier hoofdrigtingen zal
bepalen, | |
Naar mate dat de bladen zamengefteld zijn „ kunnen ook
de zamenftellende deelen zich bewegen. Aldus kunnen,
bij de gevederde bladen, de blaadjes en de algemeene
bladfteel , bij de dubbeld gevederde bladen ook nog de
bijzondere bladftelen zich afzonderlijk bewegen. Weinig
voorbeelden zijn er echter bekend van bladen , met meer
dan één bewegend deel. Desniettemin zal ik alle beweeg-
bare bladen, naar het getal hunner beweegbare deelen ,
tot
(21) K. Je OEHME, in Beschüft. der Berlinifcheu Gefelfchaft.
Band II, Jaar 1776. fe 8688,
(CMI)
tot drie afdeelingen brengen , en deze ieder weder, vole
gens de vier hoofdbewegingen „ in onderdeelen fplitfen.
Zie hier een dusdanig ingerigt overzigt van alle „ mij
bekende, veranderende bladrigtingen gedurende den nacht.
EERSTE AFDEELING,.
Planten, welker bladen flechts ééne beweging hebben.
a. Het blad, of deszelfs bewegelijk deel, rijst des nachts
in de hoogte... b. v. Faba vulgaris, Lotus, Trie
folium Vicia, Lrathyrus.
b. De bladen of derzelver bewegelijke deelen worden des
nachts naar beneden gebogen, b. v. Lupinus, Oxa-
lis fricta, Robinia, Glycyrrhiza, Glycine, Abrus.
c. Het blad, of deszelfs bewegelijke deelen , bewegen
zich zijdelings naar voren, b. v. Zamariudus Indie
ca „ Mimofa foorten , enz.
d. Het blad, vof deszelfs bewegelijke deelen , bewegen
zich zijdelings naar achteren , b. v. TepArofia cari-
baa. (22) | N
TWEEDE AFDEELING.
Planten, met bladen, welke twee bewegelijke deelen
hebben.
A. de algemeene bladfteel rijst eenigzins in de hoogte.
4, de blaadjes buigen naar beneden, b. v‚ Medy/a-
rum gyroides , Casfia,
B. de algemeene bladfteel buigt eenigzins naar beneden,
a. de blaadjes buigen naar beneden, b. v. Amorpha
fruticofa, |
be
(22) DECANDOLLE, Physiologie, Pars IL, p. 857.
( 248
b. de blaadjes bewegen zich zijdelings naar voren ,
b. v. Gleditfchia triacanthos.
In het algemeen moet ik bij deze afdeeling aanmerken ,
dat de beweging des algemeenen bladfteels , uitgenomen bij
Hedyfarum gyroides, zeer gering is, en dat men de-
zelve alleen in den voorzomer, bij fchoon weder, eenig-
zins duidelijk kan waarnemen. -
DERDE AFDEELING.
Planten, met bladen, welke drie bewegelijke deelen
_ hebben.
A. de algemeene bladfteel buigt zich naar beneden.
b, de gedeeltelijke bladftelen naderen eikander.
1°, de blaadjes rijzen in de hoogte, b. v.
Mîimofa pudica , Mimofa fenfitiva.
Deze zijn de eenigfte , mij met zekerheid bekende ,
planten, welke drie bewegelijke deelen bezitten: hoogst-
waarfchijnlijk echter beftaan er meerdere, |
Bij deze zeer algemeene opgave van de veranderde rig-
tingen der bladen , gedurende den nacht, zoude het niet
moeijelijk zijn, vele bijzondere befchrijvingen te voegen,
van , door deze veranderingen in de rigting der bladen,
foms onkenbaar gewordene planten. Hierin echter zie ik
weinig voordeel tot bereiking van mijn doel; want dit
veranderde voorkomen hangt, behalve van de beweging
der bladen, van derzelver vorm en plaatfing , in betrek-
king tot de bloemen, vruchten, enz, af. Nuttig echter „
geloof ik, zal het zijn, de bewegingen zelve bij eene
‚plantenfoort naauwkeurig te befchrijven. Ik heb MZimo/a
pudica hiertoe uitgekozen , zoo wel omdat ik hierdoor
na:
(219 )
naderhand niet over de natuurlijke bewegingen dezer plant
zal behoeven te fpreken „ als om het zamengeftelde der
bewegingen, en de vaardigheid, waarmede zij worden uit-
gevoerd.
Het was in het midden van Julij, dat ik eene plant
der- bovengenoemde foort, van ’s namiddags te 4 uren
tot den volgenden morgen, naauwkeurig in het oog hield.
Dadelijk trachtte ik , zoo voorzigtig mogelijk , den hoek te
bepalen, welken de algemeene bladftelen met de takken,
naar beneden toe gerekend , maakten,
Door elkander bedroeg dezelve toen 120°,
Om half zes uur begonnen deze hoeken merkbaar tc
verkleineu „ doch om 7 uren bedroegen dezelve nog rooo,
Toen begon ik eenige rijzing, in de digtst aan deu ftam
zich bevindende blaadjes , waar te nemen. Onderwijl be.
gon de algemeene’ bladfteel eenigzins fchielijker te zakken,
zoodat om 8 uren de hoek flechts goe bedroeg. Om
dezen tijd begonnen eensklaps al de blaadjes van een
blad in de hoogte te rijzen, beginnende van achteren af;
eenigc minuten daarna volgde op dezelfde wijze een an=
der blad, waar zich echrer de beweging aanvankelijk al-
leen tot de blaadjes van een der vier gedeeltelijke biadfte-
len uitftrekte3 bij één enkel blad zag ik de rijzing niet
van achteren , maar in het midden, eenen aanvang ne-
men. Van tijd tot tijd volgden de blaadjes der overige
bladen , durende zulks tot 9 uren , zoodat het fluiten
der blaadjes alleen een onderfcheid van twee uren ople=
verde, Intusfchen naderden de gedeeltelijke bladftelen el-
kander , en zakte de algemeene bladfteel hoe langer hoe
lager, tot dat om ra uren derzelver hoek flechts om- :
ftreeks 30° bedroeg. Weldra begint nu de algemeene
blade
C 0 )
bladfteel weder te rijzen ; tegen het opgaan der zon wij=
ken de gedeeltelijke bladftelen van elkander, en iets vroe-
ger of later dan half zes uur, openen zich de blaadjes’,
welke beweging van achter af begint,
De verfchillende bewegingen, welke ik opgegeven heb,
hebben met meerdere kracht plaats , dan eigenlijk noodig
is. Door verfchillende proeven heb ik mij hiervan over=
tuigd , van welke ik hier eenige zal mededeelen 3 bij
voorkeur echter dezulke, welke ik met inlandfche of wel
met zoodanige planten , welke de koude tien hier op-
levert , gedaan heb.
1e proef, Frisch afgefneden takjes van Faba yulga-
ris, Oxalis Stricta , Lupinus albus en Robinia viscofa
plaatfte ik des avonds om 6 uren op het water, zooda-
nig, dat ten minfte eenige hunner bladen volkomen met
de achterfte oppervlakte op hetzelve dreven. Weldra
toonden de bladen hunne krachten in te fpannen , om de
nachtelijke: rigting aan te nemen 3 alzoo kromdeu zich de
bladen der eerstgenoemde foort, om zich van de opper=
vlakte des waters te bevrijden, maar konden dezelve zieh
geenszins geheel opheffen. De tweede foort maakte de=
zelfde beweging als de vorige , waardoor de blaadjes op
zijde vielen. De blaadjes der derde foort konden zich
niet van het water losmaken ; doch drukten het punt „
waar zij aangehecht waren , zóódanig naar beneden, dat
zij bijna dezelfde rigting, als buiten het water , verkre-
gen. De laatfte eindelijk der bovengenoemde foorten ,
kon, door den tegenftand van het water, de blaadjes niet
naar beneden bewegen, maar beurde, door terugwerking ,
den algemeenen bladfteel eenigzins in de hoogte.
2e proef. Duidelijk reeds bleek uit de bovenverhaalde
uit-
C 21 )
uitkomften , dat er meerdere kracht, bij het aannemen
van de nachtelijke rigtingen der bladen, wordt aange-
wend „ dan daartoe noodig is. Ik wenschte deze kracht
echter. eenigzins nader te kennen, waarom ik tegen den
avond om den middennerf van eenige blaadjes van Faba
vnlgaris op M van de lengte van het blaadje van benee
den af, 2 grein medicinaal gewigt vasthechtte; aan an-
dere blaadjes maakte ik. op dezelfde plaats 4 grein vast.
Die met 2 grein bezwaard „rezen als gewoonlijk in de
hoogte; de anderen echter, welke 4 grein boven hun
eigen. gewigt te torfchen hadden, rezen. langzamer en. be-
reikten de volkomene hoogte der overige blaadjes „ gedu
rende den-nacht , niet. Hieruit blijkt dus, dat ieder blaad=
je der genocmde plant ten minfte 3 grein meer kan op-
heffen, dan voor de beweging tot fluiting van het blaadje
noodig is.
3e proef. Ik was Maser op gelijke wijze te bepalen,
hoe groot de kracht was, welke des morgens bij het
openen. der bladen ongebruikt bleef , want dat ook hier
overvloed van kracht plaats had, meende ik uit de ana-
logle te mogen. befluiten. Op gelijke plaats dan bevestig
de ik gedurende den nacht gewigtjes aan den middennerf
der. blaadjes van Robinia viscofa, en zag, na eenige
toenaderende proeven, dat ieder der blaadjes dezer plant
ten minfte 3f grein medicinaal gewigt, des morgens, mede
naar boven kan heffen.
Na aldus te hebben aangetoond , dat in de bewegelijke
bladen meer dan genoegzame krachten aanwezig zijn, om
de dagelijkfche, bewegingen te volbrengen „ moeten: wij
overgaan tot het nafporen dier krachten zelve ; alvorens
echter zal ik, zoo kort mogelijk , tot beter verftand der
zaak ,
( ‘22 -)
zaak , de bladen ontleedkundig befchrijven.
In het algemeen zijn de bladen uitbreidingen van hout-
bundels, tusfchen wiens zich een meer of minder over-
vloedig celweeffel ontwikkelt, wiens lagen, behalve door
plaatfing , ook door de vormen der cellen verfchillen.
Om de uitbreiding der houtdraden , hier nerven genoemd,
zijn de vafa laticis geplaatst , terwijl dit alles door eene
bijzondere laag celweeffel (opperhuid) bedekt wordt.
Voor dat de houtdraden uiteenwijken , om het eigenlijke
blad te vormen, zijn zij op eene langeren of korteren
afftand met «elkander vereenigd , waardoor de bladfteel
ontftaat ; de plaatfing echter der houtdraden in den blad-
fteel verfchilt, door welk verfchil veroorzaakt wordt ,
dat fommige bladen bijna onbewegelijk zijn, anderen
daarentegen zeer gemakkelijk en zonder beletfel kunnen
bewogen worden (23).
Het fpreekt van zelve , dat deze laatfte bewerktuiging
bij de bewegelijke bladen plaats heeft. Voor het overige
ontftaan de houtdraden, waaruit de bladen gevormd wors
den , op dezelfde. wijze bij de bewegelijke , als bij de
niet bewegelijke bladen. (24) Om deze houtdraden , wel
ke onderling door celweeffel. werbonden zijn, ligt. een
bekleedfel van hetzelfde weeffel: en om ieder der hout-
draden of naast dezelve, zijn de va/u laticis geplaatst. (25)
Het punt, waar het blad met den ftam of tak vereenigd
wordt, is doorgaans van eene aanzwelling van het be-
kleedfel des bladfteels voorzien. Bij de bewegelijke bla-
den
(23) MirBeL, Mémoires math. et physig. de U’ Instit, Tom. X,
Pe 555e
(24) Link, Kritifche Bemerkungen, etc. PD. 24e
(25) ScnuLTz, in Botan, Zeit. 1828* p. ao1,
( 223 )
den mist zulks nimmer, en is meestal aanmerkelijk bij
dezelve ontwikkeld. Zigtbaar gaat deze aanzwelling in
de bast over , en beftaat uit celweeffel (26). … Daar nu,
_ gelijk wij boven zagen, de vasa laticis in de bladfteel
_ om of bij de houtdraden liggen, en deze. gewigtige deelen
daarentegen in den ftam , meestal in de fchors- gevonden
worden, (27) zoo volgt, dat zij in of bij de aanzwel-
ling, rondom de inplanting der bladfteel, vanaf. de
houtdraden taar de fehors, en dus de aanzwelling moe-
ten doorloopen,
Wat eindelijk de vereeniging van de houtdraden uit de
bladfteel met den tak of ftam aangaat, zoo zijn de ge-
voelens hierover zeer verdeeld. VaucnerR (28) heeft
onlangs ftaande gehouden, dat zij niet eene voortzetting
van de houtdraden der overige plant, maar met deze
flechts verbonden zijn, hetwelk mij echter onwaarfchijn-
lijk voorkomt, indien men namelijk van de bladen der
Filices Rhododendron, etc: tot de overige planten mag
befluiten ; “want bij dezen en vele anderen is het gemak
kelijk waar te nemen, dât de houtdraden , van ftam en
blad , voortzettingen van elkander zijn. Na aldus de
deelen , waaruit een blad beftaat, opgenoemd, en de ver=
houding derzelve onderling eenigzins uit elkander gezer
te hebben, kunnen wij overgaan tot het onderzoek naar
de krachten , welke de dagelijkfche bewegingen veroorza-
ken. |
In de eerfte plaats zal het noodig zijn , te onderzoe-
5 A00 ken ,
(26) LINH, DECANDOLLE, DUTROCHET , Enz.
(27) ScnuLTz, die Natur, etc. 1. C. p. 575:
C28) Bulletin des Sciences Naturelles, Tom, VIII. pe 55 «
P
C 24 )
ken, in welk gedeelte der bladen de bewegende kracht
hoofdzakelijk aanwezig is, tot welk einde ik de volgen-
de proeven deed.
i°. Aan al de blaadjes van een zamengefteld blad van
Lupinus albus, fneed ik de bladuitbreiding tot aan den
middennerf weg.
2°, Aan een ander blad derzelfde plant {need ik alle
blaadjes op % der lengte af, \
De aldus misvormde blaadjes hadden desniettemin de-
zelfle bewegingen als de ongefchondene „ waaruit mij
bleek , dat, noch het celweeffel , noch de middennerf
eenigen invloed op de bewegingen hadden. Ik herhaalde
deze proeven op Robinia pseudo-Acacia , viscofa „ Lo-
tus foorten, enz. met hetzelfde gevolg. Bij Oxa/is-foor-
ten daarentegen was het blad, na nog een of twee dagen,
na de bovenvermelde kwetfingen , de gewone bewegingen
volbragt te hebben, verlamd, hetgeen echter aan het
nadeel, hetwelk de plant door dit verlies van fubftantie
leed, zal moeten toegefchreven worden; ten minfte bij
fterkere planten, zoo als boomachtigen , heb ik de meest
misvormde overblijffels van bladen, gedurende zes we-
ken, zich, even als gewoonlijk , zien bewegen „ mits
dat de blad(teel ongefchonden bleef. Het zal dus de blad-
teel moeten zijn, waarin de werktuigen der beweging
bij de bewegelijke bladen, zich bevinden; en onwillekeu-
rig denkt men hierbij aan het deel, dat DUTROCHET (29)
bij Mimofa pudica, als de zetel der bewegingen bij de
bladen dier plant heeft doen kennen, en hetwelk TREVI-
RA-
(29) DUTROCHET , Journal de Physique etc. Tom. XCV. p. 474.
Recherches: anatomigues et phyfiologigues etc. par DUTROCHET.
Paris 1824. p. 52 en volg.
C 225 )
RANUS (30) reeds vermoedde , eene gelijke werking bij
de beweegbare zoowel, als bij de prikkelbare bladen , te
hebben. Mijne bovenvermelde proeven , de analogie tus-
fchen het door purrocneT bij Mimo/a pudica ontdekte
werktuig der beweging, en de aanzwelling rondom de
inplanting der blaadjes bij de planten met bewegelijke
bladen , en de zoo even aangéhaalde gisfing van TREVI-
RANUS , bragten mij dus tot het onderzoeken der aan-
zwelling «om de bladftelen, Groote moeijelijkheden ech-
ter deden zich hierbij op, want de kleinheid dezer aan-
zwellingen , alsmede derzelver plaatfing , maakten het tot
eene niet gemakkelijke zaak, om in deze bevredigende
onderzoekingen in het werk te ftellen. Leangen tijd heb
ik te vergeefs beproefd, om bij de kruidachtige planten
de aanzwellingen geheel weg te fnijden , zonder de ande-
re deelen der bladfteel te kwetfen, hetgeen mij eindelijk ,
vooraf een fijn mesje hiertoe hebbende laten vervaardie
gen, gelukte bij Faba vulgaris, “Robinia yiscofa , pseu-
do-dcacia , Amorpha, Casfia marylandica setes ik
had het genoegen te zien , dat alle bewegelijkheid hier=
door verloren ging. |
De bladen echter aldus van hunne aanzwellingen bee
roofd „ bleven , gedurende eenige weken ‚leven. Duidelijk
dus is het, dat de aanzwellingen de werktuigen der be-
weging bij de bewegelijke bladen zijn 3 blijvende er nu nog
over om te onderzoeken , hoedanig zij deze bewegingen
ten uitvoer brengen. Ik fneed tot dit einde aan alle de
blaadjes van een zamengefteld blad van Robinia viscofa
het bovenfte gedeelte der aanzwelling , tot op de hout-
ed in | bun-
€30) L. C, TREVIRANUS, Zeitfchrift für Búyfioiogte, Band [, p. 176
BA
C 2% )
bundels weg, en in plaats van de gewone beweging der
blaadjes naar beneden tegen den avond waar te nemen ,
zag ik, in tegendeel. bij de dus bewerkten eenige rijzing
plaats hebben , en was dus niet alleen de natuurlijke be-
weging met het bovenfte deel der aanzwelling , verloren
gegaan „ maar, daardoor ook gelegenheid; tot eene „ hoee
wel geringe, echter merkbare, eiken: nare
gegeven. D tifer rie /
Ik herhaalde deze proef’ bij verfcheidene bladen „ zoo
wel van de bovengenoemde foort als--bij. de blaadjes van
Robinia pseudo-dcacia, en kreeg altijd hetzelfde ge-
volge Hieruit blijkt. 1% , dat de bovenfte aanzwelling de
blaadjes. der. genoemde, planten ‚naar beneden doet zakken,
hetwelk dus door eene uitzetting moet plaats hebben.
2°. „Dat ook de onderfte aanzwelling eene uitzettende
kracht heeft, dewijl anders„de. blaadjes ‚de horizontale
rigting eik zij hadden „ toen ik,‚de-bovenfte,aanzwel«
ling. -wegfheed , «hadden moeten behouden, … Volkomen
overeenkomftig metde. gevolgtrekkingen -zijn de. uitkom=
ften , welke ik verkreeg, door- het wegfnijden: van de
onderfte gedeelten der aanzwellingen bijde bovengenoeme
de «planten, want „daardoor zakten de blaadjes dadelijk
naar beneden en bleven-.onbewegelijk- in die houding:
met het bloote. oog, doch; beter-met, eene loupe, kon
men zien „dat het bovenfte deel der aanzwelling bij des
zelve fterk- gezwollen. was. zeta DN,
‚De tot dus verre vermelde. proeven: annae zich alle
tot planten, welker ‘blaadjes. des „nachts, naar beneden
zakken; en er zoude dus twijfel kunnen ont{taan,; of het
rijzen der bladen tegen den nacht, wel door gelijke wet-
ten geregeerd worde, als het zakken, derzeïve., Hierom
hek
(227
heb. ik de--bovenbefchreven proeven op faba vuligart
herhaald „en. „gezien ;-dat ookdaar- het rijzen der blaad
jes door „eene uitzetting der onderfte aanzwelling veroore
zaakt wordt 5 ‘het zakken daarentegen des morgens , door
eene ‚uitzetting der bovenfte aanzwelling. Ook de zijdes
lingfche bewegingen. worden veroorzaakt door eene uit-
zetting van dat gedeelte der aanzwelling , welke tegen-
overgefteld is aan de zijde, naar welke de beweging
plaats heeft, zoo als mij uit de bovenvermelde aan de
gedeeltelijke bladftelen van Mmo/a pudica in het werk
geltelde proeven, ten duidelijkfte bleek. Nog bevond ik!,
dat de algemeene bladftelen zich volgens dezelfde wetten
bewegen, hetwelk mij uit de herhaling der meergemelde
proeven bij Medyfarum gyroïdes bleek, Bij alle vormen
dus van de bewegingen „en bij al de verfchillende be-
weegbare deelen der bladen, is dezelfde onmiddellijke
‚oorzaak van beweging werkzaam. |
Het duistere“ -dus „ dat tot hiertoe de beweegbaarheid
der bladen omhulde, is verdwenen , of liever, is op de
aanzwellingen overgebragt: want dat het eene deel eener
aanzwelling , gedurende een gedeelte: van den dag „ het
andere deel der vaanzwelling „door zich met. meer kracht
uit te zetten ; overwint „vis een verfchijnfel even merk-
waardig en verwonderenswaardig , als- voorheen de bewe-
ging der bladen, +De-naaste oorzaken hièrvan op te fpo-
ren , zal thans onze,zaak-zijn’, dewijl deze naaste oot-
zaken „ als- de verwijderde oorzaken wan «de bewegingen
der bladen: aante merken zijn, “Voor dat ik hiertoe over-
ga, moet ik nog opveene bedenking antwoorden „ welke
men, tegen de door mij befchrevene werking der aan-
zwellingen. zoude’ kunnen maken: “Zij sis deze: er zijn
P 3 ve-
( 228 )
vele planten, welker bladen aanzwellingen bezitten , zon=
der dat hierdoor bewegingen ontftaan. Gemakkelijk ech-
ter laat zich fdeze fchijnbare tegenftrijdigheid verklaren ,
want ten 1e kan de de ftelling der houtdraden alle bewe-
ging onmogelijk maken; ten e° kunnen de aanzwellin=
gen ‚ hoewel aanwezig, echter te klein zijn ; en eindelijk
ten 3e kunnen de krachten der beide aanzwellingen fteeds
gelijk zijn, zoodat hierdoor noodwendig alle beweging
_ voorgekomen wordt.
TWEEDE HOOEDSTUK.
\
BESCHOUWING DER VERRIGTINGEN VAN DE BLADEN ALS
VERWIJDERDE OORZAKEN VAN DERZELVER BE-
WEGINGEN.
In het algemeen heeft men de oorzaak van de dage-
liijkfche bewegingen der bladen doorgaans gezocht in het
verfchil tusfchen dag en nacht, dewijl genoemde bewe-
gingen met deze twee tijdperken ten naasten bij overeen-
-men. Dikwijls heeft men uit een der verfchillen , wel-
te den dag van den nacht onderfcheiden , beproefd „ de
werfchillende rigtingen te verklaren. Zoo heeft de koel-
heid , de vochtigheid en de duisternis van den nacht iee
der in het bijzonder zijne verdedigers geha.d
Weinig, of in het geheel niet heeft men er aan ge-
dacht, om het verfchil van de verrigtingen der bladen ,
ge-
( 229 )
gedurende dag en nacht als verwijderde oorzaak van de
veranderde dagelijkfche rigtingen te befchouwen. Ik neo
hierover eenige proeven in het werk gefteld , en zal deze
hier mededeelen, om het even of dezelve gunftig of min-
der gunftig voor het vermoeden, dat mij tot derzelver
in het werkftelling aanfpoorde , uitgevallen zijn.
r°. Znvloed van de ontbinding van zuurflof uit de
bladen op derzelver bewegelijkheid, In het algemeen
weet men, dat, na heete dagen , waarop de zouneftra-
len onbelemmerd op de planten hebben gewerkt, eene
fterke verandering in de rigtingen der bladen , gedurende
den nacht wordt waargenomen , en daar , volgens onze
tegenwoordige kennis, ook onmiddellijk zonnelicht het
voorname middel is ter ontwikkeling der zuurftof uit de
planten : zoo fchijnt hier uit te volgen, dat, hoe leven-
diger de ontwikkeling der genoemde ftof , gedurende den
dag was, de bewegingen der bladen tegen den nacht ook
des te levendiger moeten zijn. Om dit vermoeden te be-
vestigen , deed ik de volgende proef, Takken van Ao-
binia pseudoedcacia, viscofa, Trifolium pratenfe, La-
thyrus pratenfis , Oxalis flricta , en Medicago lupulina
plaatfte ik in verfchillende glazen onder water , dat kun-
ftig met koolftofzuur bezwangerd was ; dadelijk daarna
plaatfte ik, deze glazen in den zonnefchijn , waaraan zij -
van ’s morgens -1o tot ’savonds blootgefteld bleven. De-
zeltde planten , in gelijke glazen , doch onder gewoon
water „ plaatfte ik bij de vorigen: terwijl ik nog eens de
genoemde planten onder water in glazen plaatfte , die ik
echter in de fchaduw zette. „Het natuurlijk gevolg hier-
van was , dat de planten , onder koolzuurwater , eene
groote menigte zuurftof ontwikkelden ; gelijk ook eene zoo-
| P 4 da=
C 230
danige „ doch bep ontwikkeling bij de in gewoon
water , in.de zon {taande planten, plaats had; terwijl de
planten, in de fchaduw gezet, volftrekt niets ontwik=
kelden. Tegen den avond echter kon ik niet waarnemen ,
dat de bladen, die des daags veel zuurftof ontwikkeld
hadden, vroeger of fterker hunne nachtelijke rigtingen
aannamen, Het fchijnt dus , volgens deze uitkomst; dat
de vorming der zuurftof geenen onmiddellijken invloed op
de“ bewegelijkheid heeft ; doch daar de proeven , waarop
deze gevolgtrekking berust , uit den aard der zaak onder
water moeten gedaan worden, zoo is het mogelijk , dat
hierdoor een onnaauwkeurig refultaat ontftaan is3 ten
minfte blijf ik , niettegenftaande hetzelve , van een tegen=
overgefteld gevoelen, hetwelk op de volgende proef ge-
grond is. Ik plaatfte , gedurende eenige achtereen vol-
gende dagen, potjes met Oxalis flricta in den zonne-
fchijn , anderen in de fchaduw „ waarop volgde , dat de
nachtelijke rigting der blaadjes bij de eerften veel fterker
was dan bij de tweeden.
2e, Jnvloed van de vorming van het koolftofzuur op
de dagelijkfche bewegingen der bladen. Algèmeener is
zonder twijfel de: vorming van koolftofzuur , gedurende
den nacht, dan de ontbinding van zuurftof , gedurende
den dag, bij de bladen. Immers de noodige uitwendige
invloed-tot de eerstgenoemde werking is des nachts altijd
aanwezig , terwijl de mogelijkheid (indien namelijk de ons
middellijke zonneftralen noodig zijn) der tweede - wer=
king dikwijls gedurende den dag ontbreekt, Het is om
deze reden , dat ik , zoo veel mogelijk , moeite heb aanÁ=
gewend, om het verband tusfchen de vorming van het
koolzuur en de dagelijkfche bewegingen der bladen , op
te
( 23L )
te fporen.- De eenvoudige proeven hiertoe noodig „zijn
het beletten van de vorming van, het. koolftófzuur en het
‚ bijzondere gemakkelijk -maken. dezer. vorming. Om de
eerfte dezer proeven in het werk te ftellen , plaatíte ik
tegen den avond Lotus Jacobea en Oxalis flricta onder
eene klok, met zuiver Azoton gevuld. Dezelfde planten
plaat{te ik in de vrije lucht naast de klok, „Geen onder-
fcheid echter fcheen het Azoton te weeg te brengen voor
den morgen; want de planten onder de klok ontvouw=
den hunne bladen flechts eenigzins later dan. die „buiten
de klok geplaatst. nek,
Deze zelfde proef herhaalde ik door Lotus tetrago=
nolobus en Oxalis frricta onder eene klok met hydroge-
nium te plaatfen , waardoor ik het volgende zag gebeu-
ren. Op den eerften nacht was-de nachtelijke. rigting
volkomen ; den daarop volgenden dag echter werd de. da-
gelijkfche rigting flechts zeer. onvolmaakt. bij de bladen
waargenomen ; en gingen dezelve tegen den avond, reeds
vroegtijdig weder in de nachtelijke rigting over. Tegen
den volgenden morgen befpeurde ik geene verandering
maar bleven de bladen onveranderlijk in de nachtrigting
ftaan.
Ik keerde toen deze proeven om „ door de genoemde
planten onder eene klok , met zuurftof gevuld, te plaat-
fen. Hierdoor werd de beweging zeer {nel en krachtig.3
doch de planten konden het in deze luchtfoort niet lan-
ger dan een of twee dagen uithouden , zonder dat der-
zelver gezondheid aanmerkelijk leed. Uit deze proeven
geloof ik te kunnen afleiden , dat de vorming van het
koolftofzuur , gedurende den nacht, voor de bewegelijke
bladen voordeelig is, ter-verkrijging der dagelijkfche rig-
tingen. P 5 3%
( 242)
3°. _ Znyloed van de opflorping en verdamping der
vochten op de dagelijkfche bewegingen der bladen, Gee
lijk bekend is, ftaat de opflorping der vochten in de _
planten in dadelijk verband met de verdamping. De
verdamping hangt ten naauwften met licht en warmte za-
men „ en verdwijut des nachts geheel (1); de opflorping
echter gaat nog eenigzins voort, offchoon de verdamping
opgehouden hebbe, " Zoo zag HALES „ dat de planten ge-
durende den nacht eenigzins in gewigt toenamen (2) , en
DECANDOLLE bepaalde zelfs door proeven , hoeveel , zon=
der invloed van licht, opgezogen werd (3). Duidelijk
dus is het, dat bij het vallen van den avond , tegen dat
de bladen de nachtelijke rigting aannemen, de ruwe fap-
pen in de planten vermeerderen ; tegen den morgen ech-
ter , wanneer de bladen zich openen, moet deze vermeer-
dering van gewigt weder verdwijnen.
Door deze gelijktijdige verandering in den ftaat der ru-
we vochten en de rigting der bladen „ ontftaat zeer na-
tuurlijk het denkbeeld, dat er eenig verband tusfchen
deze twee levensverrigtingen beftaat. Ik trachtte door
dadelijke proeven , in dit opzigt, tot zekerheid te komen.
- Hiertoe nam ik drie potjes met Oxvalis flricta. Een der-
zelve plaatfte ik half in het waters het tweede gaf ik ge-
matigde vochtigheid; terwijl ik het derde alle vochtig-
heid onthield, tot de bladen dreigden te verdroogen. Het
gevolg hiervan was, dat de plant in het eerfte potje der.
zelver bladen eene rigting deed aannemen „ zeer nabijko-
mene
(a) DECANDOLLE, Physiologie Végétale. Vol. I. p. 122.
Ca) HaLrs, Groeijende Weegkunde, enz, p. 22, enz,
(3) DECANDOLLE , Mémoire présenië à UV Institut. Vol, 1. p. 338.
( 233 )
mende aan die van den nacht ; welke rigting, gedurende
de geheele proefneming „ beftendig dezelfde bleef.
De bladen der beide andere planten bleven zich gere-
geld bewegen. Deze zelfde proef , in het werk gefteld
met Lotus Jacobaens , leverde een dergelijk gevolg.
Sterkere planten echter, zoo als ftruikachtigen, konde
ik door vochtighetd geene nachtelijke rigtingen der bladen
doen aannemen, offchoon het bij deze ook niet wel mo-
gelijk was , om gedurende eenige dagen eene zoo bepaal-
de vochtigheid „ als bij kleine , ín potjes geplaatfte plan-
ten , te weeg te brengen. Ook de beroemde proef van
BONNET (4), om bladen de nachtelijke rigting te doen
„aannemen, door eene fteeds natte fpons onder dezelven
te hangen, is mij noch bij Robinia , noch bij Mimofa
foorten gelukt. Desniettemin geloof ik uit mijne proe-
ven met Oxalis , Lotus , enz. gerust te mogen afleiden,
dat overvloed van ruwe fappen het aannemen der nach.
relijke rigtingen bevordert ; het tegenovergeftelde daaren=e
tegen de dagrigtingen gemakkelijk maakt.
Nemen wij nu de uitkomften der bovengemelde proe-
ven te zamen, zoo geloof ik , dat daaruit een zeer ge-
wigtig gevolg is af te leiden , namelijk : dat de levens-
verrigtingen der bladen, gedurende den dag , de aanne=
ming der nachtelijke rigtingen bevorderen bij die bladen ,
welker maakfel toeftaat, dat zij zich bewegen 3 en dat
daarentegen de levensverrigtingen der bladen, gedurende
den nacht, de aanneming der dagrigtingen gemakkelijk
maken. | :
Is deze gevolgtrekking overeenkomf{tig met hetgeen in
de
(4) Bonmer, Recherches sur Pusage des feuilles , p. 102.
( 234 )
de vrije. natuur gefchiedt „ zoo geeft zij ons het middel
tot verklaring van verfcheidene daadzaken, Want be-
halve ‚dat door het licht de. dagelijkfche bewegingen
in het «algemeen worden aangebragt „ zoo wordt er ook
door opgehelderd; 1° het aannemen. der nachtelijke rig-
tingen van fommige bladen na groote zonnehitte en zon-
nelicht , want door. deze beide omftandigheden worden
de dagelijkfche werkingen der bladen zeer verfterkt ; 2°.
waarom de bladen des morgens op den gewonen tijd zich
openen , offchoon het nog duister zij; want de vorming
van het koolftofzuur hangt alleen van den nacht af „en
kan dus geenszins, door het vroeger of later licht , worden
veranderd , als in zooverre , dat de duisternis lang ge=
noeg moet duren , om deze vorming toe te laten. -
Daar echter, zoo als van zelve {preekt „ in ieder blad
maar eene bepaalde hoeveelheid koolftof woorhanden is,
gefchikt om in koolzuur veranderd te worden „ zoo kan
eene langere duisternis geenen invloed op deze levensver-
rigtingen der bladen. hebben 3 en 3°. eindelijk geeft het
bovengezegde ons eene gegronde verklaring „ waarom de
bladen dikwijls reeds om zes uren zich fluiten , fchoon
het nog volkomen dag zij. |
Behalve dezen invloed der levensverrigtingen op de be-
wegelijkheid, der bladen, zijn ler nog andere oorzaken „
die op het ons bezighoudend verfchijnfel fchijnen te wer-
ken 5 waarom ik met het bovengezegde in geenen. deele-
‘bedoel , dat alleen in de werkingen der bladen de ver-
wijderde oorzaak der bewegingingen gelegen zij , maar .
dat zij medewerken , of liever een gedeelte dier verwij-
derde oorzaken uitmaken.
DE R-
DE Re ORDE EU KK
/
INVLOED VAN LICHT ;, WARMTE EN VOCHTIGHEID OP DE
DAGELIJKSCHE BEWEGINGEN DER BLADEN,
Onophoudelijk zijn de planten aan verfchillende. invloe-
den blootgefteld „ welker werking -alleen door waarne-
ming „ maar geenszins door theorie kan verklaard wor-
den. … Dikwijls dus ziet men-bij-de planten voordeelige
of flechte- gevolgen door eenen uitwendigen invloed. ont-
ftaan , zonder dat. men naauwkeurig en zeker, kan. opge=
ven „welke de levensverrigtingen- waren , waarop „die
invloeden hunne werking ‘uitoefenden. Het is dus niet
ftellig bekend, ‘op welk eene ‘wijze licht, warmte en
vochtigheid. in „het algemeen op. de levenswerkingen, der
planten werken 3want , offchoon men ook wete , dat
voor. deze of gene levenswerking eene zekere hoeveelheid
der „drie bovengenoemde zaken nodig zij, zoo blijven er
nogtans verfcheidene verfchijnfelen , die door deze ftoffen
ontftaan , „doch. in, geenen „deele ‘kunnen verklaard wor-
den, ‘over. „Het is ‚om deze reden „ dat ik de waarnee-
mingen over den invloed van licht , warmte en vochtig-
heid, opde, -dagelijkfche- bewegingen der bladen niet-zal
trachten ‚te verklaren , maar alleenlijk de mij bekende zal
opnoemen , om daaruit algemeene gevolgen te kunnen af=
leiden. En | | |
Licht. “Al de waarnemingen of proeven over den in-
vloed
(“236 )
vloed des lichts laten zich in twee klasfen verdeelen; in
dezulke namelijk , die den invloed van hetzelve op de
dagelijkfche bewegingen bewijzen, en in dezulke , welke
fchijnen aan te toonen, ‚dat het licht geenen dadelijken
invloed op het ons bezighoudend verfchijnfel uitoefent.
Zie hier eenige waarnemingen tot de eerfte foort be-
hoorende. Hirr zag de bladen van dbrws precatorius
op den middag, door blootftelling aan duisternis , de
nachtelijke rigting aannemen , en deze‘ wederom in de da-
gelijkfehe zich veranderen, nadat de plant op nieuw aan
het licht was blootgelteld. Dezelfde geleerde zag verder,
dat planten , in eene flecht verlichte kamer geplaatst ,
hunne bladen eene rigting deden aannemen, die naar de
nachtelijke geleek (1). Duidelijker dan deze waarnemin-
gen van HILL, fchijnen mij de proeven van DECANDOLLE
voor den invloed des lichts op de dagelijkfche bewegin-
gen der bladen te fpreken. Deze onvermoeide Plantkun=
dige toch, ftelde in de eerfte plaats Mimofa pudica ,
gedurende vier achtereenvolgende dagen, aan een aanhou-
dend kunstlicht bloot, hetwelk hij berekende aan £ van
het zonnelicht gelijk te zijn; het gevolg hiervan was,
dat deze plant iederen dag twee uren vroeger hare bladen
opende; daarna echter dezelve ook twee uren vroeger
floot. In de tweede plaats ftelde hij eene plant derzelfde
foort, gedurende den nacht aan het licht, gedurende den
dag aan de duisternis bloot, waardoor na den derden
dag. eene volkomene ommekeer in de dagelijkfche bewe-
gingen plaats greep , fluitende zich de bladen tegen den
mor
Cx) Hir, the fleep of plants. London 1757. SENEBIER, l.c. T.
Il. Pe 215. SPRENGEL, Bau und. Nat. etc, p. 333.
mj
morgen , en openende zich tegen den avond (2). Ook
ik zelf heb eenige uitkomften verkregen , welke fchijnen
aan te duiden, dat het licht dadelijken invloed op de bee
wegingen heeft. Zoo zag ik herhaalde malen bij Hedy-
farum gyroides, dat de meerdere opening der bladen
volkomen gelijken tred hield met dit meerdere licht , en
omgekeerd; ja, zoo naauwkeurig volgde de plant, welke
ik waarnam , het licht, dat men dezelve zeer gefchikt
tot lichtmeter gebruiken kon. Daar ik echter flechts een
individu, en dat nog wel een zeer zwak en teder, waar-
nemen kon, zoo durf ik niet verzekeren, dat mijne plant
geene bijzondere gevoeligheid voor het licht bezeten heb
be. _Geruster , dan mijne waarneming bij Medyfarum ,
durf ik eene andere bij Oxalis ffricta , op alle individu-
En van die foort toepasfen. Ik plaatfte namelijk deze
plant , gedurende den dag, onder een ftevig bekleedfel
van papier , waardoor al hêt op de plant vallend licht ge-
weerd werd, dewijl ik de onderfte rand van gezegd be-
kleedfel in het zand drukte. Binnen een half uur waren
de bladen gefloten „ zoodat hier , alleen door gebrek aan
licht, de nachtelijke rigting volgde.
‘Tot de meer algemeene, doch daardoor ook: meer te
betwijfelene bewijzen van den invloed des lichts, behoort
het gelijktijdig invallen van den nacht en van de veran-
derde bladrigtingen. Daar echter dag en nacht niet al-
leen door verandering in de verlichting, maar ook door
verfchil in den graad van warmte, en dikwijls in die van
vochtigheid onderfcheiden zijn, zoo volgt hieruit , dat
‚het niet noodig is , dat gebrek aan licht de oorzaak van
de
(2) DECANDOLLE , Mémoire préfenté, etc. L. C. p. 345.
C 238 )
de nachtelijke rigtingen der “bladen zij; voegt men hier.
nog bij „dat de meeste planten in de warme kasfen „ uit
de. warmere: deelen des aardbols afkomftig , des zomers
om 6 of 7 uren, wanneer het daglicht nog onvermin-
derd is, hunne bladen fluiten C3), en dat-deze zelfde
‚ planten des winters , terwijl het nog duister is , hunne
bladen openen, zoo geloof ik, dat men uit het gefloten
zijn der bewegelijke bladen, gedurende den’ nacht , en_
het. geopend zijn derzelve , gedurende den dag , geen ge-
volg kan trekken’; dat er dadelijk verband tusfchen het
licht en het geopend zijn — tusfchen de duisternis en het
gefloten zijn der bladen beftaat.
Gaan wij nu nog kortelijk eenige proeven en waarne-
mingen na',- welke fchijnen aan te toonen, dat geen on-
middellijke ‘invloed van’ het licht op de dagelijkfche bee
wegingen plaats heeft,
In--het algemeen fluiten de bewegelijke bladen zich
niet door eene bloste berooving van het licht; sPREN=
GEL „nam: dit. waar door eenen warmen kas over dag te
fluiten. (4) ZIN door Desmanthus virgatuús in het duis-
ter te zetten (5) en ik zelf door Mimofa, Lotus,
Lathyrus- ete, onder een papieren bedekfel te plaat-
fen, Ook is het {gebrek aan licht niet in ftaat, om de
bladen des morgens gefloten te doen blijven , hetwelk
DUHAMEL “(6) „ SIGWART (7) en anderen bij Mémo/a
pudica gezien hebben; ik zelf heb dlt bij Galega offici
| nq
(3) SPRENGEL, le U. C. pag. 334
(4) SPRENGEL, ls Us Ce Pag. 333-334»
(5) ZiN, in Humburger Magazin, SPRENGEL Ì, u. C. Page 334»
(6) DUHAMEL, Phyfigue des arbres, etc. vol. a. p. 159:
(7) SIGWART, Ì. C‚ Pe 35e
( 239 )
nalis , Lotus tetragonolebus , L. Jacubaeus , Robinia pseu-
do-Acacia, Lathyrus en Vicia-foorten , waargenomen.
Hier komt nog bij, dat planten , gedurende eenige dagen
van het licht beroofd, desniettemin foms voortgaan hun-
ne bladen op den gewonen tijd te openen en te fluiten ,
zoo lang de plant niet aanmerkelijk door gebrek aan licht
lijdt. DurAmeL (8), DUTROCHET (9) en ik zelf zagen
dit bij Mimo/a pudica, en ik ook nog bij eenige andere
planten plaats hebben.
De proeven eindelijk van DECANDOLLE met Mimo/a
pudica laten zich niet als algemeen bewijs voor den in-
vloed des lichts aanvoeren, want, aan dezelfde omf{tan=
digheden onderworpen als deze plant, ontftond er in de
rigting der bladen van Mimo/a leucocephala en Oxalis
incarnata geene de minfte verandering (10); voegt men
nu hier nog bij, dat vele planten des middags , gedu-
rende het fterkíte zonnelicht , hunne bladen fluiten, zoo
geloof ik als algemeene gevolgtrekking van al het gezeg-
de-te mogen vastftellen , dat het licht, behalve bij zeer
teedere planten , (waar alle invloeden groote veranderin-
gen bewerken) geenen bijzonderen invloed op de dage-
lijkfche bewegingen der bladen heeft; maar alleen in zoo
verre, als hetzelve tot de gezondheid der plant onont-
beerlijk is en invloed uitoefent op de andere levensverrig-
tingen der bladen, waarvan de dagelijkfche bewegingen
afhankelijk fchijnen. Ten anderen toonen ons de proe-
ven met het licht, boven door mij medegedeeld, dat de
invloed dier levensverrigtingen , welke, zonder het licht ,
niet
(8) DunaMEL, 1. c, vol. p. 259.
(9) DurrocneT, Recherches anat, etc. Syst. etc. pag. 81-=go,
(ro) DECANDOLLE, Ì. C‚ pag, 344-345: Dn
( 240 )
niet kunnen uitgeoefend worden, kan worden gemist ò
zonder dat daardoor de bladen dadelijk verlammen. * Im-
mers, al fluiten zich de bladen, aan het licht onttrok-
ken zijnde , ook flechts maar gedurende twee of drie da=
gen, regelmatig tegen den avond, zoo bewijst dit ge=
noeg , dat de ontbinding van zuurftof en de vermeerde-
ring der ruwe fappen tegen den avond , hiertoe niet vol-
(trekt noodzakelijk zijn, Openen zich dezelfde bladen
des morgens , na eenige dagen in het duistere te hebben
geftaan, zoo volgt hieruit, dat de vorming van koolftof-
zuur, gedurende den nacht, en de vermindering der ru=
we fappen tegen den morgen „ niet als. de eenige verwij-
derde oorzaken van de herneming der dagelijkfche -rigtin=
gen. kunnen.aangezien worden.
Warmte. Onder de meest algemeene uitwendige in=
vloeden op het plantenrijk, behoort zonder tegenfpraak
de warmte. ‘Het zal dus belangrijk zijn te weten , wel=
ken invloed deze op de dagelijkfche bewegingen uitoefent,
Dezelfde moeijelijkheid echter als bij het licht, zullen
wij ook hier ontmoeten, om te ontdekken, of de warmte
dadelijk op het ons bezig houdend verfchijnfel werkt , dan
wel door: hare werking op de. geheele plant. In het al-
gemeen «is er eene matige warmte tot:de beweging der
bladen, noodigs eene. al te-fterke. echter. doet, even als
eene al te. koude lucht 5 eene nachtelijke rigting onte
ftaan. (11) | |
Tegen dezen algemeenen. regel ftrijdt eene Brand van
BONNET 3 want hij verhaalt; dat men,-door een vlam=
mend zwavelftokje of gloeijend ftukje ijzer , bij nacht in
eelt (rde
Cr) Rrrren, in Gehlen Journal, B. VL. p. 472 ln
Cul)
dè nabijheid van bladen van Robinia te houden , de dae
gelijkfche rigtingen kan voortbrengen ; doch voegt er te«
vens bij, dat de aldus geopende bladen binnen kort fter-
ven. (12) Ik heb deze proef herhaald , doch gezien 3
dat hierdoor hetzelfde verrigt wordt in het klein , als op
onze fcheepstimmerwerven in het groot, bij het buigen
der planken , door middel van vuur; want door de hitte
ontftaat er eene verdamping in den bladfteel , waardoor
noodwendig eene kromming moet volgen , dáár waar de
verdamping plaats heeft. Dewijl deze proef dus niets
anders is dan eene werktuigelijke verandering in de rig=
ting der bladen , zoo kan zij het ans: volftrekt
niet krachteloos han. :
Doorgaans is het tegen den avond „ als de bladen zich
fluiten , warmer dan des morgens, wanneer zij zich, ope-
nen. Zoo zag pu ray Mimofa pudica des avonds , bij
15° Réaumur de bladen zich toevouwen, en des morgens
bij 13° zich openen. (13) Hieruit kan men afleiden ,
dat de warmte de fluiting, de koude de opening der bla-
den bevordert; gelijk zulks ook nog door de volgende
proeven van DECANDOLLE bewezen wordt.
Deze geleerde plaatfte een potje met Mimofa pudica
des avonds om 8 uren in eenen kelder , welks tempera-
tuur 20° Réaumur bedroeg. Den volgenden dag open-
den de bladen dezer plant zich twee uren later dan die
eener andere Mimof/a pudica, welke in eene temperatuur
van 14° Réaumur {tond, Reeds. om 6 uren vcuwde
eerstgenoemde hare bladen weder zamen en opende de-
zel
(12) BONNET, Recherches, etc. p. 99100,
(13) Du ray, Mémoire de VAcadémies des Sciences à Paris 1736.
Pe 89—go,
Q De
( 42 )
zelve des anderen daags niet volkomen : deze proef her-
haald zijnde, gaf wederom eene gelijke uitkomst.
Eene andere Mimof/& pudica werd door denzelfden Ge-
leerde, des namiddags om e uren, aan eene warmte van
379 Réaumur bloorgefleld. Zij floot en opende zich ech-
ter op denzelfden tijd als de vorige; maar den volgenden
dag floot zij zich reeds des namiddags ten 1 uur5 daar
na aan eene warmte van eo graden blootgefteld „ open.
den zich de bladen op nieuw. (14) ek
Voegt men bij deze proeven nog de opmerking van
HILL , dat dezelfde planten in Zgypte een grooter ver=
fchil tusfchen de dagelijkfche en nachtelijke rigtingen hun-
ner bladen aantoonen , dan in EZwropa (15)3 zoo fchijnt
ook hieruit te blijken, dat de warmte eenen grooten in-
vloed op’ de bewegelijkheid der bladen heeft; en dat,
zoo als ik boven reeds zeide , de warmte van den dag
de bladen tot de nachtelijke , en de nachtelijke koelte tot
de dagelijkfche rigting fchijnt voor te bereiden. Hiermede
echter bedoel ik geenszins, dat deze invloed der warmte
dadelijk op de bewegingen zoude werken , of dat dezelve
groot genoeg zoude zijn , poa als eenige voorbereidende
oorzaak de veranderde rigting voort te brengen : want ,
om het eerfte punt aan te nemen „ ontbreken bewijzen ,
en tegen het tweede punt heb ik daadwerkelijke proeven
gezien , hebbende ik door vermindering of verhooging der
warmte-graad alleen , geene dadelijke verandering in de
rigting der bladen van onze inland{che planten kunnen
brengen.
Vochtigheid. Dezelfde moeijelijkheden , welke ons ver-
hin=
(14) DECANDOLLE , Mémoir. Présent. à U’ Instit. p. 346-347.
C15) Hirn, l, C. SENEBIER, le c, Vol, IV. pe 413
C 43 )
hinderden den eigenlijken invloed van licht en warmte op
de bewegelijkheid der bladen te kennen , ontmoeten wij
ook bij het nafporen van den invloed der vochtigheid op
dit zelfde verfchijnfel. Immers in de eerfte piaats is het
niet zeker, of de vochtigheid, behalve derzelver algee
meene — niet nog eenigen bijzonderen invloed op de
planten heeft. In ide tweede plaats kan men niet zeker
bepalen, of de vochtigheid door derzelver invloed op het
leven der geheele plant , dan wel door eenen bijzonderen
invloed op de bewegingen der bladen werkt. Ik zal mij
niet vermeten , deze voor mij onoplosbare zwarigheden
te beflisfen , maar herinner aan dezelve, opdat de vol=
gende daadzaken geene aanleiding tot verkeerde denkbeel-
den zouden geven.
In het algemeen doet overvloed van vochtigheid de be-=
wegelijke bladen meer of min eene rigting aannemen, die
met de nachtelijke overeenkomt. (16) Zoo zag SENEBIER
de bladen van Robinia pfeudo-acacia onder water zich
fluiten (17) 5 EN BONNET zegt dit zelfde bij deze plant,
door het plaatfen eener natte fpons under de bladen , be-
werkt te hebben (18); dit laatfte echter was mij niet
mogelijk, offchoon ik daartoe volkomen op dezelfde wij=
ze te werk ging als BONNET. Daarentegen gelukten mij
de bovenvermelde proeven van SENEBIER en BONNET bij
Robinia wviscofa. Het is dus reeds genoegzaam bewe
zen, dat de vochtigheid de nachtelijke rigtingen bevor-
dert; doch dat zij alleen dezelve niet altoos doet voort-
duren „ blijkt uit het volgende :
SIG-=
(16) SPRENGEL , Anleitung etc, Ed, I, Pars I. p. 277.
(17) SENEBIER, Ì. c‚ Vol. IV, p. 319.
(18) BONNET , l. C‚ p. 1O6=—=107.
Q 3
C 24 )
SIGWART zag bladen van AZimof/a pudica, op het wa=
ter geplaatst, zich nagenoeg op de gewone uren openen;
en fluiten, (19) terwijl prscurer takken van dezelfde
plant, onder water , niet voor 3 uren des nademiddags
zag openen, en reeds om 4 uren zich fluiten : den daar-
opvolgenden dag echter waren dezelve om 11 uren des.
voormiddags reeds geopend. (eo) „Du ray daarentegen
vond, dat de bladen van afgefneden takken van dezelfde
“_ Mimof/a zich onder water niet openden , maar wel toen
hij de geheele plant onder water zette. (er)
Zonderling is het, dat bij deze proeven het licht zoo
groot eenen invloed uitoefent 3; want de bovenftaande
proeven herhalende , bevond ik, dat alle bewegelijkheid
vernietigd werd, zoodra de glazen , waarin de planten,
geplaatst waren „ in het duister ftonden. Waren dezelve
daarentegen aan het licht blootgefteld, zoo kreeg ik hoofd-
zakelijk gelijke uitkomften als boven vermeld zijn.
Als zeker geloof ik , door de bovenvermelde proeven
in het algemeen te mogen vastftellen , dat de vochtigheid
de nachtelijke rigtingen der bladen bevordert, doch niet
alleen uitwerkt, offchoon zij onder de uitwendige in-
vloeden hiertoe het krachtigfte moge zijn.
(19) SIGWART ; le Ce Pe 34e
(20) PESCHIER, Journal de Physigue 1794. Vole Ile pe 247.
(21) DU FAY, 1. C, P. 100,
VIE Re
(245 )
VIERDE. HOOFDSTUK,
UITWERKSELEN VAN SCHADELIJKE INVLOEDEN OP DE DA-
GELIJKSCHE BEWEGINGEN DER BLADEN , EN VER-
GELIJKING VAN DE WERKING VAN VERGIFTEN ,
OP PLANTEN , MET BEWEGELIJKE EN ON-=
BEWEGELIJKE BLADEN,
Tot dus verre hebben wij den invloed befchouwd ,
het zij van de levenswerkingen der bladen, hetzij van de
algemeene nuttige uitwendige invloeden voor de planten
op de bewegelijkheid der bladen. Bij de groote moeije-
lijkheid evenwel van het nafporen der levensverfchijnfelen
in het plantenrijk, is de kennis der bovengenoemde in-
vloeden niet genoegzaam; om ons’een volkomen denk-
beeld „ van het ons bezig houdende verfchijnfel, te ver=
fchafFen 3 en wij worden daardoor genoopt alle mogelijke
middelen in het werk te tellen, om den kring onzer on-
derzoekingen uit te breïden. Aldus kwam het mij voor
misfchien eenig meerder licht over de ons bezig houden-
de zaak te zullen kunnen verfpreiden , door naauwkeurig
de uitwerking van de fchadelijke invloeden , en bijzonder
van de vergiften op de bewegelijkheid der bladen te on=
derzoeken. |
Weinige proeven echter, en nog mindere waarnemin-
gen, heb ik over deze zaak gevonden , waarom ik zelf
Q4 eene
C 46 )
eene menigte, hiertoe betrekkelijke, proeven gedaan heb ;
maar die voor het meerendeel, bij derzelver gevolg ,
toonden, ongefchikt te zijn voor het doel , waartoe zij
werden in het werk gefteld, Hetgeen ik van deze proe-
ven der moeite waardig keur, en de weinige bijdragen
van anderen tot dezelve , zal ik hier kortelijk doen vol-
gen.
Bij fommige fchrijvers vindt men verhaald, dat eenige
planten met bewegelijke bladen, gedurende het onweder ,
hunne bladen eene nachtelijke rigting doen aannemen.
Hierdoor opmerkzaam gemaakt, heb ik fteeds des zo-
mers , gedurende eene donderbui, op de rigting der bla-
den achtgeflagen ; en heb werkelijk bij Mimo/a dealba-
ta, Cacfalpinia. pulcherrima , Oxalis flricta , Lotus ja=
cobaeus enz.„.alsdan toenadering tot de nachtelijke rig-
tingen befpeurd. Dikwerf echter had deze verandering
in de rigting der bladen geen plaats , voor dat het onwe-
der geheel , of bijna geheel, voorbij was. Nimmer mogt
het mij gelukken eenige uitwerking van den donder op
boomachtige gewasfen met bewegelijke bladen te zien.
Het onweder dus fchijnt alleen bij zwakkere planten
de bovengenoemde bewegingen voort te kunnen brengen,
Moeijelijker echter , dan te bepalen , dat het onweder in-
vloed op de bewegingen der bladen heeft, is het, te be-
palen, wat gedurende den donder invloed op de bladen
uitoefent 3 want, behalve de electrieke verfchijnfelen ,
waarin het wezen des onweders beftaat, gaat hetzelve
doorgaans met eene verandering in de temperatuur , met
eene beweging der plant door wind en met regen verge=
zeld,
Men gevoelt, dat ieder dezer vier invloeden, de oor-
zaak
( 247 )
zaak van de veranderde rigtingen der bladen zijn kan 5
befchouwen wij derhalve dezelve afzonderlijk. Reeds
dadelijk vertoont zich eenige waarfchijnlijkheid vóór de
ftelling, dat de electrieke verfchijnfelen des donders in-
vloed op de planten hebben , en dus de veranderde rig-
tingen der bladen zouden kunnen bewerken. Ten min=
ften , velen hellen tot het gevoelen over, dat de electri=
citeit grooten invloed op het plantenrijk heeft; ja, er
zijn er, die de planten tot eene Galvanifche zuil maken,
en dus het leven fynonijm nemen met electriciteit. (1)
De waarnemingen echter, waarop, alle dergelijke meenin=
gen rusten, zijn zoo vaag, (2) dat men niet gemakke-
lijk tot de, uit dezelve getrokkene , gevolgen kan beflui-
ten. Voegt men hierbij, dat, noch electriciteit , noch
Galvanismus „, volgens de beste waarnemers, invloed op
de verfchijnfelen der draaijende en prikkelbare bladen heb=
ben , zoo komt het mij niet aannemelijk voor, om aan
te nemen, dat de electrieke verfchijnfelen des onweders „
de oorzaak van. de veranderde rigtingen der bewegelijke
bladen zouden zijn, aangezien geene dadelijke , maar al-
leen analogifche waarnemingen, ons zouden moeten be-
wegen tot het vastftellen van den invloed des onmeders
zelve. Ook is het niet waarfchijnlijk , dat , naar hetgeen
ik in het voorgaande Hoofdftuk over den invloed van _
koude gezegd heb, de vermindering van den warmte=
graad, bij een onweder, de oorzaak van de veranderde
rigting der bewegelijke bladen zij. Echter heb ik eene
proef te dezen opzigte in het werk gefteld, die ten min-
| fte
(1) DU PETIT-THOUARS, Effai. IX.
(2) DECANDOLLE, Physiologie Végétale, Vol, III. p. 1096.
AD dt
ze ( 48 )
fte aantoont, dat deze zaak eenigen invloed op het ons
bezig houdend verfchijnfel hebben kan. Zij is deze: Lupi-
nus albus , Oxalis flricta en Lotus jacobaeces plaatfte
ik in eenê trekkas , waarin zij 3 of 4 dagen geftaan hadden,
toen er een vrij koude oostewind begon te waaijen 3 ik
zette toen deze planten eensklaps op het neord-oosten
beveiligd tegen de zon, aan dien kouden wind blootge-
fteld, en in minder dan één uur waren nu de bladen ge-
floten „ offchoon dezelve bij diezelfde plantfoorten , doch
welke reeds eenigen tijd op die plaats geftaan hadden ,
openbleven, De overgang dus van een zwoele athmos-
pheer in eene koude , fchijnt eenigen invloed op de blad-
rigtingen ‘te hebben.
Voegt men nu hierbij den invloed van den regen,
welke bijna altijd een onweder vergezelt, en die ; zoo
als uit het voorgaande Hoofdftuk blijkt, de aanneming
der nachtelijke rigtingen grootelijks moet bevorderen ;
zoo geloof ik de zaak genoegzaam verklaard te hebben,
zonder tot de veronderftelling van het vermogen van den
electriciteitssinvloed bij de planten de. toevlugt te moeten
nemen. Nog eene zaak echter heeft er doorgaans bij
onweder plaats , namelijk eene fchudding der geheele
plant door wind, waarom ik, te dezer gelegenheid , den
invloed van de uitwendige bewegingen op de bewegelijk-
heid der bladen eenigzins zal zien op te fporen.
Niets gefchikter wist ik daartoe uit te denken , dan
eenige planten zoodanig te doen bewegen , dat fan en
bladen fteeds fchudden.
Om dit uit te werken, plaatfte ik Lwpinus albus,
Oxalis flricta en Lotus tetragonolobus in eene na-
bij zijnde fabrijk, op een fteeds ronddraaijend rad ,
waar —
( 49 )
waar dezelve, gedurende drie dagen, ‘in geftadige bewe-
ging bleven; en offchoon ik de rigtingen der bladen
fteeds naauwkeurig waarnam, zag ik toch volftrekt geene
afwijking van de gewone veranderingen bij dezelve plaats
hebben. Geenen invloed dus hebben uitwendige bewe
gingen der plant, op de dagelijkfche bewegingen der
bladen. | |
Onder de zeer. algemeene, en daardoor dikwijls on-
naauwkeurige , waarnemingen behoort datgene , wat
SPRENGEL zegt „ omtrent het langer duren van de nach=
telijke rigtingen der bladen tegen den herfst. Hij verze-
kert zelfs, dat de bladen eenige dagen vóór dat zij af=
vallen , bij Robinia en Gleditfchia zich niet meer ope=
nen (3) 5. waaruit zoude moeten volgen, dat de nachte=
lijke. rigtingen der. bladen eene verzwakking te kennen
gaven, en dus het oude. gevoelen wel eens waar konde
zijn, dat de bladen, gedurende den nacht, uitrustteden
en nieuwe krachten verzamelden, Wij moeten derhalve
dit punt eenigzins nader nagaan.
In het algemeen moet ik aanmerken, dat het onjuist
is, te zeggen, dat tegen het vallen der bladen, ookop
den dag eene nachtelijke rigting bij dezelve waargenomen
wordt. Waarheid. echter is het, dat men in diën tijd,
bij geen Robinia, Colutea, Caragana etc. , gedurende
den dag, de blaadjes zich volkomen ziet uitftrekken 5
doch evenmin ook ziet men deze blaadjes de rigtingen
die zij des nachts hebben, behouden; evenwel is het
verfchil tusfchen de dag- en nachtrigting alsdan minder
fterk , tot dat eindelijk de blaadjes, geheel verlamd , zich
| Die vol-
(3) SPRENGEL; Anleitung etc. Ed, II. Pars 1. Pe 277.
L
_
( 250 )
volftrekt niet meer bewegen. De verlamming wordt vere
oorzaakt door het affterven der aanzwellingen; gebeurt
nu dit aflterven bij nacht, zoo fchijnen de blaadjes ook
bij den dag de nachtelijke rigtingen te behouden; gebeurt
zulks bij den dag, dan blijven ook de blaadjes des nachts
geopend. Valt nu dit affterven voor bij fterken wind ,
dan zal het niet lang duren of de blaadjes vallen af; is
het. weder daarentegen gunftig, met weinig wind, dan
blijven. dezelve fomtijds nog wel 8 of 14 dagen in hun=
nen. verlamden toeftand zitten, en men ziet alsdan het
eene blad meer of min geopend , het andere gefloten. In
het algemeen toonen planten , die men door vergif laat
fterven , dezelfde verfchijnfelen. Zoo plaatfte ik takken
van Mimofa nilotica en frondofa in vochten, die „Ee
Hydro-cyanas potasfae et Ferr., of A5 Mur. det. Mer-
CUT. Of zE5 Sulph. Morpheur., of Zo Acid. Arfenicos,.
bevatten. Deze verfchillende vergiften deden in één of
twee uren de blaadjes der voornoemde planten eene rig-
ting aannemen, die het midden hield tusfchen de dage-
‘liijkfche en de nachtelijke. Den volgenden dag waren de
takken geftorven, zonder dat de blaadjes van rigting vere
anderd waren. Dezelfde uitkomften verkreeg ik nog,
door. Oxalis (ricta aan dampen van campher, aether
Sulphuricus en aetherifche oliën bloot te ftellen.
Eenigzins naauwkeurigèr wenschte ik de uitwerking
van het vergif op de bewegelijkheid der bladen te ken-
nen „ waarom ik zwakkere vergiften en fterkere planten
nam ‚ tot het doen van eenige volgende proeven,
De vergiften , ten dien einde gebruikt , waren 3
1°. water $ acid. acetic. dilutum; 92°. water , waarin
z5e Sulph Ferri, en 3°. water, waarin 35 Mydroeclor.
Sod.
C 1)
Sod. opgelost was. Ik plaatfte in ieder dezer vochten,
__des nachts om re uren, eenen tak van Robinia pfeudo
acacia, Hierdoor werd alle beweging der bladen ver-
nietigd, en na eenige dagen waren de takken gedood,
Plaatfte ik integendeel gelijkfoortige takken , des middags
te ra uren, in dezelfde vochten , zoo vond er des avonds _
nog eene kleine aannadering tot fluiten plaats. Dezelfde
proeven met Zwpinus albus en Lotus tetragonolobus
herhaald hebbende, toonden volkomen gelijke uitkom-
ften. Ook verkreeg ik nog nagenoeg dezelfde uitkom-
ften, door planten aan vergiftige dampen bloot te
ftellen; zoo heb ik het openen der blaadjes van Robinia-
foorten, door damp van Campher en Aether Sulphuri-
cus , belet; alsook het fluiten van dezelfde blaadjes te-
gen den avond , door gaz nitrofum. Duidelijk dus bleek
het mij, dat vergiften de bewegelijkheid vernietigen en
de planten dooden , zonder dat daardoor de bladen eene
nachtelijke rigting aannemen.
Ook corpPerT fchijnt door zijne proeven met vergif-
ten dezelfde uitkomften verkregen te hebben als ik 5 zoo
verhaalt hij, dat takken van Mimofa pudica, in vergif-
ten geplaatst, vroeger hunne bewegingen verloren als ín
zuiver water (4)5 alsook dat Acid, Hydro-cyanie. ,
zoodra het tot de geleding der blaadjes doordringt „ alle
bewegelijkheid vernietigt, zoo als hij bij Zemarindus
indica, Acacia Farnefiana en Poinciana pulcherrima
zegt waargenomen te hebben (5)e
Door deze gevolgen der vergiftigingen en door de be-
, fchou-
(4) GOErPPERT, in Annal, d. Sciences Natur, Tom, XVII. p. 224.
(5) GorepreRT, De Acidi Hydroecyanici in plantis. pag. 26.
(252
fchouwing van den natuurlijken dood. der bladen, ge
loof ik te mogen aannemen , dat de nachtelijke rigtingen
der bladen niet als een gevolg van verminderde kracht
bij de planten moeten befchouwd worden. Andere waar-
nemingen daarentegen toonen ons duidelijk , dat , hoe ge-
zonder en krachtiger eene plant is, de dagelijkfche- bee
wegingen ook des te krachtiger zijn. Eene uitzondering
ecbter is op dezen regel, namelijk, wanneer zich nieuwe
bladen of bloemen ontwikkelen, worden de bewegingen
der naastbijzijnde bladeren verminderd ‚en houden fom-
tijds wel geheel op, gelijk ik zulks bij Lupinussfoors
ten gezien heb. Bij andere planten daarentegen „b. v.
Oxalis , ziet men , gedurende de vormiug van bloem of
vrucht, naauwelijks eenig fpoor van deze vermindering.
Na aldus eenigzins. te hebben bepaald, hoedanig de
bladrigtingen met het algemeene leven der plant in ver=
band ftaan ,- zullen wij nog kortelijk trachten te onder-
zoeken , hoedanig de bladrigtingen zich met de bladwerk-
zaamheden verhouden.
Gelijk algemeen bekend is, beftaan de levenswerk-
zaamheden der. bladen voornamelijk in ontbinding van
koolftofzuur „ in vorming van datzelfde zuur; en in de
verdamping. … De eerfte en laatíte dezer werkzaamheden
hebben gedurende den dag, de tweede gedurende den
nacht plaats. Zeer natuurlijk dus zoude het fchijnen ,
dat de dagwerkzaamheden der bladen de dagrigtingen „
de nachtwerkzaamheid de nachtrigtingen vereischten 3 dit
echter heeft geene plaats. SENEBIER zag de zamenge-.
vouwene blaadjes van Robinia pfeudo- Acacia onder wa-=
ter zuurftof ontwikkelen (6); hetzelfde zag ik bij Ro-
bi-
(6) SENEBIER, Physiologie etc. Vol. IV. p. 318-=31g.
(C 253
binia viscofa en Ovalis flricta. Ook de verdam-
ping gaat voort, offchoon de blaadjes gefloten zijns
zoo nam ‘ik eenen tak van Robinia pfeudo-Acacia,
welks blaadjes op den middag door de fterke zon geflo=
ten waren, en een’ anderen tak, welks blaadjes , door
eene meer benedenwaartfche plaatfing en bedekking tegen
het fterke zonnelicht, opengebleven waren. Deze beide
takken afgefneden hebbende, hing ik dezelve in de zon,
waardoor beiden, zonder de rigting hunner blaadjes vere
anderd te hebben , weldra verdroogden, Moeijelijker was
het mij te onderzoeken, welk verband er tusfchen de
nachtelijke rigtingen en de vorming van het koolftofzuur
aanwezig is, Het volgende middel kwam mij hiertoe het
gefchiktfte voor; ik nam een’ pot, waarin Zupinus-plan-
ten ftonden , beroofde deze voor een gedeelte van hun=
ne bladen , waardoor weldra vele nieuwen zich begon.
nen te ontwikkelen; nu hielden dus ook de bewegingen
op „ en de oude: blaadjes bleven des nachts geheel open.
Toen overdekte ik deze planten met een glazen klokje,
waaronder een klein fchaaltje met kalkwater, waarop ik
den volgenden morgen Carbonas calcis vond.
Daar echter ook de aarde van den pot misfchien eenig
koolftofzuur kon vormen , zoo-plaatfte ik naast den pot met
Lupinus , eenen pot zonder planten „ even als de eerfte
met een: glazen klokje bedekt, waaronder ook een fchaaltje
met kalkwater. ’s Morgens vond ik in-dit fchaaltje geen
carbonas calcis;- waarom ik- geloof gerust-te mogen be=
fluiten , dat de genoemde ftof bij den pot met Lupênus,
alleen door het uitde bladen ontwikkelde zuur ontftaan
is. Het fchijnt dus volkomen zeker „ dat-de rigting der
bladen geenen invloed op de bladwerkzaamheden heeft ,
of-
(254 )
offchoon deze laatften eenen magtigen invloed op de blad-
rigtingen hebben (zie ede Hoofdftnk).
Gaan wij nu over tot eene algemeene vergelijking tus-
fchen de planten met bewegelijke en onbewegelijke bla=
den. (welke vergelijking misfchien beter in het eerfte
Hoofdftuk geplaatst ware, doch hier nog gerang{chikt
is, daar dezelve alleen door het aanwenden van fchade-
lijke invloeden verkregen is.) Befchouwen wij de plan-
ten met bewegelijke bladen, in vergelijking met de plan-
ten , welker bladen geene andere bewegingen, dan door
krommingen van zich zelven kunnen maken, zoo valt
het dadelijk in hêt oog , dat de eerstgenoemde fijner ge-
bouwd zijn. De houtdraden toch zijn dunner; de bladen
zijn bijna altijd zamengefteld ; de blaadjes zelve zijn klein,
met fcherpgeteekende randen „ doorgaans glad of wel met
eigenaardige, wijd uit elkander ftaande, teedere haren be-
zet; de opperhuid is uiterst fijn, de aderen zijn weinig
uitpuilend, en de bladftelen eindelijk zijn overal gearti=
culeerd. De bloemdeelen zelfs zijn kleiner en fijner ge-
bouwd dan bij de meeste overige planten der Dicotyle=
donea. Offchoon er onder de planten met onbewegelijke
bladen wel enkele beftaan „ welke even fijn gebouwd zijn
als die met bewegelijke bladen ; zoo is mij echter onder |
deze laatften geen ééne bekend, die niet dat eigendomme-
lijke uitzigt heeft , hetwelk hen dadelijk als met bewege:-
lijke bladen voorzien te zijn , doet erkennen.
Dit boven aangeduide onderfcheid tusfchen planten met
bewegelijke en onbewegelijke bladen, door proeven te
bewijzen „, is echter zeer moeijelijk. Het volgende kwam
mij daartoe het gefchiktfte, zoo al niet als het eenigfte
mogelijke middel voor. Ik plaatfte namelijk takken van
de
C 255 )
„de beide foorten van planten in vergiften , daarbij zor»
gende „ dat de bladsoppervlakten zoo veel mogelijk gelijk
waren , dewijl het bekend is, dat de opzuiging der voch-
ten in dadelijke rede ftaat tot de bladsoppervlakten.
De planten , tot deze vergelijking aangewend, waren
Caragana arboresceus , C. grandiftora, Colutea media ,
Col. fruticofa , Robinta pseudo-acacia, -R. viscofa ,
Mimofa nilotica , M. fruticofa, M. frondofa en Oxa-
lis flricta, welke alle bewegelijke bladen hebben. Van
_de andere foort gebruikte ik Fraxinus excelfior , Myrtus
communis, Lonteera coerulea, Alnus glutinofa, Quer-
cus robur en Aspidium filix mas. Van iedere dezer plan-
ten plaatfte ik takken in de volgende vergiften: Acetas
Plumbi , Hydrochlor. deutoxr. mercur., Hydro-cyan.
pot. et ferri, Acidum nätricum , Sulphus morphii en
Oxydum potasfii. Naar de verfchillende kracht dezer
floffen was 1—5 grein van dezelve in eene medic, ons
zuiver watér opgelost. |
De gevolgen dezer proeven waren deze: zo binnen 1
tot 5 dagen waren de takken alle gedood , 29 de takken
van de planten met bewegelijke bladen verdroogden , en
derzelver bladen toonden noch door-kleur-verandering ,
noch door chemifche reagentia , eenige fporen van het gif;
4° al de bladen der andere foort van planten toonden
vergif in hun weeffel te hebben opgenomen; 4° de take
ken van de met bewegelijke bladen voorziene planten
ftierven doorgaans door &#, 4 of, £ van het vergif , dat
de takken van de andere planten noodig hadden om te
fterven. — | |
Hieruit volgt duidelijk , dat de planten met bewegelij-
ke bladen fterven , vóór dat het gif in de bladen door-
| bns Rn dringt,
( 6
dringt, hetgeen echter wel met de andere foort plaats
heeft. Het houtftelfel der eerstgenoemden wordt dus gee
dood , door eenen invloed, die het levensbeginfel van de
laatstgenoemden’ nog niet vernietigt. Voegt men nu hier-
‚bij, dat er minder vergif noodig is tot dooding van de
met bewegelijke bladen voorziene planten , dan tot het
dooden der overigen; zoo volgt hieruit noodzakelijk, dat
de eerstgenoemden een teederer leven dan de overigen
hebben.
VIJFDE HOOFDSTUK.
Kal
VERSCHILLENDE VERKLARINGEN VAN DE DAGELIJKSCHE »
BEWEGINGEN DER BLADEN,
Door de vermelding van de verfchillende daadzaken ,
betrekkelijk de dagelijkfche bewegingen der bladen, in de
vier voorgaande Hoofdftukken , zal het eindelijk mogelijk
zijn, om, met een eenigzins goed gevolg de verklarin=
gen „ door beroemde mannen over het ons bezig houdend
verfchijnfel gegeven, te befchouwen. Beginnen wij in
dezen met de oudfte van allen.
Bonner, bekend als een naauwkeurig en fcherpzinnig
natuuronderzoeker , ftelde vast: 1° dat de bovenfte op«
pervlakte der bladen door de zon zamengetrokken wordt.
en go , dat de onderfte bladoppervlakte door de wochtig-
heid. ineenkrimpt. Uit deze ftellingen volgt duidelijk ,
waar-
( 257
waarom fommige bladen des nachts neêrhangen , maar
geenszins verklaren zij de zijdelingfche of openftaande rig=
tingen, ten zij men aanneme , dat bij de planten, wele
ker bladen des nachts in de hoogte rijzen , de bovenfte
oppervlakte even zoo gevormd is als de onderfte van die
bladen , welke des nachts neêrhangen. Men begrijpt ech-
ter, dat deze ftelling onwaarfchijnlijk en alleen gevormd
kan worden , om eene andere ftelling te behouden, Door
dusdanige opeenftapeling van onderftellingen kan men
echter de zijdelingfche bewegingen der bladen , volgens
de wijze van BONNET, nog niet genoegzaam verklaren,
waarom deze verklaringswijze dan cok zeer onvolledig is.
Daar de beroemdheid van derzelwer maker, en voorname-
lijk de groote opgang, welke de verklaring zelve maakte,
ons noodzaakt eenigzins langer bij dezelve (til te (taan,
zoo zal ik de gronden , tot derzelver verdediging bijge-
bragt, kortelijk opnoemen,
“Deze zijn 1°: eene natte fpons , onder de bladen van
Robinia pfeudo-Acacia gehouden , doet dezelve de nach=
telijke rigting aannemen 3 2°: door een vlammend- zwavel-
ftokje of gloeijend iijzer, in de nabijheid van gefloten
bladen te houden, kan men dezelve openen , en 3°:
kunstbladen , welker bovenfte oppervlakte uit perkament ,
en welker onderfte uit linnen beftaat , doen , door hitte
en vochtigheid dezelfde bewegingen, als de natuurlijke
bladen , ontftaan (rt). In het derde Hoofdftuk heb ik
doen zien, dat het eerfte dezer punten onwaar is , en
dat het tweede niets kan bewijzen. Er blijft dus alleen
het derde punt over; maar zal ik dit wederleggen? Zulks
| fchijnt
(1) BONNET, Sur P’usage des feuilles. p. 131-132
Re
( 258 )
fchijnt niet noodig 3 want dewijl de onderfte bladsopper=
vlakte. geen linnen , de bovenfte geen perkament is, zoo
kan het ook in dezen niets afdoen, wat er met deze
twee ftoffen gefchiedt. Ik twijfel dus niet, of ik heb
genoegzaam bewezen, dat de verklaring van BONNET
volftrekt valsch is, offchoon dezelve voor den tijd
waarin zij het eerfte verfcheen , opmerkenswaardig is.
Linneus, de groote rangfchikker der natuurvoorwêr-
pen , bemoeide zich , zoo als bekend is, minder met het
wetenfchappelijk verklaren , dan met het bewonderen der
waargenomen verfchijnfelen. Hij verklaart dan ook niet
ftellig , wat -de oorzaak van de dagelijkfche bewegingen
der bladen zij. Het fchijnt echter, dat hij geneigd is,
het verfchil van warmte tusfchen dag en nacht „ als voor-
naamfte reden der bewegingen te befchouwen (e). Het
zal wel niet noodig zijn, hierop veel aan te merken ,
daar uit het derde Hoofdftuk genoegzaam blijkt, welke
de invloed zij der warmte en koude op het ons bezig-
houdend verfchijnfels ook geeft LiNNeus geene bijzon-
dere gronden voor zijne meening op.
Musrer , een-met roem bekend bevorderaar der KAA
ten-phyfiologie , fchijnt van hetzelfde gevoelen als LIN-
NEUS (3) ‚ waarom ik ook hierover niets verder zal zege
gen. |
Hir. Deze natuuronderzoeker fchijnt de eerfte ge=
weest te zijn, die de ons bezig houdende verfchijnfelen
aan den invloed des lichts toefchreef (4). Wat hiervan
te
(a) Amoen. Acad, LINNAEI, Vol, IV. p. 338339
(3) MusTEL, Traité sur la Végétation. p. 103e
(4) Hi, the fleep of plants. London 1757. LiNK, Elem. Phi-
los, Botanie, p. 418,
C 259 )
te denken zij, volgt uit hetgeen ik omtrent de werking
van hetzelve ín het 3de Hoofdftuk gezegd: heb , waaruit
duidelijk blijkt, dat deze invloed onmogelijk als de ver-
wijderde of uitwendige oorzaak van de dagelijkfche be-
wegingen kan befchouwd worden.
DeEcaNDoLLE. Dewijl deze beroemde plantenkenner
hetzelfde gevoelen als riu toegedaan is, zoo laat ik
zijn gevoelen hier dadelijk volgen. Behalve de uitkomst
der proeven over den invloed des lichts door dezen ge-
leerde in het werk gefteld, bragt de onmogelijkheid om
eene andere verklaring te vinden, ook hem tot het aan-
nemen van het bovengemeld gevoelen (5). Zijne proe-
ven echter worden door andere proeven opgewogen, en
gelijk uit het ae, 3e en ze Hoofdftuk, blijkt, zijn er in
overvloed uitwendige oorzaken voorhanden; weshalve ik ,
even als bij de vermelding van het gevoelen , door Hir
voorgedragen , van meening ‘blijft „ dat het licht niet ver-
mag befchouwd te worden als de eenige uitwendige oor=
zaak van de ons bezig houdende verfchijnfelen,
ZiNN. Deze natuurkundige was de eerfte, die na dat
DE GORTER aangetoond had , dat er ook prikkelbaarheid in
het plantenrijk aangetroffen wordt (6), aan deze eigenfchap
der bewerktuigde natuur de oorzaak der dagelijkfche be-
wegingen toefchreef (7). Ontwijfelbaar is het, dat in
deze meening veel waarheid opgefloten is, indien men
namelijk de prikkelbaarheid als een onderdeel van het le-
ven
(5) DECANDOLLE, Principes élémentaires de Botanique voor de
Flore Francaise, Vol. I. p. 199, En DECANDOLLE, Physiologie Vé-
gétale., Vol. IV. p. 860.
(6) J. DE GORTER, Exzercit. Med, IV, p. 111,
(7) ZIN, in Hamb. Magaz. XXII. p. 40.
. R 3
C 0 )
ven in het algemeen befchouwt, gelijk de meeste nieu-
weren (8). Wil men echter dezen naam , in de betee=
kenis door HALLER (9) aan denzelven gegeven, bewaren,
dan is het onmogelijk prikkelbaarheid bij planten te zoe
ken. Door deze twee verfchillende beteekenisfen van het-
zelfde woord is veel verwarring, vooral in planten-phy-
fiologie ont{taan.
SENEBIER. Deze, als vlijtig onderzoeker , beroemde
geleerde , draagt als vooronderftelling of liever als moge-
lijkheid, de meening voor, dat de oorzaak van de da=
gelijkfche bewegingen in de ontbinding der zuurftof (1o)
te zoeken zij. Waarvoor men dit te houden hebbe, volgt
geredelijk uit het ge Hoofdftuk,
GIRTANNER, Deze Geleerde, die bijzonder door. de
zuurftof vele zaken trachtte te verklaren, was, omtrent
het ons bezig houdend punt , van dezelfde meening als
SENEBIER (11) | er
Scurank. Het gevoelen van dezen geleerde is be-
paalder dan dat der vorigen; immers hij meende , dat de
fpiraalvaten „ door de vermindering der verdamping tegen
den avond zich verlengden ; waaruit dan de nachtelijke rig-
ting der bladen volgen moet (12). Ingevalle deze voors
onderftelling eene daadzaak ware, zoude door dezelve
alleen de nachtelijke rigting der hiria len bladen kun-
“ pen verklaard worden,
Voegt
(8) A. Ae BERTHOLD, Phyfiologie des Menfchen etc. Vol. Ie pe
38 en volg.
(9) HALLER, Primae Lineae Phyfiologiae. p. 252e
(10) SENEBIER, 1. c‚ Vol, IV. p. 318.
(11) PescHiEer, in Journ. de Phys. Vol, II. p. 349.
(12) SENEBIER, te C‚ Vol, IV. ps 415:
ON
( 261
Voegt men nu hier de, in het re Hoofdituk ter ne=
dergeftelde „ daadzaken bij, dan zal het befluit , dat deze
onvolledige verklaring op eene valfche vooronderftelling
berust „ wel niet voor gewaagd gehouden worden.
Kerner. Van gelijken inhoud en waarde bijna als de
voorgaande , is de verklaring van genoemden geleerde 5
alleen laat hij ook de warmteinvloed op de fpiraalvaten
hebben (13).
DELAMETRIE. _ Eenen geheel anderen weg werd door
dezen geleerde tot verklaring der dagelijk{che bewegingen
ingeflagen : want hij gelooft, dat de nachtelijke rigting .
door eene vermindering der galvanifche vloeiftof in de
planten ontftaat, De gronden voor deze zoo vreemde.
vooronderftelling zijn 19: DrLAMETRIE meent te heb-
ben bewezen, dat de prikkelbaarheid der dieren van gal-
vanifche verfchijnfelen afhangt, en 2e gelooft hij, dat
de planten eene gelijke prikkelbaarheid hebben als de die=
ren , waaruit dan deze verklaring zoude volgen (14);
hier tegen echter laat zich aanvoeren , 1° dat het eerfte
punt op verre na niet is hewezen, en 2® dat het tweee
de punt valsch is; want de dierlijke irritabiliteit „ in des
fchrijvers zin genomen, is de vis muscularis of irrita=
_bilitas Hallertana, welke bij geene planten, aanwezig
is; want planten hebben geene fpieren , wat TOURNE-
FORT hierover ook moge gezegd hebben. Deze meening
is dus een valsch gevolg, uit eene gewaagde vooronder-
ftelling gevormd , waarin het mij ook onnoodig voor-
kwam
(13) SENEBIER, IC. p. 321.
(14) DELAMETRE, Journal de Physique. Tom. LVI, an 1812, p.
356-357. |
R 4
( 262.)
kwam dezelve door eene proef te wederleggen „ hetgeen
anders gemakkelijk konde gefchieden, door eene plant
met bewegelijke bladen, gedurende den nacht, aan een?
galvanifchen ftroom bloot te ftellen , wanneer toch, ine
dien deze verklaring waar was , al de bladen te gelijk de
dagelijkfche rigting moesten aannemen.
SPRENGEL, deze, in zoo vele opzigten beroemde,
geleerde , fchijnt uit de verklaringswijzen van ZINN,
SCHRANK € DECANDOLLE de zijne , ten minfte gedeelten
lijk, te hebben gevormd. Immers hij gelooft , dat het
licht de prikkel is , die de bladen in beweging brengt (15).
en dat deze prikkel werkt op de fpiraalvaten , welke hij
meent uit prikkelbare deelen zamengefteld te zijn (16).
Het zal onnoodig zijn hier te herhalen, wat ik , tegen
de meening van DRCANDOLLE, Over den invloed des
lichts gezegd heb. Ook valt het in het oog, dat de
tegenwerping, welke ik maakte tegen de verklaring van
SCHRANK , dat alleen door de fpiraalvaten de daling der
bladen kan verklaard worden, hier van toepasfing is. Hier-
door blijft er flechts een punt over , dat ik geloof niet
wederlegd te hebben 3 en dit is de meening, dat de fpie
raalwaten uit prikkelbare deelen beftaan. Ik ken voor
dit punt geene bewijzen , ten zij men de meening van
OREN, die deze deelen voor zenuwen houdt (17) , als
zoodanig wilde erkennen. Daarentegen is het algemeen
bekend , dat de fpiraalvaten veel langer aan verrotting en
vergif weêrstand bieden dan het celweeffel; welke waar-
& | ‚ne-
(15) SPRENGEL, Bau und Nat. p. 335:
(16) SPRENGEL, Anleitung etc. Ed, 1, Pars IL. p. 395.
(17) Kieser, Mémoire sur organisation des plantes. pe 237.
C 263 )
nemingen voor de veronderftelling van SPRENGEL zeer
ongunftig zijn. |
| Doch hoe zulks ook zij, in alle gevallen is het ftellig,
“dat de fpiraalvaten , volgens daadzaken, door mij in het
eerfte Hoofdftuk vermeld, niets tot de dagelijkfche be-
wegingen toebrengen, waarom ik niet aarzel ook deze
verklaringswijze voor onvoldoende te verklaren, |
Volgens de meening van den geleerden C.H. SCHULTZ ,
ontftaan de bewegingen der bladen door de vafa Jati=
cis(18), op welke meenig ik in het vervolg zal terug-
komen. he |
| Behalve de bovengemelde verklaringen zijn mij geene
bekend, of zij komen met dezelve overeen , of zijn van
zoo weinig belang, dat zij de mededeeling niet verdie=,
geniet #7 7 ci
In het algemeen dus is het waar, dat er nog geene
verklaring gegeven is, welke met de thans bekende daad=
zaken overeenftemt , hetgeen voornamelijk door de nieu,
we, hierboven vermelde waarnemingen en proeven , ont-
ftaan is; het zoude dus hier de plaats zijn eene verkla
ring in overeenftemming met al de daadzaken te leveren S
indien ik het niet beter geloofde zulks, tot na de be-
fchouwing der draagende en prikkelbare bladen, uit te
ftellen , aangezien hierdoor nog menig duistere punt,
omtrent het ons tot dusverre bezig gehouden hebbende
verfchijnfel , zal opgehelderd worden. ze
(18) C. He scHULTZ, die Natur der lebendigen Pflanze. etc.
D. I. Voorrede, pe. XXXile
Re , ( 1264 )
ZESDE HOOFDSTUK.
BESCHOUWING VAN DE SPOEDIGE , MEER OF MIN ONRE=
GELMATIG GESCHIEDENDE BEWEGINGEN DER
DRAAIJENDE BLADEN.
Een der zonderlingfte en merkwaardigfte verfchijnfelen ,
welke het plantenrijk ons aanbiedt, beftaat in de zich
fteeds bewegende blaadjes van Hedyfarum gyrans en
eenige, naauw met deze overeenkomende foorten , zco
als Medyfarum wvespertilionis, welker bladen, zoo zij
uit drie blaadjes zamengefteld zijn, bewegingen in de
twee zijdelingfche zouden aantoonen , offchoon veel zwak-
ker dan bij de eerstgenoemde plant (1).
De kennis van dit zoo buitengewoon verfchijnfel is
men verfchuldigd aan eene Engelfche Dame, Lady MoN-
SON, welke , gelijk eene andere L. s. MERIAN „ door hare
zucht tot de natuurkundige wetenfchappen , eene reis
naar de warme ftreken onzer aarde ondernam. Zij vond
de bovengenoemde plant omftreeks het jaar 1779 in voche
tige , zandachtige ftreken nabij Dacca in Bengalen.
Lang te voren echter was deze plant aan de Indianen
bekend, welke. dezelve Burum chandeli noemden (2),
en
(1) MirgBet, Phyfiologie Végétale. Part I, p. 168.
(2) BROUSSONET, Mémoires de U’ Académie des Sciences de Paris
an 1784. p. Ó1ó-617,
( 265 )
en aan dezelve, om hare vreemde bewegingen , eenen
bijna goddelijken eerbied bewezen (3). Alvorens de ver-
fchijnfelen „ welke Medyfarum gyrans ons aanbiedt, na-
der te befchouwen , zal ik deze plant kortelijk befchrije
ven ; + |
Hedyfarum gyrans, Le. Fil. , of Desmodium gyrans,
DECANDOLLE, is in Jndië een één of tweejarig gewas ;
doch in de Europifche ftookhuigen wordt zij dikwijls
ouder. Uit derzelver wortel ont(taan eenige takken , foms
tot 8 in getal, welker hoogte tot drie voeten beloopt.
De bladen aan deze takken, of kleinere takjes, zijn om
den anderen geplaatst, en uit drie blaadjes zamengelteld.
Van deze drie is het eindelijkfche verreweg het grootfte
en overtreft den .bladfteel doorgaans in lengte; de twee
‚ kleine zijdelingfche blaadjes zijn lancetvormig en door
korte fteeltjes met den algemeenen bladfteel verbonden;
deze blaadjes ontbreken dikwerf aan de onderfte bladen.
Even als bij de beweegbare’ bladen vindt men „aan de ba=
fis van ieder der- drie blaadjes , eene aanzwelling van cel-
_ weeffel. | |
Het zijn voornamelijk de kleine zijdelingfche blaadjes „
welke zich „, zoo wel gedurende den nacht als des daags,
fteeds bewegen (4); doch des nachts is de beweging iets
zwakker (5).
_Offchoon-. aanftonds na ke ontftaan der blaadjes der-
zelver beweging reeds begint (6), zoo moeten zij toch
kk eene
“(3) BROUSSONET, IL. C, Pp. Ó2Te
(4) F. A. HUMBOLDT , di gereitzte Muskel etc. (Faser. Vol. T.
p. 181. C. Hm. scnuLTz, die Natur der lebendigen Pflanze etc.
Vol, I. p. 267 etc.
(5) SPRENGEL, Anleit. etc. Ede IL. Vol, I. ps 3II==312e
(6) BROUSSONET , l. C. p. 620,
\
(1266 )
eene aanmerkelijke grootte bereikt hebben , vóór dat zulks
duidelijk merkbaar wordt (7). Na het bloeijen houdt de
beweging op (8), gelijk ook tegen den herfst (9) „ het-
geen fchijnt aan te toonen, dat deze beweging alleen dan
goed kan gefchieden , wanneer de plant in volle bloei is.
De beweging beftaat in een opklimmen en neerdalen.
Het hoogfte punt, hetwelk de blaadjes bereiken , is 50°
boven het waterpas der bladfteel (ro). Het opklimmen
gefchiedt zeer regelmatig: heeft het blaadje deszelfs hoog-
fte punt bereikt, zoo {taat het eenige oogenblikken ftil
(11), waarop de beweging naar beneden weder aanvangt ,
welke doorgaans niet eenige ligte fchokjes gefchiedt (12)
In het algemeen daalt het eene blaadje, terwijl het ande-
re opklimts fomwijlen echter zijn de bewegingen gelijk.
Wat de fnelheid aangaat, waarmede deze bewegingen
gefchieden , zoo vereischt het opklimmen en nederdalen van
een blaadje in Europa dikwerf 5 à ro minuten (13),
terwijl zulks in Zadië foms flechts ééne feconde vordert
(14). Ook het eindelijk(te grootere blaadje beweegt zich,
doch veel langzamer dan de kleineren. DecANDoLEe vere
gelijkt deze beweging bij eene fupínatie en pronatie (15),
hetwelk mij minder goed voorkomt, dan hetgeen sCHULTZ
zegt welke derzelver “beweging een op- en nedergaan
noemt
(7) SPRENGEL, le U, C‚ Pe 31Le
(8) BROUSSONET, Ì, u. C.
(9) SPRENGEL, l, Us C
“ (10) DECANDOLLE, Physiologie etc. Vol. IIe pe 869. in ad
(II) SPRENGEL, Ì, U. C.
(12) BROUSSONET , 1, Ce Pe Ó1ge
(13) SPRENGEL, Ì, C.
(14) DECANDOLLE, Ì. C‚ p. 870, .
C15) DECANDOLLE, le C.
C “267 )
noemt (16); des nachts echter houdt deze beweging op
en hangt het blaadje naar beneden, Ook in Medyfarum
gyroides geloof ik eene zoodanige beweging befpeurd te
hebben , doch alleen dan , wanneer dezelve in het zonne-
licht ftond en ruim van water voorzien was. Nog wil
ik hier aanmerken, dat ik geene planten ken, welker
bladen zich zoo fchielijk naar het licht draaijen, als die
van de genoemde Medyfarum-foorten ; fchijnende de bij-
zondere teederheid van derzelver leven hiermede in ver-
band te taan, Zoo zag ik eene welige Hedyfarum gy-
‘rans zonder bekende oorzaken, in twee dagen gezond
en dood; terwijl proeven met Hedyfarum gyroides ge-
nomen , bijna allen mislukten, dewijl deze ka mij
fteeds te vroeg ftierven.
Befchouwt mien de tigenlijke bewegingen der blaadjes
van Medyfarum gyrans naauwkeurig, zoo blijkt weldra ,
dat de oorzaak der bewegingen gezocht moet worden in
_ het punt , waar de bijzondere bladfteeltjes zich op de al-
“gemeene inplanten , gelijk mij zulks ten overvloede ge=
bleken is uit foortgelijke proefnemingen , waardoor ik bij
de bewegelijke bladen tot hetzelfde befluit gekomen ben,
(17) Ook vindt men aan de plaats van vereeniging ,
tusfchen de bizondere en algemeene bladfteeltjes „ foorte
gelijke aanzwellingen als bij de beweegbare bladen , en
dus werd reeds dadelijk bij mij de gedachte geboren, dat
bij deze planten de aanzwellingen dezelfde werkzaamheid,
als bij de beweegbare bladen zouden hebben. Hoogst
moeijelijk evenwel is het mij geweest deze vooronderitel-
ling aan de natuur te toetfen , en nimmer heb ik het
vere
(16) ScnuLTz, l, c. p. 266267,
(17) Zie eerste Hoofdft, p. 18.
*
C 268 )
verder kunnen brengen, dan tot het wegfnijden van de
aanzwelling aan eene zijde, Duidelijk zigtbaar helde dan
het blaadje over naar die zijde , aan welke de aanzwel-
ling weggefneden was, zonder zich òoit weder uit de
rigting op te heffen. Overtuigend. dus blijkt hieruit, dat
de aanzwelling het ware bewegingswerktuig is , en den-
zelfden invloed bij de. draaijende als bij de bewegelijke
heeft (18). Rid Er Oe
De naaste oorzaken dus dier zonderlinge bewegingen
van de blaadjes van Medyfarum gyrans zijn volkomen
bekend , dewijl wij nu weten , dat het naar boven rijzen
der blaadjes door eene uitzetting der onderfte, het ne-
derdalen integendeel door eene uitzetting der bovenfte
aanzwelling bewerkt wordt (19). Er blijft nu flechts
nog over, om de oorzaken van deze alternatieve uitzet-
tingen der beide tegenovergeftelde aanzwellingen op te
fporen , waartoe ik eenige proeven en waarnemingen zal
vermelden, welke ons tot de bereiking van dat doel mis-
fchien eenigzins kunnen helpen. Ik kan echter niet na-
laten hier mijne fmart te betuigen , dat deze proeven en
waarnemingen op geene belangrijke wijze door mij heb=
ben kunnen uitgebreid worden , dewijl ik met geene mo=
gelijkheid meer dan één Medyfarum gyrans konde ver-
krijgen , welke ik tot het bovenvermelde onderzoek naar
de werking der aanzwellingen volftrekt behoefde. In het
algemeen is de beweging der blaadjes fneller , naar mate
de gezondheid der plant volmaakter is, ja men kan „ al-
leen uit de fnelheid der bewegingen, den toeftand der
plant opmaken.
Dit
C18) Vergel. pe 20 en volg.
(19) Vergel. p. 22.
y
( 269 )
Dit geldt echter alleen van de onmiddellijke deelen ,
waartoe de blaadjes behooren ; want men kan een?’ tak
affnijden en evenwel gaan de blaadjes in het begin voort
/zich te bewegen; ‘zet men den tak in water dan duurt
de beweging. ook langer (20). Opmerkenswaardig is het,
dat dadelijk de bewegingen in de zijdelingfche blaadjes
ophouden , indien het eindelingfche blad door den wind
bewogen wordt; hetwelk BrRoUssoNeET verklaart , door
de vermeerdering der verdamping, waardoor de fappen
in het blad zelve zouden verminderen, hetgeen echter
niet waarfchijnlijk is, dewijl groote drooge warmte de
bewegingen befpoedigt (ar). Beter overeenkomfítig met
het gevoelen van BROUSSONET is, hetgeen HUMBOLDT
zegt , dat, namelijk , door eene Medyfarum gyrans ge=
durende twee of drie uren in het duister te plaatfen , er
dan, na de wederblootftelling aan het licht, eene vers
fnelling in de bewegingen plaats heeft (22); want gedue
rende de blootftelling aan de duisterheid is er eene ver-
meerdering der vochtigheid in de plant ontftaan.
De warmte is eene der onmisbare vereischten tot de
bewegingen bij deze plant 3 aldus houden zij oogenblik
kelijk op , indien men flechts koud water over derzelver
takken giet; waarna de bewegingen „ door dampen van
warm water, aanftonds herfteld kunnen. worden (23).
Ook wordt de plant als het ware verlamd „ zoodra men
dezelve, buiten de warme kas, aan gerea temperatuur
blootftelt.
Zeer
(ao) BROUSSONET , Ì, C, p. 620,
Car) BROUSSONET, 1. C. pe Ó1g==620.
(22) HumsBoLDT, 1. c. Vol. I. ps 336.
(23) LiNK, Element, Philof. Bot, etc. pe 453°
C 220 )
Zeer veel is er getwist over den invloed der electrici-
teit, het zij galvanische of gewone, op het ons bezig
houdend verfchijnfel, Wanneer men echter in het oog
houdt, dat vele proeven , hiertoe betrekkelijk, in het
werk gefteld zijn, door natuurkundigen , welke geene
kruidkenners waren , en daarbij voegt de groote teeder-
heid dezer plant, dan zal men begrijpen , dat het zeer
„gemakkelijk gefchieden kan , dat men valfche gevolgen
opgaf. | Immers , hoe gemakkelijk kon er eene verande-
ring in de beweging ontftaan , door het overbrengen der
plant naar de plaats, waar de proeven moesten gefchie=
den 3 hoe gemakkelijk ook kan zoo iets niet, door de
noodzakelijke verplaatfingen en daardoor veroorzaakte
fchuddingen , onder de proef zelve, gebeuren |
Het is om deze reden, dat ik níet alles zal opgeven,
wat er over den invloed der electrieke vloeiftof gezegd
iss maar mij alleen bepalen bij de uitkomften van de
proeven , door twee der grootfte natuurkundigen , welke
tevens kruidkundigen zijn, te dezen opzigte verkre-
gen. Deze zijn de Heeren vAN MARUM Een A. VON HUM-
BoLDT. „De eerfte onderzocht den invloed der gewone ;
zoowel pofitieve als negatieve electriciteit (24) ; de twee-
de de galvanifche electriciteit (25) op de bewegingen der
blaadjes van Medyfarum gyrans, en beiden komen tot
het befluit, dat deze , anders zoo werkzame ftof , gee- |
nen muvtoea: op dezelve heeft. EAS
Na aldus de meest gewigtige der aan mij bekende proe-
ven
(24) VAN MARUM, in de Verhandelingen van TRYLERS Tweede Ge-
nootsch. ft. ge p. 165, |
(25) HumsoLprT, 1. c‚ Vol. I. p. 249.
CLU)
ven over de bewegingen der. blaadjes van Hedyf/arum
medegedeeld te hebben, zal ik nog kortelijk de verfchil-
lende verklaringen opgeven , waartoe dit verfchijnfel aar
leiding gegeven heeft. Even als bij de befchouwing van
de dagelijkfche bewegingen der bladen , kan ik ook hier
nog geene eigene verklaring van de. draaijende bladen ge-
vens dewijl de prikkelbare bladen eerst ftof zullen ver-
fchaffen , om de werking der aanzwellingen nader te lee-
ren. kennen.
BRroussoNET is, zoo ver ik weet , de eerfte , die dit
verfchijnfel phyfiologisch befchouwd heeft. Zulks had
dan. ook dadelijk eene verklaring ten gevolge, welke hier
op nederkomt , dat door de verdamping de bewegingen
_ zouden ont{taan, als hebbende deze werking der bladen
eenen geftadigen aandrang der ruwe fappen ten gevolge
(26). Op deze verklaring echter , hoe eenvoudig ook ,
is- aan te merken , dat , dewijl de ruwe fappen door de
houtdraden. opklimmen , en de beweging in de aanzwel-
ling, welke tot de fchors behoort , uitgevoerd wordt ,
het onbegrijpelijk is, dat de meerdere of mindere hoe=
“veelheid ruwe fappen eenen onmiddellijken invloed op de
beweging zoude hebben; waarom het mij dan ook voor
komt, dat deze verklaring niet kan worden aangenomen ,
dewijl ook de daadzaken, welke vóór dezelve pleiten ,
ook zeer goed anders kunnen uitgelegd worden. Immers
de voornaamfte derzelve is , dat de bladen door het ver=
meerderen. der verdamping , verminderen in. beweging ,
hetwelk echter ook kan gefchieden door den fchadelijken
invloed van de oorzaken , welke de verdamping bevorde-
: ren
(26) BROUSSONET , |. Cc. p. 619620.
S
(272 )
ren ; Zonder dat de verdamping wake invloed kri „e be-
weging heeft. eit Ako, Dl
“Humsorpr fchijnt geneìgd te zijn het onderhavig vere
fchijnfel ‘op eene geheel andere wijze te verklaren 5 ten
minfte fchrijft hij aan Hedyfarum gyrans prikkelbare bla-
den toe en befchouwt derzelver bewegingen”als willes
keurig (27.) Daar echter, zoo als ik boven aantoonde ,
de bewégingen niet door het houtftelfel, waarin toch’ de-
ze vooronderftelde prikkelbare draden aanwezig moésten
zijn , maar door de aanzwelling „ welke: tof den” bast bee
hoort; gefchieden3 zoo’ volgt , dat”deze woorondetftélling
niets tot Eene ‘goëde verklaring kan toebrengen.
SSCHRANK verklaart deze bewegingen dooreen verdroo=
gen en weder vochtig worden der” fpiraälvaten (28);
waartegen alleen in de gedachte behoeft herroepen te wor
den’, hetgeen ik over de onmiddelbare ‘oorzaak’ van het
verfchijnfel , dat ons thans bezig houdt’, ‘gezegd heb.
Rrrter heeft op eene andere „meer eenvoudige wijze,
geträcht, het zonderlinge en buitengewone van de bewe
gingen der Hedyfarum te verminderen , want hij befchouw-
de dezeïve als eene verfnelde dagelijkfche beweging (99),
hetwelk vooral , nadat ik aangetoond heb, dat de naaste
oorzaken van beide gelijk zijn, eene zeer bre. mate
van waarfchijnlijkheid verkregen heeft.
SpRENGEL deelt in deze zaak hoofdzakelijk in het ge-
voelen van BROUSSONET (30) , waarom ook hiertegen
hetzelfde geldt, wat ik boven, ter gelegenheid van de
mee-
(27) HUMBOLDT , Ì. Cc. pag. 180181,
€28) SENEBIER, |. c. Vol. IV. pag. 321.
(29) RITTER en GEHLEN’s Journal, B. 6. pag. 478.
(30) SPRENGEL, Ban und Natur, etc, pag. 3u5e
(4923
meening des laatstgenoemden heb aangemerkt.
Cn. scHULTZ ‚gelooft „ dat het ons bezighoudend
verfchijnfel „even. als de. dagelijkfche bewegingen „der
bladen „ opgewekt. wordt door oorzaken uit de bewerk
tuiging-voortvloeijende „ zoo dat dezelve op eene natuur-
lijke wijze , noch; vermeerderd , noch verminderd kunnen
worden: (31). voegt men. nu bij deze algemeene oorza-
ken, de door den, fchrijver als naaste oorzaak aangege-
vene. zamentrekkingen der, Wafa. lasicis (32), zoo is dit
eene in het algemeen zeer goede verklaring , dewijl hier-
bij voor het eerst de verwijderde, van de naaste oorza-
ken gefcheiden worden. | |
„Durrocner. Daar het een van de voorwaarden der
vraag; welker beantwoording ik beproef „ is, om de
proeven van den Heer purrocneT na te gaan , zoo, zal
het „ geloof ik, ook met de bedoeling der vraag overe
eenkomen ; de theoriën des genoemden geleerde, zoo veel
mogelijk. te. toetfen ; en ik zal hier dus eenigzins bree-
der dan de andere boven opgenoemde gevoelens, de mee-
ning van ;DUTROCHET over het ons bezighoudend punt ,
behandelen.
Alleen als ter loops fchijnt purrocneT zich met Me-
dyfarum bezig gehouden te hebben. Zie hier alles, wat
ik. daaromtrent gevonden heb, zijnde. ontleend uit een
verflag , over eene verhandeling van den genoemden ge-
leerde : „ Mr. DUTROCHET lic un mémoire dans lequel
il assimile Pirrilabilité de la fibre musculaire des
animauz à Virritabilité végétale, qui n’est, suivant
„lui, que Pincurvabilité d'un tissu vésiculaire, dans lee
» quel
Ld
{31) SCHULTZ, Ì. C‚ page II2==ilg.
(32) SCHULTZ, l. c. Voorrede, pag. 32
S a
( 24 )
»„ quel le liquide est inégalement distribué, L’ auteur ,
„en examinant les organes irritables de la Sensitive et
» du Sainfoin (Heédyfarum gyrans),atrouvé, que l'éias-
» ticité des ressorts de ces organes dépendait de la tur-
» gesceuce des vésicules qui les composent, et par consé-
» quent de leur endosinose”” (33). Om deze verklaring
wel te begrijpen , moet ik vooraf aanmerken , dat onder
den naam van organes irritables de aanzwellingen be=
doeld worden , dewijl de fchrijver deze deelen, bij MZémoe
fa pudica , dikwijls onder dien naam aanduidt. Befchou=
wen wij nu de verklaring zelve, zoo wel om de ons,
nu meer in het bijzonder , bezighoudende verfchijnfelen
der Hedyfarum „ als om ons een algemeen denkbeeld te
verfchaffen , wat prikkelbaarheid in de pen van DUTRO-
cneT beteekent. In de eerfte plaats dan volgt uit dezel-
ve, dat de prikkelbaarheid der dieren en planten gelijk
zoude zijn; en in de tweede plaats , dat deze prikkel
baarheid af zoude hangen van de ongelijke verdeeling der
vloeiftoffen in een celweeffel , en dus van de endosmofe.
Is dit laatfte punt bewijsbaar, dan houdt alle duister=
heid over de prikkelbaarheid op , en een der gewigtigfte
levensverfchijnfelen is dus tot bloot natuurkundige wetten
teruggebragt : want de endosmofe is een verfchijnfel , ook
aan niet bewerktuigde ftoffen eigen (34). Het zoude
echter noodig kunnen zijn, aan te toonen, wat endos-
mofe was, dewijl volgens RA sPAIL (35) En HACHETTE (36)
deze naam, even als exosmofe, niets beteekent, dan het-
geen
(33) Journal de Pharmacie 1828, pag. 322.
(34) Poumter, Elemens de Phyfique, etc. Tom. 2. p. 33
(38) Bulletin des Sc. Natur. de Ferrusfac, etc. Vol. X. p. 250-251.
€36) XIV. pe 364-365»
„
C 275 )
geen men gewoonlijk onder opzuiging , uitdamping , in-
zuiging en doorzweeting verftaat; doch daar DUTROCHET
ter boven aangehaalde plaatfe zegt, dat de naaste oot=
zaak der prikkelbaarheid in de ongelijke verdeeling der
vloeiftoffen beftaat, zoo zal ik mij hier aan houden , en
niet aan datgene , waaraan hij deze ongelijke verdeeling
(de endosmofe namelijk) toefchrijft. Prikkelbaarheid dus
is het, wanneer de vloeiftoffen ongelijk verdeeld worden,
waaruit bewegingen kunnen ontftaan,
Daar nu door purrocHeT de aanzwellingen van Ze-
dyfarum prikkelbaar genoemd worden, zoo worden hier
de vochten ongelijk verdeeld , waaruit de bewegingen
ontftaan. … Deze eenvoudige verklaring echter verdient
bewijs’, en volmondig moet ik bekennen „ hiervoor geen
bewijs te weten: integendeel, de gefchiedenis der Phyfio-
logie leert ons , wat van deze verklaring der prikkelbaar-
heid te denken zij.
Reeds op het laatst der 176 eeuw {telde BORELLI, dat
de fpieren hunne werkingen uitoefenen op volmaakt de-
zelfde wijze, als purrOCHET thans zulks van de prik-
kelbaarheid aanneemt: immers deze geleerde geloofde, dat
bij de zamentrekkingen der fpieren , de blaadjes , waaruit
bij meende „ dat dezelve beftonden , ontledigd werden en
bij het ophouden der zamentrekking zich weder opvul-
den (37). STuART was van een gelijk gevoelen (38) ,
terwijl ook sSMAMMERDAM geloofde , dat door de zamen-
trekkingen het bloed uit de fpieren gedreven werd (39).
In het midden der voorgaande eeuw echter verdwenen
reeds
(37) BORELLI, de motu animalium 1680,
(38) RuporPni, 1. c. Vol, 2. p. 308,
(39) SWAMMERDAM, Biblia Natura, Tom. 2. p. 475, etc.
S 3
( Mo J
Pad
reeds deze ruwe voorftellingen door de onderzoekingen
van Muis (40), en later van PROCHASKA (41); gelijk
het dan nu ook algemeen bekend is,dat eene verfche
uitgedrukte fpier, waarin dus de vochten ontbreken , zich
toch nog op prikkels zamentrekt (49); Duidelijk fchijnt
het mij , uit het gezegde te volgen, dat in geenen deele
de verklaring der prikkelbaarheid „ volgens DUTROCHET }
waar kan zijns maar integendeel, dat dezelve eene ver-
nieuwing is van een denkbeeld uit die tijden, toen de
Phyfiologie in derzelver kindschheid, tot de groffte werk-
tuigelijke voorftellingen den toevlugt nam. Wil men mij
echter tegenwerpen, dat de wederlegging van DUTROCHET
door mij uit het dierenrijk. alleen is geput: zoo antwoord
ik, dat DUTROCHET „ geen onderfcheid tusfchen de dier-
lijke en plantaardige prikkelbaarheid aannemende , het ook
hetzelfde is uit welk natuurrijk men bewijzen tegen zijve
ftellingen ontleene. Wil men verder aanvoeren , dat de
{telling van DUTROCHET „ offchoon in het dierenrijk: on=
waar „ voor het plantenrijk waar kan zijn; zoo zal dit
in allen gevalle eene vooronderftelling wezen „ zonder be-
wijs en tegen alle analogie ftrijdende, | |
Even dus als bij de-befchouwing van de verfchillende
meeningen over de dagelijkfche bewegingen der bladen,
hebben wij hier geene enkele verklaring aangetroffen , die
als voldoende kan worden aangemerkt , hetwelk zich. ook
gemakkelijk laat begrijpen , dewijl de werkingen der aan=
zwellingen voorheen. onbekend waren. Zien wij hierna
hoe verre wij het door de toepasfing dezer ontdekking
bren=
(40) Murs, Musculorum artifictofa fabrica, Lugd, Bat, 175le
(41) PROCHASKA, De carne musculari, Viens, 1778,
C42) Ruporpni, le c, Vol. 2. pag. 309, Etc.
( 7 )
brengen kunnen, in het. begrijpen van een der zonderling-
fte verfchijnfelen. des plantenrijks.
ZEVENDE, HOOFDSTUK,
ALGEMEEN OVERZIGT VAN -DE PLANTEN MET PRIKKEL-
- BARE:BLADEN. |
Thans zijn wij genaderd tot de befchouwing der prik-
_kelbare bladen. Deze-hebben fteeds de grootfte opmerk-
zaamheid tot zich getrokken „ en tot derzelver verklaring
hebben de “uitmuntendfte -kruidkenners. dikwijls hunne
krachten ingefpannen.- „Het is-met derzelver kennis ech-
ter gegaan als met alle dergelijke; detijd alleen toch, en
geene onvermoeide. vlijt-van. zoo vele beroemde mannen
in een vroeger tijdperk konden onthullen, wat ons thans
duidelijk is. Deze duidelijkheid zijn wij voor een groot
gedeelte aan.‚den Heer purTrOCHET,verfchuldigd, welke
door. het ontdekken van de werkingen - der,-aanzwellingen
aân de basis der bladftelen,” in eéns ‘éer “zeer grootlicht
in dezen heeft verfpreid. Veel blijft er echter ook. nu
nog op te helderen „ waarom, ik de zaak, „z00 veel, mo-
gelijk van alle zijden: zal befchouwens… In pn eeríte plaats
zal hiertoe dienflig ‘zijn eené” ópgâve der verfchiltende
planten met prikkelbare bladen „ » en eene ‘vergelijking van
derzelver aantal, met dat der overige planten ;_ want men
kan over het gewigt der levenswerkingen “in een. natuur-
S 4 rijk
( 48 )
rijk alleen een waar denkbeeld verkrijgen, door te onder-
zoeken in hoe verre dezelve algemeen zijn; gelijk dan
ook LAMARCK (1) dit zelfde beginfel aangenomen heeft,
om het gewigt der werktuigen in het plantenrijk te be-
palen. |
Zien wij dienvolgens welke de foorten zijn , die prik-
kelbare bladen bezitten.
I. Uit de familie der Droferacee.
r. Dionea muscipula L. mant (2).
II. Uit de familie der Oxalidee.
2. Avyerrhoa Bilimbi Le (3)-
he Carambola L. (4).
Ae Oxalis senfitiva (5)
HI, Uit de familie der Leguninofae. |
5. Aspalathus perfica BURMAN (6).
6. Nauclea pudica DrscourT (7).
7. Aeschinomene senfitiva swarTz (8).
8, Indica LINN. (9).
9, pumila — (9).
Io. Smithia senfitiva AITON (to).
II.
(1) De LAMARCK Discours preliminaire de la première éditi-
on, Flore frangaise , 3de édit, par DECANDOLLE. V. 1. p. 49-50.
(a) Eruis, Befchreibung der Dionaea, etc. Erlangen 1780. pag.
XI=XIL,
(3) DECANDOLLE, Prodronus Syst. veg. etc. Vol. 1. pag. 689.
(4) B. BRUCE, in Philofoph. trans, 1785. p. 356.
(5) Hourruin, Natuurl. Hist. ‚etc. D.'g. St. 8. p. 659661.
(6) J- C. De SCHREBER in ELLIS, le Ce Page Ve
(7) Bulletin des Sc. nat. DE FERRUSAC., Tom. VI. pag. 215.
(8) DECANDOLLE , 1, c‚ Vol. II, pag. 320. _—
C9) Je Ce De SCHREBER , |. c‚ pag. IV.
(To) DECANDOLLE, 1. u. cs Vol. II. p. 323.
.
II.
I2.
13.
14.
15.
16,
17.
18,
19.
20,
21e
22,
23e
24.
25.
(29)
Miîmofa Casta. L. (11).
== Pernambucana L. (9).
_—_ asperata L, (12).
hdi PEPELS
—___ guadrivalvis L, (9.
pudica L.
senfitiva L.
—__ viva L. (9) WILDENOw.
Desmanthus lacustris (13).
watans WILDENOw (13).
stolonifer Dc. (13).
triquetris. Dc. (13).
_ — pleniis WILDENOw (13).
polyphyllus (13).
Acacia acanthocarpa == (14).
Bij deze foorten , van welke het genoegzaam zeker be-
kend is , dat zij prikkelbare bladen bezitten , moeten nog
gevoegd worden, volgens SCHREBER , twee foorten van
Aeschinomene, door RHeeDe niet duidelijk genoeg be«
“fehreven , om botanisch beftemd te kunnen worden „als
ook eene Zcacta-foort van den Senegal, door DECAN=
DOLLE in zijne Phyfiologie vermeld (15) 3 waardoor. dus
het getal der gezamenlijke planten met prikkelbare bladen
tot 28 zoude klimmen. Al deze planten behooren tot de
plante vasculares Dc. , en wel inzonderheid tot die groo-
te klasfe , welke de genoemde geleerde exogene noemt.
Be.
Cri) LINNEUS ; Horte Cliffortion, p. 208.
(12). Link, Eleme. philof. Botan. p. 43le
(13) DECANDOLLE, Ì, C‚ pe 444
(14) DECANDOLLE , l, C, pags 463.
(15) DECANDOLLE , Phyfiologie, etc. Tom. 2. pag. 857.
C „280 : )
Befchouwt men de verhouding -tusfchen de planten met
prikkelbare bladen: en al de andere plante vasculares ,
en neemt men deze laatften- op 33,ooo aan (16), zoo
volgt, dat deze tot gene ftaan- als 1178:1, Onderzoekt
men verder, welke. het: verband. zij tusfchen de geheele
vorming der plant en de prikkelbaarheid.der bladen, zoo
vinden wij dit verfchijnfel-flechts bij vier familien, ter=
wijl het geheele. getal derzelve -bij de plante vasculares ,
volgens de nieuwfte, opgaven 266 bedraagt (17), waar=
uit dus volgt dat -de--familiën , waarin. de prikkelbare
bladen niet voorkomen „zich. verhouden tot die , waarin
zij aanwezig zijn, gelijk. 66,5:1. Vergelijken wij het ge-
tal der planten. met prikkelbare bladen in die. familiën ,
waar dit verfchijnfel voorkomt , met dat der planten ,
welke dezelve - misfen „ zoo :vinden wij-de volgende ver.
pra s Bij de |
»„Draferacea zijn 44 planten (18) pon prikkelbare
bladen, en-één-met-zoodanige bladen ; de
…veerfte-ftaan dus tot de. laatfte- als pr
st-Oxalideae zijn: 156- planten (18) der eerfte foort en 3
der laatfte: de verhouding-is dus als 52:1.
abe en zijn. nagenoeg 3869: (18) zonder prikkel-
bare bladen, en-24, met zoodanige bladen,
‘zoodat de eerfte tot. de laatfte- ftaan als
oEÓLer sl
„Mat» de: geographifche vrpreiing epe dn welke
prik-
(16) B. BROWN , Vermiischts bot. Schrift, Te 2.16:
(17) J- LinpLEY, Zilk in ds Nat.” baring der Bótdnik) etc.
aus dem Engl. pe 49
(18) Deze getallen zijn uitde Prodromus Syst. Nat. bógnì yé.
gét. van DECANDOLLE Óntleend,- … …** Dd
(281)
prikkelbare “bladen bezitten , aangaat, zoo behooren zij
allen, “behalve Dionea „in de heete lucht{treek te huis.
De daatstgenoemde foort echter komt in‘de warmere dee=
len der gematigde luchtftreek-van-Noord=Amerika voor.
Zie ‘hier hoe deze planten in de verfchillende werelddee-
len verfpreid zijn : k nt
Azia .. Teo.
Afrika «. 3.
Amerika 13.
terwijl dezelve in Nieuw=-Holland en in Europa ( 85
(ten minffe voor Zoo ver bekend is) geheel ontbreken.
In het algemeen behooren alle deze planten tot dezulken,
welke de vochtigfte ftreken beminnen ; terwijl zelfs fom-_
migen, zoo als de Désmanthus-foorten (13), tot de wa=
terplanten behòoren. Nog is hier aan te merken „ dat
verre’ weg de meeste tót de kruiden, weinigen tot de
heesters en de boomen behooren: komende deze laat{ten
alléén onder de Aziatifche planten , met prikkelbäre bla-
den, voor,
Uit deze algemeene—befchouwingen-laten zich de vol-
gende gevolgtrekkingen afleiden: 1° de prikkelbaarheid
der bladen is een zeer bepaald verfchijnfel, zoo wel in
vergelijking tot het geheele plantenrijk als tot die familiën
zelven , waarin planten met prikkelbare bladen aanwezig
zijn ; waaruit dus blijkt, dat deze zonderlinge eigenfchap
niet naauw te zamenhangt met het geheel der bewerktui
ging eener plant. ‘o°. Hoe hoogér de familiën , welke
het
(29) De beweging door fommige plantkundigen aan de haren der
bladen van Drofera-foorten waargenomen na eene rrd is ge-
heel iets anders dan het bewegen van geheele bladen,
(282 )
het ons bezig houdend verfchijnfel aanbieden , in de rij
der planten-ontwikkelingen (taan, des te grooter is het
betrekkelijk “getal der foorten , welke prikkelbare bladen
bezitten, 3° Dewijl de planten der warme luchtftreken een
krachtiger leven en fchielijker verloop van hetzelve be=
zitten , dan de planten der koudere luchtftreken, en bijna
al de planten met prikkelbare bladen , in de eerstgenoem-
de luchtftreek gevonden worden, zoo moet men aan ge-
noemde planten een krachtig leven toekennen. Eindelijk
ten 4° , dewijl de kruidachtige planten doorgaans, al het
overige gelijk ftaande , een betrekkelijk fchielijker en
krachtiger levensverloop ; dan de houtachtige planten heb-
ben, en de planten met prikkelbare bladen bijna allen tot
de eerfte foort behooren, zoo volgt hieruit, in verband
met de ee en ge gevolgtrekking, dat de planten met prik=
kelbare bladen tot diegene geteld moeten worden , waarin
de levensverfchijnfelen een krachtig en fchielijk verloop
hebben,
nnn SA VSA
ACHTSTE HOOFDSTUK.
OVER DE VERSCHIJNSELEN DER PRIKKELBARE BLADEN EN
“DE UITWENDIGE OORZAKEN VAN DE SLUITING EN
OPENING DEZER BLADEN.
In bet algemeen kan men de prikkelbare bladen tot
twee klasfen brengen; tot dezulke namelijk „ welke door
uitwendigen -prikkel de rigting aannemen , welke zij,
zon-
( 283
zonder dezelve, des nachts ook verkrijgen; en tot de
… zoodanigen, welke door uitwendige prikkels eene rigting-
verkrijgen , welke zij alleen in hunne eerfte jeugd hadden.
Tot de eerfte der genoemde klasfen behooren alle oxa-
lidea en Leguminofe met prikkelbare bladen: tot de
tweede daarentegen Dionea muscipula{(1i)e Het zal thans
in de eerlte plaats noodig zijn te onderzoeken „ onder
welke omftandigheden de prikkelbare bladen tot vorige
rigtingen terugkeeren, Vooraf echter zullen wij kortelijk
de bijzondere verfchijnfelen moeten doen kennen van eeni-
ge foorten , met prikkelbare bladen voorzien , hetwelk ,
zoo wel om het goed werftand der zaak voor het vere
volg, als om het gewigt der bedoelde verfchijnfelen , op
zich zelf noodig is.
Dionea muscipula. Dit plantje heeft talrijke, rondom
den ftengel geplaatfte. bladen , welke uit twee geledingen
beftaan, waarvan het onderfte plat, langachtig , bijna hart-
vormig, de verbreede bladfteel is. Op deze bladfteel is
het eigenlijke blad geplaatst, dat uit twee bladlobben bee
ftaat. | ' |
Ieder dezer lobben ftelt een blaadje voor, dat niet vol
komen tot ontwikkeling is gekomen; zoodat de bladen
dezer plant wezenlijk tot de gevederde behooren. Raakt
men deze lobben aan, of plaatst een infect zich op de-
zelve , dan {luiten zij zich, door hunne bovenfte opper=
vlakten aan elkander te leggen (2).
Avorrhoa carambola, Deze boom heeft vie vielahe
bladen , welker blaadjes zich door prikkels naar beneden
| be-
(1) BROUSSONET ; Ì. C‚ pe 214.
(2) Eruis, |. ec. pag. XI—XII.
( 284 )
bewegen , zoodat de ondervlakten tegen elkander aanko»
men (3). | 7
„Mimofa pudica, Deze zoo beroemde en algemeen ver«
fpreide. plant. hier te, befchrijven , zal wel niet noodig
zijn & «alleen wil ik. herinneren „ dat-derzelver bladen uit
drie verfchillende beweegbare. ftelfels beftaan , waarvan de
eerfte uit den algemeenen, de tweede uit den bijzonderen
bladfteel „en de derde-uit: de--blaadjes. zelve beftaan. -Hoe-=
danig de bewegingen zijn, door „deze deelen uitgevoerd „
blijkt uit het eertte. Hoofdftuk,- Volgens DECANDOLLE
zouden reeds de zaadlobben der kiemende plant prikkel-
baar zijn (4), hetwelk ik echter niet heb kunnen waar-
nemen „blijvende deze deelen , ‚zoowel op chemifche als
op werktuigelijke prikkels, onbewegelijk, Volgens LINK (5)
zouden. de jonge bladen meer prikkelbaarheid dan.de ou-
deren aantoonen : hetwelk echter in zoo verre gewijzigd
moet „worden „ dat. de- jongere bladen , vóór dat zij de
donker groene tint der ouderen verkrijgen, weinig bewe=
gelijkheid bezitten. Deze mindere bewegelijkheid der nog
niet donker groen gekleurde bladen is echter meer een
gevolg van de groote „weekheid der deelen ‚waaruit zij
beftaan, dan van de. mindere onaf hankelijkheid voor prike
kels , want dikwijls heb ik dezelve zien fterven „ door
dezelve bloot te ftellen aan inwerkingen , welke flechts
bewegingen bij de ouderen voortbragten. Ook de geel
gewordene bladen zijn niet zeer prikkelbaar; zulks is
echter minder in het oog vallend bij het aanwenden van
werktuigelijke , dan van chemifche prikkels , waaruit het
| ge-
(2) B. BRUCE, in Philofophe trans. 1785. P- 356.
(4) DECANDOLLE, Organograph. Végét. Vol. a. p. 97.
(5) LiNK, Zlem. Philof. Bot. p. 42Le
(4285 )
gevoelen van PESCHIER (6) misfchien moer verklaard” wor-
den „ dat de. geele - bladen; bijna-niets van derzelver bee
weegbaarheid verliezen. Worden, er nieuwe bladen onte
wikkeld , zoo vermindert de bewegelijkheid in de naast
bij zijnde bladen aänmerkelijk , hetwelk -ook bij, het bloeis
jen plaats heeft (7), terwijl-alle-bewegingen „ onder ‚het
rijpen der zadenophouden (8)
De tijdorde eindelijk „in welke. de- verfchillende beweege
bare ‘deelen de beweegbaarheid verkrijgen „is zeer {tande
vastig,. beginnende dezelveaf. vanden ftam., en. ftreks
kende zich zoo. tot aan de blaadjes uit: zij verdwijnen
ook op gelijke wijze (9).
Mimofa fenfitiva heeft dezelfde beweegbare ftelfels é
de vorige foort „en komt ook in bijna alle opzigten met
deze overeen 3 “met uitzondering echter der fnelheid „
waarmede de bewegingen uitgevoerd worden 3 zijnde- bij
deze veel minder „ dewijl de bewegingswerktuigen , ‘zoo
wel in verband tot de grootte. der bladen s als op zich
zelve , veel ‘kleiner zijn.” „oo
Na aldus: het: noodige, tot beter verftand van het vol=
gende, gezegd te hebben over. de weinige planten met
prikkelbare: bladen , waarover ik-proeven of waarnemin=
gen zal kunnen mededeelen, zoo zullen wij overgaan tot
de befchouwing der uitwendige oorzaken , welke bij de
bladen van deze Eon van planten, bewegingen veroor=
zaken. | | ‘ {49
| De-
(6) Pescnrer , Journal de phys. 1794. T. 2. Pp. 349.
_ (7) SIGWART in REIL und AUTENREITH, archiy. für Phyfiologie.
Vol, XII, pe 36
(8) PESCHIER, l. C‚ page 344e ……
(9) RITTER in GEHLEN , Journal für Chemie, B. 6, ps 468-465}
C 286 )
Deze uitwendige oorzaken worden doorgaans prikkels
genoemd , welke benaming wij, kortheidshalve , in het
vervolg zullen gebruiken.
In het algemeen kan men deze prikkels tot drie foor=
ten brengen, namelijk tot werktuigelike, chemifche en
brandende , waarbij men nog , volgens fommigen , licht-
en electriciteits-prikkels zoude moeten voegen. Ieder de-
zer vijf foorten van prikkels zullen wij afzonderlijk in de
zoo even opgenoemde volgorde befchouwen , en beginnen
dus met de werktuigelijke prikkels. Geeft men aan een
blad der Mimofa pudica een’ fchok , hetzij dat zulks
met de hand , met was, of metaal , met een vochtig of
droog ligchaam gefchiede , zoo neemt dit blad oogenblik-
kelijk de nachtelijke rigting aan (xo). Velen befchouwen
deze. gevolgen van een’ medegedeelden. fchok als ontftaan
te zijn door aanraking.
„Dit «echter is -onnaauwkeurig ; want „ door een {tukje
lood voorzigtig op de algemeene bladfteel te leggen, dáár
waar de bijzonderen ontftaan , kan men het blad buigen,
zonder dat er bewegingen ontftaan: laat ik er echter het-
zelfde ftukje lood op vailen , zoo fluit zich dadelijk het
geheele blad. Ook kan men een blaadje drukken ‚ zon- |
der dat er beweging volgt (11) waaruit duidelijk blijkt ,
dat de bewegingen , na aanrakingen , alleen door den me-
degedeelden fchok geboren worden. Van daar, dat een
ftofregen de bladen van Memof/a niet fluit ; doch-een
« hardere regen zulks wel te weeg brengt (ta), van daar
ook , dat de bladen van Averrhoa carambola door den
wind
(10) DECANDOLLE, Phyfiologie Végét. Vol. 2, p. 865.
(11) DUHAMEL, Physig. des arbres „ etc. Vol. 2. pag. 161.
(22) DUHAMEL, Te C. pag. 162
( 287 )
wind dan alleen gefloten worden, wanneer zij ergens te-
gen aankomen (13).
Zeer opmerkenswaardig is het, dat Mimo/a pudica zich
aan dezen prikkel kan gewennen: hetwelk DESFONTAINES
het eerst ontdekte. Hij voerde namelijk een plantje der
genoemde foort met zich in een rijtuig , door welker be-
weging de bladen zich dadelijk floten : weldra. echter
openden zij zich weder en bleven in dien toeftand , of-
fchoon de beweging voortduurde; het rijtuig daarna ceni«
gen tijd ftilgeftaan hebbende, floten zich de bladen, toen
de beweging weder begon, doch openden zich weldra
op nieuw {14). Ik heb deze proef herhaald, door eene.
Mimofa pudica, gedurende 3 uurs , in eene fchomme-
lende beweging te brengen , wanneer de bladen zich das
delijk floten ; doch een half uur daarna weder openden.
De proef geëindigd hebbende , bevond ik , dat de bladen
onbewegelijk waren , welke toeftand ruim een uur duure
de. Ik was nieuwsgierig, wanneer de prikkelbaarheid
zoude wederkeeren, en bleef dus onophoudelijk bij ‘de-
zelve, haar van tijd tot tijd onderzoekende, Op eens
echter begonnen al de bladen te zakken , en zich toen
weder oprigtende was de prikkelbaarheid herfteld, Het
is dus wel niet te betwijfelen , dat MZimofa pudica zich
aan zoodanige prikkels kan gewennen , welke voor haar
leven niet fchadelijk zijn. Zulks echter fchijnt met Dá=
onea muscipula geen plaats te hebben , dewijl derzelver
bladen gefloten zijnde, door dat een infect zich op de-
zelve plaatfte, niet geopend worden , zoo lang ‘hetzelve
tUs=
(13) BRUCE, |. Cc. pag. 357-—358.
(14) DECANDOLLe, Phyfiol. Végét. Vol. 2. pag. 865 866.
de
(288)
tusfchen de bladlobben aänwezig blijft (15).
Van eenen eenigzins anderen aard zijn de werktuigelij-
ke prikkels, welke door verwondingen ontftaan, Deze
hebben echter geene bewegingen ten gevolge , ten zij
dezelve met verlies van fappen of met fchokken vergezeld
gaan. Aan het eerstgenoemde bijkomende toeval moet
men de: bewegingen toefchrijven , welke DUHAMEL waar-
nam (16), wanneer hij met eene naald in een wit pun-
tje, aan de bafis der bladfteel prikte; aan het tweede der
bovengenoemde bijkomende toevallen is het te wijten,
dat men fomtijds , door het fnijden in een blad , bewe-
gingen’ ziet ontftaan; want zulks met een zeer fijn fcherp
fchaartje „ met de noodige. voorzigtigheid „ gedaan worden-
de, heeft geene bewegingen ten gevolge. Al de waar-
nemingen dus van DU FAY (17) €en DUHAMEL (18) over
bewegingen , door verwondingen veroorzaakt, moeten op
deze wijze verklaard worden.
Chemifche prikkels , chlorine ‚ ammonia liquida, aci-
dum _nitrofum fulphuricum, fulphurofum , aether
Sulphurieus actherifche oliën, enz. enz. doen , hetzij
als damp of-als vloeiftof , in aanraking gebragt met blae
den van Mimofa pudica, dezelve eene nachtelijke rigting
aannemen (19). … Campher heeft geen zoodanig gevolg ,
maar vernietigt de gevoeligheid, en doet de plant fter»
| | ven
C15) Eruis, 1. C. pag. 162.
(16) DUHAMEL, |. C. pag. 162. fi
(17) Du rav, Mémoires de W Acad. des fciences de Paris, an
1736, Pag. 95-98.
(18) DunAMEL, 1. Cc. pag. 163.
(19) Du FAT, 1. Ce ps 97. DUHAMEL, Ì, C. p. 163. PESCHIER,
le C. Pe 345e SIGWART Lc. pag. 22. DECANDOLLE, Ì, U. C, page
865-866.
(289 )
ven (ao). Wijngeest Car), Muskus (22), Hydrogenie
um en dampen van terpentijn-olie (23) brengen geene
bewegingen voort. Daar al de genoemde ftoffen, welke
de nachtelijke rigtingen der prikkelbare bladen van Mé-
mofa pudica veroorzaken , tevens als fterke vergiften voor
het plantaardige leven zijn aan te merken, zoo zoude
het mogelijk kunnen zijn, dat de verfchijnfelen, welke
zij veroorzaken , meer van derzelver vergiftige, dan van
derzelver prikkelende eigenfchappen afhangen; het eerfte
nogtans komt mij onwaarfchijnlijk voor, dewijl , gelijk _
wij zagen, de campher den dood bewerkt , zonder dat
de bladen zich toevouwen3 hetzelfde heb ik door andere
vergiften zien te weeg brengen, offchoon het aan den
anderen kant waar ís, dat de genoemde prikkels dikwijls
met het zamenvallen der. bladen den dood aanbrengen,
gelijk ik zulks, door eene te onvoorzigtige aanwending
van gazacidum nitrofum zelf ondervonden heb.
_ Dergelijke gevallen moeten waarfchijnlijk verklaard wore
den , door eene zoo fterke aanwending der prikkelbare
ftolFen , dat zij tevens hunnen vergiftigen invloed aan de,
plant konden doen ondervinden, |
Nog moet ik hier aanmerken „ dat de chemifche prik=
kels hunnen invloed zeer verre uitftrekken 3 zoo kan men
door eenig fterk zuur voorzigtig op een blaadje te plaats
fen „--zoodat er geene fchokken mede vergezeld gaan „al
de nabij gelegene bladen doen fluiten,
Prikkels door verbrandingen veroorzaakt. Tot de
mees.
(20) H‚ R‚ GOEPPERT, in Ann, Science, Natur. Tom, XVII. p, 223.
Car) DUHAMEL , 1. C. Pp. 164. nt
(22) PESCHIER, 1, C. p. 346.
(23) SIGWART, |, C. p. 22.
Ta
C 290 )
meest krachtige oorzaken, welke de prikkelbare bladen
dwingen, om gedurende den dag de nachtelijke rigting
aan te nemen , behoort het vuur, Vele proeven zijn ten
dezen opzigte in het werk gefteld , waarvan ik de voor-
naamften zal vermelden. Du ray (e4) zag, door het
branden van een blaadje der Mimofa pudica, al de blaad-
jes en gedeeltelijke bladftelen te zamen vallen; nog nam
hij waar, dat, indien men een’ tak der genoemde plant
affneed, en dan de fnijvlakte brandde, de naastbijzijnde
bladen zich toevouwden (25). DunaMeL zag door de-
zen prikkel eene Mimof/a puatca derzelver bladen, gedu-
rende den’ nacht, nog meer fluiten (26). Pescnier (27)
beproefde de kracht des vuurs op de bladftelen en, aan-
zwellingen, en vond, dat deze prikkel op die plaatfen
overal bewegingen der bladen veroorzaakte , behalve wan-
neer het aangewend werd dáár, waar de vier gedeeltelijke
bladftelen ontftaan. — SiewArT (28) eindelijk zag, door
eene vlam in de nabijheid te houden, reeds bewegingen bij
Mimofa pudica ontftaan, Ik heb de meeste der boven-
gemelde proeven herhaald , en derzelver uitkomst fteeds
overeenkomf{lig bevonden met ‘die van DU FAY, DUHA-*
MEL , PESCHIER €en SIGWART. In het algemeen heb ik
mij, in gevallen waar eene naauwkeurige prikkeling te
pas kwam, fteeds van dit foort van prikkels bediend ,
daar alleen door dezelve gelijkmatigheid kan verkregen
worden. Tot dit einde had ik durine katoendraden een-
| | _ maal
(24) Du FAY, Ì. c. pag. roo, |
(25) _— —_ DAs 11010,
(26) am PZ 102103.
(27) PESCHIER , Ì. c. pag. 345-355
(23) SIGWART, Ì, C. pag. 2923,
C 291 j)
maal door was laten halen: de zeer kleine vlam , welke
dit katoen, aangeftoken zijnde „ opleverde , was fteeds
gelijk , waardoor ik een, fteeds even krachtige prikkel
verkreeg , die mij bij geene mogelijkheid werktuigelijken
konde verfchaffen, en welke tevens den fchadelijken en
fteeds eenigzins gevaarlijken invloed der chemifche prik-
kels miste. Ook verfpreïiden zich de andere foorten van
prikkels niet zoo ver als deze, terwijl zij ook de door-
dringende kracht van deze misfen. Zoo heb ik door het
boven aangeduidde vlammetje dikwijls jonge bladen zien
bewegen, welke op geene andere wijze in beweging kon-
den worden gebragt.
Ook Mimo/a fenfitiva is zeer gevoelig voor het vuur,
en bijna altijd kan men , door eene vlam aan het uiterfte
punt van een derzelver bladen te houden, bewegingen
doen ontftaan , veel fterker dan door werktuigelijke prik-
kels. „Averrhoa carambola fluit reeds hare blaadjes ,
wanneer men de bladftelen zoo zacht met een brandglas
brandt, dat hierdoor geene pijn ontftaat; het branden
der blaadjes zelve brengt echter geene beweging te voor-
fchijn (29).
Befchouwing van het licht als prikkel. Velen be=
fchouwen het licht als de algemeene en krachtigfte prik-
kel van het plantenleven; in dezen zin echter kan het
hier niet onder de prikkels gerangfchikt worden „ dewijl
wij hier alleen over dezulken mogen fpreken , welke de
prikkelbare bladen in beweging brengen; doch ook als
zoodanig kan het licht in fommige omftandigheden wer-
„ken; ten minfte sicwARrT (30) verhaalt, dat eene M/fe
| mo-
C29) BRUCE, b. c. pag. 359.
(30) SIGWART , Ì. c. pag. 23-
( 292 )
mofa pudicas die gedurende eenigen. tijd in de fchaduw
had geftaan, en toen aan het zonlicht werd blootgefteld,
derzelver bladen floot.
Electriciteit en Galvanismus als prikkels der prike
kelbare bladen befchouwd. Zeer bekend is de eigenfchap
der fpiervezel, om door de electrieke vloeiftof zamenge=
trokken te worden. Van daar dat velen, die de bewe=
gingen /der prikkelbare bladen overeenkomftig- met de dier-
lijke bewegingen „geloofden te moeten verklaren”, den in=
vloed der electriciteit op dezelve onderzochten. Zeer
uiteenloopende zijn echter de uitkomften „door deze on-
derzoekingen verkregen, Aldus zegt comus (31) bewe-
gingen gezien te hebben door electriciteit ;-doch- dewijl
hij tevens verzekert, dat fchokken door flechte geleiders
de prikkelbare bladen niet in beweging brengen „ en dit
eene openbare onwaarheid is, zoo hecht ik «aan zijne
proeven niet veel „waarde, „LE DRU , RITTER ) CREVE
en anderen verzekeren (32) echter, dat de electriciteit
wel bewegingen te voorfchijn zoude brengen.” Met deze
uitkomften ftaan anderen, door zeer beroemde mannen
verkregen „ in tweeftrijd. Immers onze landgenoot „de
Heer ‚vAN MARUM, door geheel ZEwropa-om zijne on=
derzoekingen over de electriciteit beroemd „ wendde deze
zelfde “electriciteit op werfchillende wijzen bij Mimofa
pudica aan, zonder andere gevolgen te verkrijgen , dan
de zoodanigen, welke men uit de werktuigelijke bewee
gingen, waaraan de plant tevens bloot ftond , moest vere
klaren (33), terwijl RENARD (34) € INGENHOUSS (32)
ins=
(31) Couus, Journal de physique, Vol, III, p. 355.
(22) Aun. der Physik von L. w. GELBERT, Bd, 4t. Pp. 392==393e
(33)? VAN MARUM, in de Verhand. van TEYLER’s Genooif. ge St.
(34) Ann. der Physik von Cc. W‚ GILBERT, Tom. 39e Pe 15e
(293 )
insgelijks „ten gevolge hunner proeven , den invloed der
electriciteit als prikkel op de genoemde plant ontkennen.
Von uumBoLDT (35) vis tot een gelijk befluit gekomen
over den invloed van het Ga/lvanismus, als VAN MARUM
omtrent de Electriciteit, nadat hij gedurende drie zomers
op «de. meest verfchillende- wijzen zich had. onledig gehou-
den, met. het daartoe, noodige onderzoek.
Aldus. de voornaamfte twannén opgenoemd he biieriden
welke vóór of tegen dehinvloed der electriciteit op de
prikkelbare bladen, door hunne proeven zich hebben ver-
klaard, ‘zoo blijft ons over na te gaan „… welke der beide
gevoelens overeenkomftig de waarheid ís, [et beste. mid=
del voorzeker hiertoe was het doen van nieuwe proeven,
en ik zoude niet getwijfeld hebben „dit te doen ‚was ik
aan ‚de eene zijde niet overtuigd van mijne. onbevoegde
heid , om ‘door zoodanige, proeven als daartoe vereischt
worden , eenen twist te willen. beflisfen , waarin de. bee
roemdfte natuurkundigen gemengd zijn, en aan de andere
zijde komt; mij, ook het- gevoelen van vAN MARUM, HUM-
BOLDT „ enz. zoo aannemelijk voor, dat:ik voor-mij wel
nimmer, getwijfeld heb aan het-onvermogen van de eléc-
trieke vloeiftof „omde prikkelbare bladen te doen zamen-
vallen, De reden wan dit mijn-gevoelen is, dat-de elec=
trieke vloeiftof in het dierlijke ligchaam alleen de fpiers=
vezel doet zamentrekken 3 en daar. deze bij de prikkelbare
bladen ontbreekt, zoo beftaat er volftrekt geene reden uit
overeenkomst afgeleid. met het dierenrijk , om te geloo-
ven „ dat ook de bladen der Mimof/a pudica zich door
EO rn des
(35) VONHUMBOLDT, die géreizte Muskel-und Nerven Faser, etc.
Bs 1. Pp. 249250,
ik 4
C 294 )
dezelfden prikkel als de fpieren van mensch en dier zou-
den zamentrekken. Het bewegen dus der prikkelbare
bladen , door electriciteit of galvanismus , zoude een gee
heel nieuw vwerfchijnfel zijn, dat geheel op zich zelve
daar ftond, Om echter zoo iets aan te nemen, daartoe
zijn andere bewijzen noodig dan er thans beftaan; te
meer daar men al die bewijzen gemakkelijk verklaren kan ,
uit de onvermijdelijke fchuddingen , welke de plant on-
dergaan moet, terwijl zij aan de proef blootgefteld is.
Na aldus de verfchillende prikkels zoo beknopt moge
lijk opgegeven te hebben, moet ik nog eenige algemeene
aanmerkingen over dezelve hierbij voegen. 1° De ver-
fchillende “ftoffen , boven als prikkels vermeld, hebben
allen eenen prikkelenden invloed op de dierlijke ligchamen;
zulks echter heeft geen plaats met den , voor de prikkel-
bare bladen zoo krachtigen, prikkel der fchokken ; deze
is dus geheel eigendommelijk aan het plantenrijk , gelijk
de prikkel der electriciteit zulks aan het dierenrijk is.
Beide de groote afdelingen ‘der levende ligchamen hebben
dus vele prikkels gemeen , maar hebben ten- minfte ieder
ook één „ welke haar alleen eigen is. 2° Al de prikkels
brengen bij de prikkelbare bladen eene fluiting te weeg,
en volftrekt geene opening. Op de verfchillend{te wijzen
toch heb ik prikkels aangewend , doch nimmer heb ik
daardoor bij eene geflotene Mimofa pudica eenige ont=
fluiting kunnen bewerken.
SicwART (36) evenwel fchijnt het licht als een’ ope=
nenden prikkel der Mimo/a pudica te befchouwen , het-
welk echter onjuist is, want neem ik twee der genoemde
plan=-
(836) SIGWART , Ìl, C. p. 27»
( 2% ).
planten , die in alle opzigten gelijk zijn, en prikkel ik
deze op gelijke wijze, en bedek daarna een’ derzelve met
een ftijf papieren dekfel , waardoor zij van alle licht vol-
ftrekt beroofd is, zoo zullen beide plänten echter even
_fchielijk weder geopend zijn. Het openen der zamenge-
vouwene bladen is dus eene, uit het inwendige der plant
ontfpruitende levenswerking , waartoe geene bijzondere
uitwendige oorzaken noodig zijn. Hoe krachtiger eene
plant is, hoe fchielijker ook deze opening gefchiedt. Van
daar dat de tijd van den dag , het jaargetijde en andere
omftandigheden , een verfchil in den tijd, hiertoe benooe
digd , doen ontftaan (37).
Alvorens tot een ander punt over te gaan „ moet ik
hier nog iets over dit openen der door prikkels zamene
gevouwene bladen bijvoegen. In het algemeen is de
kracht , welke hierbij gebruikt wordt , grooter dan tot
de opening wordt vereischt, gelijk uit het volgende blijkt.
Bevestigde ik gewigtjes aan den algemeenen bladfteel
dáár waar de bijzonderen ontftaan , zoo hinderde zulks
noch aan de fchielijkheid , noch aan de kracht der ope=
ning, zoo lang de gebruikte gewigtjes geene negen grein
overtroffen ; had zulks echter plaats, dan werd de be=
weging langzaam en bereikte het blad de vorige hoogte
niet weder. | Ä
IN
(37) DUHAMEL, l, c‚ Vol, 2, p. 162.
C 296 )
NEGENDE HOOFDSTUK.
ONMIDDELLIJKE OF INWENDIGE OORZAKEN VAN DE BE-
‘WEGINGEN DER PRIKKELBARE BLADEN.
Na «de uitwendige oorzaken te hebben doen kennen,
welke. de. prikkelbare bladen eene rigting doen verkrijgen ,
gelijk aan die, welke zij, of des nachts, of in vroeger
tijdperk. van hun leven. van zelve. hadden , zoo moeten wij
thans.-overgaan tot de befchouwing van de werktuigen
dezer beweging. … ;
„Het eerfte punt: dat in ‘dezen bepaald moet worden is,
welk deel-der plant de eigenlijke zetel der bewegingen zij.
Om: hiertoe te geraken fneed “ik van fommige blaadjes der
Mimofa pudica de helft of 3 weg „waardoor. de bewee
gelijkheid „geenszins verdween of, verminderde, ‚Dezelfde
proef herhaalde ik „met de gedeeltelijke. bladftelen „ bes
roovende deze van alle blaadjes , hetwelk even min aan
de „bewegelijkheid ‘hinderde, Daarop fneed ik het ge-
heele blad weg, zoodat flechts o,003 Ned. elder blade
feel , behalve de aanzwelling overbleef : dit ftukje echter
behield nog gedurende drie dagen deszelfs prikkelbaarheid.
Daarop nam ik een ander blad en fneed dit met den blad=
fteel tot op de aanzwelling weg , en thans nog bleef dit
geringe overblijffel gedurende eenige uren prikkelbaar.
De onmiddellijke oorzaken dus der bewegingen moeten in
dit overgebleven deel des blads aanwezig zijn en wel ,
of
/
\
C 297 )
of inde aanzwelling , of in het deel-der bladfteel , het-
welk -de “aanzwelling bedekt. „Alvorens. dit te beflisfen ,
moeten wij kortelijk de aanzwellingen van Mimo/a pudica
befchouwen , daar deze het bijzondere voorwerp onzer
nafporingen , gedurende eenigen tijd „ moeten” uitmaken,
Vooraf zij echter aangemerkt „ dat ik nu en ín het ver-
volg onder “den algemeenen: naam van aanzwelling fteeds
diegene verfta, welke den algemeenen bladfteel-aan deszelfs
inplanting omgeeft, daar de anderen voor het onderzoek
te klein zijn.
Deze aanzwelling »beftaat uit twee lagen „ van welke
de buitenfte eene verdikking der opperhuid 4 de binnenfte
eene voortzetting der bast fchijnt te zijn, In deze laat{te
laag vindt men de vasa Jaticis (1) , terwijl het overige
uit celweeffel beftaat (a), waarbij,- volgens 'DECANDOLLE,
nog de vaisseux en chapelet gevoegd moeten worden (3).
Deze laatfte- vaten echter zijn zoodanig overeenkomende
met het celweeffel, dat men alleen hierdoor kan verkla
ren, waarom anderen geene melding van dezelve maken.
Wat de houtbundels aangaat , welke door deze aanzwel«
ling ingefloten worden, zoo ‘is aan te merken , dat zij
niets bijzonders aanbieden (4), dan hunnen betrekkelijk
kleinen diameter 5 als hebbende flechts 8 van de dikte der
aanzwelling (5).
| Kie
C1) C.-m. scnuLTZ, die Nat, der lebendigen Pflanze, Vol. 2,
Spe 147-148.
(2) TREVIRANUS, in zoltrehts für physiol. Vol. L Pe 174:
DurrocuneT, Recherches anatomiques et physiologiques, etc.
Paris 1824, Pp. 42, CLC. CtCs
(3) DECANDOLLE, Physiol. etc. Vol, 2. p. 864.
(4) Link, Kritisch. bemerk. etc. pag. 14. |
(5) TREVIRANUS, Î, C.
C 298 5
Keeren wij na deze korte uitftap tot het ons bezig hou«
dend punt terug , en zoeken wij thans te beflisfen , welk
het werktuig der beweging zij, of de aanzwelling
zelve, of de houtdraden, door de aanzwelling bedekt.
Het was purROCHET , die ons in dezen voorging , door
de geheele aanzwelling van den algemeenen. bladfteel weg
te fnijdens hierdoor zag hij alle beweging ophouden (6),
gelijk ook ik gezien heb. EN
Duidelijk dus volgt hieruit, dat de aanzwellingen de
werktuigen van beweging zijn.
Zien wij thans hoedanig dit bewegingswerktuig werkt.
Om hiertoe te geraken , {need ik , in navolging van bo-
vengenoemden geleerde , het bovenfte deel der aanzwele=
ling weg. Ik zag hierdoor het blad in de hoogte rijzen
en daarna nimmer weder zakken, gelijk purrocueT zulks
reeds befchreef (7). Snijdt men daarentegen het onderfte
deel der aanzwelling weg „, zoo heeft het tegenovergeftel=
de plaats; het blad daalt, zonder dat het zich immer
weder verheft, „Het wegfnijden van de zijdelingfche ge-
deelten der, aanzwellingen heeft een dergelijk gevolg 3
want alsdan beweegt zich het blad naar die zijde , waar
de aanzwelling ontbreekt. Deze en de vorige proeven
zijn, even als de twee eerstvermelden , reeds door Du-
TROCHET verrigt (8), en door mij volkomen op dezelfde
wijze en met hetzelfde gevolg in het werk gefteld,
‚Het zijn deze vier eenvoudige , maar wezenlijk beflis=
fende proeven, welke, naar het mij voorkomt , de wezene
lij
(6) DUTROCHET, 1. Ce page 55e
(7) DUTROCHET, Ì. c.p. 56.
(3) DUTROCHET , 1, c‚ pag, 56 „63:
C 299 )
lijke verdienften der ontdekkingen van purrocHer uit-
maken.
Allen, welke dezelve herhaalden , hebben fteeds de-
zelfde uitkomften verkregen, gelijk MmAjo en BURNET (9)
L. C. TREVIRANUS (to) (bij Mimofu fenfitiva) bij coer-
PERT (II).
Geheel nieuw echter zijn deze ontdekkingen niet. Al
dus heeft LLiNK reeds voor eenige jaren-aangemerkt , dat
de zetel der prikkelbaarheid in de fchors aanwezig was
(12), terwijl DECANDOLLE (13) en anderen zeiden , dat
de bewegingen aan de bafis der bladen plaats hadden.
SenuL rz geeft zelfs voor, dezelfde proeven vóór de
bekendmaking van pUTROCHET gedaan te hebben (14).
In allen gevallen echter is purrocnerT de eerfte , die
dezelve naauwkeurig befchreven heeft ‚ en cis voor den
ontdekker moet gehouden worden.
Befchouwen wij thans deze proeven in derzelver ge=
volgen , en trachten wij dezelve nader te verklaren. Dui-
delijk is het door dezelve, dat de prikkelbare bladen niet
door zamentrekking van dat deel der aanzwelling , in
welker rigting de beweging gefchiedt, bewogen worden:
maar door eene werkelijke uitzetting van dat deel’ derzel-
ve, hetwelk tegenovergefteld is aan dat, in welks rigting
de beweging ‘uitgevoerd wordt. - Geheel anders is dus de
onmiddellijke oorzaak der dierlijke bewegingen en die der
prik-
"(o) Bullet. des Sc, Nat, par FERRUSAC, Tom, 14. p. 77.
to) L. C‚ TREVIRANUS. Ì. C. pags 175:
(r1) GoepPeRT, de Ac, Hydro-cyanicic vi in pPlantis, etc.
pag. 26.
(ra) LINK, Nachtr. zu den Grundlehren, etc, etc, Pp. 225
(13) DECANDOLLE , Ì, . C. Pe 864.
(14) C‚ H‚ SCHULTZ; Ì., u. C. P, 147.
(300 )
prikkelbare bladen; want bij de eerfte ontf{taan dezelve
fteeds door zamentrekkingen der deelen , bij de laatften”
door uitzettingen. |
De deelen der aanzwellingen, welke aan elkander te=
genovergelteld zijn, hebben dus eene tegenovergeftelde
werking; wanneer beide derhalve even fterk zijn, zoo
zal er geene beweging kunnen plaats hebben. Zoodra de
bladen dus ftilftaan , is er evenwigt tusfchen de aanzwel-
lingen. Bedraagt alsdan de hoek , welke de bladfteel met
den tak of (tam vormt , go°, zoo is ieder der aanzwel=
lingen volftrekt even fterk ; zoo niet , dan is een van de
beide. aanzwellingen fterker , welke meerdere fterkte ge-
meten zal. worden door het meerdere getal graden , dat -
de eene hoek, boven den anderen bedraagt, In gevolge
deze redenering , zoude het niet moeijelijk fchijnen , de
kracht van iedere aanzwelling te bepalen ; immers , wan-
neer men eene tegenwerkende aanzwelling wegfnijdt, en
dan onderzoekt hoe veel gewigts een: blad hierdoor meer
dan te voren dragen kan, zoo zal dit vraagftuk opgelost
zijn. |
Ik heb ‚de hiertoe noodige proef in het werk gefteld
en. gezien, dat het fchijnbarr noodwendig gevolg niet
ontftond; „want fneed ik de bovenfte aanzwelling weg „
en „bezwaarde het blad met 9 grein , (dat een blad. met
ongefchonden aanzwelling, gelijk boven gezegd is „ ge-
makkelijk draagt) zoo rees hetzelve zeer langzaam en on-
regelmatig in de hoogte, bleef als dan gedurende twee
of drie dagen in die houding, en viel hierna flap ter ne-
der. Meerder gewigt kon geen aldus behandeld blad
hooger. dan go® brengen , weldra viel het {lap ter neder
en miste de onderfte aanzwelling alle krachten opge-
zwol-
C 301 )
zwollenheid. Vergelijkt men deze uitkomften met het-
geen ik op het einde des voorgaanden Hoofdftuks ge=
zegd heb, over de overmaat van kracht , die bij de be-
wegingen der prikkelbare bladen aanwezig is, zoo blijkt
duidelijk , dat de wegneming der tegenovergeftelpe aan-
zwelling de kracht der overblijvende niet wezenlijk, ver-
meerdert , maar zelfs vermindert. Deze uitkomst brengt
ons zeer natuurlijk tot de vraag, welke de oorzaken va
de uitzettingen der aanzwelling zijns Twee wegen heeft
men tot dus verre ter beantwoording derzelve ingeflagen.
De eerfte, door purrocner gebezigd , komt hoofde
zakelijk hierop neder: ieder der aanzwellingen , welke aan
elkander tegenovergefteld zijn, hebben eene kracht om
zich te krommen, en wel ieder in eene tegenovergeftelde
rigting. Deze krommingen. worden door prikkels voorte
gebragt, en dus is deze krombaarheid de naaste oorzaak
van de ons bezig houdende verfchijnfelen. De bewijzen
voor deze verklaring zijn hoofdzakelijk „ dat wanneer
men dunne laagjes van de aanzwellingen in water werpt ,
deze zich dan dadelijk tot eenen cirkel krommen, en wel
in diervoege, dat deze kromming ook dan nog in eene
tegenovergeftelde rigting , bij laagjes „ van de tegen elkan-
der overgeftelde aanzwelling „ plaats hebben. Dewijl deze
krommingen echter in geene vergiftige vochten plaats hebe:
ben, zoo merkt DUTROCHET te regt aan „ dat dit eene
levendige krombaarheid is. (15). Ik heb deze proeven
herhaald , en dezelfde uitkomften gekregen als de. fchrij=
ver. Men moet hierbij nogthans aanmerken , 1° dat de
buitenfte laag der aanzwelling deze krombaarheid mist 3
oled
(15) DUTROCHET , le p. C« 60,
C 302 )
2e dat de geheele halve aanzwelling , in water geworpen’,
zich niet kromt, en 3° dat ik buiten het water, door gee=
ne prikkels, de vorming der cirkels van de dike der
aanzwelling konde bewerken. Het is voornamelijk om
deze beide laatfte punten , dat ik geloof , de krombaarheid
in het water van de laagjes, waaruit de aanzwellingen
beftaan, aan de bijzondere werking des ‘waters te moc=
ten toefchrijven. Hierin werd ik bevestigd , doordien ik
de laagjes der aanzwellingen van Mimof/a feria zich
geenszins in het water zag krommen.
D: tweede manier , om de vraag, welke de oorzaken
van de werkingen der aanzwellingen zijn , op te losfen ,
beftaat daarin, om deze deelen door vochten te doen uite
zetten. Zien wij, in de eerfte plaats, wat hieromtrent
bekend zij , waarna ik zal trachten de zaak door proeven
te beflisfen.
De eerfte, die, zoo ver ik weet, eenige waarneming
maakte, om den invloed der vochten , op de bewegingen
van Mimofa pudica, te kennen , was von HumsoLpT 3
deze toch verhaalt, dat, door infnijdingen in deze plant
te maken, fappen uitvloeijen , waardoor de bladen zich
fluiten (16)3 daarna fchijnt RiTTÊR gezien te hebben,
dat, bij het zamenvouwen der blaadjes, zich met groote
{nelheid vochten in de geledingen ftorten (17). Ook BurR-
NET en MAJO hebben aangenomen , dat de meerderheid=
verkrijging van de eene aanzwelling boven de andere onte
ftaat uit het toeftroomen der vochten uit die, welker
krach-
(16) Von HuMBoLDT 1, c, B. r pag. 256.
(17) SCHWEIGER. Journe für Chem, B. 1 pe 4O0g=r446: SPRENGEL.
Bau und Nat. etc. page 369.
4805)
krachten verminderen in die, welker vermogen toeneemt ( 18).
Ook scrurTz eindelijk fchijnt de zaak aan de vochten
toe te fchrijven, ten minfte hij zegt , dat de vafa Jaticis
de oorzaken der beweging zijn (19); en daar men zich
niet voorftellen kan , dat vaten anders dan door gevuld en
ontledigd te worden, bewegingen zouden knnnen voort-
brengen , te meer, indien zij met de omliggende deelen
verwasfen zijn, als deze (20) : zoo komt deze zooge
naamde werkzaamheid der vaten ‘op de vochten terug.
Het bewijs echter, door scuuLTz voor zijne meening bij-
gebragt, is niet zeer krachtig; het is dit: fnijdt men
de buitenfte laag celweeffel der aanzwellingen weg , zoO
heeft zulks voor de bewegingen geene gevolgen; maar
wel wanneer men de inwendige wegfnijdt (er). Het is
nu in deze laatfte laag, dat zich, gelijk wij boven za-
gen „ de vafa laticis bevinden. |
Deze door DUTROCHET vergetene proefneming heb ik
in het’ werk gefteld, en, zoo als men zulks natuurlijk ver-
wachten moest, geheel overeenkomftig bevonden met
hetgene de beroemde ontdekker der eyohofe van dezelve
vermeldt,
DurrocneT zelf fchijnt thans eindelijk ook van ge-
dachte veranderd’, dewijl hij de krommingen der aanzwel-
lingen van Miémofa pudica aan het ongelijke verdeelen
der vochten in dezelve toefchrijft (a2) in een werk , vijf
| ja-
(18) Bulletin des Sc. Nat. de FERRUSAC, Tom. XIV. p. 27.
(19) SCHULTZ, le u. C‚ Vol, 2e pe 148,
(20) J- Je MEER, in Linnaea, etc. 1827, pe 666.
Car) ScuHuLrTz, le Ue Ce Vol. 2e Pp. 148=—=14ge
(aa) Journal de Pharmacie 1828. p. 322,
Vv
C 34 )
jaren. later in het licht verfchenen dan. dat, waaruit wij,
zijn eer{te gevoelen ontleend hebben, N
‚De redenen , welke deze verandering bewerkt hebben e
zijn mij onbekend.
Onderzoeken wij thans ie welke te twee e verklaringen
de beste zij.
Ingevalle de, krombaarheid_ van het weeffel, waaruit de
aanzwelling. beftaat , de oorzaak. van de bewegingen, der ’
prikkelbare bladen is, zoo moet de wegneming van de
bovenfte aanzwelling het blad dadelijk ‚ als het ware met
een” fchok in de hoogte doen rijzen , dewijl de tegen-.
werkende oorzaak. weggenomen zijnde, niets meer ver
hindert, dat de onderfte aanzwelling uit haren gedronge-
nen toeftand tot eene ontfpanning overgaat. |
Dit gefchiedt echter niet; 3 à 5 minuten zijn noodig
om een blad, na de wegfnijding der bovenfte aanzwel-
ling „ deszelfs volkomene rijzing te doen volbrengen; ook
begint. deze rijzing eerst ro àÀ ao feconden na het weg-
{nijden der aanzwelling merkbaar te worden , zoodat de
onderfte aanzwelling Jangzagm krachten fchine te verza-
melen. |
Gunftig fchijnt mij deze waarneming voor het. gevoe-
len , dat de aanzwellingen, werken door het vermeerderen
of verminderen der fappen in dezelve,
Om dit nader te onderzoeken À maakte. ik verfcheidene
infnijdingen in de bovenfte aanzwelling van eenen naar
beneden gezakten bladfteel ; zeer overvloedig kwam uit
deze wonde een licht gioeh 8 geelâchtig vòcht te voorfchijn ,
naar mate echter dat dit. vocht, vermeerderde „ rees het
blad, even als of de geheele aanzwelling wegg gefneden
was; daarna was. deze geleding gedurende eenige, dagen
niet
( 305 )
niet bewegelijk, Aan eenevandere aanzwelling maakte ik
flechts ééne wond, door het” wegfnijden. der bovenfte
laags de bewegelijkheid werd hierdoor niet verminderd,
doch ‘telkens alsde aldus’ verwonde aanzwelling van wer-
kend (actif) lijdelijk (pasfif) werd, zag men een’ druppel
vocht “op de. wondvlakte, … Daar -nu vloeiftoffen weinig
zamenpersbaar zijn , zoo. moest ook bij eene ongefchon-
den ‘geblevene “aanzwelling , wanneer. zij lijdelijk werd,
zich deze droppel vocht verplaatfen. |
… Duidelijk geloof ik , dat uit deze twee proeven; elke
ik dikwijls. herhaald heb , blijkt , dat de werkingen der
aanzwellingen “door het in= of uitftroomen dag vochten ,
in of uit dezelve , ontftaan.
Er blijft thans-nog over te. bepalen , waar de: vochten
heengaan uit eene aanzwelling , welke lijdelijk wordt , en
van waar dezelve komen ;-indien-‘deze aanzwelling weder
“in werking “komt; Het eerfte en fchijnbaar -natuurlijkfte
denkbeeld ‘dat-zich hier opdoet is,dat de vochten uit de
lijdelijk wordende aanzwelling naar de in werking ko-
mende ftroomen.
Op de volgende wijze toetfte ik -dit detikbeel aan de
natuur. Ik fneed aan beide zijden de zijdelingfche aan-
zwelling weg, waardoor dus de gemeenfchap der twee
tegenovergeftelden onderbroken werd. Hierop volgde vol-
„komen. verlamming, welke echter ook door het groote
verlies der fappen , hetwelk deze bewerking vergezelde ,
“kon” ontftaan. Om deze reden, meende ik , kon deze
proef niets beflisfen , waarom ik bij eenige andere bladen
met. een klein mesje, alleenlijk “eene langwerpige fnede
door de beide zijdelingfche aanzwellingen maakte.
Even goed als in het eerfte‘geval was hierdoor de
Va ver-
C 306 )
verbinding der beide tegenovergeftelde aanzwellingen on-
derbroken , doch thans was de bewegelijkheid in geenen
deelen vernietigd. Hieruit blijkt dus, dat, om werkzaam
te blijven , de vochten niet. volftrekt noodzakelijk uit de
eene aanzwelling in de andere behoeven over te gaan.
Eene andere vraag is het , of zulks ook in den natuur-
lijken toeftand plaats heeft? Dit te bepalen is echter niet
gemakkelijk ; het volgende evenwel kan ons eenigzins in
{taat ftellen hierover te oordeelen. Ik bragt eene Mimofa
pudica in een’ ziekelijken toeftand, door dezelve gedu-
rende eenige dagen aan volkomen duisternis bloot te ftel-
len3 het gevolg hiervan was, dát de bladen onbewegelijk
werden. Toen maakte ik in fommige der bovenfte aan-
zwellingen infnijdingen , waaruit flechts zeer weinig licht-
groen en zeer dun vocht te voorfchijn kwam; ik drukte
toen die bladen zeer fterk naar beneden , waardoor even-
wel geen meerdere toevloed van fappen ontftond, het-_
welk plaats gehad moest hebben, indien de vochten regt-
ftreeks uit de eene aanzwelling in de andere zouden kun-
nen ftroomen. |
Uit deze , in verband met de voorgaande proef, geloof
ik dus als volkomen zeker te mogen afleiden, dat in geen
geval de vochten uit de eene aanzwelling in de andere
{troomen. Het vocht echter, dat zich ontlast uit de -
aanzwelling , welke lijdelijk wordt, kan zich. niet ont-
lasten in den bladfteel5 want gelijk wij boven zagen,
blijft de aanzwelling prikkelbaar , offchoon de geheele
bladfteel is weggefneden. Er blijft dus geen ander
weg voor dit vocht over, dan in den ftam of tak, waar-
op het blad ingeplant is, terug te vloeijen ; waaruit dan
ook tevens om dezelfde reden het vocht moet komen ,
dat
C 307 )
dat de werkend wordende aanzwelling uitzet. Deze ge-
volgtrekking , offchoon wettiglijk- uit het voorgaande af-
geleid, kwam mij echter zoo vreemd voor, dat ik de-
zelve door dadelijke waarneming wenschte bevestigd te
zien, Tot dat einde fneed ik uit- een dikke ftam van
Mimofa pudica een fchijfje, waaraan een blad zat, juist
zoo dik als de plaats van inplanting van den bladfteel.
Dit fchiijjfje bevestigde ik aanftonds tusfchen twee ftuk-
jes kurk , en hield deze geftadig vochtig; doch. tháns
was alle prikkelbaarheid van den bladfteel verdwenen.
Dat zulks niet ontftaan was door het affnijden , blijkt
genoegzaam daaruit, dat afgefnedene takjes der genoem-
de plant, in water , dagen en weken prikkelbaar blijven 3
overtuigend dus, geloof ik té hebben bewezen, dat de
vochten” uit en in den ftam , naar en van de aanzwelline
gen vloeijen , en dat hieruit de bewegingen der prikkel=
bare bladen ont{taan.
Het weeffel der aanzwellingen kan men, ten gevolge
der in dit Hoofdftuk vermelde proeven , met het te/a
‚erectilis der dieren vergelijken; want gelijk dit, worden
de aanzwellingen ook door vochten uitgezet: gelijk dit
vele bloedvaten bezit, hebben ook de aanzwellingen vele
wafa laticis; gelijk dit weeffel zeer prikkelbaar is „ ZOO
bezit ook het weeffel der aanzwellingen bijzonder veel
prikkelbaarheid; gelijk eindelijk het gevolg der prikkelin=
gen , bij het dierlijk tela erectilis , het opvullen van het-
zelve met bloed te weeg brengt, zoo wordt almede door
prikkels het weeffel. der aanzwellingen met vochten wees
vuld,
Vg TIEN-
C_308
Nerf
TIENDE HOOFDSTUK.
OVER DE „OVERBRENGING DER PRIKKELSe
Ieder «die gelegenheid: had omsde zonderlinge bewegin=
gen der Mimofa pudica gade-te flaan „ zal, wanneer hij
zulks naauwkeurig gedaan heeft, moeten toeftemmen , dat
aangewende” prikkels hunne werking dikwijls verder uite
ftrekken „… dan hun phyfiek aanwezen. „Bijzonder. gemak
kelijk kan “men de waarheid. hiervan ,. door een blaadje
zacht te branden „ aanfchouwelijk maken; want veel ver=
der dan zich de-warmte uitftrekt , vouwden zich de bla=
den. Uit deze waarneming volgt zeer natuurlijk de: vraag:
welke zijn de deelen der plant, die de prikkels geleiden?
DurTRrocHEeT „die het eerst op dit punt opmerkzaam
gemaakt heeft „en ook de. eenigfte:is „, die er proeven
over gedaan heeft , neemt ‚ten gevolge dezer proeven ,
zenuwen aans welke zouden beftaan uit die ronde kogel
tjes , die-in de cellen befloten , overal gevonden worden
waar deze zijn, Hij ftemt echter toe , dat deze zooge-
naamde zenuwen zelve de prikkels niet kunnen gelei-
den (1); maar fchijnt door de werking derzelve de over-
brenging door de houtdraden te willen helpen verklaren.
Hoe dit echter ook zij, zoo zal ik van die zoogenaamde
zenuwen hier verder geen gewag maken , maar het on=
der-
(a) DUTROCHET, |. Cc. p‚ Óbmm73,
(“309 )
derzoek naar dezelve tot een volgend Hoofdftuk uitftellén.
Wat de proeven’ väan purrocuner , te dezen opzigte
in’ hèt werk gefteld , aangaat „zoo zijn dezelve uitmiüh-
ténd, “en getuigen van zijne alom beroedidefcherpzinnige
‘Heid en vaardighieïd in het uitvoeren ook van de moeife-
lijkfte operatiën.” Ik ‘zal dezelve ; benevens de uitkomst
van derzelver herhaling, kortelijk vermelden, en daarna
eenige, niet door hem bewerkftelligde proeven , ten de.
zen opzigte mededelen. DuTROCHET dan nam eene
Mimofa pudica , en [bereidde fommige van derzelver tak-
ken op Zoodanig eene ‘wijze, dat zij alleen, of door
fchors of door het merg, mét het overige der plant te
zamen hingen ; op dezelfde wijze bereidde hij ook eenige
‘bladen ; zoo dat zij allen door het weeffel der’ aanzwel-
ding, metde takken ‘of den (tam, Verbonden bleven,
Prikkelde ‘hij nú op dez of gene wijze de bladen in de
‘nabijheid’ van’ den ‘dus: verbroken zijnden natuurlijken za-
‘menhang ; dan “2äg hij, dat in geen der bovengemelde
gevallen -de nog” overig ‘zijnde vereeniging door fchors ,
merg Óf aanzwelling:, in (läat was eene geleiding door
prikkels ‘dáar te (tellen; waaruit hij dus ‘zeer natuurlijk
befluit , ‘dat deze’ weeffels geene leiders der prikkels zijn
(e}° Daarentegen vond ‘hij, ‘dat alleen hêt houtftelfel de
‘overbretiging -der prikkels volbreifgen’ kan (3). ‘Daar-nu
dit ftelfel de “ruwe fappen ‘in de plant brengt en overal
hênen’ voert ‚ ‘komt de fchrijver daardoor op het’ zonder-
linge denkbeeld, dat het deze vechten zijn, welke eigen-
lijk den prikkel overbrengen (a). AA vocht echter is
ECT 399
niets
(2) Durrocner, l, C. p. 69.
(3) nen dn iens
(4) 74-75:
V 4
„C310. )
niets. dan. een koolftofzuurhoudend water , misfchien met
eenige extract en zoutdeelen bezwangerd, en volftrekt
nog niet bewerktuigd s terwijl de deelen, waarin het zich
beweegt , leven en in het bijzonder prikkelbaarheid be-
zitten (5). Hoe het dus mogelijk zij hier niet aan het
levendige prikkelbare, maar aan het levenlooze , niet be-
werktuigde, eene gewigtige levensverrigting te willen toe-
kennen „ begrijp ik niet,
Ten overvloede befloot ik deze zaak door eene proef
nader te beflisfen. Ik nam te dien einde een’ langen dik-
ken tak der bovengenoemde plant, beroofde denzelven
ter lengte van o,1 el van de fchors, en perfte nu het
houtftelfel met alle kracht tusfchen twee blokjes hout ,
zoodat het van alle vocht beroofd werd, Hierop liet ik
den tak eenige minuten liggen , gedurende welken tijd de
blaadjes zich eenigzins openden ; toen bragt ik het uiter-
fte einde van den uitgedrukten tak met eene kleine vlam in
aanraking „ waarop dadelijk eene nieuwe fterkere zamen=-
vouwing volgde; waaruit dus blijkt, dat geenszins de
vochten, maar het houtftelfel zelve, de prikkels geleiden.
__Wat aangaat de verdere waarnemingen van DUTROCHET
op dit punt, zoo behoort hier nog te worden bijgevoegd ,
dat hij. de fnelheid der overbrenging in het blad o,o15
el A en in de ftam o,co3 el vond te bedragen, gedurende
ééne feconde, en dat op deze fnelheden noch de tempe-
ratuur der lucht (6), noch de meerdere of mindere prik-
kelbaarheid der plant invloed hadden (7).
Al
(5) VAN MARUM, de motu fluidorum in plantis, etc. Groning.
1775. P- 56.
(6) DUTROCHET, le C: pe 78.
(7) mn Öje
C*3I1
Al de bovenvermeldë proeven heb ik herhaald, en of-
fchoon ik door dezelve verfcheidene planten der Mimofa
pudica verloren heb, zoo heb ik mij echter volkomen
van de waarheid der door purrocnerT verkregen uit=
komften verzekerd; alleen moet ik bekennen, dat ik met
de proeven over de fnelheid der voortplanting niet ge-
heel en al zoo gelukkig geweest ben, als met de overige ;
aangezien ik niet ftellig durf verzekeren , hoeveel ruimte
de prikkels gedurende ééne-feconde doorloopen „ daar
zulks foms onmerkbaar, foms echter veel aanzienlijker
was dan pUTROCHET opgeeft „ offchoon ik zorgde , dat
de prikkel fteeds gelijk was.
‚De proeven , tot dus verre. befchreven , bewijzen al-
Jeen „ dat. fchors , merg en het weeffel der aanzwelling
niet in ftaat zijn de prikkels te geleiden. Eene andere
vraag echter is het, of indien deze deelen zelve geprik-
„keld worden, zij ook dan niet in ftaat zijn dezelve aan
andere deelen mede te deelen 2
De volgende proeven heb ik in het werk gefteld om
zulks te ontdekken. Ik nam eenen langen vrij zwaren
tak der Mimof/a pudica, aan welks einde ik alles, be-
‘halve het merg, wegfneed; hetzelfde verrigtte ik ten op-
zigte der fchors aan een” gelijken tak „ Zoodat aan dezen *
niets dan eene ftrook fchors aan het uiteinde ter lengte
van o,r el overbleef. Dit verrigt zijnde, plaatfte ik
beide takken , gedurende eenigen tijd, in water , om de
| bladen te doen ontvouwen „ waarna ik zeer voorzigtig
met. een kleine vlam de uiteinden dier takken , uit merg
bij de eene en uit fchors bij de andere beftaande , zoo-
danig brandde, dat deze voor een goed deel letterlijk in
kool veranderden. Nog nam ik twee juist zoo toebereide
V 5 tak-
C 312 *)
takken en plaatfte „dezen, met de fchors en het merg in
acidum fulphuricum,In geene dezer vier gevallen echter
bragten de prikkels eenige werking «te weeg , zoo dat deze
deelen niet alleen de prikkels niet kunnen-geleïden , maar
ook zelfs geene-ontvangene prikkels kunnen -mededeelen.
Het zijn dus “bij uitfluiting de houtachtige: deelen, die
hiertoe in ftaat zijn; doch is’ het geheele houtftelfel hier-
toe gefchikt:?. Volgens -puTROCHET' moet men deze vraag
toeftemmend beantwoorden 3; dewijl , volgens dezen, ook
de-wortels-de-prikkels- geleiden. “De grond nogtans hièr-
voor is zeer: zwak; want hij befluit ‘hiertoe’; dewijl eene
Mimofa pudica , met verdund” aciddtim Sulphuricum bego-
ten „ „derzelver bladen floot (8). Men begrijpt evenwel ,
dat de wortels dit zuur zeer goed konden opzuigen. en in
den ftam. brengen, waardoor deze-laatfte kon’ geprikkeld
worden „-‘en :dús- behoefde de wortel’ volftrekt geene gé-
leidende. kracht ste bezitten, Dit door eene proef nader
op te helderen , geloofde ik nuttig, daarom heb ik twee
planten -der …Mimof/a pudica uit hare potjes genomen en
de wortels fchoon gemaakt, waaärna ik de eene in zuiwér
acidum fulphuricum. ‘plaatfte ; (dat-om derzelver verwoes-
tende kracht -niet- opgezogen kan worden) ende wortels
der andere.…heb. ik met ene. kleine: vlam lecterlijk ver=
brand. ‚Door „geen … dezer” beide prikkels “ontftond echter
de - minfte beweging. in “de bladen , waaruit “dus. blijkt”,
dat „deze. deelen vanhet houtftelfel volftrekt-geene er
dende kracht;-hebben.. « ross RO Hao a ii
Volkomen, geloof ik , door al het bovenftaande vastge-
fteld te zijn ,-dat alleen -de'‘houtdraden ‘des ftams de ‘prike
| tet hs oane. 5 kels
(8) DuTROCHET, 1. C, Ps 766 |
| (ms)
kels ontvangen en brengen. ter plaatfe , waar. zij hunne
werking kunnen, uitoefenen. |
Gemakkelijk kan men nu uit deze waarheid. de volgen=
de: zaken. verklarens..1°- Waarom de bladen zoo bijzonder
prikkelbaar -zijn „ „want, in, deze zijn de fijnfte uitbreidine
gender. houtdraden. flechts door een. zeer dun, vliesje bee
dekt 52°. waarom „de ftekels der plant en de {chors ge-
prikkeld „kunnen worden „zonder. bewegingen voort, te
brengen , en -3° waarom een tak , midden deorgefneden
zijnde en de wondvlakte geprikkeld wordende, hierdoor
bewegingen ontftaan,
ELFDE: HOOFDSTUK.
ONDERZOEK « NAAR DE: UITWERKSELEN ‘VAN LICHT „>
WARMTE , LUCHT } VOCHTIGHEID EN VERGIFTEN
OP DE , DOOR KUNST OPWEKBARE „ BEWE=
GELIJKHEID DER PRIKKELBARE ‘BLADEN.
„De verfchillende. levensverfchijnfelen , welke-de' natuur
ons in het. plantenrijk aanbiedt, vorderen allen, ieder
voor zich „ de algemeene inwerkfelen dier uitwendige-zae
ken , zonder welke de planten niet kunnen levens: want
zijn. deze uitwendige zaken -niet- voorhanden ; zoo’ wordt
het bijzonder verfchijnfel. verwoest , door dien de:geheele
plant fterft. Het is dus bij proefnemingen over bijzon+
dere, verfchijnfelen bij de -bewerktuigde - wezens ftêeds
van: het grootfte gewigt te: zorgen „ dat door deze proe=
ven. geene. inbreuk. op de maes levensvoorwaarden ges
maakt
( 314 )
maakt worden , dewijl men zonder dit, onfeilbaar- ver-
keerde uitkomften verkrijgt. Dit belet niet, dat het ook
dikwerf nuttig zijn kan, na te gaan , hoedanig een bij-
zonder verfchijnfel zich verhoudt tot die algemeene in=
vloeden , zonder welke het leven onmogelijk is, Velen
hebben proeven, hiertoe ftrekkende, met AZimofa pudica
in het werk gefteld ; dikwijls echter meer met het doel
om de natuurlijke bewegingen dezer plant na te fporen ,
dan om de door prikkels opwekbare te leeren kennen.
Deze laatfte foort van bewegingen echter vermag ons hier
alleen bezig te houden, waarom ik dan ook alleen zal
trachten op ‘te geven , welken invloed licht , warmte,
lucht, vochtigheid en vergiften op dit verfchijnfel hebben.
Licht. Reeds eene vlugtige befchouwing eener , voor
een venfter geplaatfte Mimof/a pudica doet den grooten
invloed des lichts op deze plant vermoeden; want alle
de bladen draaijen zich naar hetzelve, dikwijls op eene
zeer zonderlinge wijze. Ik heb gedeeltelijke bladftelen
door deze oorzaak zich zien krommen, de geledingen
derzelve onregelmatig elkander naderen , of wel zich ge-
heel omkeeren. Ook bij den algemeenen bladfteel merkt
men dikwijls kromming, door dezen invloed , veroorzaakt;
alle welke bewegingen alleen daartoe {trekken , om de
bovenfte oppervlakten der bladen naar het licht te keeren.
Vergelijkende proeven hebben wij getoond , dat de ge-
noemde plant veel fchielijker al deze bewegingen maakt,
dan eenige andere; de Hedyfarum-foorten misfchien uit
gezonderd, ;
Al de proeven „ die men met het licht in het werk
kan ftellen „ bepalen zich tot twee foorten: men kan;
namelijk „de planten langer dan gewoonlijk aan hetzelve
bloot-
C 315
blootftellen , en langer dan zulks in den gewonen laop
der. natuur plaats heeft, aan het licht onttrekken. De
eerfte foort dezer proeven zijn zeldzaam in het werk. ge=
_ fteld, en genoeg zal het hier zijn te zeggen , dat gedu-
rende de meest aanhoudende blootftelling aan het licht,
de Mimofa pudica fteeds hare prikkelbaarheid behield.
Deze blootftelling bedroeg echter flechts vier dagen en
nachten, terwijl het licht gerekend werd gelijk te ftaan
met & van het zonnelicht (1). De tweede foort dezer
proeven zijn meermalen gedaan , bijvoorbeeld door pu-
HAMEL (2) en DU FAY (3) , welke verzekeren , dat „ na
de verdwijning van de dagelijkfche bewegingen der bla-
den , de door kunst opwekbare nog konden uitgevoerd
worden. Pescnier (4) ‘ook heeft deze proeven in het
werk gefteld. Er valt echter op al dezelve, hoe naauw=
keurig ook befchreven „ aan te merken , dat zij in kele
ders gebeurden en dat dus geene zuivere. uitkomst kan
verkregen worden; aangezien „ behalve het gebrek aan
licht , hier ook tevens eene vochtige, en voor de plant
te koude , temperatuur plaats had.
DurrocuneT heeft dus eene wezenlijke dienst aan de
wetenfchap bewezen, door deze. proeven op zoodanig
eene wijze te herhalen , dat er duidelijk de invloed: van
het gemis des lichts uit bleek , zonder dat dit gemis. met
andere nadeelige omftandigheden gepaard. ging.
Hij bewerkftelligde zulks, door eene Mimof/a pudica
te plaatfen onder eene phi eh van ftijf papier, waar-
| van
__(@).DrcANDoLLE, Mémoire présenté àl Inftitut ‚etc. V. 1 & 345
(2) DUHAMEL, l. C. ps 158159
(3) Dv ray, 1. c, p. 88—8g.
(4) PESCHIER, Ll C. Pp. 352.
( 316 )
van ‘de voegen zoodanig gefloten werden „dat. het minfte
licht er-niet konde doordringen. Het gevolg dezer proef,
welke “hij bij verfchillende temperaturen herhaalde, was,
dat. na vier. of vijf: dagen vaan het-licht. onttrokken te zijn,
alde door. prikkels : opwekbare bewegingen verdwenen
warèn „ indien. de temperatuur -14°—=200; R. “bedroegs
Langer « tijd was er- noodig „ om tot hetzelfde refultaat te
komen; ingevalle de temperatuur lager wase;- Zoo: waren
negen -dagen van onttrekking aan: het licht. noodzakelijk ,
om: de prikkelbaarheid te-vernietigen „bij eene tempera=
tuur van 139179 en! vijftien: dagen zoo de temperatuur
II® 150 was. „In het algemeen-ging de prikkelbaarheid
eerst in de: blaadjes, dan inde, gedeeltelijke bladftelen ,
en ‘het laatst in «den algemeéênen ‘bladfteel verloren. » Eeni=
ge dagen na «dat aldus -de door kúnst:opwekbâre. bewe=
gingen vernield waren , hielden ook de Knsdchjne 4 bewe-
gingen op (5) | k
s}kvcheb deze proeven „ even de al nk wadeten van, DU=
TROCHET herhaald 3-echter- konde ik-zulks niet bij al die
temperaturen bewerkftelligen „als dit door den fchrijver
bewerkftelligd is.’ Zie hier hetgeen ik gevonden heb.
» Op het laatst van-Julij nam ik eene zeer fterke MZimo-
fa: pudica, en gewende haar aan die plaats , waar ik de
proef wilde bewerkftelligen , waar de warmte 169—16° R.
bedroeg. Toen plaatfte ik deze plant op eene groote
fchotel ; welke ik-met droog zand vulde , waarna ik een
vierkant dekfel':van ftijf papier gemaakt, welks. naden
zorgvuldig beplakt waren, over de plant dekte en zoo-
danig inhet. zand. drukte; „dat. er„met „geene mogelijkheid
licht bij konde komen. Den-ge- dag hierna begon de be-
nee ao.
(5) DUTROCHET , le C‚ pe 8188,
(317 )
wegelijkheid te verminderen „den ,6e dag waren de, blaad-
jes „zoo goed als verlamd „den 7e-was ook de geleding
van, den. algemeenen.: bladfteel „bijna -onbewegelijk „ de 8e
dag ‚was: alleen, in deze laatfte , door fterke „prikkels , nog
eenige bewegelijkheid te befpeuren „ den ge sns ns
was. alle. bewegelijkheid verdwenen; |
„Hiermede echter. waren. nog ‘geenszins fe nike BE
bewegingen. vernietigd’, welke nog drie dagen , meer-of
min.regelmatig., bleven voortduren, EY |
„Ik, geloof, uitde boven vermelde. proeven te mogen af-
leiden dat het licht geenen. onmiddellijken invloed op de
prikkelbaarheid. der „bladen heeft „ maar,.dat het deszelfs
gemis+doet. gevoelen; door “deszelfs. werking op de ge-
heele plant.
„In „deze; meening. wordt-men verfterkt. door -de proef
_ van MAJO, en, ,BURNET (6) „- die: de aanzwellingen met
oliezwart bedekten , „waardoor Beene de -minfte. verande-
ring ontftond. : ETT hmtui Hik bied
„Warmte, „Gelijk. wij, te voren zagen $ ah: de.
planten . met „prikkelbare bladen in de warme luchtftreek
tehuis „en „behoeven. dus eenen -aanmerkelijken warmte-
graad. ‚om, te leven. Welke. echter-de-juiste, grenzen van
den; warmte-graad zijn „, binnen, „welke, genoemde planten 5,
en de MZimof/a pudigayin. het bijzonder „ kunnen leven en
tevens, prikkelbaar blijven „is met „geene; genoegzame. ze-
kerheid bekend. daar „zulks.ookbij.de werfchillende in=
dividuën „door gewoonte ; meerdere of mindere kracht ,
Idiofyncrafie, etc. kan verfchillen.
Rrr-
C6)"Majo èn BURNET, Bullet, des Sc. Natúrt. ete, FERRUSSAC, T.
I4e Pag. 7677.
CHR )
Rirrer verzekert „dat Mimofa pudica bij kelder=tem-
peratiur reeds ophoudt prikkelbaar te zijn (7), hetgeen
voorzeker niet algemeen doorgaat, daar hiervan door pu-
HAMEL , DECANDOLLE @tC., die met deze plant fteeds in
kelders proeven deden, geen gewag gemaakt wordt. Du-
TROCHET neemt 7° R, als de laagfte temperatuur aan ,
waarbij de prikkelbaarheid bewaard blijft (8), en dit mag
men als -de waarheid nabijkomende aannemen , daar het
mij uit proeven gebleken is, dat eene Mimofa pudica
bij roo—=i1® R. leven en prikkelbaar blijven kan ; doch
de geheele plant lijdt dan zigtbaar en de ontwikkeling
van nieuwe takken houdt op. Daarentegen zag ik bij
eene temperatuur van 7°—8°® R, alle prikkelbaarheid ops
houden.
Ook te groote warmte vernietigt de verfchijnfelen der
bladen van Mimo/a pudica, hetwelk DECANDOLLE bij
37° R, waarnám (9). In beide gevallen echter , dat de
prikkelbaarheid vernield wordt, het zij door warmte ,
het zij door koude, kan deze cigénfchap door eene be-
handeling der plant, overeenkomftig met derzelver natuur,
herfteld worden 5 waardoor bewezen wordt, dat de be-=
wegelijkheid der bladen veel vroeger ophoudt dan het le-
ven, en dat het verlies der eerfte „ geenszins het verlies
van het tweede na zich behoeft te flepen. -
Eene moeijelijke vraag blijft ons nu nog , ten opzigte
van den invloed der warmte, ter beantwoording over ;
namelijk, hoedanig werkt zij? Ik zoude in dezen ge-
neigd zijn de verlamming door te groote warmte en ook
| door
(7) RITTER in GEHLEN Journal für Chemie etc. Vol. 6, p» 472
(8) DuTROCHET, Ll. C. Pp. 90,
(9) DECANDOLLE, Ì, Ue C‚ Pe 3460
(“819 )
door koude gedeeltelijk aan den phyfifchen invloed. der-
zelve op de vochten „welke het. blad in beweging moe-
ten brengen, toe te Schrijven. Immers in het’eerfte geval
moeten deze vochten zich aanmerkelijk uitzetten; in het
tweede geval krimpen zij in , waardoor telkens de bewe-
ging derzelve moeijelijk gemaakt wordt. Dit denkbeeld
is in mij opgekomen, door dat ik , door plotfelijke bloot-
telling eener Mimofa pudica aan 7° R. de prikkelbaar-
heid vernield zag. Verre echter ben ik er af, hierdoor
te willen ontkennen , dat warmte en koude ook niet
door op het leven der geheele plant te werken , op de
prikkelbaarheid invloed zouden hebben; doch deze in-
vloed werkt langzamer en moet zich eerst na-eenigen tijd
doen kennen.
Lucht. De onvermoeide pu ray bragt takken der Mí-
mofa. pudica onder eeù glas, waarin de Barometer tot
op 3 lijnen gedaald was; als gevolg hiervan hadden die
takken den volgenden dag alle prikkelbaarheid verloren (10).
Eene -geheele- plant werd daarna in eene ruimte geplaatst ,
waar de Barometer flechts 1 lijn hooger rees , waardoor,
op den vierden dag der proef , insgelijks de prikkelbaars
heid vernietigd werd; toen in de zon gezet zijnde, kwam
deze eigenfchap. bijna niet terug , En de plant ftierf wel
dra (11). Waarfchijnlijk komt het mij voor , dat deze
uitkomften zullen moeten toegefchreven worden aan de
fterke uitzetting, welke de vaten, die de vochten bevat-
ten , moesten ondergaan , door de vermindering der druk-
king. |
Vochtigheid. Eene der eerfte vereischten van het plan-
ten- ,
(ro) Du FAY, L. C‚ Pp. 104.
Car) Du FAY, Ì. C, p. 107—10g.
Dee:
( 320 )
tenleven is water, en bijzonder veel van deze ftof bee
hoeft de Mimofa pudica. De waarneming van DUTRO=
CHET dus, dat genoemde plant de prikkelbaarheid ver=
liest , wanneer zij in geene 15 dagen bevochtigd wordt ,
(12) verwekt geene verwondering. Hierdoor fchijnt de
genoemde geleerde bewogen te zijn „ om; als voorwaarde
van de bewegelijkheid der prikkelbare bladen, op te gee
ven, dat er eene genoegzame menigte vochten in de plant
aanwezig moeten zijn (13). Het komt mij daarentegen
voor „ dat de bewegelijkheid der bladen geene meerdere
vochten vereischt, dan voor de gezondheid der. plant
noodig is; want het heeft mij niet mogen gelukken eene
Mimofa pudica zoodaniger wijze het water te onthou=
den , dat zij bleef leven, zonder de door kunst opwek=
bare - bewegelijkheid te. bezitten ; daar mij fteeds de plant
afltierf , ingeval ik haar zoodaniger wijze het water ont=
hield , dat de bewegelijkheid vernield was , en: bleef,
‚ De proeven over de uitwerking der te groote vochtig-
heid , zijn op drie verfchillende wijzen mogelijk, ten eer=
fte namelijk , door den wortel te veel vochtigheid te. ge=
ven 5 ten 2@ door den dampkring , waarin de plant ftaat „
met waterdamp te verzadigen , en ten 3e, door takken der
plant onder of op het water te plaatfen. |
Volgens de eerfte wijze , om deze proeven te verrek
ftelligen , nam ik eene Mimofa pudica en Mimofa fen
fitiva , welke ik met hunne potjes in een bakje plaatfte.
Toen overgoot ik de aarde , waarin zij ftonden, zoodanig
drie of viermaal daags, dat de bakjes met het water „
dat door de potjes zijpelde , gevuld werden. . Hierdoor
dus
(12) DUTROCHET , 1. C. Pp. 59. |
(13) nrden oo
( 321 )
dus was de aarde, waarin de wortels zich verfpreiden ,
gedurig met water opgevuld; dit had echter geene merk=
bare uitwerking op de prikkelbaarheid, Om volgens de
tweede, boven opgegevene wijze den invloed der voch-
tigheid te beproeven , maakte ik eene {pons onder een’
grooten tak der Mimo/a pudica vast, en hield genoemde
fpons , gedurende 14 dagen, fteeds druipnat. Ook het
gevolg dezer proef was mij zeer twijfelachtig , want foms
verbeeldde’ ik mij, dat de prikkelbaarheid der bladen ,
onder welke de-fpons hing, verminderd was; foms be-
fpeurde ik niets hiervan. Bij Mimofa senfitiva ftelde ik
dezelfde proef , met een gelijk gevolg , eenigzins anders
in het werk. Ik plaatfte namelijk een klein plantje der
genoemde foort in deszelfs potje op eene fchotel , goot
„deze vol water en bedekte dit alles met eene glazen klok ;
aldus. in eene warme kas geplaatst, was de klok fteeds
met damp vervuld.
De derde foort eindelijk der proefnemingen, over den
invloed. der te groote vochtigheid , zijn door velen , bij
voorbeeld door pu FAY (14), PESCHIER (15), SIEGe
WART (16) en anderen in het werk gefteld. Uit deze
proeven blijkt, dat gedurende de eerfte uren , waarin
eene Mimofa. pudica onder water ftaat , de prikkelbaar=
heid onveranderd blijft; fchielijk daarna echter afneemt,
en weldra geheel verdwijnt. Langer tijd daarentegen zou-
den de op het water drijvende takken prikkelbaar blijven,
Mij is echter ten ftelligfte gebleken, dat al de geledin-
| gen
(14) Du FAY; Lc, pag. 99—too.
(15) PESCHIER, ll, C. == 343«
(16) SIGWART , le Ce == 24=25e
Xe
( 322 )
gen, die met het water in dadelijke aanraking zijn , de
door kunst opwekbare bewegelijkheid in een zeer kort
tijdsverloop verliezen,
Vergiften. In de nieuwfte tijden zijn eene menigte
proeven , over den invloed der vergiften op de levens-
verfchijnfelen der planten, in het werk gefteld „ en zijn
onder deze de prikkelbaarheid der bladen geenszins ver=
geten. Ik zal nogtans van deze foort van proefnemingen
geen uitvoerig verflag geven ,-noch minder de door tij
in het werk geftelde hier befchrijven, daar het ter dezer
plaatfe tot ons oogmerk voldoende zal zijn de algemeene
gevolgen te kennen, welke ‘de uitwerking der vergiften
heeft. Dezelve komen, ten aanzien van het ons bezig
houdend onderwerp , hierop neder, De prikkelbaarheid —
der bladen verdwijnt , vóór dat de natuurlijke bewegin=
gingen ophouden: deze echter blijven achter „ eenigen tijd
voor dat de plant fterft. Gebruikt men fterke vergiften,
zoo ziet men dikwijls; te gelijk met de vernietiging der
prikkelbaarheid , ook het leven ophouden. De geledingen
zijn, na de vernietiging der bewegingen door vergiften,
of ftijf of flap. Het eerfte merkt men op, indien men
Mur. deutoxydi Hydrargyri (17) „ Arfenicum (18),
Arfenias pot. (18), Superfulph. potasf. et aluminaes,
agua calcis, of Sulphas ferri, gebruikt. Het tweede
heeft plaats, indien de vergiften beftaan uit Zeid, Hydro
Cyanicum (19), Opium of Extractum Hyoscyam. Het
_Hydro-cyan. *potasf. et ferri fcheen mij „aangewend ‘in
eene
; kl
(17) C. MULDER, in de Bijdr; tot de Natuurl. Wetenfch. Deel
2. pag. 48-540 ;
(13) C. MULDER, Ì. c. pag. 41-42.
(19) GoerPeRT, de acidi Hydro-cyanic. vi in plantis , p. 26.
C 323 )
eene oplosfing van z# deel in water, eene werking te
hebben , die het midden hield tusfchen de corrofive: en
narcotifche vergiften. Heedaniger wijze werken deze ver-
giften op de werktuigen der beweging? Dit is eene
vraag , die zich niet gemakkelijk laat beantwoorden.
Voorzeker echter dringen de vergiften nimmer door tot
in de aanzwellingen ; want „ daar deze flechts een neder-
dalend, en dus in de bladen bereid vocht bevatten, zou=
de het gift eerst in de bladen moeten komen , vóór dat
het de werktuigen der bewegingen bereiken konde. Zeer
zeker. echter wordt eene Mimofa pudica gedood, vóór
dat de bladen door het gift bereikt worden , en gevolge-
lijk kan men de werking van hetzelve alleen door des-
‘zelfs werking op het leven der geheele plant verklaren.
Deze werking verfchilt weder , naar mate de vergiften
verfchillen; gelijk blijkt uit het flap worden der geledin=
gen , indien men, narcotifche , door de ftijf heid dierzelfde
deelen , zoo men corrofive middelen aanwendt.
Zien wij nu nog kortelijk de algemeene uitkomften der
in dit Hoofdftuk vermelde proefnemingen onder één al-
gemeen oogpunt te brengen. |
Achtervolgens hebben wij de uitkomften gezien , wel-
ke de te flerke aanwending der algemeene invloeden , die
voor het plantenleven noodig zijn, op de prikkelbaarheid
der bladen hebben; even eens hebben wij de. gevolgen
van het gebrek aan diezelfde invloeden, als ook den in-
vloed der vergiften op hetzelfde verfchijnfel leeren kennen.
Bij al deze verfchillende inwerkingen op de prikkelbaar-
heid, was dit echter eene beftendige wet , dat eerst de
door kunst opwekbare bewegingen verdwenen, daarna de
natuurlijke , en eindelijk het leven zelve. Hieruit volgt
| | X 3 dus,
( 3244 )
dus , dat de. eerstgenoemde beweging eene levensverrig-
ting ís, die alleen bij ongeftoorde gezondheid der plant
kan volbragt worden, en dus geenszins met het leven
als gelijkduidend moet worden befchouwd.
TWAALEFDE HOOFDSTUK.
VERSCHILLENDE VERKLARINGEN VAN DE VERSCHIJNSE=
LEN, WELKE DE PRIKKELBARE BLADEN AANBIEDEN.
Zeer vroeg trokken de verfchijnfelen der prikkelbare
bladen de aandacht der natuurkundigen reeds tot zich.
Zoo maakt THEOPHRASTUS gewag van eenen boom, bij
Memphis groeijende, welks bladen door aanraking te zae
men vielen (1). Er verliep echter een aanmerkelijk tijd-
verloop „ voor dat deze zaak door nieuwe voorbeelden
opgehelderd werd; zijnde crusius de eerfte onder de
nieuweren, die , zoo ver ik weet , van planten met prik-
kelbare bladen gewaagde. Hij deed zulks bij de vermel-
ding der Oxalis fenfitiva (2); MARCKGRAAF €n PISO
maakten in het midden der 17® eeuw nog eenige nieuwe
foorten bekend, die het ons bezig houdend verfchijnfel
bezitten; doch het duurde desniettemin tot op. het laatst
der 17e eeuw , voor dat er eene eenigzins noemenswaar=
dige verklaring van hetzelve verfcheen.
Ik
_(r) Treopnrastus, Histor. plant. Lib. 4. Cap. 3.
SCHREBER in ELLIS, Befchreib., der Dionea, etc, pag. 1e
(a) Crusius, Ezotic. 290.
C 328 )
_ Ik zal deze en alle volgende, mij merkwaardig genoeg
voorkomende verklaringen, volgens derzelver onderlinge
overeenkomst „ zoo beknopt mogelijk , doen volgen , en
alleen ten opzigte der verklaring van purrocneT die
beknoptheid eenigzins laten varen, zoo wel om het in-
nerlijke gewigt derzelve, als “om dat de herhaling der
proeven van genoemde geleerde bijzonder door mij in.
het werk gefteld. zijnde „ het natuurlijk is , dat ook de
gevolgen » uit deze proeve afgeleid, hier eene bijzondere
vermelding moeten vinden.
Reerus was, op het einde der 17e eeuw , de eerfte ’
die de bewegingen der prikkelbare bladen trachtte te ver-
klaren. Hij verbeeldde zich ten dien einde, dat er va-
ten ‚ met kleppen voorzien , in de planten aanwezig was
ren, en dat uit deze vaten , door het aanraken als ander=
zins, lucht ontfnapte. Hij beeldde zelfs deze , alleen op
vooronderftelling berustende deelen af (3).
_ LAMARCK. Deze, anders zoo beroemde , geleerde bragt ,
eene eeuw later, eene bijna gelijke vooronderftelling ter
verklaring der door kunst opwekbare bewegingen, als
REGIUS , te voorfchijn ; met dat onderfcheid echter, dat
hij van de met kleppen voorziene vaatjes zwijgt (4). —
Zeer gemakkelijk laat de onwaarheid dezer vooronderftel-
ling zich aantoonen, door eene Mimofa pudiea onder
water zich te doen bewegen , wanneer duidelijk blijkt „
dat bij deze bewegingen geen lucht ontwikkeld wordt.
PARENT zocht, door eene gelijkfoortige vooronderftel-
| ling ,
(3) Reoius, Philof. natur. Lib. IV. pag. 390. SPRENGEL, Bau
und Nat. der Gewächs. pag. 293e | Be
(4) LAMARCK, in de Diction, eucyclop.-méthod. art. Acacia.
X 4
C 32% )
ling , de ons bezig houdende verfchijnfelen te verklaren,
Hij meende, namelijk, dat bij de prikkelbare bladen,
door» aanraking, vlugge vochten zich in fommige deelen
der plant ophoopten , waardoor de bewegingen zouden
ontftaan (5). Dat deze vooronderftelling de waarheid
nabijkomt, is uit het voorgaande af te nemen ‚ offchoon
die, zoo als uit de wijze van de mededeeling dezer ver-
klaring blijkt, PARENT alleen door gisfing € en geenszins
door proeven tot dezelve gekomen is.
„BroussoneT. Ook deze geleerde meende, door de
verplaatfing der fappen , de verfchijnfelen der prikkelbare
bladen, ‘ten minfte bij }Dionaeca , te moeten verklaren.
Hij geloofde, dat de blaadjes dezer plant zich floten ,
door. den fteek van een infekt , waardoor dan de voch-=
ten , die het blad moeten doen openblijven „ zouden ver
loren gaan (6). Offchoon ik in het algemeen de waar-
heid dezer verklaring volgaarne toeftem , zoo moet ik
echter aanmerken , dat het hier bijzonder bijgebragte voor-
beeld niets bewijst; want ook fluiten zich de blaadjes
der genoemde plant, door aanraking , waarbij geen ver=
lies van vochten plaats heeft (7).
KERNER. Op eene wijze, nabijkomende aan zijne ver-
klaring van de dagelijkfche bewegingen der bladen , meent
deze geleerde ook de verfchijnfelen der prikkelbare bla-
den te moeten verklaren. Hij gelooft , namelijk , dat de
fpiraalvaten door het aanraken verlengd worden , en dat
hierdoor de bewegingen ontftaan (8). Tegen deze mee-
AN ning
(5) PARENT, in de Hist, de Pacadémie des fciences de Paris.
An 1713, pe 68—6g. .
(6) BROUSSONET, le C‚ Pe 214«
(7 ELuis, Ll, C. page VIII.
(8) SENEBIER, Phyfiol. Végét, Vol. 4e page 32Ie
MS
ning geldt hetzelfde, wat ik, bij gelegenheid van de vers.
klaring der dageliijjkfche bewegingen, op dezelfde voor-
onderftelling berustende, heb aangevoerd.
Hir. Als eenen eerften {tap , tot verklaring van na-
tuurverfchijnfelen , kan men aanmerken het opfporen van
derzelver overeenkomst met andere , beter gekende , meer
algemeen voorkomende, en daardoor gemakkelijker te be=
grijpen, verfchijnfelen. Aldus kan men het gevoelen
van HIL , dat de door kunst opwekbare bewegingen veel
overeenkomst hebben met de dagelijkfche bewegingen der.
bladen (9) , eenigzins als eene verklaring aanmerken.
_Rrrrer gaat nog verder dan ui, dewijl hij de bewe-
gingen der prikkelbare bladen, ten gevolge van kunftig
aangebragte prikkels, flechts als eene wijziging vande
dagelijkfche bewegingen der bladen befchouwt (to).
Eene meer eigenlijke verklaring der ons bezig houdende
verfchijnfelen geeft het gevoelen van die geleerde, die
de prikkelbaarheid, als grondoorzaak derzelve , aanzien.
Bijna alle nieuweren deelen in deze meening „ zoo als
VAN MARUM (11) , VON HUMBOLDT (12), SPRENGEL (13)s
DECANDOLLE (14) ENZ.
Eene andere verklaring is door c. He scHULTZ gele-
verd. Zij fchijnt de verklaringen van vAN MARUM , VON
HUM-
€93 Hir, Sleep of plants. Lond, 1756. SENEBIER, l, c. Vol. 4.
Pe 313e ’ |
(ro) RITTER in GEHLEN Journal für die Chemie,etc. B. 6. pe 478.
„-C1z) VAN MARUM, in de Verhand. van TEYLERS 2e Genootfch.
7 St. ge Page 73 (in de Noot).
(12) VoN HUMBOLDT, 1. c. B. TI, pag. 180,
(13) SPRENGEL, Anleit. etc, Ed, 2, p‚ te page 276.
(14) DECANDOLLE, Phyfiol. végét. p. 2. —= 867,
X 5
C 328 )
HUMBOLDT €1Z., met die van PARENT: enz. te vereeni-
gen, want hij neemt de prikkelbaarheid ‘als grondoorzaak
aan ‚ maar laat die werken door de va/a Jatícis (15).
Daar nu echter vaten op geene andere wijze „ dan doot
derzelver vulling of ontlediging , bewegingen kunnen ver-
oorzaken , zoo fchrijft scnuLTz aan de verplaatfing der
vochten „ als onmiddellijke oorzaak , de bewegingen der
prikkelbare bladen. toe, Uit het voorgaande is ons dui-
delijk genoeg de waarheid dezer wijze, de zaak te bee
fchouwen „, gebleken. Ik weet echter niet , in hoeverre
scuuLTz deze verklaring door daadzaken, dan wel door
vooronderftellingen , gevormd heeft, Het laatfte , even-
wel, fchijnt mij het waarfchijnlijkfte „aangezien ik nergens
de daadzaken heb gevonden, welke hem tot deze zoo
fchoone verklaring konden brengen, . De verklaringen der
ons bezig houdende verfchijnfelen , welke boven medege-
deeld zijn, berusten alle, of op werktuigelijke , of op ,
binnen de grenzen van het plantenleven „ vallende oorza=
ken. Thans echter moeten wij nog eenige andere ver-
klaringen, gegrond op vergelijkingen met het dierlijk le-
ven , befchouwen. Ik zal dezelve , zoo kort mogelijk „
opgeven. beginnende met die van 3
(OEHME. Deze geleerde meende in de okfels der Mi
mofa fenfitivya en bij Dionaeca mufcipula kliertjes te
vinden , welke hij geheel en al overeenkomftig met dier-
lijke ftoffen ‘geloofde te zijn, en waaraan hij dienvolgens
de bewegingen der prikkelbare bladen toefchrijft (16).
Later “werd- de genoemde geleerde nog meer‘in zijn ver=
MmOe-
(15) Ce He SCHULTZ, Ie Ce B, 2. P2Ze 148.
(16) Ke. Je OEHME, in Befchäft. der Berlinisch. Gefelfchaft. B,
8. p. 3586.
C 329 )
moeden bevestigd, aangezien hij door ontleding , bij de
met prikkelbare. bladen. voorziene planten, niets afwij-
kends vond , waaraan hij. de zonderlinge bewegingen ,
anders. dan alleen aan deze gie „ konde toefchrij=
ven (17). sit
De- door OEHME onder iden naam van kn: be.
doelde werktuigen ,„ kunnen niets anders , dan onze aan-
zwellingen zijn en in zooverre is. deze verklaring goed,
Geenszins echter is derzelver vervaardiger door duidelijke
proeven tot dezelve gekomen, zoo als dan ook de ftel=
ling, dat zij van eene En natuur zouden zijn „ lou-
tere gisfing is.
„SSIGWART. - Eenigzins koeten uibie met „de vorige
verklaring meent «deze geleerde, dat de-aanzwellingen in
de-okfels der bladen van Mimosa pudica met de fpieren
der dieren moeten vergeleken.-worden.: terwijl hij de groe»
ne kogeltjes in het celweeffel (globu/ine , TURPIN , chlo=
rophylle, DECANDOLLE) voor het werktuig der prikkel»
‘baarheid houdt (18). |
Te voren is ons gebleken, dat de aanzwellingen door
uitzetting, en dus-niet als fpieren, werken,
Bij de befchouwing van de verklaring, door puTro-
CHET gegeven, zullen wij zien, dat de groene kogeltjes
niets tot de verfchijnfelen der prikkelbare bladen toebren=
gen: om welke beide redenen de verklaring , door ste-
WART gevormd, voor geheel walsch moet. gehouden wor-
den. | |
Hourruin. Deze geleerde gaat nog verder dan beide
voor-
(17) Ke Je OEHME, l, c. B. 3. Pag. 145»
(18) SIGWART, 1, C‚ p. 16,
( 330 )
voorgaanden „ daar hij , niet te vreden, de ons bezig hou=.
dende bewegingen aan dierlijke oorzaken toe te fchrijven,
bepaaldelijk zegt, dat tot dezelve iets vereischt wordt,
overeenkomftig met de zenuwen in het menfchelijk lige
chaam (19\. Weldra zullen wij zien wat van deze geheele „
op. vooronderftelling gegronde , meening te denken zij.
DurrocnerT. Om de verklaring , door dezen geleerde.
van de bewegingen der Mimosa pudica gegeven, goed
te begrijpen, zal ik dezelve , zooveel mogelijk, met. zijne
eigene woorden mededeelen , en dus beginnen met het-=
geen hij, onder den naam van leven , verftaat. Hij zegt
hierover: „ La vie mest autre chose qu’un mouvyement.
» Les tres vivants nous offrent diverses facultés- de
». Mouvement; à leur tbte est. la nervimobilitd..… le pre-
» mier mouvement qui est invisible , est la source des mou=
sp vemens visibles gwexécutent les parties vivantes. La
»faculté d'erecuter ces mouvemens , qui deplacent les
„parties, peut recevoir le nom de locomobilité (ao).””
Hij zegt verder: „ Les végétaux offrent comme les
» @nimaux ces deux facultés de mouvement ; mais clles
» sont chezeux moins Energiques, eb bien moins déve-
» Joppees (e1).”°
Zal dit waar zijn, zoo moet, in de eerfte tea be-
wezen worden, dat er bij de planten zenuwen voorhan-
den zijn; en dan eerst kan het de, vraag worden , in hoe-
verre=deze zenuwen eene zervimobilité zouden bezitten 3
daar deze eigenfchap door alle nieuwere phyfiologen , bij
de zenuwen der dieren , ontkend wordt (e2). Wij zul-
len
(19) HourruiN, Natuurl, Historie, Deel, 2. Ste 6, Pag. 438.
(20) DUTROCHET, |, C. Pp. 5e
(21) DUTROCHET , —= — 6,
(22) RupoLrni, Grundrifs. der Phyfiologie. B. 2. page 25-26.
(C 331 j)
len dus eerst moeten nagaan „ welke deelen de fchrijver
bij de planten voor. zenuwen houdt , en daarna, welke
de gronden voor deze meening zijn.
Bij de ontleding van Mimosa pudica vond purro=
CHET „ in de cellen dezer plant , die bekende rondachtige
kogeltjes (23), welke mirBEL voor openingen in de wan-
den der cellen (24)3 TURPIN voor de beginfelen van nieu-
we cellen (25); DECANDOLLE voor afgezonderde ftof-
fen (26), en sicwaRT voor het werktuig der prikkel-
baarheid (27) aanzag. Bij deze, reeds zoo zeer uiteen-
loopende, gevoelens over de genoemde deelen , welke in
de cellen befloten zijn, voegt DUTROCHET een geheel
nieuw 5 want hij gelooft, dat zij de zenuwen der plan-
_ ten zijn; behalve de bovengenoemde kogeltjes echter ,
zouden er zich ook nog op de buitenzijde der fpiraalva-
ten dergelijken bevinden, welke de fchrijver mede voor
zenuwen houdt (28). De redenen voor deze zonderlinge
meening zijns 1e. Evenmin, als de dierlijke zenuwen,
zijn deze deelen der planten oplosbaar in zuren, maar
wel in loogzouten, gelijk zulks ook met de eerstgenoem-
den plaats heeft (29); 2°. zoude er eene analogie tus=
fchen de bolle:jes in de planten-cellen en de herfenen van
fommige mollusken beftaan (30), en 3°. laren de prik-
kelbare planten geenen twijfel omtrent het beftaan der
EA) Ze-
(23) DUTROCHET, 1. C, page II
(24) SPRENGEL, Anleit. Ed, 1. Vol, 1. pag. 39e
(25) MORREN, in de Bijdr. tot de Natuurk. Wetenfch. D. 5. p. 60.
(26) DECANDOLLE, Phyfiologie Végét. Vol. 1. p. 368, etc.
(27) SIGWART, l, C. Pe 16e
(28) DUTROCHET, le” Cs Pe 29.
(29) ep at.
(30) | vaneen. Ain
C 332 >)
zenuwen in het plantenrijk toe, Hij befluit deze gron:
den , door te zeggen: „ On sent qu'il serait impossible
„de trouver un plus grand nombre de preuves tirdes
„de Vanalogie entre les animaux. et les vegltaux,
„ pour établir, chez ces derniers , existence des dld«
„ ments du sysiëme nerveux (31).”
Volgens deze beginfelen verklaart purrocuneT de be-
wegingen der Mimosa pudica , daar hij uit eene prikke.
ling en daaropvolgende beweging dezer plant befluit ,
dat daarbij de deelen, door hem zenuwen. genoemd ,
werkzaam zijn (32). Voegt men nu hierbij de verklaring
der prikkelbaarheid, door hem gegeven (33), en welke
wij in, het VI Hoofdftuk reeds leerden kennen , dan zal
‚ de wijze, hoedanig purrocneT zich de verfchijnfelen
der prikkelbare bladen verklaart , volledig zijn. … Zien wij
echter , wat van dezelve te denken zij. Daar zijne zoo
zonderlinge prikkelbaarheid reeds door ons is overwogen,
zoo blijft er dus alleen over, nader te onderzoeken, wat
men te denken hebbe van de meening , dat de bolletjes
in de cellen zenuwen zouden zijn.
Wij hebben boven de gronden opgegeven , welke pu=
TROCHET. bewogen hebben, om zenuwen bij de plan-
ten aan te nemen; alsmede zagen wij, waarom hij de
bolletjes in de cellen als zoodanig befchouwt, De bewij-
zen echter voor deze zijne meeningen hebben op de
nieuwere phyfiologen geenen invloed gehad; aldus vere
werpen SCHULTZ (34) DECANDOLLE (35) en anderen ,
(31) DUTROCHET , le C. Pe 15. et
(32) _— — 6768.
(33) Journal de Pharmacie 1828. pag. 322.
(34) C‚ H‚ SCHULTZ, l. C‚ Vol, 2. page 147-148.
(35) DECANDOLLE, Phyfiologie Végét. Vol. rt. p. 29—34e
€ 83)
die zoogenaamde zenuwen; en waarlijk, gaat men de
voor dezelve pleitende redenen na, dan ook moet ik tot
"hetzelfde befluit komen,
„Immers, in de eerfte plaats , is de chemifche overeen=
komst , tusfchen de zoogenaamde planten-zenuwen en de
dierlijke, van dien aard, dat, was zoodanig een bewijs
genoegzaam om de gelijkheid van twee zaken te bewij-
zen , men dan ook weldra eenige mineralen onder de ze=
nuwen zoude behooren op te nemen: ten tweede is de
vergelijking tusfchen- de herfens van fommige mollusken
en de bolletjes in de planten-cellen , of op de fpiraalva=
ten, zoo algemeen. en zoo weinig fteekhoudend , dat dit
onder de bewijzen voor de zenuwachtige natuur der be-
doelde bolletjes te vinden , mij als het ongehoordfte on-
der alle vreemdfoortige bewijzen , theorie enz. , welke ‘in
de werken van DUTROCHET voorkomen, toefchijnt: het
derde bewijs, eindelijk , vloeit voort uit een te voren ge=
vormd. denkbeeld, dat , namelijk , de Mimo/a pudica
zenuwen noodig. heeft; waarom dit dus niets kan bij-
brengen tot beflisfing der zaak , als niet uit waarneming,
maar uit een individuëel begrip voortvloeijende,
„ Behalve de bewijzen tegen de meening van DUTROCHET,
welke uit de nietigheid der door hem bijgebragte gron-=
den voortvloeijen „ ontbreekt het ook geenszins aan an-
dere daadzaken, die het tegendeel van zijne wijze, om
de, in de cellen bevatte, en-op de fpiraalvaten geplaatfte
deelen te befchouwen, aan te toonen. Immers zijn de
kogeltjes , die in de cellen gevonden worden , zoo ver=
fchillend, dat zij onmogelijk dezelfde werking kunnen
hebben. Zoo komen in de cellen van vele zaadlobben
| Ok flijm-
Ce 5
flijmachtige, in de bladen groene (36), veel koolftof
bevattende (37) kogeltjes voor ‚ terwijl in de-cellen van
het hout lignine , met ontelbare kleurftoffen vermengd ,
aangetroffen wordt. Wederom uit andere beftanddeelen
beftaande kogeltjes zijn, in het weeffel der vruchten ,
bast en bloem bevat; zelfs heeft TURPIN , in plaats. van
deze, fteeds nog eenigzins bewerktuigde ftoffen bij Cee
reus peruvianus , in de cellen Raphides aangetroffen (38).
Men zal misfchien oordeelen , dat purrocuHeT niet al,
wat ik boven opgenoemd heb en in de-cellen bevat is ,_
voor zenuwen houdt, maar dat hij alleen het cA/orophyl=
le als zoodanig wil aangemerkt ‘hebben; en offchoon
zulks uit fommige plaatfen van zijn werk ; misfchien zelfs
met eenigen grond kan afgeleid worden: zoo blijkt ech-
ter uit andere plaatfen, dat hij wel degelijk alles, wat in
de cellen bevat is, als zenuw aanneemt (39).
Het zal evenwel niet overtollig zijn , dat wij nog -kor-
telijk befchouwen, in hoe verre het Chlorophylle als ze=
nuw ‘kan aangemerkt worden. In de eerfte plaats fchijnt
het , dat de in de cellen der bladen bevatte ftof onder-
ling te zeer verfchilt, om alseen en dezelfde werking
hebbend orgaan aangemerkt te worden. Aldus is het
Chlorophylle der indigo blaauw , der Refeda luteola
eenigzins geel, der bruine beuk bruin , en der gewone
bladen groenz ten tweeden fchijnt ook tegen de identi-
teit van het Clorophylle met de zenuwen , de gefchie- .
de=
(36) Kieser, in de Verhand. van TEYLERS 2e Genootfch. Vol, 18,
(37) DECANDOLLE, l. uc. Vol. 1. pag. 372.
(38) TurPin , Ann. de Sciences Natur, Vol. XX. pag. 39.
(39) DUTROCHET, le C‚ Pag. 13 EN volgende.
( 335 )
denis van hetzelve te ftrijden ; want derzelver natuurlijke:
kleur. ftaat in onmiddellijke verband. met de ontbinding
van koolftofzuur in de bladen , zoo dat het CAorophylle
bijzonder rijk is aan deze ftof (40); tegen den herfst
echter florpt het zuurftof op, waardoor derzelver natuur-=
lijke. kleur verloren gaat (41). Deze waarnemingen. zijn.
voorzeker. ongunftig voor het gevoelen van- pUTROCHET 3
want nimmer ziet men bij dieren , dat de. zenuwen zelve
verrigtingen „ die tot de voeding betrekking: hebben , uit=
oefenen, Keeren wij na deze, bijzonder tegen de zenuw-
achtige natuur van het. Chorophylle gerigte aanmerkin-
gen tot de befchouwing van het algemeen vraagftuk
terug. Zoo kort mogelijk zal ik nog drie aanmerkingen
tegen. het gevoelen van puTROCHET inbrengen, namelijk:
1° zijn de ín de plantenscellen bevatte, deelen zenuwen ,
zoo. moest men verwachten, deze deelen overvloedig te.
vinden in die planten, welke met de dieren de meeste
overeenkomst hebben ;- bij Fungi of Alge namelijk, en
hier ontbreken zij geheel ; 2° zoude de vooronderftelling …
van DUTROCHET waar zijn, dan moest men bijzonderlijk
de cellen der prikkelbare bladen opgevuld vinden met ko=
geltjes; deze echter zijn niet ruimer met dezelve voorzien
‘dan andere planten (42); ten 3° eindelijk fchijnt de vorm
en plaatfing dezer bolletjes zeer ongunftig voor de nieuw
uitgevondene werking derzelve : want overal waar men
bij dieren zenuwen vindt, zijn zij in de lengte uitge=
breid, en onderling meer of min zämenhangend, en allen
heb-
(40) DECANDOLLE, le C‚ Vol, I, pag. 370,
(41) MACAIRE-PRINCEP , in de Ann, des Scienc. Natur. Tom, XV.
pag. 35Te
(42) DECANDOLLE, Organographie végétale, Vol. Tt. page 5557,
| bs
C 336 )
hebben zij een of meerdere vereenigingspunten in- herfes
nen of zenuwküopen, Scheidt. mende zenuwen van deze
vereenigingspunten„ zoo houdt derzelver werking op.
Doch wat hebbe men:Bu' té denken van die voorgéwende
zenuwdeelen ‘die „ in bijzondere ‘cellen “opgefloten „’ of
op vaatwanden verfprêid „ niet ‘de: minfte: gemeenfchäp
met elkander hebben,» Ja’, ‘alswilde“men'\de zoogeriaamde
zenuw-atmospheer , door fommigen op het voetfpoor ‘van
VON HUMBOLDT “àangenomen-, hier te hulp roepen „ zoo
kon deze nog niet‘helpen : dewijl de cellen , waarin «de
voorgewende zenuwen bevat zijn „ geene’ poriën hebben,
en” dus ook geen dampvoórmig iets: kunnen doorlaten.
Werpt men tegen deze bedenkingen in , ‘dat purrocneT”
ook zenuwdeelen aanneemt’, die-op-dens buitenwand der:
vaten” verfpreid zijn , zoo'zijn deze“deelen , wel is waar
wel niet in cellen befloten , maar hebben toch geen -dades-
_liijk onderling verband» deze kogeltjes ook veel minder,
dan de kogeltjes ín ‘de cellen algemeen ‘voorhanden zijn»
de, zoo kunnen dezelve geene inbreuk op: de boven-
ftaande- tegenwerpingen maken,‘ Het is’ door: deze tegen=
werpingen , ‘dat 'ik mij geregtigd geloof, de zoogenaamde:
zenuwen « van DUTROCHET' niet “als‘-zoodanig ‘te, moeten”
erkennen , waaruit’ dus voortvloeit; datde’ verklaring;
der door kunst ‘opwekbarebewegitigen , ván “denzelfden »
geleerde moet verworpen worden. Thans zoude ik kun- |
nen … overgaan’ tot de ‘grondvesting” eener” nieuwe „met der
daadzaken overeenkomende verklaring van dè verfchijnfes”
len , welke in den loop van dit werk behandeld zijn. Ik
geloof echter, dat hét niet overtollig zäl'wezen', nog
eenige oogenblikken fil te {taan bij de vraag , over ‘Het
al dan, niet aanwezen. van zenuwen. bij. de plant: want,
3 of-
(21837) )
offchoon boven, zoo ik vermêen, bewezen is, dat de
in de cellen bevatte, of op de waatwanden verfpreïide
_ftoffen geerte zenuwen zijn , zoo is het daarom toch zeer
goed mogelijk, dat andere deelen der plant met deze
werktuigen des dierlijken ligchaams overeenkomen.
Zoo toch in eenig gedeelte der planten-phyfiologie twij=
fel konde ontftaan aan ‘het ‘algemeen geloof, dat het groei-
jend rijk geene deelen, overeenkomftig met de dierlijke ze=
nuwen bezit; dan voorzeker zijn het de verfchijnfelen ,
welke wij befchouwd hebben. Van daar dan ook , dat
fommige ‘geleerden , gelijk wij boven zagen, in hunne
verklaringen van deze verfchijnfelen , dezelve te hulp ne-
men. | > | |
Onder de nieuweren hebben BONNET en sMIDT aan de
Planten gevoel, en dus zenuwen toegefchreven , aange-
zien zij meenden, dat dit overeenkomftig was met de
goedheid van den Schepper (43). “Hepwie meent zelfs,
dat de planten eene ziel zouden bezitten (44). Anderen ,
welke, ten gevolge van hunne theorie over het leven , het
gevoel als een onderdeel van hetzelve befchouwen , mee-
nen dus, dat ook de planten gevoel bezitten (45). OKEN
is echter ,- behalve DUTROCHET , de eenigfte , die, zoo
ver ik weet , bepäaldelijk de deëlen aanwees , welke men
voor zenuwen te houden had: hij meende namelijk , dat
de fpiraalvaten dezelve voorftelden (46). Het zal wel
niet noodig zijn, dit gevoelen, hetwelk door niemand
aangenomen is, te wederleggen, daar de onwaarheid van
| SOORT | het-
(43) DECANDOLLE, Phyfiologio Végét. Vol. te pag. 19.
C44) Je HEDWIG, de fibrae vegetabilis et animalis ortu. pag. 6.
C45) BERTHOLD, Phyfiol.; etc. Vols rt. pe 46.
(46) KiEseR, 1. Cc. pe 227. À
Ya
(+338 5
hetzelve uit de gefchiedenis en het voorkomen der ge-
noemde vaten genoegzaam blijkt,
… Betere bewijzen voor het aanwezen van zenuwen bij
planten fchijnen de werkingen der narcotifche vergiften
op dezelve te leveren ; want deze vergiften worden ge-
loofd bij de dieren in het bijzonder op de zenuwen te
werken, en dooden ook de planten op eene wijze , welke
men zeer goed van de door andere vergiften. bewerkte
verfchijnfelen kan onderfcheiden (47). Dit echter is geen
dadelijk bewijs , en kan verklaard worden door de fcha=
delijke werking der genoemde vergiften op het leven 3
want. voorzeker vernietigen zij bij de dieren niet de ze-
nuwen als zenuwen , maar het leven in dezelve , waarom
dus daar , waar zenuwen ontbreken, zeer goed door de=
zelfde vergiften het leven in andere weeffels kan verlo=
ren gaan,
Een andere fchijnbare gewigtige reden, om zenuwen
bij de planten aan te nemen , leidt men of uit de over-
eenkomst derzelve met de dieren 3; doch , ingevalle men
in dezen door overeenkomst wilde befluiten , dan zouden
om dezelfde en nog krachtiger reden , ook ingewanden
bij de planten moeten aangenomen worden , en men zou
de dus tot zeer onverftandige befluiten komen. Het is
hierom, dat ik mij alleen bepalende bij wezenlijke waar=
nemingen , om tot het al of niet aanwezen van werktui-
gen te befluiten, geloof de zenuwen, bij de planten te.
moeten ontkennen, en dezelve dus geenszins bij de ver-
klaring der ons bezig gehouden hebbende verfchijnfelen
te mogen gebruiken. | Le
DER-
(47) Vergelijk MARCET, Mémoires de la Soc, de Genève, T. VIT,
MACAIRE-PRINCEP, Mém, 1, c. Tom. 3.
GOEPPERT, Ann. des fcienc, Nat, Tom. 17, etc. etc.
C 339 )
DERTIENDE HOOFDSTUK.
PROEVE EENER VERKLARING DER VERSCHILLENDE
BLADBEWEGINGEN EN BESLUIT.
Er blijft nog over, om , zoo mogelijk eene verklaring
der verfchillende bladbewegingen te ontwerpen, dewijl de
vraag , welker beantwoording ik beproef , zulks fchijnt
te verlangen. pnt
Ik zal mij in dezen , zoo ftreng mogelijk , aan de bo-
venvermelde daadzaken houden; en moet ik noodwendig
tot hypothefen de toevlugt nemen, zoo hoop ik deze
derwijze te zullen uitkiezen, dat zij fteeds de waarfchijn-
lijkheid voor zich hebben,
Bij iedere verklaring van een levensverfchijnfel is het
noodzakelijk, deszelfs grondoorzaak op te fporen , en deze
moet in ftaat zijn, al de verfchillende wijzigingen van
‚het hoofdverfchijnfel te verklaren , en wel zoodanig , dat
men «& priori begrijpt , dat zij zulks kan, Is men niet
in ftaat het verfchijnfel , welks verklaring men beproeft,
tot eene ander meer algemeene terug te brengen , zoo.
moet men des noods eene nieuwe bijzondere kracht aan=
nemen „welke men zoodanig omfchrijft, dat zij het ver=
fchijnfel kan voortbrengen. Dit is de oorzaak van alle
{3 krach=
C 340 )
krachten. Dat zulke verklaringen echter luttel waarde
hebben, is duidelijk, Gelukkig behoef ik niet tot deze
verklaringswijze toevlugt te nemen: maar geloof de ons
bezighoudende verfchijnfelen tot een meer algemeen ver-
fchijnfel te kunnen terugvoeren,
Als gevolgtrekking uit te voren medegedeelde proeven,
vermeen ik als grondoorzaak der bladbewegingen de be=
weging der bereide vochten te mogen aannemen. Immers
in het gde Hoofd{tuk geloof ik bewezen te hebben , dat
deze vochten de bewegingswerktuigen van Mimofa pu-
dica in beweging brengen: in hetzelfde, in het 6de en
ifte, is verder duidelijk bewezen „dat de bewegelijke,
draaijende. en: prikkelbare bladen , door- dezelfde werk-
tuigen bewogen worden. Het is waar; bij de twee eerst=
genoemde foorten van bladen is geenszins doör proeven
bewezen , dat “eene verplaatfing van"vòchten'in de aan-
zwelling de oorzaak der bewegingen is; doch’ is dit be=
wezen bij die plant, welker aanzwellingen dé duidelijkfte
werkingen uitoefenen, zal zulks dan'ook niet waar zijn
bij die planten, welker kleinere aanzwellingen. minder
duidelijke werkingen voortbrengen ? Immers ontdekt men
de wijze, waarop een orgaan werkt bij een dier of eene
plant „ zoo” neemt men aan, dat alle dergelijke organen
op dezelfde ‘wijze werken. |
Hiéfom ‘dus meen ik vast te mogen ftellen , dat alle
aanzwellinigen even: zoo door de bereide vochtén bewogen
worden „als ik’ zulks’ omtrent die van’ Mimofa pudica
door proeven bewezen heb. De algemeene oorzaak der
bewegelijke , draaiende en prikkelbare bladen is dus
gelijk, en tot een algemeen en groot verfchijnfel van ‘het
plant=
C-341 )
plantaardig leven «teruggebragt. |
Er blijft thans flechts over, om aan te toonen, hoe
„dezelfde grondoorzaak zulke. verfchillende uitwerkfels kan
voortbrengen, „Dadelijk ‚moet „ik bij dit onderzoek aan-
flippen, dat. het draaien. en de prikkelbaarheid niets
anders: is , „dan eene verhoogde bewegelijkheid van bewe-
gelijke bladen. „Hedyfarum gyrans toch herhaalt door
dezelfde werktuigen onophoudelijk de bewegingen „ door de
bewegelijke. bladen ‘flechts 1-of a maal des daags vol-
bragt , terwijl Mimof/a pudica de bewegingen , welke zij
„des avonds even als alle bewegelijke bladen volbrengt ,
ook nog op. bijzondere prikkels herhaalt.
De bijzondere fijne bouw der eerstgenoemde plant
geeft genoegzame redenen „waarom dezelfde oorzaken,
die „bij andere. planten flechts enkele bewegingen in 94
„uren veroorzaken, hare bladen fteeds doen bewegen, ter=
wijl de-betrekkelijke. grootheid. der aanzwellingen, de me-
nigte.van-{fappen en de-onloochenbare prikkelbaarheid vau
het houtftelfel (zie Hoofdftuk- 10) van Mimofa pudica
‚genoegzame: oorzaken zijn, om de prikkelbaarheid harer
bladen. voort te brengen. Laat ons thans voor dagrig-
ting evenredigheid in de vocht-masfa van de beide aan-
„zwellingen „ voor nachtrigting onevenredigheid in dezelfde
vochten , op dezelfde plaats fubftitueren ; laat ons daarbij
dn het geheugen terugroepen, wat ik door. proeven. be=
wezen heb, dat in de aanzwellingen, in gewone omtftan-
digheden, bij bewegelijke en prikkelbare bladen meer dan
genoegzame krachten aanwezig zijn , om de bewegingen
te volbrengen : laat ons hier nog bijvoegen het groote
verfchil, onderling , der planten , welke bewegelijke bladen
Y 4 be-
( “342
bezitten, en wij zullen in deze daadzaken de oorzaken
vinden van de ons bezig houdende verfchijnfelen.
Immers is de bewegelijkheid der bladen , met aanzwel-
lingen voorzien, een gevolg van de beweging der bereide
vochten „ dan is het duidelijk , dat op de uitoefening der
levensfunctlën, koude, vochtigheid, warmte , licht, duis-
ternis en in het algemeen alle veranderingen in de uit-
wendige omftandigheden invloed kunnen en moeten heb=
ben 3 hebben echter verfchillende uitwendige invloeden , in
dit opzigt , niet denzelfden invloed op verfchillende plan-
ten, dan verwondert ons zulks geenzints , want niet alle
planten worden even krachtig door gelijke invloeden. aan-
gedaan.
Blijven bladen zich bewegen op geregelde tijden, ge-
durende een minder of meer kort tijdsbeftek , wanneer de
gewone invloeden ontbreken ‚ welke de verwijderde oor-
zaken zijn der bewegingen, zoo weten wij thans „ dat
deze bewegingen , die zoo menige verklaringen van het
verfchijnfel omverwierpen „ geene inbreuken meer zijn: op
de algemeene wetten , welke de bewegelijkheid der bladen
beheerfchen: want, dewijl fteeds in den natuurlijken toe-
ftand meer dan genoegzame vochten in de aanzwellingen
aanwezig zijn, dan tot de bewegingen vereischt worden,
kunnen „, wanneer eene plant b. v. in het duister ftaat, en
daardoor geene nieuwe vochten kan voortbrengen, de
aanzwellingen nog eenige dagen voortgaan , beurtelings in
evenredigheid tot elkander gelijkelijk of ongelijkelijk op=
gevuld te wezen, offchoon zij hierbij fteeds vochten ver-
liezen. Ek ftel: tot de dagrigting van een blad is de
evenredigheid der aanzwellingen als 2:e , in de nachtrig-
ting
Í
ï
( 343 )
ting als z1s2 of als g:a „ dan zal, in den gewonen loop
der dingen , des morgens de evenredigheid wederom wor-
den als e:e , doch blijft de plant in het duister ftaan „ als
133155 noodzakelijk volgt dan wederom de dagrigting.
Ontftaat dan weder in het verloop van 12 uren on-
evenredigheid , zoo dat de aanzwellingen als 1:15 op=
gevnld zijn, zoo volgen wederom de nachtrigtingen , enz.
Geenszins zal het thans verwondering verwekken,
waarom men gemakkelijker, voornamelijk ook bij prikkele
bare bladen, de nacht- dan de dag-rigtingen door kunst
kan voortbrengen. Immers gemakkelijker moet het zijn ,
om. eene Onbepaalde , dan bepaalde verandering in eene
zaak daar te ftellen ; het eerfte kan door eenen onbepaal=
den, het tweede flechts door eenen bepaalden invloed ge=
fchieden , en deze laatfte zoude alleen voor de bewege-
lijke bladen in den natuurlijken loop der vegetatie beftaan „ |
wanneer niet de aanzwellingen met meer dan genoegzame
krachten voorzien waren; deze zelfde daadzaak eindelijk
levert nog eene goede verklaring der beweging van de
bladen der Medyfarum gyrans , gedurende den nacht 5
want ook bij deze plant mogen wij, door de analogie
daartoe geleid, aannemen, dat meerdere krachten in de
aanzwellingen aanwezig zijn, dan tot de beweging noo-
dig is.
Na aldus , zoo kort en duidelijk als het mij mogelijk
was , de verklaring der bladbewegingen voleindigd te
hebben , zullen fommigen misfchien van meening zijn p\
dat ik, zonder iets over het einddoel derzelven gezegd
4 Ae
( 34 )
te hebben „ ‚niet behoor-te eindigen, Immers: is: het be-
kend ; hoeveel nuttigs voor de planten: LINNEUS en an-
deren in ‘den’ zoogenaamden flaap der bladen vonden. ‘Dit
nut „echter komt mij „voor zoo ver wij het kennen , zeer
gering «woor : het beftaat ‘ten ‘1ften uit de bedekking
welke de veranderde rigtingen der bladen, in fommige zeld-
zame. gevallen: , voor bloemen of jonge takjes verfchaffen.
Men: ga ‚gelijk LINNEus , met eenen lantaarn, op eenen
zomerfchen nacht, door zijnen tuin, en men zal zien , dat
verre weg de meeste- planten met- bewegelijke bladen de=
zelve zoo ‘hebben geplaatst dat in! geenen deele bloemen
of ‘jonge takjes “bedekt “worden. . Heeft zulks echter in
zeldzame. gevallen: plaats „dan nog zie ik er geen of
flechts zeer “weinig nut in; want even teedere bloemen
misfen. die ‘nachtelijke bedekking en blijven toch leven.
Het ee voordeel der ons bezig: gehouden hebbende ver=
fchijnfelen , hetwelk. men kent ; beftaat in de bedekking
der bladen- onder elkander , gedurende den nacht, of ge-
durende de nabijheid van prikkelende, en daardoor dik-
wijls fchadelijke voorwerpen; want in» beide: gevallen flui-
ten de bladen of blaadjes zich foms aan elkander. Dik=
werf , ja “in verre weg de meeste gevallen echter , raken
de ‘bewegelijke bladen elkander , in den taat hunner toe-
vouwing „ niet volkomen } zoodat zij ook geene volkome-
ne bedekking aan elkander kunnen verleenen , waarom ik
ook dit voordeel der bladbewegingen als zeer gering aanzie.
‚Is. het. waar, „hetwelk ik, overde zoogenaamde doel«
einden gezegd heb, zoo ziet men ook wederom in, dit
geval de nietigheid van de pogingen der menfchen , om
het eigenlijke doel van ieder natuurverfchijnfel uit te. vor-
| fchen.
C 34% )
fehen. : Ook leert ons ‘de gefchiedenis der natuurkundige
wetenfchappen bijna op iedere bladzijde ons onvermogen
kennen „om met ons bekrompen. werftand de, doeleinden
in de natuur -op te, fporen 3 want: aan een. „Goddelijk vere
ftand en aan Goddelijke asin he is deze. haar. beftaan ver-
_ fchuldigd.
De wetten, die haar regeren; de Hardna welke de
verfchillende deelen der natuur voor en door elkander
doen ontftaan en in ftand doen blijven, te begrijpen en
te doorgronden , is niet aan den mensch gegeven. Maar
wij kunnen de verfchillende verfchijnfelen der natuur af=
zonderlijk leeren kennen en eenigzins door het aannemen
van krachten leeren begrijpen; waarbij men echter nim-
mer uit het oog moet verliezen „ dat iedere kracht , on=
bekend in haar wezen, door ons brein gefchapen wordt,
om eene ledige ruimte in ons weten aan te vullen. Zeer
beperkt dus is onze kennis, en dikwijls met dwalingen:
vermengd. Het is hierom , dat men zich zoo veel mc-
gelijk met daadzaken en niet met verklaringen moet be-
moeijen 3 want de eerfte zijn en blijven waar , de tweede
verdwijnen als íheeuw voor de zon , daar iedere nieuwe
daadzaak doorgaans aan eene nieuwe verklaring de geboor-
te geeft. Het is daarom, dat ik geenszins gewigt hechte
aan mijne verklaring der, bladbewegingen , en dat de minfte
der door mij, voor het eerst gedane proeven mij meer
waardig is, dan de beste verklaring. Want waarheid
heb ik gezocht, en deze geeft alleen de dadelijke aan-
_fchouwing. Mogt ik waarheid gevonden hebben , ook
in de oogen der beoordeelaren dezer verhandeling , dan
zal ik mij dubbel beloond achten voor den tijd en de
moei-
C 346 )
moeite aan dit werk befteed , en dan ook zal ik getrouw
gebleven zijn aan mijne zinfpreuk :
mee se die Wahrheit der Natur ist Ernst. «
„ihre Ewigkeit ist gerade das bleibende und Un-
5» veränderliche . .. … und diefes kennen zu ler:
» nens ist unfere Abficht” —
CARL HEINRICH SCHULTZ. -
IN-
INHOUD.
Voorberigt ele a . | 8 . e ee e Bl. 209,
le Hoorpsr. Algemeene beschouwing en onmiddellijke |
Ì oorzaken van de dagelijksche bewegin-
_gen der bladen, . . . » ee ee DP 211.
Beschouwing ‘der verrigtingen van bla-
den, als verwijderde oorzaken van’ der-
zelver bewegingen. . . … « « « » 228,
3e —_—— Invloed van licht, warmte en vochtig-
| heid op de dagelijksche bewegingen der
bladen. . . e © . . e e « … DP 235.
AC Uitwerkselen van schadelijke invloeden
op de dagelijksche bewegingen der bla-
den, en vergelijking van de werking
van vergiften, op planten met bewege-
lijke en oubewegelijke bladen, . . . » 245,
‚5e —_ Verschillende verklaringen van de dage-
lijksche bewegingen der bladen. . . » 256,
6e — — — Beschouwing van de spoedige , meer of
min onregelmatig geschiedende bewe-
gingen der draaïjende bladen. „ . . » 264,
Te —_ Algemeen overzigt van de planten met
prikkelbare bladen. . . . . « . » 277,
348 INHOUD.
8e Hoorpsr. Over de verschijnselen der prikkelbare
bladen , en de uitwendige oorzaken van
de sluiting en opening dezer bladen,
‚Je ——_—— Onmiddellijke of inwendige oorzaken van
de bewegingen, der prikkelbare bladen,
10e — Over de overbrenging der prikkels, .
Ille —__— Onderzoek naar de uitwerkselen van licht,
warmte, lucht , vochtigheid en vergif-
ten, op de door kunst opwekbare be-
wegelijkheid der prikkelbare bladen. „
12e Pnt andens Verschillende verklaringen van de ver-
Bl, 282,
» 206.
» 308.
» 313,
_schijnselen. k welke de prikkelbare bla=
den aanbieden. . . . RE
13e
Proeven eener verklaring id de ver-
_ schillende bladbewegingen en besluit.
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» 324,
_» 339.
BERIGT VOOR DEN BINDER.
‚De Binder behoort wel op te merken , dat , door
eene onoplettendheid ter Drukkerij, het blad O in dit
deel, bevattende bladz. 207222, tweemaal voorkomt ,
zijnde op het tweede blad O de aanvang der Verhan-
deling van Dr. DASSEN.
ie
bir
die
Aj ij
a)
B